Dans un article de la revue La Recherche écrit par deux universitaires clermontois : J. Fain Université de Clermont II et D. Miailler, Université de Clermont I, on peut lire les phrases suivantes : « La fameuse coulée volcanique de Laschamp », dans la chaîne des Puys (Massif Central) est connue dans le monde entier par les géologues et a donné son nom à l’évènement éponyme (évènement de Laschamp). On sait que les laves, en se refroidissant, se magnétisent suivant le champ magnétique terrestre au moment considéré. Elles conservent ainsi une aimantation fossile qui peut être mesurée aujourd’hui en laboratoire. Or il se trouve qu’à Laschamp ce champ fossile est inversé (pôle nord au pôle sud). Savoir à quelle date cette situation singulière a eu lieu était donc d’une grande importance pour la géophysique. Par la méthode de la thermoluminescence, G. Valladas a trouvé un âge de 35 000 ans environ à partir des éléments du sol cuits par la coulée et cette détermination a trouvé plusieurs confirmations depuis … Cette citation demande quelques explications ….. Tout le monde connaît la boussole : une petite aiguille aimantée qui pointe toujours vers le Nord…. Par ailleurs tout le monde sait que la Terre -approximativement sphérique- de rayon 6 370 kilomètres environ tourne sur elle-même, un tour en un jour, autour d’un axe appelé axe des pôles Sud-Nord tandis que le centre de la terre décrit une trajectoire presque circulaire autour du soleil en un an. Mais puisque la boussole s’oriente toujours dans la même direction, la Terre est équivalente à un aimant. On peut schématiser un aimant par un barreau avec deux pôles (Nord et Sud), c’est un dipôle magnétique : tout le monde sait que si on coupe un barreau aimanté en deux, il apparaît un nouveau pôle sud s et un nouveau pôle nord n ; de plus deux pôles de noms contraires s’attirent tandis que deux pôles de même nom se repoussent (on peut faire la même expérience avec deux boussoles). C’est donc parce que le nord de l’aiguille de la boussole s’oriente toujours vers le pôle Nord géographique qu’on peut dire que la Terre est équivalente à un aimant mais c’est le pôle Sud magnétique qui attire le pôle Nord de la boussole et de plus l’axe magnétique est légèrement différent de l’axe des pôles géographiques. Tout le monde sait aussi qu’un aimant attire le fer : si on place un carton plat au-dessus d’un barreau aimanté et si on le saupoudre de limaille de fer, en tapotant légèrement la plaque de carton on s’aperçoit que la limaille s’organise en lignes régulières allant d’un pôle à l’autre, appelées « lignes de champ » et on dit qu’un champ magnétique règne autour de l’aimant. Mais si on enlève maintenant, avec précaution, le barreau aimanté, les lignes de limaille restent en place. Ainsi chaque grain de limaille est devenu un petit aimant avec un pôle Nord et un pôle Sud car les pôles de noms contraires s’attirent, nous l’avons dit, donc le barreau aimanté a aimanté à leur tour les grains de limaille ! C’est ce qui se passe pour la Terre : les roches conservent l’aimantation qui leur a été donnée par le dipôle magnétique terrestre au moment où ces roches se sont figées à partir de la lave incandescente : cette aimantation est dite « rémanente » (qui reste) et fossile (car elle date de la coulée volcanique). Les roches de Laschamp gardent donc mémoire, se souviennent de ce qui se passait sur terre au moment où elles se sont solidifiées ; or, chose extraordinaire, en étudiant -par des appareils très précis- les roches de Laschamp, un chercheur Monsieur Bonhommet, faisant une thèse sur le volcanisme en Auvergne, s’est aperçu, en 1972, que ces roches avaient une aimantation inverse de l’aimantation qu’on trouve ailleurs, par exemple au Puy de Dôme. Donc, lorsque la coulée volcanique du Puy de Laschamp s’est formée, le champ magnétique Terrestre était inverse de ce qu’il est maintenant (c’est-à-dire qu’au lieu d’un pôle Sud magnétique il y avait un pôle Nord magnétique et réciproquement) On savait bien, depuis les travaux de B. Brunhes en 1901, alors, Directeur de l’Observatoire du Puy de Dôme, qu’il avait existé dans les temps anciens plusieurs renversements du champ magnétique Terrestre, il y a environ deux millions d’années et plus loin encore vers trois millions d’années mais Brunhes pensait que depuis environ 700 000 ans le champ magnétique Terrestre était normal et s’était tenu tranquille. Il est à remarquer que Monsieur Rudel, célèbre volcanologue clermontois, traite du Puy de Laschamp dans son ouvrage, en 1966, sans signaler de particularité à son sujet. Or, la découverte, en 1972, que les roches fossiles de Laschamp montraient un renversement plus récent du champ magnétique terrestre a eu un retentissement international ; ensuite on a trouvé le même phénomène en d’autres endroits de la Terre mais chaque fois que des scientifiques retrouvent cette inversion dans le monde elle est toujours appelée « le Laschamp », au Japon, en Amérique, dans les volcans du pacifique …. Cette inversion avait été datée par Monsieur Bonhommet (en 1972) vers 12 500 ans avant JC et elle n’aurait duré que 3 à 4 000 ans (le champ magnétique Terrestre reprenant son sens actuel). Mais les mesures plus récentes par Thermoluminescence semblent la situer vers 35 000 ans (voir article précédemment cité). Le retournement du champ magnétique terrestre à des époques anciennes (plusieurs millions d’années) ou plus récentes (le Laschamp) est un phénomène élucidé. Une théorie est en train de s’édifier : ces inversions pourraient être dues à des variations de la vitesse de la Terres autour de son axe car cette vitesse n’est pas tout à fait constante. Quoi qu’il en soit, les scientifiques du monde entier continuent à travailler pour percer ce mystère et à parler du « Laschamp ». |