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La loutre d’Europe (Lutra lutra)

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Loutre d’Europe

PhotoPhotos

Loutre d'Europe. Cliquer pour agrandir l'image.Loutre d'Europe. Cliquer pour agrandir l'image.Loutre d'Europe. Cliquer pour agrandir l'image.
Loutre d'Europe. Aquarelle. Cliquer pour agrandir l'image.Loutre d'Europe. Cliquer pour agrandir l'image.

ClassificationClassification

Règne : animaux (Animalia)Sous-règne : métazoaires (Metazoa)
Division : triploblastiques (Bilateralia)Sous-division : deutérostomes (Deuterostomia)
Super-embranchement : chordés (Chordata)Embranchement : vertébrés (Vertebrata)
Sous-embranchement : vertébrés à mâchoires (Gnathostomata)
Classe : mammifères (Mammalia)Sous-classe : euthériens (Eutheria)
Ordre : carnivores (Carnivora)Sous-ordre : caniformes (Caniformia) / fissipèdes (Fissipedia)
Super-famille : canoïdés (Canoidea)Famille : mustélidés (Mustelidae)
Sous-famille : lutrinés (Lutrinae [Bonaparte, 1838])
Genre : loutres (Lutra [Brisson, 1762])Sous-genre : loutres (Lutra)
Espèce : Lutra lutra [Linné, 1758]Sous-espèce :
Nom commun : loutreNom populaire :

Noms européensNoms européens

AlbanieAllemagneOtterAngleterreeurasian river otterArménie
Pays basqueBiélorussieBrezhonegBulgarieвидра
CatalogneChyprioteCorsuCroatie
DanemarkodderGaeidhligEspagneEstonie
FøroysktoturFinlandesaukkoFrançaisloutreFrysk
GalicePays de GallesGéorgieGrèceβίδρα
HongrieIrlandeIslandeoturItalie
LettonieLithuanieLëtzebuergëschMacédoine
MalteMoldovenesteNorvègeoterOccitan
Pays-BasPolognePortugalRoumanie
RussieSerbieSlovaquieSlovénie
SuèdeutterTchéquievydra říčníUkraïneEmpire romainLutra lutra

IdentificationIdentification

Identification généraleGénéralités
MorphologieMorphologie
MâleFemelle

Formule dentaire : 3/3 incisives + 1 /1 canines + 4/3 prémolaires + 1/2 molaires.

Particularités : animal bas sur pattes, queue très épaisse à la base, non comprimée, fourrure très dense, de couleur brun marron sur le dos, plus claire sur la face ventrale et sur le menton ; pattes palmées. Narines et oreilles se ferment hermétiquement lors de la plongée. Extrémité du museau (rhinarium) en forme de W ouvert.

LongueurD’environ 1 m chez le femelle à 1,25 m chez le mâle (queue comprise).
Queue
HauteurHauteurHauteur au garrot : 25 à 30 cm.
PoidsPoidsMâle : en moyenne 9 kg ; femelle, en moyenne 7,5 kg.
ColorisColoris
Capacités physiologiquesCapacités physiologiques
Le corps de la loutre est adapté à la nage : ses pattes palmées et sa queue robuste lui permettent d’avancer à grande vitesse. Elle peut rester en plongée jusqu’à deux minutes.
RemarqueRemarques
Espèce semblableEspèces semblables

VoixVoix

Voix de mammifère

LaisséeLaissées

Description
Présence signalée aussi par les laissées (« épreintes »), déposées sur les rochers au bord de l’eau. Riches en débris de poissons (écailles, arêtes), elles sont gluantes à l’état frais et très friables lorsqu’elles sont sèches.

Les laissées n’ont aucune forme ni aucune dimension typique. À l’état très frais, ressemblent à une espèce de crachat vert-noirâtre. Durcissent assez vite et deviennent alors de couleur noir brillant. Les vieilles épreintes sont plutôt grises. Leur odeur est caractéristique et rappelle à la fois le poisson séché et l’hydromel. Elles contiennent le plus souvent des arêtes de poissons, des os de batraciens, à l’occasion des poils ou des plumes. Se trouvent disséminées le long des cours d’eau, principalement à des endroits où la loutre sort de l’eau, là où elle se repose la nuit et sur des sites « stratégiques »: sous les ponts, sur des grosses pierres, à proximité des confluences, sur des ouvrages, parfois sur des grosses touffes d’herbe ou sur de petits monticules de sable que la loutre fait elle-même en grattant le sol.

Le jet d’urine décolore souvent la mousse des rochers.

EmpreinteEmpreinte

Description
Empreinte caractéristique, toujours à proximité de l’eau : petites pelotes rondes en arc de cercle, griffes très courtes touchant presque les pelotes et rayonnant en étoile, talon étendu mais marquant plus ou moins. Palmure rarement visible.

Cinq doigts disposés en arc de cercle parfait, la trace des ongles très courts est toujours en connexion avec celle des pelotes digitales. Attention: l’empreinte du pouce n’est pas toujours visible.

VoieVoie

Description
Allure extrêmement variable. L’animal se déplace fréquemment par bonds. Dans la neige, la queue laisse souvent une trace. Longueur du pas : environ 80 cm.

HabitudeHabitudes

Loutre d'Europe. Dessin de Buffon. Cliquer pour agrandir l'image.La loutre vit habituellement en solitaire sur un territoire qu’elle ne partage pas, sauf aux frontières, avec les individus de même sexe. Le territoire d’un mâle chevauche généralement celui de plusieurs femelles. Celles-ci peuvent être accompagnées de leurs jeunes bien au delà du sevrage. Un mâle suivi en Écosse par radiopistage utilisait un domaine vital de plus de 40 km de longueur. Nocturne, la loutre passe la journée dans un gîte qu’elle ne quitte que sous la contrainte (dérangement important par exemple). Sauf si elle a des jeunes, il n’arrive pas souvent qu’une loutre utilise un même gîte deux journées consécutives, surtout si ce gîte est à l’air libre. Sur une période de 138 jours, une femelle pistée dans le Marais Poitevin a utilisé 56 gîtes différents répartis sur une surface de près de 2800 ha. Les déplacements ne sont pas stéréotypés et peuvent être considérables : au cours de la même nuit, un animal parcourt régulièrement plusieurs kilomètres, parfois plus de 20.

Cycle de vieCycle de vie

Maturité sexuelle
De 2 à 3 ans pour les femelles ; 2 ans pour les mâles.
Parade nuptiale
ReproductionAccouplement
Peut se reproduire n’importe quand au cours de l’année mais période préférentielle en hiver (fin décembre à fin mars) dans certaines régions.
Gestation
De 61 à 63 jours.
Mise bas
Portées
De 2 à 3 par nichée, rarement 4 à 5.
Nourrissage
De 3 à 4 mois.
Ouverture des yeux
Sevrage
Émancipation
Prédateurs
LongévitéLongévité
Jusqu’à 15 ans en captivité. Dans la nature, très peu survivent au delà de 6 à 7 ans.

RégimeNourriture

Le régime de la loutre est essentiellement composé de poissons dont la plupart sont de taille petite (inférieure à 10 cm) et appartiennent à des espèces n’ayant guère d’intérêt pour la pêche. Bien entendu, le menu varie très fort en fonction des milieux exploités. Semble principalement chasser sur le fond ou au voisinage des berges car prend peu d’espèces de pleine eau (ablette, sandre, gardon…).

En plus des poissons, la loutre consomme des grenouilles, des couleuvres (rare), des oiseaux (héron cendré, poule d’eau, colvert, étourneau…), des mammifères (rat musqué, campagnols, ragondin…), des insectes et crustacés (dytiques, larves de libellules, écrevisses …) ainsi que très occasionnellement, des charognes.

HabitatHabitats

MilieuMilieux
La loutre habite tous les types de milieux aquatiques, y compris les zones côtières, pourvu qu’elle y trouve de la nourriture et des abris en suffisance. Elle vit aussi bien le long des rivières de montagne aux eaux limpides que dans les canaux eutrophes des systèmes de polders. Ses principaux refuges sont des abris sous roche, des massifs de broussailles, d’épineux ou de ronces croissant sur les berges, des terriers ou des cavités situés dans l’entrelacs des racines d’arbres rivulaires.
Territoire
Gîte
AltitudeAltitudesÉtage de plaineÉtage collinéen (de 0 à 800 m)Étage montagnard (de 800 à 1 700 m)Étage subalpin (de 1 700 à 2 200 m)

MigrationRépartition

Répartition globale
La loutre occupe toute l’Europe, à l’exception de l’Islande et des îles méditerranéennes. Son aire de répartition inclut également l’Afrique du Nord et une grande partie de l’Asie. Elle est toutefois absente des régions les plus septentrionales, des déserts d’Asie centrale et de la péninsule indienne. En revanche, on la trouve en Indochine et en Indonésie mais pas à Bornéo.
Présent en auvergneAuvergne
Rencontre d'une loutre et d'un grèbe huppéÉtang de Pulvérières.

StatutStatut

Rareté
Menaces
Destructions volontaires

À la fin du siècle dernier et au début du XXe siècle, la destruction de la loutre était considérée comme une œuvre de salut public. Actuellement, ce facteur ne joue plus aucun rôle mais les prélèvements ont été tellement importants en Belgique que la population a rapidement décliné. L’espèce était néanmoins encore présente un peu partout après la fin de la dernière guerre. Le système de primes à la destruction a subsisté jusqu’en 1 963 et la loutre est restée gibier chassable jusqu’en 1973. Sa protection intégrale ne date que de 1986.

Pesticides

Différentes analyses réalisées sur des cadavres de loutres récoltés à travers toute l’Europe ont montré une intoxication parfois importante de certains d’entre eux par les métaux lourds et par les polychlorobiphényles (PCB). Il est admis, mais pas prouvé, que des teneurs dépassant 50 Hg de PCB par kg de poisson frais présentent un risque certain pour les loutres. Des mesures effectuées dans différents poissons de la Meuse, de l’Ourthe, de la Sûre et de l’Our montrent clairement que ces valeurs sont souvent dépassées. Des recherches complémentaires seraient cependant nécessaires pour arriver à mieux préciser la menace que ces polluants représentent.

Modifications de l’habitat

Quantité de milieux aquatiques favorables à la loutre ont été perdus : mares, marais et étangs asséchés ou comblés par des dépôts de déchets, berges des rivières enrésinées, fonds humides drainés, rivières curées, reprofilées ou rectifiées. Ces travaux d’hydraulique ont affecté à la fois les ressources piscicoles et la capacité des milieux à offrir des abris sûrs à l’animal. En outre, l’intensification du tourisme de masse sur les rivières a contribué à augmenter les sources de dérangement.

Protection
Une première étape serait d’assurer une meilleure information et une meilleure sensibilisation à la disparition de la loutre. Les endroits où l’espèce subsiste encore devraient faire l’objet d’une surveillance permanente et cela implique un minimum de formation spécifique pour les agents de terrain que la chose intéresserait.

Garantir la survie des dernières loutres de la Région n’est cependant pas chose facile. Sont-elles encore suffisamment nombreuses pour que l’on puisse espérer une recolonisation naturelle des rivières, comme c’est le cas dans le Massif Central ? Impossible à dire. Il est toutefois des mesures que l’on peut raisonnablement envisager pour leur assurer une meilleure protection.

Toutes les interventions qui ont pour but de maintenir ou de restaurer la diversité et la bonne qualité des milieux aquatiques peuvent avoir des incidences favorables : épuration des eaux, mise en réserve naturelle des fonds de vallée et de portions de rivières, parcours « no kill » pour les pêcheurs, voire réserves de pêche, limitation du kayak. Il est évident que la gestion hydraulique des cours d’eau doit être infléchie significativement pour tenir compte des exigences de la loutre: réduction, voire abandon des interventions lourdes (dragage, reprofilage, recalibrage, pose de gabions …), respect des vieux arbres et des massifs épineux des rives ; restauration des fonds de vallée humides, abandon des plantations de résineux à proximité des cours d’eau, y compris en tête de bassin.

Pour être efficaces, ces mesures doivent être appliquées sur des zones étendues et ne pas se limiter à quelques oasis privilégiées.

La sauvegarde de la loutre n’est donc envisageable que si elle est prise en compte dans toutes les politiques d’utilisation de l’espace en milieu rural : conservation de la nature, bien entendu mais surtout aménagement du territoire (infrastructures, tourisme, zones industrielles … ), plantations forestières, épuration des eaux et réseaux d’égouttage, gestion hydraulique des rivières, depuis les opérations de remembrement, en ce qu’elles comportent des plans de drainage et de modification des petits cours d’eau, jusqu’aux projets de grands travaux sur l’Ourthe, par exemple

À terme, il serait peut-être possible d’envisager un renforcement de population mais au préalable, il est nécessaire de prévoir des investigations sur la qualité des milieux (estimation des possibilités d’abris, des ressources piscicoles et du niveau d’intoxication des poissons par métaux lourds et substances organochlorées). En outre, il conviendrait de s’assurer que la politique régionale soit suffisamment coordonnée pour éviter que des dégradations graves aux milieux aquatiques et rivulaires ne viennent anéantir tous les efforts qui seraient consentis.

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