Présentation générale | Rhodes est principalement connue pour le colosse de Rhodes, une statue gigantesque qui surplombait le port de la ville de Rhodes et qui figurait parmi les sept merveilles du monde. Le Colosse de Rhodes nous est connu grâce à des écrits de l’Antiquité (Polybe, Strabon, Pline, Lucien de Samosate) et des chroniques byzantines (Philon, Michel le Syrien et Constantin Porphyrogénète). |
| Histoire | Le Colosse de Rhodes fut édifié pour célébrer la résistance des Rhodiens, alliés de l’Égypte de la dynastie grecque des Ptolémées, face aux armées d’Antigone Monophtalmos, roi de Macédoine. Le fils du roi de Macédoine Démétrios Poliorcète assiégea l’île de Rhodes mais ne put venir à bout des Rhodiens à qui Ptolémée avait envoyé des renforts (305-304 avant JC). Après quelques dures batailles, les Macédoniens échouent à prendre Rhodes, abandonnant une grande partie de leur équipement militaire qui est vendu par les habitants de Rhodes. Avec l’argent récolté, ceux-ci décident d’ériger une somptueuse statue de bronze pour remercier leur protecteur, le dieu grec du soleil Hélios. |
| Construction | La statue colossale fut édifiée entre 304 et 292 avant JC par Charès de Lindos. L’édification de la statue de 32 m de hauteur dura seulement 12 ans, ce qui, pour les moyens de l’époque, demeure une prouesse technique. Le colosse était intégralement constitué de bois et de bronze, avec un socle en marbre. Il fallut d’abord constituer une âme en bois. Une fois la charpente mise en place, la structure en bois fut recouverte avec d’immenses plaques de bronze. Coulée sur place dans des moules de terre cuite, la statue a été montée progressivement au moyen d’un échafaudage ; des blocs de pierre permettaient de lester les différentes parties du corps au moment de l’assemblage. La fonderie de l’île ne suffisant pas à assumer les besoins d’une telle entreprise, il fallut importer de grandes quantités de cuivre. La dépense pour l’édification du Colosse fut de 300 talents. |
| Charès de Lindos | Le Colosse de Rhodes est l’œuvre du sculpteur Charès, Rhodien originaire de Líndos, disciple du célèbre Lysippe dont les œuvres les plus connues sont Éros cordant son arc au musée du Capitole, le portrait d’Alexandre le Grand à la Glyptothèque de Munich, Silène portant Dionysos enfant au musée Chiaramonti, le Pugiliste des Thermes au palais Massimo alle Terme, l’Apoxyomène au musée Pio-Clementino du Vatican ou Hercule Farnèse au musée archéologique national de Naples. L’intransigeant sculpteur mis fin à ses jours lorsqu’il découvrit une erreur dans ses calculs ; l’erreur fut corrigée plus tard, par l’un de ses assistants. |
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| Description | La statue du Colosse de Rhodes représentait Hélios, dieu du soleil et divinité principale de Rhodes, debout, tenant dans une main un flambeau qu’il pointait vers le ciel, son autre bras s’appuyant sur une lance et auréolé de rayons solaires, selon Philon. De la tête aux pieds, le Colosse de Rhodes mesurait 79 coudées de hauteur (soit 32 m) et pesait 20 tonnes ; peu d’hommes pouvaient embrasser son pouce, et la longueur de ses doigts surpassait la hauteur des statues ordinaires. Haute de quelque 14 mètres de moins que la statue de la liberté à New York, la statue colossale du colosse de Rhodes était visible de tous les navires se dirigeant vers l’île de Rhodes. |
| Situation | Selon la tradition, le colosse s’élevait à l’entrée du port de Mandraki, signalant son entrée aux navigateurs avec son flambeau, et les navires passant entre ses jambes écartées. Cette hypothèse, apparue à la Renaissance, d’une statue aux jambes écartées n’est guère réaliste vu le poids de la statue et la charge que devaient soutenir les points d’appui. L’écartement des jambes n’était pas non plus compatible avec cette situation : d’après les études statiques de spécialistes britanniques, les piliers sur lesquels auraient reposé les pieds de la statue, auraient dû être séparés d’une quarantaine de mètres, d’après les observations des fonds marins dans la baie de Rhodes menées par ces chercheurs. L’écart ainsi constaté ne correspondrait donc pas à la hauteur de la statue, 33 m, l’écartement des jambes du colosse ne pouvant, d’après sa hauteur, être de plus de 12 m. D’autant plus qu’en s’écroulant lors du tremblement de terre, le colosse aurait été précipité dans les flots et aurait bouché complètement le port, ce qui n’est mentionné nulle part. | Aujourd’hui les archéologues cherchent encore l’emplacement exact et la forme du Colosse de Rhodes ; d’autres pistes sont explorées : - une hypothèse, défendue entre autres par l’architecte et archéologue allemand Wolfram Höpfner, place le colosse de Rhodes à l’entrée de l’autre port de Rhodes : le port militaire. Selon Höpfner le colosse de Rhodes figurait un « Hélios » saluant de la main droite.
- une autre hypothèse veut que la statue se trouvât sur les hauteurs de l’île (ou en contrebas de l’acropole), surplombant ainsi toute la baie de Rhodes, donnant ainsi une majesté particulière à Hélios et conférant à la statue une dimension surhumaine.
- selon une autre hypothèse, le Colosse devait être au fond du port et en face de l’entrée, devant le bassin des galères, au-dessus de deux tours qu’on voit encore aujourd’hui.
- plus probablement, le Colosse se tenait à l’emplacement du Palais des Grands Maîtres, site d’un premier temple antique dédié à Apollon.
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| Destruction | Mais le Colosse ne domina pas très longtemps le port de Rhodes : en 226 avant JC un violent tremblement de terre l’abattit, le brisant au niveau de son point faible, les genoux. La statue s’effondra sur elle même et les débris restèrent sur place, car l’oracle de Delphes avait interdit aux Rhodiens de redresser le Colosse. Les vestiges de la statue – fragments de bronze, armatures de bois, blocs de pierre – ont suscité l’admiration des voyageurs pendant neuf siècles, jusqu’au VIIe siècle après JC. |
| Déblaiement | Au milieu du VIIe siècle après JC, vers 654, Rhodes fut attaquée par les Arabes commandés par l’Omeyyade Mohawiah Ier, Gouverneur de Syrie puis premier calife de Damas. Mohawiah décida d’emporter les 20 tonnes de débris de la statue (plus de 13 t de bronze et près de 7 t de fer, selon Philon) et la légende dit que 900 chameaux furent nécessaires pour transporter le butin jusqu’aux navires marchands qui l’embarquèrent. Plus vraisemblablement, une centaine de chameaux à raison d’environ 200 kg par chameau. Selon Cedrenus, les Arabes vendirent les métaux à un marchand juif d’Éphèse, alors en Syrie (un ancêtre de Joanovici?). |
| Les sept merveilles du monde | Le colosse de Rhodes est la sixième des sept Merveilles du Monde selon la liste établie dans l’Antiquité. Cette liste désigne les monuments considérés comme les plus parfaits par les Grecs et les Romains. Elle est inspirée d’auteurs grecs, et la plus vieille version connue date de 140 avant JC. Les sept Merveilles du Monde sont : - La grande pyramide de Khéops (appelée aujourd’hui grande pyramide de Gizeh), Égypte, 2650 avant JC.
- Les Jardins suspendus de Babylone, Babylone, 600 avant JC.
- La Statue de Zeus, Olympie, 435 avant JC.
- Le Temple d’Artémis, Éphèse, 550 avant JC.
- Le Mausolée d’Halicarnasse, Halicarnasse, 353 avant JC.
- Le Colosse de Rhodes, Rhodes, 292 avant JC.
- Le Phare d’Alexandrie, Île de Pharos, 280 avant JC.
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| Symbole | Le colosse de Rhodes était un hommage à Hélios, le dieu-soleil (il y a parfois une confusion entre Apollon, dieu du soleil et Hélios, dieu-soleil, d’autant qu’ils ont parfois le même surnom, Phébus, « le brillant »). Personnification hellénique du soleil et de la lumière, Hélios est le fils du Titan Hypérion et de la Titanide Théia ; ses sœurs sont Éos, l’Aurore, et Séléné, la Lune. Sa femme, l’Océanide Perséis, lui donna plusieurs enfants dont Aiétès, Circé et Pasiphaé ; de l’Océanide Clyméné, il eut sept filles, les Héliades, et un fils, Phatéon. Hélios séjournait volontiers en Éthiopie ou dans l’île d’Aéa ; il habitait un palais aux colonnes d’or et de bronze ornées d’ivoire qui abritait un somptueux trône de diverses personnifications de la division du temps. Chaque matin, précédé du char d’Éos, Hélios s’élançait dans le ciel sur son char tiré par quatre chevaux blancs et rapides (Pyroïs, Eoos, Aethon, Phlégon). Du ciel il surveillait les hommes et aussi les dieux car Hélios voyait tout et, à ce titre, il était le garant des serments. Le soir, il arrivait à l’ouest où se trouvait un autre palais puis revenait au point de départ, soit par un chemin souterrain sur son lit en or, soit en navigant sur l’océan dans une coupe d’or. Hélios avait été oublié lors de la distribution des territoires mais heureusement l’île de Rhodes venait de surgir des flots et Zeus la lui attribua en dernier ressort. Aussi Hélios est particulièrement honoré dans l’île de Rhodes dont il en devint le protecteur, et trois de ses petits-fils, Cámiros, Líndos et Ialysos, régnèrent sur les villes principales auxquelles ils donnèrent leurs noms. Il est représenté très fréquemment sur les peintures de vases ou les monnaies de Rhodes. On le figurait toujours jeune, la chevelure abondante et dorée, ceinte d’une couronne radiée. Les animaux blancs comme des bœufs ou des chevaux mais aussi des moutons ou des coqs lui étaient consacrés de même que des arbres comme le peuplier blanc ou le miel. |
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