AGARIC, transposition en français du nom savant latin actuel du genre Agaricus, auquel appartient le « champignon de Paris », aussi nommé « champignon de couche », est un mot très ancien qui vient de: ARGUN qui, en langue sumérienne, avant -3.500, c’est à dire il y a cinq millénaires et demi, désignait un « champignon parasol », nous dirions actuellement un « champignon à chapeau », probablement une Lépiote élevée ou Coulemelle, aussi bon comestible que l’est notre champignon de couche actuel. Toujours à Sumer on trouve aussi : AGAN apparu à la même époque, vers -3.500, qui désignait alors une autre espèce de champignon à chapeau, un « champignon fugace », probablement un « Coprin » comestible comme notre Coprin chevelu. AGANTI en sumérien, toujours vers -3.500, désignait une Amanite comestible, probablement celle que les Romains nommeront plus tard Amanite des Césars, dite le régal des Dieux, chez nous appelée actuellement Oronge. Migrant plus tard en Égypte, les sumériens y ont exporté leurs habitudes alimentaires et culinaires, notamment celles qui étaient à base de champignons comestibles. AAKHUT en Égyptien, vers -2.700, désignait un « roseau à deux têtes », c’est à dire indiscutablement une autre Amanite à pied creux comme un roseau, avec une volve en coupe à sa base, quasi symétrique du chapeau, haut perché sur un pied grêle. Cette Amanite est aussi un champignon à chapeau, probablement celle que l’on appelle maintenant l’« Amanite vaginée » ou grisette. Au fil des temps, en Égypte, ce nom s’est progressivement modifié. C’est ainsi que dérivé de Aakhut on trouve plus tard : AHI KHAIBIT en Égyptien, vers -2.000, désigne un « Champignon parasol ». AHI CHATTRA, se trouve 2.5000 ans plus tard en Sanscrit, en +563, dérivé de ce mot Égyptien où il désigne un « champignon » quelconque. ANGHUT toujours en Égyptien vers -1700, désigne une autre Amanite. On retrouve ce nom à peine modifié en ANGEKHUT chez les Inuits, en langue Esquimo actuelle, où il signifie « champignon », ce qui démontre l’existence à cette époque d’une vague migratoire vers le grand Nord venue du Sud. Après cette date, les mots ayant cette même racine vont complètement changer de sens. En effet : AGAN en Araméen, vers -1.700, veut dire le « champignon qui souffle », ce qui désigne ainsi clairement une « Vesse de Loup », petite sphère déchargeant ses spores par bouffées lorsqu’on la presse quand elle est mûre. AGAREN, toujours en Araméen, vers -1.700, précise que c’est un « récipient à sperme, » c’est à dire encore une « Vesse de Loup » remplie de spores, un Lycoperdon en langue savante mycologique. Ce mot devient ensuite en changeant encore de sens : AGHRIKON en Arabe, vers -700, où il désigne un « champignon sec », c’est à dire un Polypore amadouvier sans doute. Revenant à un sens plus proche du précédent : ADGER’ RA en Arabe, également vers -700, désigne le « fruit de pierre du sol, » c’est à dire un Scléroderme, dont la forme quasi sphérique et la dureté font penser à un caillou. ADGERA est son homonyme en langue Celte, à la même époque, vers -700 qui veut dire « champignon », sans plus de précisions sur l’espèce. AGARIKON, apparait en Grec ancien vers -500. Les Grecs utilisaient le même mot que les arabes pour désigner un « champignon sec », nous dirions actuellement un « Polypore ». AGARICUM latin en -78, est dérivé des mots précédents, quasi identiques en arabe et en grec. Il désigne chez Pline, l’actuel « champignon médicinal », autre Polypore, le « Laricifomes officinalis », dont les propriétés étaient connues chez nous depuis le Moyen Âge. AGARICUS, forme latine masculine du neutre AGARICUM de Pline, désigne en Latin savant actuel un Agaricus, genre de champignons à chapeau et à lamelles, dans lequel on place le champignon de Paris. AGARIC en Français actuel vient directement du Latin Agaricus avec le même sens générique. Comestibles recherchés, les Agarics jeunes peuvent être consommés crus, en salade. Psalliote ou Agaric, la guerre des noms reste ouverte chez les spécialistes. C’est le botaniste suédois Carl von Linné qui le premier nomma le genre Agaricus, en 1737. Lorsqu’en 1801 le Hollandais Christiaan Persoon s’employa à établir une classification rationnelle des champignons, le genre fut rebaptisé Pratella (du latin, « qui pousse dans les prés »). Par la suite, le mycologue Elias Fries, dans sa classification améliorée, le dénomma Psalliota (du grec psallion, anneau). Aujourd’hui, le terme Agaricus est de nouveau en vigueur sans pour autant faire l’unanimité parmi les savants. Mais pour l’amateur cet Agaric reste le « Rosé » des bois ou des prés, dit encore « Binous », « Wnois » ou « Gorges noires » selon les terroirs. |