| Rhodes à l’époque mycénienne (-1600 à -1150) | L’île de Rhodes est envahie vers 1400 avant JC par les Achéens qui y établissent alors la civilisation Mycénienne. Les écrits anciens disent que la ville de Lindos a fourni sept navires aux Achéens qui partaient pour Troie. |
| Rhodes à l’époque minoenne (-1600 à -1150) | Rhodes est ensuite dans la zone d’influence de la civilisation de la Crète minoenne. |
| Rhodes à l’époque dorienne (-1100 à -334) | Colonisation dorienne (-1100) | Au IIe millénaire, vers 1100 avant JC, les Doriens s’emparèrent de l’île sous la conduite de Tlépolème l’Héraclide, et y fondèrent trois villes : la blanche Cámiros à l’ouest, Ialyssós au nord sur la mer Égée et Líndos à l’est sur la côte méditerranéenne de l’île. Toutes les trois sont mentionnées par Homère (Poète, fin du VIIIe siècle) dans le Catalogue des vaisseaux (Iliade, II, 653–656) :« Ceux de Lindos, d’Iélyse et de la blanche Camire ».
Les Doriens en font le centre d’un commerce maritime florissant dont les colonies sont dispersées dans tout le bassin égéen ; l’île connaît alors une période de prospérité. Cámiros est la première à frapper sa monnaie. | L’hexapole de la Doride (vers -1000) | Selon Hérodote, vers -1000 avant JC, les trois cités de Cámiros, d’Ialyssós et de Líndos formèrent, avec celles de Cos, Cnide et Halicarnasse (sur la côte de Carie), l’Hexapole Dorienne. À partir du VIIIe siècle avant JC, le commerce et la production artistique se développent à Rhodes, qui entretient des relations avec, d’une part le Proche-Orient, et d’autre part avec l’Attique et la Crète. Rhodes semble être l’une des premières régions de l’Hellade à avoir adopté l’alphabet. | Au VIIe siècle avant JC, les trois cités faisaient du commerce avec le Moyen-Orient et l’Egypte, construisaient des colonies dans les îles voisines, sur les côtes d’Asie Mineure et même en Italie (à Naples).
| La période classique (-500) | Plusieurs siècles de l’histoire de l’île restent obscurs. VIe siècle avant JC, gouvernement des Tyrans ; le tyran Cléobule, l’un des sept Sages de la Grèce. À la fin du VIe siècle et au début du Ve siècle avant JC, Cámiros est sous la dépendance de la Perse. La cité regagne son autonomie à la fin des Guerres Médiques, avant de rejoindre comme toute l’île, la Ligue de Délos. Au Ve siècle avant JC, les trois cités faisaient partie de la ligue de Délos, une confédération d’États grecs avec Athènes à sa tête (471-411). Les trois cités se libérèrent d’Athènes en 412 avant JC En 411 avant JC, les Spartiates, partis de Cnide, débarquent à Camiros avec 94 navires. Selon Thucydide, ils s’emparent rapidement de la ville, qui n’est pas fortifiée et ils forcent les citoyens à changer de camp. Pendant tout le siècle suivant, l’île fut impliquée dans les guerres intestines grecques. Le parti démocratique était favorable aux Athéniens, le parti aristocratique aux Spartiates, comme dans le reste de la Grèce ; de 412 à 370, il y eut cinq révolutions. En fin de compte, les Rhodiens prennent une part active à la révolte des insulaires contre Athènes, dénommée guerre sociale (357-355) ; les princes de Carie les y encouragent ; ce qui n’empêcha pas bientôt les aristocrates rhodiens de solliciter l’aide d’Athènes contre la Carie. | La fondation de la ville de Rhodes (-408) | Habiles navigateurs, les Rhodiens fondèrent de nombreuses colonies : Gagae et Corydalla en Lycie, Soli en Cilicie, Gela en Sicile, Sybaris, Siris, Salapia, Parthenope en Italie, Rhode (Rosas) en Espagne, sans oublier leurs comptoirs des îles Baléares. Cependant ils n’eurent qu’un rôle secondaire jusqu’au moment où, en 408 avant JC, les trois cités doriennes décidèrent conjointement, tout en conservant leur autonomie, de fonder un nouveau centre à l’extrémité nord-est de l’île qui serait sa capitale : la ville de Rhodes, qui n’allait pas tarder à les supplanter. La ville de Rhodes fut bâtie sur un plan régulier d’Hippodamos de Milet, l’architecte des murs du Pirée, l’un des plus grands architectes de l’époque. Sa forme était celle d’un amphithéâtre s’élevant de la mer vers l’acropole sise au sud-ouest, avec des rues larges et un système d’évacuation des eaux encore utilisé de nos jours ; en haut, un théâtre ; en bas, deux excellents ports. |
| Rhodes dans l’empire d’Alexandre le Grand (-334) | En 334 avant JC, Rhodes est intégrée à l’empire d’Alexandre le Grand (336-323). À la mort d’Alexandre, en 323 avant JC, les citoyens de Rhodes se révoltèrent contre les Macédoniens et les chassèrent. Rhodes entretint alors des relations commerciales étroites avec le royaume des Ptolémées installé en Égypte. En 305 avant JC, le roi de Macédoine Antigonos I Monophtalmos (« le borgne ») (306-301) confie à son fils Démétrios I Poliorcète (« le preneur de villes ») (roi en 294) le commandement d’une énorme flotte et lance une expédition contre l’Égypte de Ptolémée I. Les Rhodiens refusent de participer à cette expédition. L’invasion se solde par un échec, Démétrios I ne parvient pas à forcer les défenses égyptiennes et doit renoncer. Il essaye alors d’anéantir Rhodes qui a refusé d’aider son père. Les Rhodiens combattirent avec vaillance ; Camiros repousse les attaques, mais le siège de Rhodes va durer un an (305-304) et s’achever en 304 avant JC par un traité de paix ; Démétrios doit abandonner le siège de l’île. Non seulement la flotte de commerce et de guerre de Rhodes devint l’une des principales de la Méditerranée, mais ils trouvèrent dans les constructions navales et la fabrication des armes et engins de guerre des industries lucratives. Ils étendirent leur suzeraineté sur la côte voisine d’Asie Mineure, dénommée Pérée, et sur les îles de Kasos, Karpathos, Telos, Chalcé. |
| Rhodes dans le giron athénien (-300) | Les Rhodiens finissent, vers 300 avant JC, par rentrer définitivement dans le giron athénien. La prospérité et le pouvoir politique de Rhodes furent à leur apogée au IIIe et au IIe siècle avant JC Devenue rapidement puissante et prospère grâce à son commerce, Rhodes devient un grand centre politique, commercial, intellectuel et religieux : - son gouvernement paraît avoir été assez habilement pondéré ; deux prytanes annuels exerçaient le pouvoir exécutif, assistés de navarques ou amiraux ; un Sénat (Boulh) préparait les décisions soumises ensuite à l’approbation de l’assemblée du peuple.
- son école de rhétorique, renommée dans tout le monde antique, est fréquentée par de célèbres orateurs romains et grecs. Eschine, quittant Athènes, y ouvrit une école dont la vogue fut considérable et persistante ; à l’époque romaine encore, on venait étudier la rhétorique à Rhodes ; Panaetius, Stratoclès, Andronicus, Eudemus, Hiéronyme, Pisandre, Simmias, Aristide sont des Rhodiens ; Posidonius, Apollonius (voir Apollonios de Rhodes) résidèrent longtemps à Rhodes.
- Rhodes devient la première escale commerciale entre l’Egypte, la Phénicie et la Grèce. Elle bat sa propre monnaie. Les Rhodiens sont, au IIIe siècle avant JC, les marins les plus renommés du monde hellénique ; ils fondent une sorte de droit commercial et maritime dont ils font admettre les règles.
- elle cultive les arts et les lettres, et particulièrement célèbre pour la sculpture et l’art pictural, s’embellissant de bâtiments, de sanctuaires et de sculptures. Rhodes atteignit son apogée dans ce domaine avec les peintures de Protogénès (au IVe siècle avant JC) et avec les sculptures de Charès (au IIIe siècle avant JC), auteur du célèbre Colosse (v. 303-291 avant JC). Au IIe siècle avant JC, les sculpteurs de Rhodes terminèrent la célèbre statue du Laocoon et ses fils.
- elle encourage l’athlétisme.
Cependant, la richesse et le luxe n’effaçaient pas les vieilles qualités de patriotisme, de labeur et de sérieux. Rhodes devient renommée pour son Colosse de Rhodes (304-292), œuvre de Charès de Lindos, désignée comme l’une des sept merveilles du monde. La merveille ne reste debout qu’une soixantaine d’années ; en 226 avant JC, un violent tremblement de terre la jette au sol. Les débris restent sur place neuf siècles, jusqu’au jour où les Arabes les transportent sur la côte d’Asie mineure et les vendent. Si le Colosse est en ruine, la ville ne l’est pas moins, et de nombreuses cités amies envoient de l’aide pour la reconstruire ; la prudente politique extérieure menée par Rhodes s’avère payante. | Apollonios de Rhodes | Apollonios de Rhodes, en grec Απολλώνιος, (Alexandrie, 295-215 avant JC), poète et grammairien grec. Disciple de Callimaque de Cyrène, il compose une longue épopée, les Argonautiques, qui s’éloigne des enseignements de son maître et vise à se rapprocher de la simplicité homérique. Rejeté par Callimaque, il s’exile à Rhodes où il fonde une école de rhétorique. En même temps, il retravaille son poème. Rentré à Alexandrie, il connaît le succès et Ptolémée V Épiphane le nomme directeur de la bibliothèque d’Alexandrie, en succession d’Ératosthène. Les Argonautiques étaient très appréciées des Romains, et ont été une source d’inspiration notamment pour Valerius Flaccus. |
| Rhodes dans l’Empire romain | La prospérité de Rhodes fut atteinte au IIe siècle avant l’ère chrétienne ; elle avait été due en partie à l’alliance égyptienne et fut confirmée d’abord par l’alliance romaine, également conclue contre les Séleucides et les Macédoniens : à la fin du IIe siècle avant JC, l’Empire romain commence à s’étendre à l’est de la Méditerranée ; les Rhodiens, fidèles à leurs principes, adoptent une attitude amicale à leur égard. Au temps des conquêtes de la république romaine en Orient, la supériorité maritime et commerciale dans les mers de la Grèce appartenait, sans contestation, à Rhodes, alliée des nouveaux maîtres du monde. Le monnayage de Rhodes prit un énorme développement et eut pendant deux siècles environ la circulation la plus étendue et la plus générale. Les pièces rhodiennes de cet âge sont très communes, elles ont pour type, d’un côté la tête, vue de face et radiée, du Soleil, dieu protecteur de l’île et auteur mythique de ses premiers habitants, de l’autre, le symbole parlant de la rose. Rhodes vit une époque florissante, sa monnaie a cours partout, son code du commerce maritime fait la loi sur les mers. Mais l’alliance avec Rome contribue, comme pour d’autres parties du monde, à l’affaiblissement progressif de l’île, qui, à partir du IIe siècle après JC, devient une province romaine. Les Romains, au IIe siècle avant JC, font de Délos un port franc, qui concurrence les Rhodiens. En 189 avant JC, les Romains, vainqueurs d’Antiochus, donnèrent aux Rhodiens la Carie. Mais ceux-ci, s’inquiétant des progrès de Rome, voulurent, pour balancer son influence et celle des rois de Pergame qu’elle assistait, s’entendre avec les rois de Macédoine. Après la chute de Persée, le Sénat romain leur reprit la Carie, ne leur laissant que la Pérée, la presqu’île sise en face de l’île. Dans la guerre contre Mithridate, les insulaires demeurèrent fidèles à l’alliance romaine. En 164 avant JC, Rhodes signe un traité d’alliance avec Rome. Le commerce maritime de l’île va être très alors florissant jusqu’à l’invasion romaine du Ier siècle après JC En 48 avant JC, les Rhodiens prirent en effet parti pour César contre Pompée, général et homme politique romain, et contre le Sénat romain, et ce fut la cause de leur ruine. En 43 avant JC, un autre général romain, Cassius, un des assassins de César, les défit en bataille navale, envahit Rhodes, massacra les alliés de César, s’empara des trésors de la ville et rasa les temples. Cette bataille brisa le pouvoir de Rhodes, mais la cité maintint encore longtemps son prestige comme siège de la connaissance. Rhodes ne se releva jamais de ce désastre. Ses écoles gardèrent cependant leur renom. Tibère au temps de sa disgrâce, résida dans l’île. Celle-ci fut enfin privée de son autonomie par Claude qui l’incorpora à la province d’Asie (44) libérée de nouveau, elle fut définitivement annexée par Vespasien, en 70 après JC. Sous Constantin, elle fut rattachée à la province des Îles et en fut le chef-lieu. Lors de la division de l’empire romain, en 395 après JC, Rhodes et les autres îles de la « Provincia Insularum » sont rattachées à l’empire byzantin. | La christianisation de Rhodes | En l’an 57 après JC, Paul (à l’origine Saül) de Tarse, qui deviendra plus tard Saint Paul, visite Rhodes et y prêche l’Évangile. |
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