| La rivière Trebisnjica (Trebišnjica) en Herzégovine | |
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| Présentation générale | La rivière Trebišnjica est une rivière qui coule dans le sud-est de l’Herzégovine, principalement dans la Republika Srpska de Bosnie-Herzégovine. La Trebišnjica traverse des terrains karstiques et c’est une rivière à enfouissement (ponornica) : sur une longueur totale de 187 km, son cours en surface est de 98 km et son cours souterrain de 89 km. C’est la plus longue rivière karstique d’Europe et la deuxième plus longue rivière d’Herzégovine après le fleuve Neretva. La Trebišnjica se déverse en partie sur la côte adriatique près de Dubrovnik en Croatie après des parcours souterrains, et en partie dans le fleuve Neretva au niveau de Čaplina, peu avant le delta de la Neretva sur la mer Adriatique. Bien que la Trebišnjica coule dans une région karstique géologiquement instable et avec un débit relativement irrégulier, la rivière possède un grand potentiel hydro-électrique ; ce potentiel a commencé à être exploité à partir de 1965, dans le cadre du projet Horizons supérieurs (Gornji horizonti). Ce projet avait planifié la régulation du cours de la rivière par deux barrages et la construction de sept centrales hydroélectriques, dont quatre ont été réalisées : Trebinje I, Trebinje II, Dubrovnik et Čapljina. |
| Étymologie et toponymie | La rivière Trebišnjica (Требишњица) doit son nom à la principale ville qu’elle traverse en Herzégovine, la ville de Trebinje. D’un point de vue linguistique, le nom de la rivière devrait plutôt être « Trebinjčica », nom qui était parfois utilisé autrefois. |
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| Le vaste bassin hydrologique de la Trebišnjica est constitué d’un système complexe de rivières souterraines et de rivières de surface. Ce bassin collecte les eaux pluviales d’une grande partie du sud-est de l’Herzégovine depuis les plaines karstiques de Gacko (Gatačko polje) et de Nevesinje (Nevesinjsko polje), au nord, jusqu’à la plaine de Popovo polje au sud. Le bassin de drainage de la Trebišnjica a une surface totale de près de 5 000 km², si on inclut les 600 km² du bassin de drainage de la source de Čapljina, à l’ouest. Le bassin de drainage du cours moyen de la rivière – qui y coule à ciel ouvert – a une surface d’environ 2 300 km². Ce bassin produit un débit moyen de 114 m³ d’eau par seconde. |
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| Le cours supérieur de la Trebišnjica | Le cours supérieur de la Trebišnjica est alimenté par la rivière Mušnica. La Mušnica a sa source dans le massif de Lebršnik, près de la frontière avec le Monténégro ; la rivière est arrêtée par le barrage de Klinje, construit sous l’Empire austro-hongrois pour irriguer les terres de la plaine de Gacko ; le barrage a créé le lac artificiel de Klinje (Klinje jezero). La Mušnica se dirige ensuite vers l’ouest ; elle entre dans la plaine de Gacko (Gatačko polje) – plaine située entre les massifs de Vučevo (Вучево) et de Bjelašnica – au niveau du village d’Avtovac, puis atteint le village de Srđevići. Dans le village de Srđevići, la Mušnica est renforcée par la rivière de Gračanica, qui descend du massif de Vučevo vers le Gatačko polje, en traversant les villages de Bahori et de Gračanica. La rivière Mušnica passe ensuite par les villages de Bašići et Drugovići, puis se perd sous terre dans la plaine de Cernica (Cerničko polje) sous le massif de Baba, aux environs des villages de Cernica et de Ključ – où elle est connue comme la rivière de Ključ (Ključka rijeka). La rivière Mušnica réapparaît en surface, dans le sud de la plaine de Fatnica (Fatničko polje), mais sur une courte distance ; la Mušnica y est connue comme la rivière de Fatnica (Fatnička rijeka). |
| Le cours moyen de la Trebišnjica | Après un cours souterrain de 30 km, la rivière de Fatnica réapparaît sous la forme de plusieurs résurgences très puissantes dans des grottes situées près de la ville de Bileća, à une altitude de 398 mètres, sous les pentes escarpées de la montagne Vlajinja (Влајиња) (492 mètres) ; ces résurgences karstiques atteignent des débits de 80 m³ par seconde. Ces sources se réunissent et prennent le nom de Trebišnjica. La rivière Trebišnjica coule, en direction du sud, dans la vallée de Mušnica (Мушница) ; dans le sud de la vallée, la rivière a été barrée par le barrage de Gornje Grančarevo. Ce grand barrage de Grančarevo (Гранчарево), de 123 m de hauteur, a été construit en 1967 pour alimenter la centrale hydroélectrique de Trebinje ; il se trouve à 8 km en amont de Trebinje, à une altitude de 400 m. La construction du barrage a créé un lac de retenue nommé lac de Bileća (Билећко језеро / Bilećko jezero), ou lac de Miruša ; cet immense réservoir a une superficie de 33 km², une profondeur maximale de l’eau de 104 m, et une capacité de 1,3 km³ d’eau. Après le remplissage du réservoir, les eaux ont inondé la vallée de Mušnica, presque jusqu’au village de Bileća et englouti les grottes où la Trebišnjica prend naissance ; les sources ne sont donc plus visibles de nos jours. La frontière avec le Monténégro – qui autrefois suivait le cours de la rivière – est maintenant située sur la rive orientale du lac artificiel. Après le barrage de Grančarevo, le cours de la Trebišnjica continue vers le sud jusqu’aux villages de Lastva et de Donje Grančarevo, puis elle s’oriente vers l’ouest dans la plaine de Trebinje (Trebinjsko polje). Près du village de Gorica (Горица), à environ 3 km en amont de Trebinje, la rivière est à nouveau barrée ; le barrage de Gorica a formé un lac de retenue, plus petit que celui de Grančarevo, le lac de Gorica (Горичко језеро / Goričko jezero). Ce barrage a été le premier barrage construit sur la Trebišnjica, en 1965 ; l’eau du réservoir est amenée par deux tunnels de 16 km de longueur jusqu’à la localité croate de Plat, près de Cavtat, sur la côte Adriatique, afin d’alimenter la centrale hydroélectrique de Dubrovnik I. Lors de la guerre serbo-croate du début des années 1990, cet approvisionnement en eau de Dubrovnik a été interrompu pendant plusieurs années. Après le barrage, la Trebišnjica continue vers l’ouest, traverse la ville de Trebinje et suit le versant sud de la montagne de Bjelašnica en passant par les villages de Dražin Do, Tvrdoš, Gornja Kočela et Donja Kočela. Elle pénètre enfin dans ce qui est la plus grande plaine karstique des Balkans, le Popovo polje (« la plaine du Pope »), qui joue un rôle primordial dans le système hydrologique karstique de l’Herzégovine orientale. Dans sa partie haute, le Popovo polje est couvert de 1 à 2 m d’épaisseur de sédiments alluviaux, dont l’épaisseur augmente à 15-20 m dans la partie inférieure, à l’ouest. Dans le Popovo polje ont été répertoriés à ce jour 500 ponors, estavelles ou sources intermittentes. Les sources intermittentes dominent le Popovo polje supérieur, les estavelles celui du milieu et les ponors le Popovo polje inférieur. La perte d’eau de la Trebišnjica dans le Popovo polje est de 63 m³ par seconde en saison sèche. La capacité totale de vidange monte à plus de 300 m³/s. La capacité du seul dernier ponor (l’aven Doljašnica) s’élève à 60 m³/s. Le débit d’hiver est nettement plus important avec 1 000 m³/s. Le record du 3 décembre 1903 s’élève à 1 362 m³/s. L’inondation du Popovo polje atteignit des niveaux d’eau élevés de 40 m ; la durée d’inondation atteignait jusqu’à 300 jours par an, et la durée moyenne d’inondation du Popovo polje était de 253 jours par an. Après la construction des deux barrages, en amont du Popovo polje, pour réguler le débit de l’eau, aucune inondation n’a été observée. Autrefois, la Trebišnjica s’enfouissait sous terre à partir de Trebinje : pour éviter que les eaux de la rivière se perdent dans les cavités souterraines du Popovo polje, plus de 60 km du cours de la rivière ont été canalisés dans un lit en béton ; les eaux peuvent ainsi parvenir jusqu’au bas du Popovo polje pour alimenter la centrale hydroélectrique de Čapljina. Dans le Popovo polje, la Trebišnjica s’oriente vers le nord-ouest, passant dans les villages de Staro Slano, Đedići, Dobromani, Žakovo, Tulje, Sedlari, Grmljani et Zavala. La rivière tourne ensuite vers le nord, fait une grande courbe entre les villages de Dvrsnica, Orašje, Čavaš et Turkovići et, dans le bas du Popovo polje, près du village d’Hutovo et de la frontière croate, se perd dans plusieurs grands puits (notamment les avens, ou ponors, de Doljašnica et de Ponikva). |
| Le cours inférieur de la Trebišnjica | Les eaux de la Trebišnjica réapparaissent en surface en trois résurgences distinctes. La plus puissante des résurgences est celle de Čapljina (Чапљина), dans la région du cours inférieur de la rivière Neretva, dans le sud de l’Herzégovine. Une centrale hydroélectrique a été construite, en 1979, pour utiliser l’énergie de cette résurgence, qui est captée dans un tunnel de 8 km de longueur et stockée dans deux réservoirs, d’une capacité de 12,5 millions de m³. La centrale de Čapljina a une capacité de 430 MW (2 x 215 MW) et peut produire jusqu’à 619 GW-h par an. Un autre résurgence puissante apparaît dans une grande grotte située près de Komolac, à l’ouest de la ville nouvelle de Dubrovnik. Elle est l’embouchure naturelle de la Trebišnjica – dans le prolongement de son cours dans l’arrière-pays – après un parcours souterrain d’environ 20 km. Mais le cours d’eau est nommé localement Ombla, ou Umbla. L’Ombla est un cours d’eau de seulement 30 mètres de longueur, mais assez large et puissant, d’un débit moyen de 24 m³/s ; sa source se situe à seulement 20 m au dessus du niveau de la mer. La rivière se jette immédiatement dans une profonde baie de la côte adriatique, longue de 4,2 km ; cette baie est un aber ou une ria, l’ancienne vallée de l’Ombla envahie par l’Adriatique suite à la montée du niveau de la mer. Cet aber est nommé « rivière de Dubrovnik » (Rijeka dubrovačka) ; la rivière de Dubrovnik est navigable sur 3,7 km, avec une profondeur de 30 m près de l’embouchure. Plusieurs quartiers nouveaux de Dubrovnik (Mokošica, Komolac, Rozat, Prijevor, Lozica) sont situés au bord de cette ria. Le port de Gruž, le port moderne de Dubrovnik, y a été construit. L’eau de l’Ombla fut utilisée depuis 1437 pour l’alimentation de Dubrovnik en eau potable (fontaine d’Onofrio), grâce à un aqueduc – de 12 km de longueur – qui conduisait l’eau jusqu’à la vieille ville. De nos jours, il existe un projet de construction d’une centrale hydroélectrique. La troisième résurgence de la Trebišnjica est un ensemble de sources sous-marines d’eau chaude qui se déversent dans la baie du petit port de mer de Slano, à environ 40 km au nord-ouest de la ville de Dubrovnik. De telles sources sont nommées vrulje en croate (vrulja au singulier, mot qui a donné son nom à la station balnéaire de Brela, où se déverse aussi une source sous-marine d’eau chaude). |
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