| Les saules (Salix) | |
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| | | | | Weide | | willows, sallows | | | | | | | | | | върба | | | | | | | | | | | | | | sauces, sauz | | | | | | | | saules | | | | | | | | | | ιτιά | | fûzfélék | | | | | | salce, salcio | | | | | | | | | | | | | | | | | | wilg | | wierzba | | | | | | | | | | vŕby | | | | | | | | | | Salix |
| Étymologie latine | salix, salicis f. : « saule, osier ». Salix : nom de l’osier en latin et « Salka » en francique, sont issus de la même racine celtique « Sal » (proche de) et « Lis » (l’eau). Vient d’un mot sanskrit qui signifie : eau ; arbres croissant au bord de l’eau. |
| Étymologie française | « Sauz » (XIe siècle), « Saulx » (1420) et « Saule » (XIVe-XVe siècle). L’ancien nom français, « saus », a donné Saulx, Sauzon, saussaie. En auvergnat le saule est nommé sauze. |
| Étymologie germanique | Les trois noms néerlandais, allemand et anglais (Wilg, Weide et Willow) rappellent « Vimen » et « Viminalis » ouvrage en osier, bois flexible, osier, propre à nouer, … Une racine commune, européenne, faisant référence au tressage, « Wei » est à son origine. Elle a d’ailleurs donné « itea » (pour Witea) en grec, signifiant le Saule. |
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| Généralités |
| Catégorie de plante | |
| Port de la plante |
| Hauteur de la plante | Le saule peut atteindre 25 m. |
| Clés de détermination | Différences | Osier blanc | Saule blanc | Saule marsault | Saule pleureur |
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Durée de vie | 30 ans | 120 ans | 50 ans | 50 ans |
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Taille | 25 m | 25 m | 12 m | 12 m |
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Écorce | lisse gris argenté | lisse blanc grisâtre, puis crevassée noirâtre | lisse gris argenté | crevassée gris foncé |
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Rameaux | longs et souples | longs et souples | | pendants, fins, allongés |
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Feuilles | longues (de 18 à 20 cm), non dentées, lancéolées, étroites, dont le bord s’enroule, | (10 cm) dentées, étroites, elliptiques | coriaces, ovales, larges au milieu | (15 cm) étroites, dentées |
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Pétiole | court | | pubescent, rouge | sans pétiole |
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Dessous | couvert de poils gris argenté et soyeux. | | couche dense feutrée gris blanchâtre | |
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Chatons | fin avril, avant les feuilles | fin avril | début avril | en mai |
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| Pérennité |
| Plantation |
| Multiplication |
| Entretien | |
| Croissance |
| Récolte |
| | Longévité | L'âge des saules peut atteindre 120 ans. |
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| Milieux |
| Sols | Arbre de lumière préférant les sols légers frais et humides, le Saule supporte le gel et les inondations. |
| | Climats |
| Altitudes |
| Espèce associée |
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| | Propriétés du bois | Le bois de saule est tendre, léger, peu durable et peu résistant. |
| Aspect du bois | Coupe longitudinale | | Coupe tangentielle | | Coupe radiale | |
| Densité du bois |
| Travail du bois |
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| Utilisations médicinales | | Les Ressources Médicinales de la Flore Française citent le Saule blanc (Salix alba) comme principal fournisseur de la pharmacopée européenne : - Dès le XVe siècle, on attribue aux chatons de Saules des propriétés fébrifuges.
- À la fin du XVIIe siècle, les propriétés fébrifuges sont définitivement établies.
- C’est au XIXe siècle que le Saule fut introduit dans la liste officielle des médicaments (France, Espagne, États-Unis).
La découverte de l’aspirine (acide acétylsalicylique), substance quasi universelle, premier médicament mondial et toujours extrêmement efficace par ses multiples actions thérapeutiques, est fortement liée aux usages empiriques de l’écorce des Saules.
Il faut d’ailleurs constater que, bien souvent, des peuples sans aucune communication possible, utilisaient les mêmes drogues pour combattre les mêmes affections. C’est le cas des Saules utilisés en Amérique, par les Indiens, et en Europe.
Empiriquement, la théorie des signatures a longtemps prévalu. Elle supposait que les plantes, soit par l’aspect de leurs organes (ex.: racines en forme de cuisses humaines, graines en forme de reins, …), soit à cause de leur biotope* malsain pour l’homme mais parfaitement toléré par elles, pouvaient soigner une maladie par analogie d’organes ou de lieux.
Souvent fantaisiste, cette théorie s’est avérée parfois sensée. Ainsi, poussant les pieds dans l’eau, les Saules devaient pouvoir soigner les fièvres liées aux lieux humides (Malaria).
- 2 juin 1763 : l’Anglais E. Stone fait une communication à la Royale Society de Londres : « Compte rendu des succès de l’écorce de Saule dans le traitement de la fièvre. »
Il était également fait allusion à la similitude d’amertume entre l’écorce de Saule et celle du Quinquina déjà reconnu pour soigner la malaria. - 1829 : Leroux, pharmacien français, isole à partir de l’écorce de Saule, la SALICINE (note publiée en 1830). (R.M.F. p. 299 et L.M.P. p. 100)
- 1853 : Gerhadt (Strasbourg) acétylise pour la première fois l’ACIDE SALICYLIQUE.
SALICINE et ACIDE SALICYLIQUE s’avèrent avoir les mêmes structures chimiques de base. - 1876 : l’action antirhumatismale de l’ACIDE SALICYLIQUE est mise en évidence (Riess et Stricker).
- 1893 : BAYER, la firme pharmaceutique allemande bien connue, commercialise l’ASPIRINE, molécule dont la suprématie reste incontestée.
ASPIRINE, nom du médicament, est un nom commercial constitué de « A » évoquant ACETYL et « SPIR » de Spirée (Spirea ulmaria ou Reine des prés), qui fut à l’origine de la découverte de l’aldéhyde salicylique (Pagenstecher vers 1830).
Remarque : Le froissement des feuilles de la Reine des prés libère une odeur caractéristique que l’on retrouve également dans l’écorce des Saules.
- Pline (23 à 79 après JC) nous apprend (Hist. Nat. XXIV, 58) à propos du Saule que « ses feuilles, pilées et prises en boisson, modèrent les excès amoureux et en usage répétés les éteignent complètement. »
- Rambert Dodöens (Hist. des pl.; 1557)
« Les fueilles verdes pilees bien menu et appliquees autour des parties honteuses, ostent l’appetit au jeu d’amour ». - le naturaliste J. Daléchamps (Hist. Génér. des pl. II, 73 ; 1586)
« Les fueilles pilees et prinses en breuvage refroidissent ceulx qui sont trop eschauffez au jeu d’amour ; et mesme qui continueroit d’en prendre, elles rendroient la personne du tout inhabile à ce mestier ».
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| Littérature | Un Saule
Ce saule-là, je l’aime comme un homme.
Est-il tordu, troué, souffrant et vieux ! Sont-ils crevés et bossués, les yeux Que font les nœuds dans son écorce ! Est-il frappé dans sa vigueur et dans sa force ! Est-il misère, est-il ruine, Avec tous les couteaux du vent dans sa poitrine, Et, néanmoins planté au bord De son fossé d’eau verte et de fleurs d’or, A travers l’ombre et à travers la mort, Au fond du sol, mord-il la vie, encor !
Un soir de foudre et de fracas Son tronc craqua Soudainement, de hauteur en bas.
Depuis, l’un de ses flancs Est sec, stérile et blanc; Mais l’autre est demeuré gonflé de sève. Des fleurs, parmi ses crevasses, se lèvent, Les lichens nains le festonnent d’argent; L’arbre est tenace et dur : son feuillage bougeant Luit au toucher furtif des brises tatillonnes. L’automne et ses mousses le vermillonnent; Son front velu, comme un front de taureau Bute, contre les chocs de la tempête ; Et dans les trous profonds de son vieux corps d’athlète, Se cache un nid de passereaux.
Emile Vehaeren, « La Guirlande des dunes ». |
| Traditions | De tout temps, le Saule fut également associé à la sexualité. Ainsi, dans le Dauphiné, un amant remplacé par un rival était signalé à la « bienveillance » publique par un Saule planté devant sa demeure. De même, les maris trompés se voyaient informés par des bouquets de chatons pendus à leur demeure. Ailleurs, les filles en recherche « d’affection », s’en remettaient aux feuilles de Saule jetées dans l’eau courante ; un transport augurait une heureuse issue, par contre, si la feuille s’enfonçait, le désir devenait impossible. |
| Religions | Pour les Grecs anciens, il est l’Arbre auquel était suspendu le berceau de Zeus sous la surveillance de sa nourrice Itéa (Itéa signifie « le Saule »). Il est également associé à Hécate la sorcière, Circé la magicienne, Héra et Perséphone, toutes représentantes de la mort de la triple déesse Lune. En Lituanie, Blinda, déesse de la fécondité, fut métamorphosée en Saule. En Extrême Orient, directement lié au fait qu’un rameau de Saule planté en terre renaît à la vie, il est le symbole de l’immortalité. À Lhassa, au Tibet, le sanctuaire principal est au milieu d’une plantation de Saules. Cet arbre est l’Arbre de Vie ou l’Arbre central. On sait que Lao Tseu méditait à l’ombre de son feuillage où il fonda le Taoïsme et y rencontra Confucius, au Ve siècle avant JC. |
| Magie | En anglais deux mots désignent le Saule : Willow ou Withe, alors que l’osier se dit Wicker. La même racine se retrouve dans le mot Witch, la sorcière. Witch rappelle les appellations germaniques du Saule (Wilg, Weide, Willow) car une sorcière était censée utiliser les Osiers pour ses déplacements (mannes pour la navigation marine au départ de l’île de Sein, balais, …). C’est avec un brin d’osier que les sorcières nouaient les ramilles de Bouleau de leur balai au manche de Frêne. |
| Mythes | Les Grecs anciens faisaient grand cas du Saule. Hécate, déesse lunaire et marine, présidait aux enchantements et sortilèges infernaux. Le Saule lui était dédié. Arbres des lieux humides, des bords de rivières et des sources, les Saules rappelaient les entrailles terrestres.
Les Lituaniens vénéraient « Blinda » (nom du Saule en lituanien), déesse « hyperféconde ». Jalousée par la Terre (autre réceptacle de la vie), elle fut assignée à résidence et fixée sous la forme d’un Saule. |
| Symboles | Le Saule pleureur était, pour les romantiques, l’Arbre de la mélancolie et du souvenir nostalgique. |
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