| La ville de Kotor au Monténégro | |
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| Présentation générale | Kotor est une ville commerçante et portuaire ancienne de la mer Adriatique, située à l’extrémité sud de la rade de Kotor au Monténégro. La ville de Kotor, avec son important patrimoine culturel et sa situation unique, a été inscrite en 1979 au patrimoine culturel et naturel mondial de l’UNESCO. C’est à la suite du tremblement de terre survenu le 15 avril 1979 que l’UNESCO a décidé de faire entrer la ville et le site sur la liste des monuments et sites classés. Kotor est aussi une commune du Monténégro ; les villages de Risan, Perast, Dobrota, Orahovac et Dub font partie de la municipalité de Kotor.
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| Étymologie et toponymie | Sous l’empire byzantin, Kotor portait le nom de « Dekaderon », « Dekateron » ou « Dekatera », du grec « katareo », riche en sources d’eau chaude, qui a évolué en « Kotor ». En latin, Kotor était nommée par les Romains : Acruvium (ou Ascrivium ou Ascruvium). Les Grecs la nommaient Ασκρηβιον, Askrèvion. À l’époque de la domination vénitienne, elle portait le nom italien de Càttaro. En monténégrin ou en serbe cyrillique, Kotor s’écrit Котор. |
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| | La ville de Kotor est un port de la mer Adriatique situé dans la partie la plus reculée du golfe de Kotor (Kotorski Zaliv), qui se trouve lui-même au fond de la rade des bouches de Kotor (Boka Kotorska) dans sa partie sud. La ville est enserrée entre la mer et les derniers massifs montagneux calcaires des Alpes Dinariques, très abrupts, de Lovćen et d’Orjen (1 894 m). La baie de Kotor est l’une des parties les plus en retrait de la mer Adriatique ; elle est parfois appelée le « fjord le plus méridional d’Europe », mais les spécialistes considèrent qu’il s’agit en fait du canyon submergé d’une rivière. Kotor est à 15 km à l’ouest de Podgorica, la capitale du Monténégro, et à 90 km au sud-est de Dubrovnik en Croatie. |
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| | | | Histoire | Les temps préhistoriques | L’histoire du peuplement des Bouches de Kotor commence à une époque très ancienne : dans les grottes des montagnes environnantes ont été trouvés divers outils et de la poterie, indiquant une présence humaine dès l’ère néolithique, comme le montre également les dessins sur les parois de la grotte Lipca. | L’Antiquité | Les premiers habitants de la région furent les Illyriens, attirés, dès le IIIe siècle avant JC, par le port naturel de Kotor qui offre un abri facile. Les Illyriens furent suivis par les Grecs et les Romains. L’Empire romain commença de conquérir la région de Kotor au IIIe siècle avant JC. Kotor fut mentionnée pour la première fois en 168 avant JC sous le nom d’« Acruvium ». Au Ier siècle après JC, la ville est mentionnée par Pline l’Ancien sous le nom d’« Ascrivium », et, au IIe siècle, par Ptolémée comme « Askruyon » (̉Ασκρούϊον). Sous l’Empire Romain la ville fut d’abord rattachée à la province de Dalmatie. L’empereur Dioclétien la rattacha, vers la fin du IIIe siècle, à la province nouvellement formée de Praevalitana. | L’Empire byzantin (476 - 1184) | Après la chute de l’Empire Romain en 476 après JC, Kotor appartint à l’Empire Byzantin. Dès le haut Moyen Âge, sous le règne de Justinien, en réaction à la tourmente des Grandes Migrations et après l’expulsion des Goths de la région, les premières fortifications de Kotor furent bâties ; une forteresse fut construite qui surplombait de la ville. En 840, la ville fut pillée et saccagée par une flotte de pirates sarrasins, venant de Sicile et de Crète. Sous la domination byzantine, la ville portait le nom de « Dekaderon ». L’empereur byzantin Constantin VII Porphyrogénète au Xe siècle, écrit dans son livre « De Administrando Imperio » : « Le nom de la ville, Decatera, signifie dans la langue des Romains « rétréci et entouré », parce que la baie est taillée dans les terres comme une langue sur 15 ou 20 miles, et la ville se trouve au bout ». Une seconde ville s’est probablement développé sur les hauteurs de Kotor autour de la forteresse puisque Constantin Porphyrogénète fait allusion à une « Basse Kotor ». Kotor fut l’une des cités-États dalmates les plus influentes au cours de cette période ; elle devint le centre de la Baie qui porte son nom. La langue dalmate y fut parlée jusqu’au XIe siècle. En 1002, les Bulgares pillèrent la ville. L’année suivante, Kotor fut cédée à la Serbie par le tsar bulgare Samuil. Mais, les citoyens de la ville se révoltèrent avec l’aide de la République voisine de Raguse, et, après quelque temps la puissance de l’Empire byzantin y fut restaurée. | Les périodes bulgare et serbe (1185-1371) | En 1185, le grand souverain de Serbie, Stefan Nemanja, fondateur de la dynastie royale serbe Nemanjic, conquit Kotor. Kotor devint vassale de la Serbie, mais en tant que ville libre, réussissant à préservant l’intégrité de ses institutions républicaines, ainsi que le droit de conclure des traités et de déclarer la guerre. Kotor était siège épiscopal, et, au cours du XIIIe siècle, des monastères dominicains et franciscains furent fondés pour contrer le Bogomilisme. En 1241, lors de l’invasion des Mongols en Europe, l’une des armées de la Horde sous la direction de Kaidan, un frère de Gengis Khan, assiégea Kotor et l’incendia, mais la ville se redressa rapidement. De 1185 à 1371, Kotor fut un important centre de commerce et d’artisanat du royaume serbe médiéval, spécialisé dans le commerce maritime. Kotor entretenait des contacts avec l’Europe occidentale ; sa flotte marchande prospéra rivalisant avec celles des proches Républiques de Raguse et de Venise. Pendant cette période, Kotor connut d’importantes progrès économiques et culturels. Cependant, en 1371, la dynastie serbe des Nemanjic disparut, et avec elle cessa la domination serbe à Kotor. | La période de l’indépendance (1371-1420) | Après 1371, et pendant un demi-siècle, Kotor fut une république patricienne indépendante, mais qui faisait allégeance à de monarques étrangers : de 1371 à 1384, au roi de Hongrie et de Croatie, Louis Ier le Grand ; de 1384 à 1391, au roi de Bosnie, Tvrtko I. De 1391 à 1420, Kotor fut totalement indépendante, dirigée par un noble élu, le Recteur. Cependant, après la défaite des armées serbes à la bataille de Kosovo en 1389, et la chute de la Serbie sous le joug de l’Empire ottoman, la conquête turque de Kotor devenait de plus en plus menaçante. | La domination vénitienne (1420-1797) | Devant la menace d’invasion par l’Empire ottoman, le Grand Conseil de Kotor prit la décision, en 1420, de mettre volontairement la ville sous la protection de la République de Venise. Pendant presque toute la durée de la domination vénitienne de Kotor, la ville a été un lieu d’affrontement avec l’Empire ottoman : cette période peut être considérée comme la plus dramatique de l’histoire de la ville. Les Turcs ont en effet été très constants dans leur volonté de prendre Kotor, dont la possession leur aurait permis de contrôler l’ensemble des Bouches de Kotor. Cependant, malgré des tentatives répétées, la ville n’a jamais été conquise, contrairement à Risan et à Herceg Novi. Par exemple, en 1539, l’un des meilleurs amiraux de la flotte turque, Barberousse Hayruddin, fit le siège de la ville avec 70 navires et 30.000 soldats, mais fut forcé, après quatre jours de siège, de battre en retraite. En 1571, la flotte turque sous le commandement d’Ali Pacha Muezzin-Zadeh, qui sera plus tard battu à Lépante, assiégea Kotor du 9 au 16 août, mais sans succès. Lors de la bataille navale majeure avec l’Empire ottoman, la bataille de Lépante du 7 octobre 1571, lorsque la flotte alliée des Etats chrétiens mis en déroute la flotte turque, un vaisseau de Kotor, le « Saint-Tryphon », prit part à la bataille avec ses 200 marins sous le commandement du capitaine Jérôme Bizanti, un noble de Kotor. Toutefois, le siège le plus grave fut celui de 1657 : Mehmed Pacha, à la tête de 5000 soldats turcs, assiégea Kotor dura deux mois, mais ne parvint pas à prendre la ville. De nombreux chrétiens orthodoxes trouvèrent refuge à Kotor, et l’administration vénitienne de la ville leur permit d’utiliser l’église Saint-Luc pour leurs cérémonies orthodoxes. Mais les Turcs ne furent pas la seule menace qui pesa sur la ville : elle souffrit tout autant de catastrophes naturelles telles que des épidémies et des tremblements de terre. Par exemple, les années 1422, 1427, 1457, 1467 et 1572 virent la ville en proie à la peste. En outre, elle fut soumise à des tremblements de terre en 1537 et 1563, et fut presque entièrement détruite par le tremblement de terre du 6 avril 1667 : le séisme détruisit les deux tiers des bâtiments, abattit la façade et le clocher de la cathédrale Saint-Tryphon et le palais du Recteur (Providurova Palata), et tua le gouverneur de Venise, Foscarini Alvise, avec toute sa famille. Kotor fut gouvernée par un Provéditeur (Providur), gouverneur nommé par Venise, pendant près de quatre siècles de Kotor, jusqu’en 1797. La ville faisait partie de la province vénitienne d’Albanie, à l’exception des périodes de domination ottomane de l’Albanie entre 1538 et 1571 et entre 1657 et 1699. Ces quatre siècles ont donné à la ville une structure urbaine et une architecture typiquement vénitienne qui marque encore son apparence. La domination vénitienne a aussi laissé une empreinte profonde sur ses coutumes : l’italien était la langue utilisée dans tous les actes publics et les enseignements, en particulier par la puissante classe noble et par la classe montante des marchands et des capitaines marins. C’est aussi à cette époque que la différence des mœurs et des traditions des habitants de la Baie de Kotor (Bokelji) d’avec ceux des Monténégrins (Crnogorci) est devenue plus visible. Avec une flotte d’environ 300 navires, Kotor était une puissance maritime importante. | Vue des Bouches de Kotor (XVIe siècle). | La période napoléonienne (1797-1814) | Après le traité de Campo Formio en 1797, Kotor et sa région passèrent sous la domination de la monarchie autrichienne des Habsbourg. En 1805, aux termes du traité de Presbourg, elle fut attribuée au Royaume d’Italie, vassal du Premier Empire français de Napoléon. En 1806, les troupes napoléoniennes s’avancèrent en direction des Bouches de Kotor. Une armée monténégrine conduite par Petar I Njegoš, renforcée par plusieurs bataillons russes et par la flotte de le vice-amiral russe Dimitri Seniavine, les repoussa jusqu’à Dubrovnik. Mais, peu après, le tsar russe Alexandre Ier demanda aux Monténégrins de rétrocéder Kotor aux Autrichiens. La défaite des troupes russes à la bataille de Friedland, le 14 juin 1807, conduisit à la « Paix de Tilsitt » des 7 à 9 juillet 1807, traité par lequel le tsar de Russie cédait Kotor à Napoléon. Le 25 juillet, l’amiral Seniavine reçut, par décret impérial, l’ordre de remettre Kotor aux Français. L’évacuation des forces terrestres et navales russes était achevée le 14 août 1807. Après 1810, Kotor fut annexée au Premier Empire français sous le nom de Provinces Illyriennes. Pour Kotor, l’occupation française fut hautement indésirable, car la ville vivait principalement du commerce avec l’étranger : le passage de la ville sous le contrôle de la France signifiait l’impossibilité de commercer, en ces temps de guerre entre la France et l’Angleterre, qui, « maîtresse des mers » organisait le blocus des ports de l’Adriatique, et faisait de la marine de Kotor un butin potentiel de la marine anglaise. En septembre 1813, l’armée monténégrine de Petar Njegoš, soutenue par la Russie et l’Angleterre, libéra la Baie de Kotor de l’occupant français. L’union du Monténégro et de la région de Kotor fut proclamée. La ville de Kotor elle-même fut prise par les Anglais lors d’une attaque audacieuse sur la baie dirigée par le Commodore John Harper, commandant du sloop de 18 canons, le « Saracen ». En raison du manque de vent, les habitants de la côte halèrent le navire avec des cordes. L’équipage du « Saracen » durent ensuite transporter les 18 canons au-dessus de la forteresse Saint-Jean qui domine Kotor. Ils furent renforcés par le capitaine William Hoste avec son navire de 38 canons, la « Bacchante ». La garnison française n’eut pas d’autre choix que de se rendre, ce qu’elle fit le 5 Janvier 1814. Cependant, en 1814, le tsar Alexandre Ier demanda aux Monténégrins de restituer aux Autrichiens la région de Kotor. Le 1 mai 1814, les Monténégrins abandonnèrent cet accès à la mer si difficilement acquis. Au Congrès de Vienne, en 1815, la Baie de Kotor fut officiellement attribuée à l’Autriche, et l’indépendance du Monténégro ne fut pas reconnue. | La domination autrichienne (1814-1918) | Dans le cadre de l’Empire austro-hongrois, Kotor, encore appelée de son nom italien « Cattaro », faisait partie du royaume de Dalmatie. L’Autriche entreprit une reconstruction majeure du port militaire de la baie de Kotor, dans le but de protéger la marine impériale d’une éventuelle attaque russe. Durant les 105 ans de la domination autrichienne, de 1814 à 1918, Kotor et ses environs connurent de nombreuses révoltes de la population locale. Une tentative d’imposer la conscription obligatoire en 1869 amena deux révoltes de la part des habitants orthodoxes des montagnes Krivošije, un plateau de montagne sur la crête ouest du mont Orjen. La révolte fut réprimée par le corps expéditionnaire autrichien basé à Kotor, mais le gouvernement de l’Autriche-Hongrie fut forcé d’abandonner – provisoirement – le projet de conscription universelle. Le projet de conscription fut de nouveau présenté en 1881, conduisant à une nouvelle révolte de la population orthodoxe. Le XIXe siècle fut le siècle de la montée des nationalismes, et l’empire austro-hongrois dut faire face à une montée de l’identité nationale slave. De nombreuses institutions serbes furent crées à Kotor. En 1874, fut créé à Kotor le premier diocèse de l’Église orthodoxe serbe, et, en 1909, fut inaugurée l’église orthodoxe Saint-Nicolas. | La Première Guerre mondiale (1914-1918) | Durant la Première Guerre mondiale, Kotor fut l’une des trois principales bases de la marine austro-hongroise et le port d’attache de la Ve flotte autrichienne, composée de cuirassés et de croiseurs légers. La Baie de Kotor fut le théâtre de plusieurs batailles acharnées entre le Monténégro et l’Autriche-Hongrie. Du 1 au 3 février 1918, eut lieu dans la Baie de Kotor un soulèvement des équipages de 40 navires de la marine austro-hongroise – environ 6.000 marins croates, slovènes, tchèques et hongrois. Les troupes de la monarchie austro-hongroise écrasèrent la rébellion : environ 800 marins furent arrêtés et les meneurs de l’insurrection sommairement exécutés. | La période du Royaume de Yougoslavie (1918-1941) | En 1918, après la défaite de l’Autriche-Hongrie lors de la Première Guerre mondiale, la ville de Kotor, avec l’ensemble du Monténégro, fut intégrée au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, qui devint, à partir de 1929, le Royaume de Yougoslavie. La ville, jusqu’alors nommée Cattaro, prit officiellement le nom de Kotor. Jusqu’à 1922, les Bouches de Kotor furent un district indépendant avec sa capitale à Kotor, et en 1922 firent partie de la région Zeta, puis Zeta Banovina après 1929. La région d’Herceg-Novi fit, elle, partie de la Croatie jusqu’en 1945. | La Seconde Guerre mondiale (1941-1944) | Après la capitulation du Royaume de Yougoslavie et le démembrement de l’Etat yougoslave en 1941, la ville de Kotor et sa région (en italien, Provincia di Cattaro) furent annexées par l’Italie fasciste, ainsi que d’autres villes de la côte adriatique du Monténégro. Toutes ces régions firent partie du « Gouvernorat de Dalmatie » (en italien, Governatorato di Dalmazia). Après le 8 septembre 1943, Kotor fut occupée par les Allemands et fut intégrée à une sorte de mini-état serbo-monténégrin. La ville fut prise le 21 novembre 1944. Cette date, 21.XI.1944, est gravée dans la pierre au-dessus de la porte principale de la vieille ville. | La période de la Yougoslavie socialo-communiste (1945-1990) | Après 1945, Kotor fit partie de la République socialiste du Monténégro, réuni à la Yougoslavie, maintenant communiste, de Tito. Les Bouches de Kotor constituèrent une des principales bases navales militaires yougoslaves. Les arsenaux sont cependant pour la plupart à l’arrêt, mais des tunnels creusés dans la roche à proximité de l’entrée des bouches, sur la rive sud, peuvent toujours être observés. Il s’agissait d’abris de protections pour les navires militaires. Le 15 avril 1979, un puissant séisme se produisit sur la côte du Monténégro ; il y eut environ cent victimes. La moitié de la vieille ville fut détruite et la cathédrale Saint-Tryphon fut endommagée. | Le Monténégro indépendant | Dans les années 1990, Kotor fit partie de la troisième Yougoslavie, Serbie-et-Monténégro. Après l’éclatement de cette troisième Yougoslavie Kotor a suivi le destin du Monténégro, et, depuis mai 2006, fait partie intégrante de la République du Monténégro. Avec la dissolution de l’armée après la déclaration d’indépendance du Monténégro en 2006, tous les équipements militaires ont été abandonnés. |
| Légendes | Beaucoup de légendes ont été colportées sur la fondation de Kotor. L’une d’elles raconte que la fée grecque Alkima, qui vivait alors sur la falaise qui domine la ville, avait conseillé aux arrivants de ne pas construire la ville au sommet de la montagne, comme certains l’avaient décidé. Voici ce qu’elle leur dit : « Vous devez faire de la côte votre maison, car il n’y a pas de vie sans eau. Dans la montagne il n’y a ni port pour un vaisseau ni étable pour un cheval ». |
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| | Informations utiles | Bien que le Monténégro ne fasse pas partie de l’Euroland, ni même de l’Union Européenne, beaucoup de commerçants acceptent les euros. |
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