| La médersa Ben Youssef à Marrakech au Maroc | |
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| Présentation générale | Avec son plan qui affecte un quadrilatère d’une superficie de 1 680 m² – c’est la plus vaste médersa du Maghreb –, ses 132 chambres, son grand patio et sa salle de prière, la médersa Ben Youssef est un joyau de l’architecture arabo-andalouse. Elle fut longtemps considérée comme l’école coranique la plus somptueuse du monde arabe. La médersa Ben Youssef est l’œuvre du sultan Abdallah El Ghalib qui en acheva la construction en 1564-1565. Ses caractéristiques architecturales, la diversité de ses décors et de ses matériaux en font l’un des plus beaux édifices de l’époque saâdienne. Elle fut durant plus de quatre siècles un foyer d’accueil pour les étudiants en soif de connaissances dans diverses sciences, notamment en théologie. |
| Étymologie et toponymie | La médersa tient son nom de la mosquée toute proche. Le nom Ben Youssef vient du sultan almoravide Ali Ben Youssef. |
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| | On accède à la médersa Ben Youssef en longeant la mosquée Ben Youssef ou, lorsque l’on vient des souks, en franchissant Bab Kcheiria ou Bab Talar. On peut aussi y venir à pied de l’est de la ville, par Bab Debbagh, le quartier des tanneurs : de la place du Moukef, suivre alors la rue principale jusqu’à l’entrée de la médersa. |
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| | Matériaux et décors | La décoration des salles est un harmonieux mélange de zellige, de marbre, de stuc et de bois de cèdre : ces quatre matériaux ont été utilisés pour revêtir les murs et conférer à la médersa un décor sobre mais riche.- Le zellige ou céramique murale polychrome couvre les jambages des murs, les vestibules, les escaliers et quelques unes des chambres d’étudiants. Les couleurs sont douces avec une prédilection pour le bleu, le marron clair, le vert, le blanc et le noir. au-dessus des panneaux de zellige, court une frise en céramique noire ciselée en technique de champlevé reproduisant des décors en calligraphie rehaussés de dessins floraux.
- Le marbre couvre le sol du patio central et orne les côtés de l’entrée de la salle de prière. Huit grandes colonnes, dont les quatre centrales en marbre massif de Carrare, supportent la coupole de la salle de prière. Leurs chapiteaux, finement décorés, portent des inscriptions à la gloire du fondateur.
- Le stuc orne les murs des vestibules, du patio central, des galeries latérales et de la salle de prière. Il est décliné de diverses façons : tantôt reproduisant un décor floral, tantôt un décor géométrique, tantôt des stalactites ou encore des pommes de pin ou des calligraphies de style coufique.
- Le bois de cèdre surplombe l’ensemble du décor. Il revêt les plafonds des chambres, des vestibules et des portiques, et les deux grandes coupoles. Il est également utilisé pour les portes, les linteaux, les consoles, les balustrades et les moucharabieh des chambres d’étudiants donnant sur le patio central. Sculpté, découpé ou peint, le bois porte les décors géométrique, floral ou calligraphique.
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| L’entrée et le vestibule | La médersa s’annonce par une coupole ornée de stalactites sculptées dans le plâtre, couvrant la rue et adossée au mur est de la toute proche mosquée Ben Youssef. La porte d’entrée en bois de cèdre, recouverte de lourdes plaques de bronze au décor ciselé, est surmontée par un linteau de cèdre sculpté portant l’inscription qui atteste que la médersa est l’œuvre du sultan saâdien Abdallah El Ghalib (1557-1574) : « J’ai été édifiée pour les sciences et la prière par le Prince des Croyants, le descendant du sceau des prophètes, Abdallah, le plus glorieux des Califes. Prie pour lui, Ô toi qui franchit ma porte, afin que ses espérances les plus hautes soient exaucées ». La porte d’entrée donne sur un long vestibule, haut sous plafond, assez sombre mais entrecoupé et éclairé par des puits de lumière. Ce couloir est décoré de mosaïques et de poutres sculptées. | | Le vestibule de l’entrée conduit à un espace carré surmonté d’une coupole en bois recouverte à l’extérieur de tuiles vernissées vertes et d’où l’on peut gagner les diverses parties du bâtiment | |
| La cour intérieure | La cour intérieure est un vaste et profond rectangle dallé de marbre blanc. | | De part et d’autre de la cour, deux galeries déambulatoires pourvues de massifs piliers soutiennent des linteaux de cèdre sculpté. Sur les côtés de la cour, au-dessus des galeries, s’alignent les fenêtres de cellules d’étudiants soutenues par les piliers. | | Le toit se termine par un auvent de cèdre sculpté. | | Les murs, hauts de 15 m, sont recouverts, sur leur soubassement, d’une frise de zelliges multicolores en faïence verte, rouge, et bleue, surmontée de stuc finement ciselé, tandis que la partie haute des murs est garnie de plâtre ciselé. | |
| Le bassin du patio | La cour intérieure est ornée au centre d’un grand bassin de marbre blanc, extrêmement sobre, qui, autrefois, était destiné aux ablutions. | | |
| La salle de prière | À l’opposé de la porte d’entrée, de l’autre côté du bassin rectangulaire, la salle de prière est protégée des regards profanes par l’un des plus beaux portails ouvragés du Maroc. Cette salle est constituée de trois nefs délimitées par deux rangées de fines colonnes de marbre supportant des arcs aux façades ciselées de motifs d’ornementation. La salle de prière servait aux étudiants pour l’accomplissement de leur devoir religieux. Les chapiteaux de la salle de prière portent la même inscription que la porte d’entrée relatant la reconstruction de la médersa par les Saâdiens : « J’ai été édifiée pour les sciences et la prière par le Prince des Croyants, le descendant du sceau des prophètes, Abdallah, le plus glorieux des Califes. Prie pour lui, Ô toi qui franchis ma porte, afin que ses espérances les plus hautes soient réalisées ». La salle de prière est surmontée d’une coupole pyramidale faite en bois de cèdre. Sur la coupole, 24 petites fenêtres en plein cintre sont grillagées de stuc ajouré, permettant aux rayons du soleil de pénétrer. | | La nef centrale de la salle de prière donne sur une petite salle en demi-cercle dont l’ouverture est somptueusement décorée de motifs floraux et géométriques. Cette salle recèle le « mihrab » décoré de versets tirés du Coran sculptés sur plâtre, et formant des alvéoles. | |
| Les chambres | La médersa fut durant plus de quatre siècles un foyer d’accueil pour les étudiants en soif de connaissance dans diverses sciences, en théologie notamment. À l’étage, elle disposait de 132 chambres destinées aux étudiants non originaires de Marrakech. Les cours avaient lieu, non pas au sein de la médersa elle-même comme on pourrait le croire, mais à la mosquée Ben Youssef toute proche. La médersa était, en fait, une sorte de cité universitaire dans laquelle les étudiants logeaient, vivaient et révisaient leurs cours. | | A une époque, l’école compta jusqu’à 900 élèves entassés dans ces petites cellules donnant soit sur la cour centrale, soit sur les sept minuscules patios intérieurs bordés, à l’étage, de balustrades de bois tourné et supportés par de massifs piliers. C’est dans ces chambres que les étudiants vivaient, étudiaient, dormaient et mangeaient. | | La petitesse et la simplicité des chambres contrastent avec le raffinement andalou du reste de l’établissement. | | Les chambres du haut, plus grandes (environ 9 m²) et pourvues de fenêtres, étaient destinées aux étudiants les plus privilégiés qui avaient vue sur la cour centrale. | | Les deux chambres reconstituées illustrent, par leur ameublement, ce que fut le mode de vie des étudiants à l’intérieur de la médersa Ben Youssef. Celle de gauche représente la chambre d’un étudiant d’origine rurale, celle de droite celle d’un étudiant citadin. On y trouve les mêmes éléments, dont la facture peut varier (par exemple certains objets en poterie ou en terre cuite dans la chambre de l’étudiant d’origine rurale sont en céramique ou en bronze chez l’étudiant citadin) : - un écritoire (petit meuble en bois),
- des encriers,
- des « calames » (plumes de roseau),
- de manuscrits: (Coran, Hadiths ou propos du prophète, des sciences diverses),
- des bougies et/ou des lampes à huile pour l’éclairage,
- un tagine, brasero et soufflet pour la préparation des repas,
- le matériel nécessaire pour le thé: plateau, verres et théière,
- des potiches à provisions: généralement ils contiennent des dattes et des fruits secs,
- une cruche d’eau et un récipient pour les ablutions,
- une peau de mouton servant comme tapis de prière,
- un coussin et un tapis étalé sur une natte pour dormir.
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| | Histoire | Fondée au XIVe siècle par le sultan marinide Abou el-Hassan, la médersa Ben Youssef fut reconstruite et embellie par le sultan saâdien Moulay Abdallah El Ghalib qui en acheva la construction en 1564-1565. La petite école de théologie devint ainsi un bâtiment dont la renommée allait franchir les montagnes et gagner les pays voisins. |
| La restauration | La médersa fut restaurée une première fois en 1950. À la fin des années 1960, la medersa, désaffectée, fut fermée aux fidèles et au public. Ce n’est que depuis 1982 que des travaux de restauration permirent aux voyageurs de découvrir ce chef-d’œuvre de l’art marocain. Le 16 juillet 1999, le Ministère de la Culture a confié à la Fondation Omar Benjelloun, par convention, la restauration et la gestion du monument. Les travaux de restauration ont duré de 1999 à 2002. Au préalable, des études ont été commandées à des spécialistes en restauration du bois, du plâtre et en archéologie médiévale. |
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| | Conditions de visite | Ouverte tous les jours de 9 h à 18 h. Entrée : 40 dirhams si l’on ne s’est pas muni du « Pass ». |
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