| La rue des Chevaliers à Rhodes | |
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| Présentation générale | La rue des Chevaliers (Odos Ípoton, de ιππος, cheval) demeure encore la principale artère de la cité médiévale ; c’est cette rue, nommée alors « Grand rue du Chasteau », qu’empruntaient les Chevaliers se rendant au Palais des Grands Maîtres, le même tracé que celui de la voie antique, dont on a retrouvé maints vestiges, qu’empruntaient autrefois les Grecs de la Grèce antique pour se rendre à l’Acropole. | |
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| La rue des Chevaliers | C’est une rue de 200 m de longueur et de 6 m de largeur, droite, étroite et montant légèrement, la plus belle rue médiévale de Rhodes, pavée de galets en « langue de chat ». | | La rue des Chevaliers est bordée « d’auberges » (résidences-palais) des différentes nationalités de Chevaliers. Des Sept Nations ou Langues (Auvergne, Provence, France, Aragon, Allemagne, Angleterre, Italie) qui composaient l’Ordre des Chevaliers de Saint-Jean au XIIe siècle, il ne subsiste que quatre auberges, celles d’Italie, de France, de Provence et d’Espagne. L’auberge de la langue d’Auvergne est située à l’écart de la rue des Chevaliers. Chacune des auberges est ornée d’un écusson représentant sa nation. Les chevaliers et leur suite résidaient dans cette partie de la cité fortifiée sur ses quatre côtés, la Citadelle, appelée Collachium : la muraille intérieure, aujourd’hui disparue, était parallèle à la rue Socrate. En pleine Méditerranée orientale, les édifices de cette rue présentent une pure unité architecturale gothique des XIVe siècle, XVe et XVIe siècle, et appartiennent, pour la plupart à la seconde période architecturale des chevaliers, postérieure au siège des Turcs de 1480. Ils sont construits à l’aide de blocs de roche poreuse locale régulièrement agencés. | La rue des Chevaliers présente un aspect très différent de celui des voies de la Vieille Ville. Cela est dû à la rénovation effectuée par les Italiens en 1916 ; ceux-ci ont détruit tous les balcons ottomans en bois afin de redonner à la rue le style du XVe siècle, époque des Chevaliers. La rue des Chevaliers débute par l’ancien hospice, la cathédrale catholique et l’auberge de la langue d’Auvergne. | |
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| L’auberge de la Langue de France | Toujours à droite en montant, après un petit bâtiment aux fenêtres ogivales, se dresse l’Auberge de la Langue de France (Katalima Gallias). L’Auberge de France est la plus grande et la plus belle de toutes les auberges : les Chevaliers français étant majoritaires, l’édifice fut plus richement décoré que les autres. L’Auberge fut restaurée vers 1492, après le siège de 1480 où elle avait été presque détruite. | | Sa porte en tiers-point est surmontée d’une inscription datée de 1492 et dédiée à Émery d’Amboise, alors Grand Prieur de France et futur Grand Maître de l’Ordre de 1503 à 1512. La façade portait autrefois l’inscription datée de 1495 : « Montjoie, Saint-Denis » | L’histoire raconte que le Grand Maître Dieudonné de Gozon tua un crocodile échappé d’un bateau (probablement égyptien) ayant accosté à Rhodes, et qui terrifiait les habitants de l’île. Des gargouilles en toiture représentant cet animal ornent les bords du toit pour rappeler cet événement. | Là encore, abondent les armoiries des différents grands maîtres ou dignitaires. Après Chateaubriand, on remarque« les lys de France, aussi frais que s’ils sortaient de la main du sculpteur ». Lamartine, quant à lui, considérait que cette rue était « le monument héraldique de toute la noblesse d’Europe, étalé en pierre sur ce cloître de la chevalerie »… Flaubert sera plus sobre : « Les plus belles maisons sont sur la droite, en montant : écussons nombreux, fenêtres carrées, séparées en quatre, porte ogivale (…) Le ton général de la rue est gris, c’est plus triste que beau ». | | Philippe Villiers de l’Isle Adam, le héros du siège de 1522, a largement doté l’auberge de France, comme en témoignent trois plaques avec ses armoiries, assorties de trois dédicaces différentes : « Pour la Maison », « Pour l’Oratoire », « Pour Philerme ». | | L’ancienne auberge de France a été rachetée en 1911 par l’ambassadeur de France en Turquie, Maurice Bompard, qui l’a fait restaurer à ses frais et offerte à l’État. Elle abrite aujourd’hui le consulat de France. La visite des jardins et d’expositions au 1er étage est possible de 8 h à midi. | |
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| | La maison du chapelain de la Langue de France | Vient ensuite la maison du Chapelain de la Langue de France, restaurée en 1918 et qui abrite aujourd’hui le conservatoire de musique de la ville. L’entrée principale est à arche gothique. Au-dessus de cette entrée, les armes de la papauté sont gravées dans un bloc de marbre, flanqué de chaque côté des armes royales d’Angleterre (des lys sur la gauche, des lions sur la droite). Sur les deux côtés de la porte se trouvent deux niches à des niveaux différents ; une des niches abrite une statue de Vierge à l’Enfant (cette statue est du XXe siècle). Une seconde porte, rectangulaire, conduit à un étroit passage d’aération sur le côté ouest de la chapelle. Son linteau de marbre est décoré de dix écussons (Angleterre, Hélion de Villeneuve, Ordre de Saint-Jean, Dieudonné de Gozon, Angleterre, Pierre de Corneillan, Raymond Bérenger, Roger de Pins et un écusson non identifié à lion rampant. L’héraldique portée par le bâtiment indique que sa construction peut être datée des années 1365 à 1374. Apparemment la propriété de la Langue d’Angleterre à l’origine, la chapelle fut probablement transférée à la Langue de France au XVe siècle. |
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| L’auberge d’Italie | On remarque ensuite, à droite en montant, l’Auberge de la Langue d’Italie, construite en 1519 par le Grand Maître italien Fabrizio del Carretto dont on peut voir l’écusson au centre de la façade, et qui fut restaurée par les Italiens en 1915. |
| L’auberge d’Espagne | Sur la gauche en montant, l’auberge d’Espagne (Aragon et Castille) est l’une des plus grandes auberges. Elle possède une salle de réunion de 150 m². En 1462, la langue d’Espagne se divisa en langue de Castille et langue d’Aragon. |
| L’auberge de Provence | Sur le côté droit en montant, s’élève ensuite l’Auberge de la Langue de Provence, reliée par un pont en arc à l’Auberge de la Langue d’Espagne, de l’autre côté de la rue. | |
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| | | L’église Saint-Jean | L’église Saint-Jean, aujourd’hui disparue, s’élevait à droite de la place du Palais. L’église Saint-Jean était la chapelle de l’Ordre où étaient enterrés les Grands Maîtres et où l’on vénérait la main de Saint-Jean Baptiste donnée à Pierre d’Aubusson par le sultan Bajazet. L’église fut détruite en 1856 dans l’explosion d’une poudrière qui endommagea le Palais des Grands Maîtres. |
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