| La ville de Petra à Majorque | |
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| | Étymologie et toponymie | Petra – qui signifie « pierre » en latin – arbore sur ses armes la tiare pontificale et les clefs de saint Pierre (Sanctus Petrus), illustrant la parole de l’Évangile « Tu es Petrus et super hanc petram aedificabo ecclesiam meam » (Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église). Sous l’occupation maure, Petra se nommait Bitra et faisait partie du Yuz de Yiynau-Bitra, qui comprenait Sineu, Lloret de Vistalegre, Sant Joan, Petra, Ariany et Vilafranca de Bonany. Les habitants de Petra se nomment les « petrers ». |
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| La commune de Petra jouxte les communes de Santa Margalida au nord, Ariany au nord-nord-est, Artà au nord-est, Sant Llorenç des Cardassar à l’est, Manacor au sud-est, Vilafranca de Bonany au sud, Sant Joan au sud-ouest, et Sineu au nord-ouest. Jusqu’en 1982, la commune d’Ariany faisait partie de la commune de Petra. La ville de Petra se trouve sur la ligne de chemin de fer de Inca à Manacor, et possède une gare ferroviaire. Par la route Ma-3320, Petra est distante de 12 km de Manacor ; par la route Ma-15, puis la route Ma-3220, par Montuïri et Sant Joan, elle est distante de 50 km de la capitale, Palma de Majorque. |
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| | L’église Saint-Pierre (Església de Sant Pere / Iglesia de San Pedro) | L’église paroissiale Saint-Pierre se trouve à la périphérie nord-ouest de Petra. Une première église paroissiale, déjà nommée Saint-Pierre, se trouvait dans le cœur historique de la ville, le quartier de Barracar, à l’endroit nommé « la Rectoria Vella » (le Vieux Presbytère) ; cette première église est mentionnée, en 1248, dans une bulle pontificale du pape Innocent IV, sous le nom de Sancti Petri de Petra. La deuxième église Saint-Pierre s’élevait au même endroit que l’église actuelle. La construction de l’église Saint-Pierre s’étendit sur les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles : elle commença en 1583, mais l’église ne fut consacrée qu’en 1730 et achevée en 1766, 180 ans plus tard, par la construction des trois sections de voûte les plus proches de l’entrée principale. L’édifice est de style gothique tardif ; ce serait même la dernière construction gothique de Majorque. Le frontispice est divisé en cinq sections séparées par des corniches, avec une grande rosace dans la partie supérieure ; la façade est couronnée par une balustrade ; sur les côtés se trouvent deux volumes, de section octogonale, qui simulent des tours encastrées. La porte principale de la façade est restée inachevée. | | La partie supérieure des murs latéraux comporte sept grands arcs de plein cintre qui relient les arcs-boutants soutenant la voûte de la nef. La porte latérale sud, construite en 1911, fut réalisée par le sculpteur Guillem Galmés ; son tympan contient une effigie de sainte Praxède, la sainte patronne de la ville. Le clocher, construit en 1669, se trouve derrière l’abside ; il a une hauteur de 31 mètres et est divisé en six sections séparées par des corniches ; les trois sections supérieures comportent des fenêtres à meneaux ; la toiture du clocher est en forme de pyramide. | | Près de la porte latérale sud, à l’extérieur de l’église, se trouve une plaque commémorant le baptême de Josep Miquel Serra i Ferrer, le futur Bienheureux Juníper Serra. Juníper Serra fut baptisé dans cette église en 1713, alors que l’édifice n’était pas encore achevé ; il y reçut plus tard la confirmation. On peut voir, à l’intérieur de l’église, les fonts baptismaux où il fut baptisé. « Al venerable Fray Junípero Serra Apóstol de Cristo, nacido a la luz de España en Petra de Mallorca, explorador, misionero, héroe, civilizador de las tierras de California amorosamente ligadas a la hispanidad con su cordón seráfico Bautizado en esta iglesia el 24.XII.1713 El Consejo Superior de Misiones D. O. S. MCMLXIII » « Au vénérable Frère Juníper Serra Apôtre du Christ, né dans la lumière de l’Espagne à Petra de Majorque, explorateur, missionnaire, héros, civilisateur des terres de Californie amoureusement liées à l’hispanité par son cordon séraphique Baptisé dans cette église le 24.XII.1713 Le Conseil Supérieur des Missions » D. O. S. MCMLXIII » | L’intérieur de l’église Saint-Pierre est à nef unique, divisée en sept sections, chacune couverte par un plafond en voûte d’arête. Sur les côtés de la nef se trouvent des chapelles s’ouvrant par des arcs en ogive. Le chœur est de forme polygonale ; le maître-autel est orné d’un retable datant de 1790, dominé par une effigie de saint Pierre ; ce retable provient du monastère Saint-Dominique de Palma, détruit au XIXe siècle. À côté du chœur se trouvent les fonts baptismaux où fut baptisé Juníper Serra en 1713 ; ces fonts baptismaux, de forme octogonale, datent de 1588, et furent réalisés par Joan Antic et Miquel Abraham. Dans l’abside se trouve un chapelle gothique. Des deux côtés de l’autel, se trouvent deux petites portes de style Renaissance. L’intérieur comprend sept chapelles latérales du côté gauche : la chapelle du Bienheureux Juníper Serra ; la chapelle Saint-Joseph (Sant Josep), avec un retable baroque de Gaspar Homs ; la chapelle du Saint Christ des Âmes (Sant Crist de les Ànimes) ; la chapelle du Rosaire (Roser), de style baroque, consacrée en 1689, avec un dôme divisé en huit segments et un retable baroque conçu par Gaspar Ribas ; ce retable est dominé par l’image de la Mare de Déu del Roser, une œuvre de Melcior Guasp. La chapelle de l’Immaculée (la Immaculada), avec une effigie réalisée par Guillem Galmés ; la chapelle Sainte-Anne (Santa Anna), qui contient un bas-relief polychrome du XVe siècle, et un tableau du Bienheureux Juníper Serra, où il est représenté en train de prêcher aux foules ; sous le tableau, on peut voir un reliquaire où est conservé un petit morceau d’os du Bienheureux Junipero. La chapelle du Cœur de Jésus, avec une effigie qui est également une œuvre du sculpteur Galmés. Le côté droit comporte six chapelles et la porte latérale sud : la chapelle Saint-Cosme et Saint-Damien (Sant Cosme i Sant Damià), avec une peinture gothique sur bois, représentant les saints ; la chapelle Sainte-Barbe (Santa Barbara) ; la chapelle Saint-Antoine Abbé (Sant Antoni Abat) ; la porte latérale avec l’orgue au-dessus, qui date de 1608, un travail des frères Caimari ; la chapelle Notre-Dame des Douleurs (Mare de Déu dels Dolors), avec une effigie réalisée par Guillem Galmés ; la chapelle Sainte-Praxède (Santa Praxedis), sainte patronne de la ville, et la chapelle Saint-Sébastien (Sant Sebastià), avec un retable maniériste daté de 1603, qui, en plus de l’image du saint, contient deux tableaux qui représentent Cabrit et Bassa, les défenseurs du château d’Alaró. |
| | Le monastère Saint-Bernardin (Convent de Sant Bernardí / Convento de San Bernardino) | Depuis l’église Saint-Pierre on atteint le monastère Saint-Bernardin en suivant la rue Général Franco jusqu’au numéro 76 ; la Carrer General Franco débute en face de la porte latérale sud de l’église paroissiale. Le monastère Saint-Bernardin de Sienne (Sant Bernadí de Siena / San Bernardino de Siena) de Petra trouve son origine en 1607, quand les Jurés de la ville demandèrent aux Franciscains de s’établirent à Petra pour secourir les malades et enseigner les enfants. Une première église fut édifiée à l’emplacement correspondant à l’actuelle chapelle de Betlem. De 1657 à 1677, les Franciscains élevèrent l’église Saint-Bernardin actuelle, sous la maîtrise d’œuvre du maître Oliver Francesc ; l’église fut bénie en novembre 1672. À la fin du XVIIe siècle, le cloître et la plupart des bâtiments du couvent étaient achevés. Le monastère avait pour mission de servir de noviciat et de maison d’enseignement de l’Ordre des Frères Mineurs (O.F.M.). C’est dans ce couvent, dans la première moitié du XVIIIe siècle, que commença ses études le futur Fra Juniper Serra, apôtre et civilisateur de la Haute-Californie. En 1751, le couvent fut converti en maison de retraite. Les Franciscains vécurent en paix au monastère Saint-Bernardin jusqu’en 1835, date à laquelle ils furent expulsés suite à la politique de confiscation d’une partie des biens ecclésiastiques (Desamortización Eclesiástica) par le gouvernement anticlérical du financier, adorateur de Mammon, Mendizábal. À cette époque, y vivaient encore dix-huit frères franciscains. Les bâtiments furent vendus aux enchères ; les acheteurs avaient l’obligation de détruire tout signe indiquant la destination initiale des bâtiments. Le couvent et le cloître furent divisés pour y construire des logements. En 1876, l’église fut rouverte aux fidèles ; en 1878, la présence d’ordres religieux fut de nouveau autorisée en Espagne. En 1900, le conseil municipal de Petra céda l’église, la sacristie et la bibliothèque à l’évêché de Palma. En 1969 deux Frères franciscains revinrent au monastère – de taille très réduite – de Petra : il s’était passé 134 années depuis l’expulsion des Franciscains de Petra. Le monastère dépend aujourd’hui de la province franciscaine de Valence, car la province franciscaine de Majorque a disparu. L’église Saint-Bernardin est de style Renaissance ; la façade principale présente un portail avec arc en plein cintre ; le porche est couvert par une voûte à caissons ; sur les côtés, on remarque deux niches autrefois occupées par des statues de saints franciscains, aujourd’hui disparues. À gauche de la façade se dresse le clocher, de plan carré. L’intérieur possède une nef avec un plafond en voûte en berceau et six chapelles latérales ouvertes par un arc en plein cintre. Le chœur abrite un retable de 1721, dominée par la statue de l’Immaculée ; sur les côtés du retable se trouvent des statues de saint Jean de Capistran (Sant Joan de Capistrano) et saint Jacques de la Marche (Sant Jaume de la Marca) ; au sommet, il y a la statue de saint Bernardin (Sant Bernadí), titulaire de l’église. |
| | Le musée Juníper Serra (Museu Juníper Serra / Museo Junípero Serra) | Le Musée Frère Juníper Serra se trouve à l’intersection de la Carrer de Barracar Alt et de la Carrer Fra Juníper Serra, à une dizaine de mètres à droite de la maison natale de Juníper Serra. Le bâtiment du musée a été construit en 1959 par l’Association d’Amis du Père Serra, dans un style majorquin traditionnel. Dans le jardin que l’on traverse en entrant au musée, on remarque une cloche ; cette cloche provient de la mission de Santa Barbara del Camino Real (Californie) ; c’est une réplique de celles que Juníper Serra utilisait aux missions. | | Sous l’auvent du toit, diverses plaques commémoratives ont été posées pour des anniversaires de la naissance et de la mort du Frère Serra. Le rez-de-chaussée et l’étage sont consacrés à la vie et à l’œuvre du bienheureux Juníper Serra. Le musée présente de nombreuses peintures, bas-reliefs, gravures, médailles, sculptures et photographies illustrant l’évangélisation des Amérindiens de la Haute-Californie. Dans l’escalier, une peinture de Juan Miralles représente la fondation et la première messe de la mission San Carlos à Monterrey. Au premier étage, se trouve le salon des actes, décoré de peintures de personnages, en majeure partie de l’époque de Juníper Serra. | | Visite du musée : en cas d’absence une pancarte indique une maison voisine où l’on peut demander les clés. Adresse : Carrer del Barracar Alt, 15 Horaires : toute l’année, du lundi au dimanche. Il est préférable de prendre rendez-vous. Téléphone : 00 34 971 561 149 Tarif d’entrée : selon la tradition franciscaine, l’entrée est gratuite, mais les dons sont appréciés. |
| La rue Frère Juníper Serra (Carrer de Fra Juníper Serra / Calle de Fray Junípero Serra) | La rue Frère Juníper Serra s’étend depuis le couvent Saint-Bernardin jusqu’au musée. La rue est décorée de panneaux de carreaux de faïence peints (azulejos) évoquant la fondation des neuf missions personnellement fondées par Juníper Serra en Haute-Californie (Alta California) mexicaine, dont certaines sont aujourd’hui devenues d’importantes villes de la Californie étatsunienne. Ces panneaux furent apposés à l’occasion du second bicentenaire de la mort du Frère Serra, en 1984. Un dernier panneau évoque cinq missions fondées dans la Sierra Gorda dans la province de Querétaro dans le centre du Mexique : Santa María del Agua de Landa, Nuestra Señora de la Luz de Tancoyol, Santiago de Jalpan, San Miguel Concá et San Francisco del Valle de Tilaco. La fondation de ces missions est aussi attribuée à Juníper Serra. | Misión San Diego de Alcalá (16 juillet 1769), la première mission fondée par le Frère Serra, aujourd’hui près de la ville de San Diego. | | Misión San Carlos Borromeo de Carmelo (3 juin 1771), la deuxième mission, aujourd’hui à Carmel. | | Misión San Antonio de Padua (14 juillet 1771), la troisième mission, aujourd’hui près de Monterey. | | Misión San Gabriel Arcángel (8 septembre 1771), la quatrième mission, aujourd’hui dans la ville de San Gabriel. | | Misión San Luis Obispo de Tolosa (1 septembre 1772), la cinquième mission, aujourd’hui dans la ville du même nom, San Luis Obispo. | | Misión San Francisco de Asís (9 octobre 1776), la sixième mission fondée par le Frère, aujourd’hui à San Francisco. | | Misión San Juan Capistrano (1 novembre 1776), la septième mission, aujourd’hui dans la ville qui porte toujours ce nom, située entre Los Angeles et San Diego. | | Misión Santa Clara de Asís (12 janvier 1777), la huitième mission, aujourd’hui à Santa Clara. | | Misión San Buenaventura (31 mars 1782), la dernière mission fondée par le Frère, aujourd’hui près de l’actuelle ville de Ventura. | |
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| Personnages | Le Frère Juníper Serra | Juníper Serra naquit à Petra le 24 novembre 1713, sous le nom de Miquel Josep Serra i Ferrer ; il fut baptisé le jour même à l’église Saint-Pierre. Miquel Serra suivit les cours du couvent franciscain Saint-Bernardin, tout proche de la maison de ses parents à Petra, et étudia ensuite au monastère Saint-François à Palma de Majorque. En 1730, à l’âge de 16 ans, Serra reçut l’habit franciscain au Couvent de Jésus de la ville de Palma. Un an plus tard, il fit sa profession de foi et prit le nom de Juníper, par admiration pour la simplicité et la joie céleste du compagnon de François d’Assise, Juniperus, surnommé le « jongleur de Dieu ». Saint François disait de son compagnon Juniperus : « Que Dieu veuille, mes frères, que nous ayons un bois entier de ces genévriers » (Juniperus est le nom latin de l’arbuste aromatique, le genévrier). Pendant les années 1731 à 1737, Juníper Serra continua d’étudier la philosophie et la théologie au monastère royal Saint-François et à l’Université lullienne de Palma. Serra prêcha dans de nombreuses villes de Majorque ; il était de si petite taille qu’il pouvait à peine voir au-dessus du pupitre lorsqu’il prononçait ses sermons ! Au début de 1749, à l’âge de 36 ans, Serra et son ami, le Frère Francesc Palou, demandèrent à devenir missionnaires en Nouvelle-Espagne. Le troisième jour de la fête de Pâques de 1749, Juníper prêcha pour la dernière fois à Petra ; c’était le dernier sermon du carême qui, suivant la coutume, se faisait à Bonany. Il se rendit à Palma pour s’embarquer vers la péninsule, le dimanche de l’Ange (le dimanche après Pâques). Juníper Serra quitta le port espagnol de Cadix le 28 août 1749, à bord du navire « Nuestra Señora de Guadalupe » ; il était en compagnie de vingt autres missionnaires franciscains, dont son disciple, le Frère Joan Crespi, qui allait devenir le chroniqueur de Serra lors de la future évangélisation de la Haute-Californie, et le Frère Francesc Palou, qui plus tard allait devenir le biographe de Serra. Le voyage vers la Nouvelle-Espagne fut particulièrement long et ardu, une épreuve qui dura 99 jours, avec deux escales à Puerto Rico (la seconde escale rendue nécessaire par une tempête) avant que les frères n’arrivassent au port de Vera Cruz, le 6 décembre 1749. Le Frère Serra œuvra comme missionnaire au Mexique pendant vingt années, de 1749 à 1769, puis fut envoyé en Haute-Californie (Alta California), pour y poursuivre l’œuvre d’évangélisation des Jésuites qui avaient été expulsés du vice-royaume. Il y fonda une première mission à San Diego de Alcalá, le 16 juillet 1769, puis huit autres missions qui donneront naissance à de grandes villes comme San Diego ou San Francisco. Le frère Serra mourut le samedi 28 août 1784, jour de la Saint-Augustin, à la mission Saint-Charles Borromée du Carmel (San Carlos Borromeo de Carmelo) près de Monterey en Californie, où il est enterré. « Maintenant nous allons nous reposer ! » furent les dernières paroles prononcées par le Frère Juníper Serra, après une longue vie de labeur. Il avait vécu 70 ans, 53 en tant que religieux, 35 en tant que missionnaire, et parmi ces dernières années, 16 ans en Californie. En 1931 une statue du missionnaire fut installée au Capitole de Washington, comme représentant de l’État de Californie. Le 25 septembre 1988, Juníper Serra fut béatifié par le pape Jean-Paul II, qui le déclara « Majorquin universel ». |
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