| Le palais de la Bahia à Marrakech au Maroc | |
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| Présentation générale | Le Palais de la Bahia est un chef d’œuvre de l’architecture marocaine dont la construction remonte à la fin du XIXe siècle et dura sept années ; comme la plupart des palais arabo-andalous, il renferme de beaux jardins et de jolis patios, et comporte 150 chambres richement décorées. La construction du palais a été entreprise par l’architecte marocain El Mekki pour le compte du grand vizir d’Hassan I, Ahmed ben Moussa, dit Ba Ahmed, (1841-1900) pour y loger ses quatre épouses et ses vingt-quatre concubines. Sous le Protectorat français, le général Lyautey en fit sa résidence. |
| Étymologie et toponymie | Le palais de la Bahia : le « palais de la belle (la merveilleuse, la brillante) » aurait été un cadeau du grand vizir à sa favorite parmi ses quatre épouses et ses vingt-quatre concubines. |
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| | | | Le palais de la Bahia | Le palais de la Bahia est une suite de cours, de petits jardins intérieurs, de fontaines, de salons, de dépendances et d’annexes remarquables aussi bien par leur structure que par leur ornementation. Le palais comportait également un bain maure, une mosquée, des écuries, un « aguedal » (vaste jardin potager)… Comme la plupart des palais arabes, agrandis peu à peu sans plan d’ensemble, la distribution des cours et des appartements est assez désordonnée. Le plan conçu par l’architecte marrakchi Si Mohamed El Mekki El Mesfioui est un véritable labyrinthe, sans aucun point de repère. Pas de centre, pas d’axe, pas de périmètre, tout a été conçu selon les caprices d’un homme puissant qui voulait toujours davantage et n’hésitait pas, pour satisfaire ses exigences, à bouleverser la voierie en acquérant les rues et les maisons voisines, transformant les rues en impasses et les impasses en couloirs intérieurs. Un dédale de couloirs et d’escaliers relie entre elles d’innombrables pièces de dimensions très inégales, sans ordonnancement précis. La décoration de l’ensemble s’inspire des styles arabe, turc et européen. Tous les plafonds, d’une grande variété de dessins, sont en bois de cèdre peint et enluminé provenant du Moyen-Atlas, les marbres provenaient d’Italie et de Meknès, les faïences de Tétouan. Les différentes parties du palais s’étalent sur près de huit hectares. Tout cet ensemble est de plain-pied, car, « court de jambe et obèse », le vizir peinait à monter les escaliers. Fait exception le « menzeh », appartement aménagé à l’étage, au-dessus du petit riad, qui fut élevé sur l’ordre de Si Madani Glaoui après la mort de Ba Ahmed, et qui ne se visite pas. La famille royale effectue toujours des séjours dans le palais : les appartements qui ouvrent sur le méchouar intérieur sont fermés au public. Aussi, seule une petite partie du palais est ouverte au public. Les parties ouvertes actuellement aux visiteurs sont : |
| Le petit riad | Le Petit Riad est la partie la plus récente par rapport aux autres bâtiments. C’est un petit jardin intérieur (1) de forme carrée sur lequel s’ouvrent des salles (3, 4 et 5), des niches (2) et des annexes. Le Petit Riad est très compartimenté : il est constitué de diverses unités conçues selon le modèle des demeures traditionnelles : fermées de l’extérieur, elles s’ouvrent sur une ou plusieurs cours intérieures agrémentées de jardins et de fontaines et entourées de galeries. Les différentes pièces sont abondamment décorées de motifs peints, sculptés dans le bois, et le stuc ou bien réalisés en zellige. Le somptueux jardin intérieur, empli de bananiers et d’orangers, est un havre de silence et de fraîcheur sur lequel donnent plusieurs antichambres superbement décorées. | | | Le Petit Riad est remarquable par sa structure classique, par la densité de la décoration des arcades, des niches, de la grande salle, des plafonds, des vantaux de portes et fenêtres, de la vasque en marbre aménagée au centre du jardin. Les murs sont ornés de bois de cèdre et de stuc. | | Les plafonds, tous différents les uns des autres et en forme de nefs renversées, sont colorés à l’aide de produits naturels : henné, safran, grenade, jaune et blanc d’œuf. | | | Dans les jardins, comme dans les patios, se trouvent de multiples vasques à jet d’eau en marbre de Meknès. L’eau des fontaines est amenée par le système des khettara, mis en place au Xe siècle. | | Salle n° 5. | | Le général Lyautey, un peu frileux, fit ajouter les cheminées, le chauffage et l’électricité. | |
| | | Le grand riad | Le Grand Riad est la partie la plus ancienne du Palais de la Bahia : elle fut édifiée par le père de Ba Ahmed, Si Moussa, achevée en 1866-1867 et réaménagée par la suite. Le Grand Riad comprend la cour du nord pavée de marbre, la Grande Cour, dans laquelle sont aménagés deux bassins en étoile, un remarquable jardin de forme rectangulaire, occupé d’une petite vasque au centre, ainsi que deux belles salles et deux niches à la décoration raffinée, qui encadrent le riad. Cet ensemble a subi des réaménagements lors de la construction du reste du palais par Ba Ahmed. Les jardins du Grand Riad sont des jardins mauresques, plantés d’orangers, de cyprès, de daturas et de jasmins, réservés initialement au harem du grand vizir qui aimait y venir prendre le thé au milieu de ses femmes. « Les jardins, écrit J. Tharaud, étaient en contrebas, pavés de mosaïques, de rosaces et de fleurs d’émail. De ces parterres profonds jaillissent, avec les orangers couverts en ce moment de leurs fleurs et de leurs fruits, des cédrats qui laissent pendre leurs Lanternes jaune citron, des cyprès trois fois plus hauts que les petits toits verts qui entourent les jardins, des bananiers, des lilas du Japon, des dattiers, des cassies aux houppettes d’or parfumées, des daturas, des géraniums, un fouillis de plantes rustiques ». Du Grand Riad, un point de vue superbe permet de découvrir le nord de la médina et les montagnes de l’Atlas. | |
| | La salle d’honneur | La salle de réception, dite Salle d’Honneur, est la plus grande salle du palais (20 m x 8 m). Elle possède un plafond peint d’une grande beauté, le plus remarquablement sculpté du palais, en bois de cèdre de l’Atlas, peint et enluminé par les plus grands artisans de Fès. |
| L’aguedal | Au-delà de la grande cour on accède à l’Aguedal de Ba Ahmad, immense verger où poussent les oliviers, les palmiers dattiers, les citronniers, les orangers… il est pourvu d’un grand bassin. |
| | L’entrée | L’entrée se fait par une sorte d’allée cavalière bordée de bigaradiers (orangers amers) et de bananiers. |
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| | Histoire | La maison de Si Moussa ( « Dar » Si Moussa) | À l’origine il y avait « Dar » Si Moussa, la partie la plus ancienne, située au nord, qui fut érigée par Si Moussa, vizir du Sultan Mohammed Ben Abd Er Rahmane (1822-1859). Il comprenait le grand « riad » (maison aménagée autour d’un jardin), la cour nord et leur dépendance. La fin des travaux de cet ensemble est datée par inscription de 1866-1867. À cette date Si Moussa, le père de Ba Ahmed, était chambellan et allait devenir Grand Vizir. | Les agrandissements de Ba Ahmed | À la mort du Sultan Moulay Hassan en 1894 (Hassan I, 1873–1894), son fils Moulay Abd el-Aziz (1894–1908) n’avait que quatorze ans lorsqu’il succéda à son père. Le chambellan Ahmed ben Moussa (1841–1900), que l’on nommait Ba Ahmed, prit le titre de Grand Vizir et exerça la régence ; il fut le véritable maître du Maroc de 1894 et jusqu’à sa mort en 1900. C’est à partir de 1894 que Ba Ahmed fit agrandir la demeure de son père par l’acquisition d’un ensemble de maisons qui furent rassemblées et aménagées en un véritable palais par l’architecte marocain Mohamed al Makki al Masfioui, qui, inspiré par l’art andalou, construisit le palais en plusieurs étapes et le termina au terme de sept ans de travail. Les meilleurs ouvriers et artisans du pays y ont travaillé sans interruption durant ces sept ans (1894-1900). Les meilleurs artisans marocains et andalous travaillèrent à ce palais pendant quatorze ans, et selon la chronique, Ba Ahmed rendit son dernier soupir « dans le bruit des pilons ». Une fois terminé, le palais dépassait en richesse tous les monuments du royaume, et l’on dit que le jeune roi, Moulay Abd el-Aziz, en fut fort contrarié (ce qui explique peut-être qu’il ait ordonné le pillage de la Bahia en 1900, sitôt le grand vizir Ba Ahmed enterré !). En outre, le palais a subi quelques réaménagements à partir de 1912, lorsqu’il devint la demeure du Résident Général français à Marrakech. Le Palais de la Bahia, comme beaucoup de bâtiments historiques de cette époque au Maroc, est dans un état de conservation très dégradé. Un programme de restauration est annoncé pour 2011. Le Palais de la Bahia est souvent utilisé pour des concerts de musique andalouse ou pour des expositions d’art. |
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| | Conditions de visite | Visites : tous les jours de 8 h 45 à 11 h 45 et de 14 h 45 à 17 h 45 (fermé le vendredi de 11 h 30 à 15 h). Adresse : rue Riad Zitoun el-Jdid, face au souk des bijoutiers, à côté du restaurant de la Bahia. Entrée payante : 10 dirhams. |
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