Les gouffres de Jameos del Agua | Les Jameos del Agua sont un ensemble de trois gouffres volcaniques situé sur un boyau volcanique formé par de la lave vitrée très fluide provenant du volcan Monte Corona lors de ses éruptions, il y a entre 4500 et 3 000 ans. Ce boyau trouve son origine au cratère du volcan, à 6 km de la côte, et se poursuit sur 1,5 km à une profondeur de 50 m sous la mer, par ce qui est nommé « le tunnel de l’Atlantide » (Túnel de la Atlántida). Ce boyau volcanique est l’un des plus longs du monde, avec près de 8 km de longueur. La couche supérieure de la coulée de lave s’est solidifiée, tandis que la lave continuait de s’écouler dans la partie inférieure. L’épuisement de la coulée de lave a laissé un boyau vide empli de gaz volcaniques ; au cours des ans la voûte de ce boyau s’est effondrée en différents endroits, ouvrant des gouffres semblables aux gouffres karstiques des terrains calcaires. Les Jameos del Agua, comme la Cueva de los Verdes, sont des sites où le boyau volcanique apparaît à ciel ouvert, mais d’autres « jameos » existent en amont sur la coulée, tels que le Jameo de Puerta Falsa – où se cachaient les habitants de Lanzarote lors des attaques de pirates barbaresques –, le Jameo Cumplido, le plus grand, et le Jameo de la Gente. Le terme jameo est un terme aborigène majo signifiant « trou » ou « bouche » du terrain. Les Jameos del Agua sont au nombre de trois : le Jameo Chico (« le petit gouffre »), le plus en aval, le Jameo Grande (« le grand gouffre ») et le Jameo Redondo (« le gouffre rond ») ; ce sont les jameos les plus proches de la côte, à un endroit où le boyau volcanique se situe au-dessous du niveau de la mer. Entre le Jameo Chico et le Jameo Grande l’eau de mer s’est infiltrée et a formé un lac souterrain d’eau salée dans le segment de boyau situé entre les deux gouffres. C’est ce phénomène qui a donné leur nom aux Jameos del Agua (« les gouffres de l’eau »). Ce lac souterrain, éclairé aux deux extrémités par la lumière naturelle plongeant dans les deux gouffres – ainsi que par un orifice dans la voûte du boyau – présente un paysage naturel spectaculaire. |
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Le Centre d’Art, de Culture et de Tourisme de Jameos del Agua | Dans les années 1960 l’artiste César Manrique eut l’idée de mettre en valeur le site des gouffres de Jameos del Agua en installant, au bord du lac souterrain, un bar-restaurant avec piste de danse et une végétation subtropicale. Cette réalisation devait être la première d’une série d’œuvres d’art public où l’artiste associerait harmonieusement un site naturel à des créations artistiques ; elle est aussi considérée par beaucoup de personnes comme sa plus grande réussite. Néanmoins, la complexité du projet, combinée à des séjours répétés de Manrique à New York au cours des premières années de la création de ce centre, l’ont poussé à déléguer une partie du travail des premières phases d’aménagement du tube volcanique à l’un de ses collaborateurs directs : l’artiste Jesús Soto, artisan du magnifique éclairage et de l’aménagement de la Cueva de los Verdes. César Manrique conçut également l’emblème des Jameos del Agua sous la forme d’un crustacé représentant le petit homard aveugle qui vit dans le lac ; on peut en voir une immense sculpture en fer forgé sur le parc de stationnement du centre. Au début des années 1960 des travaux de nettoyage et d’aménagement ont dû être réalisés, car les gouffres étaient devenus des décharges publiques suite à une longue période d’abandon du site naturel. La première partie du site à être aménagée fut le Jameo Chico, qui est encore aujourd’hui le point d’entrée de la visite des Jameos del Agua ; cette première phase fut ouverte au public en 1966. Une des premières visiteuses aurait été l’actrice hollywoodienne Rita Hayworth qui vit dans les Jameos del Agua la « huitième merveille du monde ». Moins emphatique, César Manrique considérait sa création comme « le plus beau club de nuit du monde ». Il faudra attendre 1977, après plus d’une décennie de travaux, pour que la structure générale des Jameos del Agua soit enfin terminée. Ce n’est qu’à cette date que le centre et l’auditorium furent officiellement inaugurés et que l’œuvre fut considérée comme achevée. Néanmoins, de nouvelles installations seront réalisées ultérieurement afin de répondre à des fonctions concrètes comme l’espace du musée de la « Casa de los Volcanes ». Depuis 1987 ce centre mène un grand travail scientifique et didactique sur la vulcanologie. Depuis 1998, les gouffres de Jameos del Agua sont classés comme Bien d’Intérêt Culturel dans la catégorie des Jardins Historiques. |
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Des petits homards aveugles et albinos | Dans les eaux salées du lac souterrain vivent plus d’une douzaine d’espèces aquatiques endémiques, dont la plus célèbre est un crustacé aveugle, albinos et luminescent, le Munidopsis polymorpha, qui peuple par centaines les fonds rocheux du lac. Le Munidopsis polymorpha vivait à l’origine dans les eaux profondes de l’océan, à plusieurs milliers de mètres de profondeur. En raison de l’obscurité de la grotte le crustacé a perdu sa pigmentation et la vue ; il est de couleur blanchâtre et d’une taille ne dépassant pas 15 millimètres, avec une queue repliée sous le thorax, semblable à un minuscule homard davantage qu’à un crabe. Cette espèce ne se rencontre plus que dans les jameos. Le Munidopsis polymorpha est une espèce très menacée ; elle ne vit que dans les gouffres de Lanzarote et, en particulier dans les Jameos del Agua. César Manrique les avait surnommés « jameitos ». La santé du jameito est en particulier menacée par la présence d’oxydes de métaux dans les eaux où il vit : au bord du lac des panneaux interdisent de jeter des pièces de monnaie dans l’eau, car leur corrosion pourrait causer la mort de ces créatures uniques. Le Munidopsis polymorpha constitue le symbole des Jameos del Agua et le symbole naturel de l’île de Lanzarote, au même titre qu’une plante, l’euphorbe balsamifère (Euphorbia balsamifera). |
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Le Grand Gouffre (Jameo Grande) | Après la traversée du boyau par un sentier en corniche le long de la paroi, on débouche dans le Jameo Grande où se trouve un restaurant avec un bar aménagé contre la paroi volcanique et une autre piste de danse faite d’une mosaïque de pierres multicolores. La salle du restaurant s’étend au niveau inférieur du Jameo Grande décoré d’une végétation luxuriante. Le soir venu le Jameo Grande se transforme en une boîte de nuit à ciel ouvert. | | En montant un escalier de bois on parvient au niveau supérieur du jameo où a été aménagé un jardin exubérant et exotique où fleurit une végétation surprenante de fougères, de palmiers, de cactus, de crotons et de figuiers. | |
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La Maison des Volcans (Casa de los Volcanes) | Depuis le Jameo Grande un escalier zigzaguant permet de remonter au niveau de la surface où se trouvent un petit musée interactif consacré à la volcanologie, mais aussi à la faune et à la flore de Lanzarote. | |
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