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Le sanctuaire oraculaire d’Apollon à Didymes en Anatolie

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PrésentationPrésentation

Présentation généralePrésentation générale
Le sanctuaire oraculaire de Didymes contenait un temple aux dimensions colossales dédié à Apollon, le dieu grec des arts et de la musique, mais aussi de la divination. Son oracle avait presque autant d’influence que celui du sanctuaire apollinien de Delphes.

Le site de Didymes en Anatolie. Morceau d'architrave à tête de Méduse. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).S’il avait été achevé, Didymes aurait pu être ajouté à la liste des Merveilles du monde antique. Malgré cet inachèvement, les séismes et les pillages, les vestiges du temple présentent au visiteur une majesté saisissante.

Un bas-relief d’architrave, représentant la tête de la Gorgone Méduse, avec une chevelure de serpents – censée repousser les forces du mal – est devenu l’emblème de Didymes.

ÉtymologieÉtymologie et toponymie
Le site de Didymes en Anatolie. Pronaos du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).L’étymologie du nom Didymes (Δίδυμα, Didyma, en grec) est controversée : selon certains érudits le mot serait d’origine carienne, antérieur à la colonisation ionienne de cette région d’Asie mineure ; dans la tradition grecque classique le nom serait une référence aux jumeaux Apollon et Artémis (en grec ancien « jumeaux » se dit δίδυμοι, didymoi).

Pour les Grecs anciens le temple se nommait Δίδυμα Μιλήτου (Didymes de Milet), car il était attaché à la cité de Milet.

Apollon était vénéré à Didymes comme Apollon Philésios (Φιλήσιος), Apollon Didymeus (Διδυμευς) ou Apollon Carinus (Καρινος), Apollon de Carie.

En turc le temple se nomme Apollon Tapınağı.

SituationSituation

Les ruines du temple de Didymes sont situées à environ 1 km au nord de la localité de Didim dans la province d’Aydın sur la côte ouest de l’Anatolie. La localité de Didim a emprunté son nom au temple : dans l’antiquité il n’y avait pas de cité autour du temple, contrairement à Priène et Milet.

Le sanctuaire de Didymes se trouvait à environ 16 km, à vol d’oiseau, au sud de la cité de Milet dont il dépendait. L’accès au sanctuaire se faisait par voie maritime depuis le port de Panormos (aujourd’hui près de Mavișehir), situé à 3 km au nord-nord-ouest du sanctuaire.

Au VIe siècle avant JC une route fut construite entre Milet et Didymes, en passant par Panormos ; cette « Voie sacrée » était destinée à des processions.

Didymes se trouve à environ 80 km au sud de la station balnéaire de Kuşadası.

Le site de Didymes en Anatolie. Le péristyle côté sud-est. Cliquer pour agrandir l'image.Le site de Didymes en Anatolie. Façade sud-est du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).

VisitesVisites

Sanctuaire antiqueLe sanctuaire d’Apollon
Le site de Didymes en Anatolie. Vue aérienne du sanctuaire d'Apollon. Cliquer pour agrandir l'image.Le sanctuaire d’Apollon à Didymes, ou Didyméion, trouve son origine dans une source sacrée qui jaillissait dans un creux naturel, à l’orée d’un bosquet de lauriers ; l’importance de cette source tenait à ce que la région est un plateau calcaire pauvre en eau. Par ailleurs le laurier ou laurier noble (Laurus nobilis) était l’arbre favori d’Apollon ; il est encore parfois nommé de nos jours laurier d’Apollon ; c’est avec les branches de ce laurier que seront faites les couronnes impériales des empereurs romains.

Au cours des premières phases de l’utilisation du sanctuaire, cette source sacrée et le laurier sacré étaient probablement restés à ciel ouvert, mais au cours du VIIe siècle avant JC, ils furent entourés d’un mur de briques d’argile, dont les traces ont été trouvées lors des fouilles archéologiques. La source sacrée marquait le centre du sanctuaire d’Apollon.

Le site de Didymes en Anatolie. Plan du sanctuaire. Cliquer pour agrandir l'image.Le sanctuaire oraculaire a vu se succéder trois temples d’Apollon : un premier temple fut édifié au VIIe siècle avant JC par les colons d’Ionie, probablement sur un lieu sacré préexistant ; avec le succès grandissant de l’oracle de Didymes un deuxième temple, plus grand, fut construit au VIe siècle, mais, à peine achevé, ce temple fut détruit au début du Ve siècle par les Perses de Darius, en représailles de la révolte des Ioniens ; il fallut attendre le dernier tiers du IVe siècle pour qu’un nouveau temple fût bâti. Ce sont les ruines de ce temple de l’époque hellénistique que nous voyons aujourd’hui.

Le temple du VIe siècle était déjà bordé de portiques soutenus par des colonnes et possédait une cella d’environ 42 m par 20 m précédée d’un pronaos. Le péristyle était fait d’une double rangée de colonnes hautes de 15,45 m avec une architrave ionique sculptée, et les tambours inférieurs en façade portaient des figures de korai faisant office de caryatides. La statue de culte en bronze était l’œuvre de Canachos de Sicyone. Ce temple archaïque est assez mal connu, puisqu’il se trouve enfoui sous l’édifice hellénistique. Il en subsiste quelques vestiges, visibles dans la cour intérieure. C’est aussi au VIe siècle que fut construite la Voie sacrée qui reliait Milet à Didymes.

Le site de Didymes en Anatolie. Cratère de bronze. Cliquer pour agrandir l'image.Devant ce temple du VIe siècle avant JC se trouvait une zone assez vaste avec une structure ronde, dont seules les fondations sont encore visibles (a). La fonction originelle de cette structure de forme arrondie est largement discutée ; elle pourrait être une fontaine de purification. Une ou plusieurs grandes salles de stockage furent intégrées dans le talus ; ces salles étaient utilisées pour accueillir des offrandes votives telles que des armes, des vases de bronze, des statues et d’autres objets adaptés pour les dieux (b). Il est probable que tout le sanctuaire était rempli d’offrandes de différentes sortes.

Avec la construction de l’énorme temple hellénistique au IVe siècle avant JC, une terrasse semi-circulaire (c) a été créée, pour laquelle des matériaux du temple archaïque détruit ont été réutilisés. Plusieurs escaliers relient la zone de la structure ronde jusqu’à cette terrasse (d). De nombreuses inscriptions lapidaires (e) et les restes d’un bâtiment (f) datant de l’époque de l’empereur Trajan (règne de 98 à 117 après JC) ont été trouvés sur la terrasse.

Le site de Didymes en Anatolie. La façade principale du temple. Cliquer pour agrandir l'image.En plus du temple d’Apollon, il y avait d’autres bâtiments dans l’enceinte sanctuaire (téménos), qui ont été découverts récemment : un théâtre de l’époque romaine et les fondations d’un temple qui était peut-être, selon une inscription, un temple dédié à Artémis.

Il n’y a pas de certitude concernant la limite extérieure du téménos, l’endroit exact de l’entrée de la Voie sacrée. Très probablement, ils sont encore cachés sous des niveaux de construction modernes. Le haut mur qui entoure la zone du temple aujourd’hui (g) a été érigé au début du XXe siècle. Il a été construit en utilisant des pierres de l’effondrement du temple et marque les limites de la zone des fouilles archéologiques de l’époque.

Voie antiqueLa voie sacrée
Le site de Didymes en Anatolie. Statues de prêtres de la Voie sacrée au musée de Milet. Cliquer pour agrandir l'image.La Voie sacrée, longue de 6 kilomètres et large de 4,5 à 6 mètres, conduisait les pèlerins depuis le port de Panormos jusqu’au sanctuaire ; elle fut prolongée jusqu’à Milet sur 18 kilomètres.

Cette voie des processions de 24 kilomètres était dallée de marbre et bordée de trottoirs aux deux extrémités ; le reste de la route était recouverte de matériaux tels que des galets bien compressés et des granules de briques, et bordée d’une simple rangée de pierres. Tout au long de l’itinéraire,  à certains intervalles, il y avait des stations de repos et de parade.

Le site de Didymes en Anatolie. Statues de prêtres de la Voie sacrée au musée de Milet. Cliquer pour agrandir l'image.Sur le dernier kilomètre avant le sanctuaire la Voie sacrée était bordée des deux côtés par des statues de lions couchés, emblèmes de Milet, de kouroi (jeunes hommes), de korai (jeunes filles), et de statues de prêtres et de prêtresses de la famille des Branchides, représentés assis ; ces statues dataient de la période archaïque, au VIe siècle avant JC. Une statue de lion et dix statues de prêtres ont été enlevées par l’archéologue anglais Charles Newton en 1858, et sont exposées en permanence au British Museum. Deux de ces statues de prêtres ou prêtresses sont exposées au musée de Milet. Une statue de lion peut encore être vue sur place.

Le site de Didymes en Anatolie. Statue de kouros de la Voie sacrée au musée de Milet. Cliquer pour agrandir l'image.La Voie sacrée se terminait par une vaste esplanade où les pèlerins déposaient leurs offrandes.

Le site de Didymes en Anatolie. Buste de kouros de la Voie sacrée au British Museum (auteur Pymouss). Cliquer pour agrandir l'image.Chaque printemps, en avril et en mai, des processions partaient du Delphinion de Milet, le sanctuaire de l’Apollon delphien, jusqu’au Didyméion. Après une cérémonie, les processions sortaient du temple de l’Apollon Delphinion par la Porte sacrée, sacrifiaient des animaux aux stations sacrées et chantaient des chants sacrés que l’on nommait « paion ». Les processions rejoignaient la terrasse des offrandes et des présentations, située au nord-est du temple d’Apollon. Ce voyage durait quatre jours.

FontaineLe puits sacré
Le site de Didymes en Anatolie. Vue nord-est du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Près du bas-relief représentant Méduse, devant les marches montant vers le pronaos du temple, on remarque les fondations d’une construction circulaire ; on pense qu’il s’agissait d’une fontaine ou d’un puits sacré où les pèlerins venaient se purifier avant d’approcher de l’oracle. À côté on peut voir la base circulaire de l’autel où les augures sacrifiaient les animaux.
Temple antiqueLe temple d’Apollon
Le site de Didymes en Anatolie. La façade principale du temple. Cliquer pour agrandir l'image.Le troisième temple d’Apollon à Didymes, ou « nouveau Didyméion », fut commandité par Alexandre le Grand après la prise de Milet en 334 avant JC. Alexandre le Grand confia la reconstruction du temple à son général Séleucos, qui deviendra roi sous le nom de Séleucos Ier Nicator (« le vainqueur »). La construction du nouveau temple d’Apollon débuta vers 313 avant JC.

Le site de Didymes en Anatolie. Angle est du temple. Cliquer pour agrandir l'image.Selon l’architecte et historien de l’architecture romain Vitruve (Marcus Vitruvius Pollio, fin du Ier siècle avant JC), les travaux furent dirigés par les architectes Daphnis (Δάφνις) le Milésien, originaire de Milet, et Péonius (Παιώνιος) d’Éphèse, l’un des plus célèbres architectes de son temps, crédité de la reconstruction du temple d’Artémis à Éphèse.

« Mileti Apollini item ionicis symmetriis idem Paeonius Daphnisque Milesius instituerunt. »
« Le second est celui que le même Péonius et Daphnis le Milésien bâtirent à Apollon dans la ville de Milet. »

Vitruve, De l’Architecture, VII, 6, 16-17

Le site de Didymes en Anatolie. Angle est du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le nouveau Didyméion était un temple colossal d’environ 120 mètres de longueur, 60 mètres de largeur et 25 mètres de hauteur, l’un des trois plus grands temples du monde hellénistique, avec le temple d’Artémis (Artémision) à Éphèse et le temple d’Héra (Héraion) à Samos. Le temple fut bâti en marbre provenant du mont Latmos près du lac de Bafa.

Par de nombreux aspects, y compris sa disposition originelle, le temple d’Apollon était différent des autres temples du monde antique.

Le site de Didymes en Anatolie. Vue nord-est du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le temple d’Apollon était un temple périptère à double péristyle qui devait compter 108 colonnes. Avec les 12 colonnes du pronaos dodécastyle, le temple devait avoir au total 120 colonnes d’ordre ionique. La façade intérieure du chresmographéion comportait en outre deux pilastres d’ordre corinthien, et l’intérieur deux demi-colonnes. Avec ses 124 colonnes, le Didyméion de Milet ne comptait que trois colonnes de moins que l’Artémision d’Éphèse.

Le site de Didymes en Anatolie. Le chresmographéion. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).En raison de ses grandes dimensions le temple n’était pas couvert (on nomme ce genre de temple un temple hypèthre (ύπαιθρος), du grec ancien ύπό (dessous) et αίθήρ (ciel, air), « sous le ciel ». Au fond du pronaos s’ouvrait un grand portail, avec un seuil infranchissable de 1,5 mètre de hauteur, où se tenaient les prêtres.

Le site de Didymes en Anatolie. La façade sud-ouest du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).À la place du traditionnel naos (la cella des temples romains), on trouvait une cour à ciel ouvert, entourée de hauts murs, que les inscriptions nomment « adyton », où se trouvait la source sacrée et l’oracle.

Le site de Didymes en Anatolie. Plan du pronaos. Cliquer pour agrandir l'image.Malgré les quatre siècles de travaux – de la fin du IVe siècle avant JC au Ier siècle après JC – le temple de Didymes ne fut jamais achevé : seules 72 colonnes prévues ont été effectivement érigées ; certaines des colonnes érigées n’ont pas reçu les éléments décoratifs finaux ; par exemple, à l’une des trois colonnes encore debout (a) il manque sa cannelure (b) ; l’entablement n’a été terminé que sur la face avant du bâtiment et le dernier lissage des murs n’a jamais été exécuté.

Le site de Didymes en Anatolie. Légende du pronaos. Cliquer pour agrandir l'image.Les colonnes étaient placées sur des bases richement profilées (c). Celles qui se trouvaient au premier rang étaient également décorées avec des bas-reliefs (d). Les chapiteaux ont été réalisés dans le style ionique, avec des volutes (e).

Le site de Didymes en Anatolie. Vue nord-est du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Les chapiteaux des colonnes d’angle du temple sont nettement différents. Ici (f), nous voyons des restes de bas-relief représentant Artémis et Léto, et Zeus (g) et Apollo (h) (ce bas-relief est aujourd’hui au Musée archéologique d’İstanbul), dans chaque cas montré entre des griffons et des têtes de taureau.

Le site de Didymes en Anatolie. Vue nord-est du temple. Cliquer pour agrandir l'image.À l’origine, une série de têtes de Méduse (k) aurait figuré dans la frise au sommet de l’architrave tripartite (i). Les représentations de monstres comme la Méduse servaient à protéger les temples contre le mal. Dans ce secteur, il y avait aussi une corniche avec des denticules et des ornements floraux (l). Des chapiteaux de colonnes avec des figures féminines sortant des feuilles d’une plante (m) décoraient l’extrémité supérieure des murs principaux du temple (n).

Certains de ces ornements peuvent aujourd’hui être vus au sol (voir le plan).

Le site de Didymes en Anatolie. Base de colonne ornementée de croix gammées et de méandres au coin nord du péristyle. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Les colonnes restantes donnent à elles seules la mesure de son gigantisme, de la splendeur méticuleuse de la conception et de la qualité de la réalisation architecturale exigées pour la construction de ce temple ; les décorations qui ont résisté à l’épreuve du temps montrent toujours une exceptionnelle qualité de décoration architecturale.

L’édifice a souffert, ses colonnades se sont effondrées, mais ses vestiges offrent une rare occasion de comprendre l’organisation d’un sanctuaire oraculaire et permettent de suivre pas à pas les étapes du rituel.

Le site de Didymes en Anatolie. Temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Angle est du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Façade nord du temple. Cliquer pour agrandir l'image.Le site de Didymes en Anatolie. Temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).
StoaLe péristyle
Le site de Didymes en Anatolie. Angle est du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le double péristyle est bâti sur un stylobate (soubassement) à sept degrés, de 109 mètres de longueur par 51 mètres de largeur. Le péristyle extérieur, la péristasis (περίστασις), devait comporter 58 colonnes (21 colonnes sur les côtés et 10 colonnes sur les façades avant et arrière), et le péristyle intérieur 50 colonnes (19 colonnes sur les côtés et 8 colonnes sur les façades avant et arrière), soit, au total, 108 colonnes de 19,70 mètres de hauteur et de 2 mètres de diamètre à la base, hautes comme un immeuble de six étages.
Le site de Didymes en Anatolie. Angle est du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Colonne non cannelée du côté nord du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Vue nord-est du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Angle est du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).
Sur le côté sud-est du temple on peut voir l’une de ces colonnes encore debout, à laquelle il manque la cannelure du fût.
Le site de Didymes en Anatolie. Façade sud-est du temple. Cliquer pour agrandir l'image.Le site de Didymes en Anatolie. Façade sud-est du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Façade sud-est du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).
Sur le côté nord-ouest deux colonnes ont survécu, reliées par un morceau d’architrave ; ces colonnes datent du IIe siècle avant JC.
Le site de Didymes en Anatolie. Deux colonnes encore debout. Cliquer pour agrandir l'image.Le site de Didymes en Anatolie. Deux colonnes encore debout. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Deux colonnes encore debout. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).
Sur la façade arrière, au sud-ouest, on peut voir deux colonnes écroulées, dont les tambours sont alignés comme les rondelles d’un gigantesque saucisson.
Le site de Didymes en Anatolie. Colonne écroulée. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Colonne écroulée. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Colonne écroulée. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).
Le temple de Didymes se caractérisait par l’opulence de son décor de type hellénistique. Les énormes bases des colonnes du péristyle extérieur portaient une riche décoration de motifs végétaux, de croix gammées et de méandres.
Le site de Didymes en Anatolie. Base de colonne ornementée de croix gammées et de méandres. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Base de colonne. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Base de colonne. Cliquer pour agrandir l'image.
Les chapiteaux des colonnes étaient ornés de volutes ioniques, de têtes de taureaux et de griffons. Les frises des architraves étaient décorées de bas-reliefs, représentant des visages de la Gorgone Méduse et des griffons, sculptés dans le marbre avec une grande virtuosité et une grande élégance. L’une de ces têtes de Méduse se trouve aujourd’hui au sol près de l’entrée et est devenue l’emblème de Didymes ; une autre de ces têtes de Méduse a été remployée comme base d’une colonne de la citerne basilique de Constantinople.
Le site de Didymes en Anatolie. Chapiteau de colonne à tête de taureau. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Chapiteau à ornement floral. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Frise d'architrave avec griffon. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).
Sur le pourtour du temple sont entassés des fragments de ces éléments architecturaux et décoratifs mis au jour par les fouilles : tambours de colonnes, rinceaux d’un morceau d’entablement, oves gros comme des œufs d’autruche, volutes de chapiteaux, fragments de frise géants …
Le site de Didymes en Anatolie. La façade sud-ouest du temple. Cliquer pour agrandir l'image.Le site de Didymes en Anatolie. Le péristyle côté sud-est. Cliquer pour agrandir l'image.Le site de Didymes en Anatolie. La façade sud-ouest du temple. Cliquer pour agrandir l'image.Le site de Didymes en Anatolie. La façade sud-ouest du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).
Le site de Didymes en Anatolie. La façade sud-ouest du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. La façade sud-ouest du temple. Cliquer pour agrandir l'image.Le site de Didymes en Anatolie. La façade sud-ouest du temple. Cliquer pour agrandir l'image.Le site de Didymes en Anatolie. La façade sud-ouest du temple. Cliquer pour agrandir l'image.Le site de Didymes en Anatolie. Deux colonnes encore debout. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).
PronaosLe pronaos
L’entrée du temple d’Apollon était située au nord-est où se terminait la Voie sacrée.

Les pèlerins qui désiraient interroger la pythie, payaient une somme variant selon la nature du problème et sacrifiaient un animal à Apollon. Avant le sacrifice, les prêtres aspergeaient l’animal avec l’eau froide du puits et, selon ses réactions, décidaient si le dieu acceptait d’être consulté pour répondre à la question posée, réponse que le prêtre trouvait dans les entrailles d’une chèvre ou d’un mouton, immolé sur l’autel.

Après avoir offert ses offrandes et s’être purifié à l’eau du puits sacré, le pèlerin gravissait les quatorze marches conduisant au temple, traversait les deux rangées de colonnes du péristyle pour atteindre le pronaos, ou prodomos.

Le pronaos dodécastyle du Didyméion comportait trois rangées de quatre colonnes et était couvert d’un plafond élaboré. De ces douze colonnes il ne reste que les bases, toutes rehaussées à l’époque romaine de palmettes, de rinceaux et de bas-reliefs ; toutes sont décorées différemment.

Le site de Didymes en Anatolie. Escalier du pronaos. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Colonne tronquée devant le pronaos. Cliquer pour agrandir l'image.Le site de Didymes en Anatolie. Le pronaos du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).
Le site de Didymes en Anatolie. Le corridor de l'adyton. Cliquer pour agrandir l'image.Au fond du pronaos, au lieu de la porte d’entrée d’un naos, le pèlerin se trouvait face à un grand portail, sans portes, de quatorze mètres de hauteur, ouvert dans le haut mur du chresmographéion ; à travers ce portail le pèlerin pouvait apercevoir la partie supérieure du naïskos dans la cour intérieure du temple, l’adyton.

Le grand portail avait un seuil infranchissable de 1,5 mètre de hauteur : le pèlerin ne pouvait pénétrer dans le temple et posait sa question au prêtre qui se tenait sur le seuil du chresmographéion.

Des deux côtés du grand portail s’ouvraient deux tunnels voûtés qui étaient les seuls accès conduisant à l’intérieur du temple ; les prêtres utilisaient ces tunnels pour aller consulter l’oracle.

Le site de Didymes en Anatolie. Le pronaos du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Le pronaos du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Le pronaos du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).
Bâtiment antiqueLe chresmographéion
Le chresmographéion était une salle surélevée, située entre le pronaos où se présentaient les pèlerins et le naos où se trouvait l’oracle. Étymologiquement, chresmographéion signifie « oracle écrit », des mots grecs χρησμός, oracle, et graphéion, stylet à écrire. Le pèlerin formulait sa demande par écrit et recevait la réponse de l’oracle par écrit, sur une tablette.

Le site de Didymes en Anatolie. Plan du pronaos. Cliquer pour agrandir l'image.Les prêtres se tenaient dans l’encadrement du grand portail, recevaient les demandes des pèlerins puis allaient interroger l’oracle qui, après avoir bu à la source sacrée, révélait ses prophéties. Les prêtres remettaient par écrit aux pèlerins les réponses de l’oracle en vers hexamétriques.

À l’intérieur du chresmographéion se trouvaient deux colonnes qui soutenaient la toiture en tuiles de marbre et, de chaque côté, des escaliers, désignés comme labyrinthes (λαβυρινθοι / labyrinthoi), dont la fonction n’a pas été élucidée.

Depuis l’adyton, l’intérieur du temple, le chresmographéion apparaissait comme la façade d’un temple auquel on accédait par un escalier de 24 marches. Cette façade intérieure présentait trois portes (τρίθυρον / trithyron) séparées par deux pilastres d’ordre corinthien.

Le site de Didymes en Anatolie. Le chresmographéion. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Le chresmographéion. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Le chresmographéion. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).
CellaL’adyton
Le site de Didymes en Anatolie. Le corridor de l'adyton. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Le corridor de l'adyton. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).De part et d’autre du grand portail du chresmographéion se trouvaient deux étroits corridors voûtés construits dans l’épaisseur des murs – qui sont en parfait état de conservation. Ces corridors permettaient aux prêtres d’accéder à l’intérieur du temple, siège sacré du dieu Apollon et de sa prophétesse, la Pythie, dont l’accès était interdit aux profanes tels que les pèlerins.
Le site de Didymes en Anatolie. L'adyton. Cliquer pour agrandir l'image.Au lieu d’un naos traditionnel, une grande salle couverte, le péristyle et les murs principaux abritaient une grande cour à ciel ouvert. Cette cour est désignée par des inscriptions comme étant l’adyton, ce qui en grec désigne tout endroit sacré « dont l’accès est interdit », notamment dans les édifices oraculaires.

Le site de Didymes en Anatolie. L'adyton. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).

Le site de Didymes en Anatolie. Angle sud-est du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le site de Didymes en Anatolie. Façade sud-est du temple. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).L’adyton était de forme rectangulaire avec 54 mètres de longueur et 22 mètres de largeur ; il était encaissé à 4,50 mètres en contrebas du stylobate et entouré par de hauts murs de 25 mètres de hauteur, qui le dissimulaient à la vue ; les murs que l’on voit aujourd’hui n’ont qu’un tiers de la hauteur d’origine.

Le temple archaïque du VIe siècle avant JC possédait déjà un adyton, de plus petites dimensions,  d’environ 42 mètres par 20 mètres. Avec l’édification du grand temple hellénistique au IVe siècle avant JC, l’adyton fut agrandi.

Le site de Didymes en Anatolie. L'adyton. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Les murs de l’adyton étaient jalonnés par de simples pilastres et seulement décorés d’une frise ornée de griffons et de lyres (l’attribut d’Apollon), dont on peut voir de nombreux fragments aux pieds des murs.

Le site de Didymes en Anatolie. Un chapiteau de pilastre de l'adyton. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Quelques chapiteaux, qui couronnaient les pilastres à brides, sont aujourd’hui exposés devant les murs. Les bas-reliefs décoratifs montrent des paires alternées de griffons et de lions et d’ornements floraux.

Le site de Didymes en Anatolie. Le plan de la chapelle byzantine dans l'adyton. Cliquer pour agrandir l'image.Au nord-est de l’adyton se trouvait un escalier monumental de 24 marches qui montait au chresmographéion. Dans le sud-ouest de l’adyton se trouvait la source sacrée, abritée par un bâtiment nommé naïskos.

Au Ve siècle avant JC, sous l’empereur Théodose, puis au VIe siècle après JC, une église byzantine fut construite dans l’adyton (d) ; ses vestiges furent enlevés à l’occasion des fouilles du début du XXe siècle.

Temple antiqueLe naïskos
Le site de Didymes en Anatolie. Plan de l'adyton. Cliquer pour agrandir l'image.Au fond de l’adyton jaillissait la source sacrée d’où émanait, des antres de la terre, la parole divine du dieu Apollon.

Au cours des premiers temps de la consultation de l’oracle, la source sacrée se trouvait probablement dans un espace ouvert. Au cours du VIIe siècle avant JC, elle fut entourée d’un mur de briques d’argile (a), ouvert au nord-est, dont les traces ont été trouvées lors des fouilles archéologiques. Les très gros blocs de fondation de la période archaïque sont facilement identifiables. Un mur massif fut construit à l’origine sur ces blocs formant un cadre autour de la cour sacrée (b).

Apparemment, la source s’est tarie pendant le VIe siècle avant JC, et a été remplacée par un puits avec un petit bâtiment de protection. Une légende dorée prétend que la source sacrée se serait remise à couler après qu’Alexandre le Grand avait repris Didymes.

Le site de Didymes en Anatolie. Le naiskos à l'intérieur de l'adyton. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Avec l’édification du grand temple hellénistique au IVe siècle avant JC, la source fut abritée dans un petit temple, le naïskos,  (du grec ναΐσκος, diminutif de ναός, signifiant « temple »). Ce petit temple avait des dimensions modestes : 14,23 mètres de longueur par 8,24 mètres de largeur, et une hauteur de 20 mètres ; les parois intérieures du naïkos étaient ornées de pilastres de la hauteur d’un homme (1,94 mètres). On peut voir sur le sol le tracé des fondations du naïskos. L’enceinte de la fontaine visible aujourd’hui est une construction moderne.

Le site de Didymes en Anatolie. Le naiskos à l'intérieur de l'adyton. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La cella du naïskos abritait non seulement la source sacrée, mais aussi le bosquet de lauriers sacrés et la statue cultuelle en bronze d’Apollon Philésios, œuvre de Canachos de Sicyone au VIe siècle avant JC, emportée à Ecbatane par les Perses de Darius en 494 avant JC, et reprise par Séleucos Ier à la fin du IVe siècle avant JC.

La pythie se tenait dans le naïskos ; contrainte au jeûne lors de chaque prophétie, assise au-dessus de la source sacrée, elle se contentait de mâcher des feuilles du laurier sacré, censées l’aider à entrer en transe pour communiquer avec Apollon. Quand le prêtre transmettait une demande à la pythie, celle-ci, après avoir goûté l’eau de la source sacrée, mâchait des feuilles de laurier et, entrant en transe, délirait dans un langage souvent énigmatique. Le prêtre interprétait la réponse et la rédigeait en vers hexamétriques sur une tablette qui était remise au pèlerin.

Stade antiqueLe stade
Au sud-est du temple, depuis environ 200 avant JC, se trouvait un stade, encore en partie conservé, notamment la ligne de départ.

Les marches ouest du stylobate servaient alors de gradins pour le stade. Quelque deux cents noms de spectateurs inscrits dans le marbre (b) sur les escaliers du temple prouvent que le public excité réservait ses places préférées. Un deuxième grand gradin avait été érigé sur le côté opposé des marches du temple. Ici, seules les deux gradins inférieurs sont préservés (c). Certains restes des points de départ (blocs de pierre) ont été trouvés à l’est du mur de la terrasse (d).

Au cours du festival annuel des Didymeia se déroulaient des épreuves athlétiques et des concours oratoires, dramatiques et musicaux. Les vainqueurs de ces concours étaient souvent honorés par des statues. Bien que les statues elles-mêmes ne soient pas conservées, certaines des bases (a) restent, et elles montrent des couronnes et des inscriptions gravées qui constituent une source indispensable des activités au temple. De ceux-ci, nous connaissons les joueurs de cithare et de flûte, les trompettistes, les acteurs, les pantomimes et les orateurs en compétition les uns avec les autres. Dans les épreuves d’athlétisme, la lutte et les différents types de courses de pistes, tels que les relais de la torche, sont attestés, mais il n’y avait apparemment aucune course de chevaux ou de chariots à Didymes. Le festival de la Didymeia devint un festival panhellénique au début du IIe siècle avant JC.

Dans la zone située entre les côtés du stade, les pièces de l’époque byzantine sont exposées. Ils appartenaient à l’origine à l’église qui avait été construite dans la cour du temple.

CultureHistoire, géographie, arts, traditions, flore …

MytheLe mythe fondateur
La légende fondatrice du temple d’Apollon se rapporte à un berger nommé Branchos (Βράγχος), amoureux d’Apollon, qui abreuvait ses brebis à la source qui deviendra sacrée. Le dieu Apollon serait apparu à Branchos et lui aurait donné le don de la divination. En remerciement, Branchos fonda autour de la source sacrée un temple oraculaire dédié à Apollon.

Branchos serait l’ancêtre mythique des Branchides (Βραγχίδαι), la caste sacerdotale qui desservit le Didyméion pendant les VIIe et VIe siècles avant JC jusqu’à la destruction du deuxième temple par les Perses, lors des guerres médiques au début du Ve siècle avant JC.

HistoireHistoire
Le temple du VIIe siècle avant JC
Un premier temple fut édifié autour de la source, vers la fin du VIIIe siècle avant JC ou le début du VIIe siècle avant JC, par des colons grecs qui s’établirent dans cette région d’Asie mineure. Il est probable que les Grecs assimilèrent un culte et un sanctuaire existants où l’on vénérait la déesse Nature, et le dédièrent à Apollon.

Hérodote (historien du Ve siècle avant JC) indique que le sanctuaire oraculaire de Didymes était renommé dans l’ensemble du monde grec dès le VIIe siècle avant JC.

Le temple du VIe siècle avant JC
Dans la seconde moitié du VIe siècle avant JC – en raison de la renommée croissante de l’oracle de Didymes – il fallut édifier un nouveau temple plus monumental qui intégrait la source sacrée et le laurier sacré.

La construction de ce temple fut probablement financée par des dons du roi de Lydie Crésus. Pourtant quand Crésus envisagea d’envahir la Perse, il voulut les conseils d’un oracle, mais il décida d’abord de mettre trois d’entre eux à l’épreuve. Il envoya des ambassadeurs pour demander à chacun d’eux, le même jour: « Que fait le roi Crésus ? ». Seul Delphes sut qu’il faisait bouillir un ragoût d’agneau et de tortue ; Didymes échoua.

Ce temple de l’époque archaïque est assez mal connu mais il semble qu’il possédait un péristyle et une cella ; ses dimensions étaient de 85 mètres par 38 mètres. Dans la cour du temple de l’époque hellénistique les archéologues ont découvert des vestiges de cet ancien temple.

C’est aussi au VIe siècle que fut construite la Voie sacrée reliant Milet au Didyméion. Vers 500 avant JC, le sanctuaire de Didymes était l’un des principaux oracles du monde grec.

Après la victoire à la bataille navale de l’île de Ladé et la prise de Milet en 494 avant JC par les Perses du roi Darius Ier, le temple d’Apollon fut livré au pillage et incendié, en représailles de la révolte des cités ioniennes. La statue cultuelle d’Apollon et le trésor du sanctuaire furent emportés et les Branchides déportés à Ecbatane.

La légende dorée veut que la source sacrée se tarit lors de la destruction du temple archaïque, et ne rejaillit qu’à l’arrivée d’Alexandre le Grand.

Le temple du IVe siècle avant JC
Le site de Didymes en Anatolie. Le péristyle du côté nord-ouest. Cliquer pour agrandir l'image.Pendant sa conquête de l’Asie mineure contre les Perses Alexandre le Grand, s’empara de Milet en 334 avant JC et passa à Didymes. En remerciement envers l’oracle qui avait prédit sa victoire à la bataille d’Issos en 333, Alexandre ordonna de reconstruire le temple d’Apollon, détruit par les Perses 160 ans plus tôt.

Les travaux de reconstruction débutèrent vers 313 avant JC sous la supervision de Séleucos, l’un des généraux d’Alexandre. Les plans du nouveau temple – qu’Alexandre voulait grandiose – furent l’œuvre des architectes Daphnis de Milet et  Péonios d’Éphèse.

Vers 300 avant JC la statue cultuelle d’Apollon fut rapportée d’Ectabane par Séleucos, devenu roi de la région de l’actuelle Syrie en 305 sous le nom de Séleucos Ier Nicator. Les souverains séleucides Séleucos Ier puis son fils Antiochos Ier firent des dons importants pour la construction du temple.

Les empereurs romains ont toujours fait des dons au temple d’Apollon à Didymes ; au début du IIe siècle après JC Trajan supporta tous les coûts pour l’amélioration de la Voie sacrée.

Les travaux s’éternisèrent jusque sous les règnes des empereurs Trajan et Hadrien, au début du IIe siècle après JC. Lorsque le christianisme commença à se répandre en Anatolie, le travail de reconstruction a été abandonné et le temple est resté inachevé.

Pendant toute cette période le temple fut desservi par des prêtres, issus de l’aristocratie de la ville de Milet, qui étaient élus chaque année. L’oracle de Didymes devint presqu’aussi influent que celui de Delphes.

Le site de Didymes en Anatolie. Gravure par Charles Texier, 1882. Cliquer pour agrandir l'image.Au début du IVe siècle après JC, Apollon, par l’intermédiaire de l’oracle de Didymes aurait approuvé la persécution des Chrétiens par Dioclétien, mais bientôt l’ancienne religion païenne céda la place au christianisme car, en 313, l’empereur Constantin Ier ouvrit la voie à la christianisation définitive de l’empire. Vers 380 l’empereur Théodose Ier fit interdire les temples païens. L’oracle de Didymes se tut définitivement.

À la fin du IVe siècle le temple fut transformé en basilique chrétienne ; au début du VIe siècle, sous le règne de l’empereur Justinien Ier, Didymes devint le siège d’un évêché.

Au VIIe siècle, le temple et la basilique qu’il contenait furent endommagés par un séisme ; au Xe siècle ils furent ravagés par un incendie.

Quand Cyriaque d’Ancône (Ciriaco de’ Pizzicolli) visita le site en 1446, il semble que le temple était toujours en grande partie intact, mais, en 1493, un tremblement de terre dévastateur finit de le détruire ; le Didyméion n’était plus qu’un amas de pierres qui servit de carrière aux habitants de la région.

Le village, qui s’était formé autour du temple, fut abandonné et ne se reconstitua qu’au XVIIIe siècle ; les turcs Ottomans établirent un château (hisar) sur les ruines du temple.

Fouille archéologiqueLes fouilles archéologiques
Le site de Didymes en Anatolie. Statuette du 6e siècle avant JC (Musée de Milet). Cliquer pour agrandir l'image.Depuis le XIXe siècle le Didyméion devint un lieu d’études archéologiques. Vers 1858 l’Anglais Charles Newton enleva de nombreuses statues de la Voie sacrée sans véritablement fouiller le site et le laissant en désordre. Entre 1891 et 1896 l’archéologue français Bernard Haussoullier, de l’École française d’Athènes, dégagea le pronaos et le côté occidental du temple.

En 1906 les archéologues de l’Institut archéologique allemand, sous la direction de Hubert Knackfuss, reprirent les fouilles du temple d’Apollon ; ce travail fut en grande partie achevé en 1913. Diverses pièces du temple se trouvent conservées au Musée du Louvre à Paris, au British Museum à Londres et au Pergamonmuseum à Berlin.

Le site de Didymes en Anatolie. Objets découverts lors des fouilles (Musée de Milet). Cliquer pour agrandir l'image.

Le site de Didymes en Anatolie. Photographie des fouilles. Cliquer pour agrandir l'image.Le site de Didymes en Anatolie. Photographie des fouilles. Cliquer pour agrandir l'image.Le site de Didymes en Anatolie. Base de colonne au Musée du Louvre. Cliquer pour agrandir l'image.

Informations pratiquesInformations pratiques

Conditions de visiteConditions de visite
Le site de Didymes en Anatolie. L'entrée du site archéologique. Cliquer pour agrandir l'image.Site archéologique de Didymes :

Adresse : les dolmuş de Söke ou Milas à Didim ont un arrêt devant le site.

Le site de Didymes en Anatolie. Boutique de souvenirs près du temple. Cliquer pour agrandir l'image.Horaires d’été (de mi-mai à mi-septembre) : tous les jours, de 8 heures 30 à 19 heures. En fin de journée, la lumière du soleil couchant sur les colonnes du temple est splendide.

Horaires d’hiver (de mi-septembre à mi-mai) : tous les jours, de 8 heures 30 à 17 heures.

Prix d’entrée : 10 TRY ; audioguide : 10 TRY.

Autour des ruines du temple, jadis très isolées, il existe aujourd’hui quelques petites pensions rudimentaires, des restaurants touristiques plutôt chers et des  boutiques de souvenirs.

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