Situé à une quinzaine de kilomètres au nord de la chaîne des Puys proprement dite, le Gour de Tazenat est un splendide cratère de maar, occupé par un lac de 700 mètres de diamètre et 66 mètres de profondeur.
Il est alimenté par les eaux de ruissellement et les sources souterraines repérées par des vues aériennes et à l’infrarouge. Son évacuation se fait par sa partie ouest qui crée un ruisseau courant jusqu’à la Morge et le long duquel on ne comptait pas moins de 5 moulins dont 3 fonctionnent encore : moulin du compagnon, moulin des Palles et moulin des Desniers.
C’est une propriété privée mais la baignade est autorisée. 40 000 personnes par an viennent admirer sa splendeur et son calme, se baignent et aussi font la randonnée autour du lac (1 h 30 environ).
Des études précises et approfondies, notamment du professeur liégeois E. JUVIGNE, montrent que le gour de Tazenat est un volcan d’explosion de type maar (tout comme le Lac Pavin, le maar de Beaunit et le narse d’Espinasse). Son cratère subcirculaire de 900 m de diamètre est situé à l’intersection du ruisseau de Rochegude et d’une faille diamétrale qui dénivelle le socle de 80 m. Le ruisseau a fourni l’eau nécessaire aux explosions, puis assuré le remplissage du lac, actuellement profond de 68 m.
L’ouverture de ce cratère s’est produite lorsque du magma basaltique remontant vers la surface est entré en contact avec l’eau du ruisseau. La vaporisation brutale de l’eau a provoqué de violentes explosions qui ont pulvérisé les roches encaissantes et créé un cratère. L’eau s’est alors engouffrée dans ce trou béant, déclenchant à chaque nouvelle explosion un élargissement du cratère. La quantité d’eau en contact avec le magma a diminué progressivement au cours de l’éruption, qui est devenue moins explosive. Celle-ci achevée, le Gour de Tazenat s’est rempli des eaux du ruisseau.
Les différents prélèvements de sédiments effectués par carottages en juillet 1993 d’une épaisseur d’environ 14 m au fond du lac laissent présager sa naissance il y a environ 30 000 ans.
La détermination des grains de pollen contenus dans la vase a montré que sous 850 cm de profondeur, les seuls arbres qui vivaient dans la région étaient le bouleau et le pin.
Cette observation démontre qu’à cette époque le climat était donc beaucoup plus rude que de nos jours ; c’était la fin de la dernière période glaciaire. L’étude a permis au Professeur d’affirmer que le fond du lac n’avait pas la forme d’un entonnoir mais de cuvette dont le fond plat a un diamètre d’environ 400 m.
À la fin du XIXe siècle, Guy de Maupassant vint en cure à Châtel-Guyon et en profita pour visiter les alentours. En 1885, il séjourna au château de Rochegude proche du Gour de Tazenat. Fin 1886, « Mont-Oriol » paraissait en feuilleton dans le Gil Blas et l’année suivante chez Albin Michel. On peut y lire :
«…Christine, qui s’était levée, découvrit tout à coup, dans un vaste et profond cratère, un beau lac, frais et rond ainsi qu’une pièce d’argent. Les pentes rapides du mont, boisées à droite, et nus à gauche, tombaient dans l’eau qu’elles entouraient d’une haute enceinte régulière. Et cette eau calme, plate et luisante comme un métal, reflétait les arbres d’un côté, et, de l’autre, la côte aride, avec une netteté si parfaite qu’on ne distinguait point les bords et qu’on voyait seulement, dans cet immense entonnoir, où se mirait au centre le ciel bleu, un trou clair et sans fond qui semblait traverser la terre percée de part en part jusqu’à l’autre firmament. »
Guy de Maupassant, Mont-Oriol
« Nul fleuve ne s’étale en Auvergne. L’eau y sommeille dans les cratères par 80 mètres de fond (…) ou bondit sur les pentes, écume et s’évapore en vapeurs irisées … » écrivait Alexandre Vialatte.
(Cet écrivain qui obtint le prix des Volcans pour l’ensemble de son œuvre en 1958 aimait marcher, monter à cheval ou nager au Gour de Tazenat.)