Guatiza est un village agricole du nord-est de l’île de Lanzarote. La localité a été prospère au XIXe siècle grâce à la production de rouge de cochenille, un colorant produit par la cochenille du cactus, qui est élevée sur le figuier de Barbarie. Même si la production a diminué depuis la fin du XIXe siècle, on peut encore voir à perte de vue des champs de figuiers, jusqu’à l’intérieur du village. De nos jours le village attire beaucoup de touristes grâce à la présence d’un jardin de cactus qui perpétue la tradition de la culture des cactus.
Guatiza compte un peu plus de 800 habitants et fait partie de la commune de Teguise.
Guatiza est situé à 2 km de la côte est de Lanzarote. Le village était initialement établi au pied de la montagne Guenia (359 m) – là où se trouve aujourd’hui le cimetière et la jolie petite chapelle Sainte-Marguerite (Ermita de Santa Margarita) datant du XIXe siècle – mais cette position rendait le village visible depuis l’océan ; après avoir été pillé à plusieurs reprises par des pirates barbaresques, le village fut déplacé derrière les montagnes de Las Calderetas, qui le dissimulent à la vue des navires croisant au large.
Au sud de Guatiza se trouvent d’autres volcans : Tinamala (323 m) et La Caldera. Entre ces montagnes s’étendent des terres agricoles plus fertiles et plus verdoyantes que la plupart des terres de l’île.
Guatiza se trouve à 17 km au nord-est de la capitale, Arrecife, par la route LZ-1 qui passe par Tahíche (à 9 km). Le chef-lieu de la commune, Teguise, est à 10 km à l’ouest par la route LZ-404 qui passe par Teseguite où l’on peut voir un dyke volcanique qui se dresse au milieu d’une ancienne carrière de lapillis. Le village de Mala est à 2 km au nord de Guatiza. La ville d’Haría se trouve à 13 km au nord.
Le village de Guatiza possède un habitat dispersé avec des habitations séparées par des champs de cactus entourés par des murs de pierres sèches. Une belle avenue, bordée de grands eucalyptus, traverse le village. L’église du village, l’église Santo Cristo de Las Aguas, possède une seule nef et un double clocheton qui domine la façade ; les angles et les ouvertures sont décorées de pierres volcaniques noires ; une grande lanterne surmonte l’édifice.
La région qui s’étend entre Guatiza et Mala fut l’une des principales régions de production du rouge de cochenille, un colorant naturel extrait de la cochenille (Dactylopius coccus), un insecte dont les larves se nourrissent de la sève des oponces, ou cactus raquettes, (Opuntia species), notamment sur le figuier de Barbarie (Opuntia ficus-indica), nommée tunera aux Îles Canaries.
La cochenille du cactus et sa plante-hôte sont originaires du Mexique et de l’Amérique du Sud ; le figuier de Barbarie fut introduit aux Canaries dès le XVIe siècle, mais ce n’est que vers 1830 que la cochenille du cactus fut élevée ; en 1832 le roi Ferdinand VII approuva par décret la production du colorant de cochenille à Lanzarote pour compenser la baisse des exportations de vin de l’île.
L’élevage des cochenilles commence en plaçant sur les « raquettes » des oponces un sac contenant des femelles fécondées. Les mères (madres) pondent leurs œufs sur la plante charnue. Après l’éclosion des œufs, les larves piquent la chair de la plante et sucent la sève. Les larves ont de courtes antennes et une carapace duveteuse qui laisse une poudre blanchâtre sur les raquettes vertes des cactus.
Lorsqu’elles sont adultes – entre septembre et novembre – les cochenilles sont récoltées par raclage manuel des raquettes de cactus et recueillies dans un seau, tuées dans l’eau bouillante, mises à sécher au soleil pendant une dizaine de jours, puis broyées pour obtenir une poudre fine d’une couleur rouge intense d’où sera extrait le colorant. Il faut récolter 150000 larves pour obtenir un kilogramme de poudre. C’est le corps des femelles de cochenille qui contient l’acide carminique qui donne cette couleur rouge carmin. Le mot « carmin » provient d’ailleurs du nom arabe et persan de la cochenille « qîrmiz ».
Le colorant naturel carmin (E120) issu de la cochenille a été longtemps très apprécié dans l’industrie textile pour la teinture des tissus ; la production de Lanzarote était principalement exportée vers l’Angleterre et vers la France. La production de rouge cochenille de Lanzarote fut prospère jusqu’à la fin du XIXe siècle quand ce colorant naturel fut remplacé par des colorants synthétiques à base d’aniline. Ces colorants de synthèse étant toxiques pour l’homme, le rouge de cochenille reste utilisé dans les industries cosmétique (rouge à lèvres), agroalimentaire (crèmes glacées, bonbons) et pharmaceutique (colorant de médicaments) ; on dit que que le célèbre apéritif italien Campari doit sa couleur rouge au colorant de la cochenille. Cependant la culture du figuier et l’élevage de la cochenille sont en déclin sur Lanzarote.
Le Jardin de Cactus, situé au nord du village, entre Guatiza et Mala, présente une impressionnante collection de cactus, mais aussi d’euphorbes, d’agaves, d’aloès et cetera.
En venant d’Arrecife par la route LZ-1 on peut bifurquer à droite, avant l’entrée du village de Guatiza, vers la Saline des Cocotiers où se trouvent l’un des derniers marais salants en fonctionnement de l’île de Lanzarote.
Le pompage de l’eau vers les bassins est encore réalisé à l’aide de pompes éoliennes.
Depuis Arrecife, les lignes de bus numéro 7 (Arrecife - Maguez), numéro 9 (Arrecife - Órzola) et numéro 26 (Arrecife - Yé) desservent le village de Guatiza.