| La ville d’Artà à Majorque - Le site de Ses Païsses | |
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| Présentation générale | Le site archéologique de Ses Païsses présente les ruines de l’un des plus grands, des mieux conservés et des plus représentatifs villages de l’époque talayotique sur l’île de Majorque. Ce village se trouve près de la ville d’Artà dans le nord-est de Majorque ; cette région possède de nombreux autres villages talayotiques, qui sont moins spectaculaires, comme Sa Canova. Les constructions du village, dont l’origine remonte à plus de 3 000 ans (fin de l’Âge du bronze), s’échelonnèrent sur une dizaine de siècles, du XIIIe ou Xe siècle jusqu’au IIe siècle avant JC. En 123 avant JC se produisit la conquête romaine de Majorque : le village entra en déclin et fut progressivement abandonné et détruit. Le site de Ses Païsses a été classé comme Monument historique en 1946 et, comme tel, protégé. |
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| Le site de Ses Païsses se trouve à environ 400 mètres au sud-est de la ville d’Artà. Depuis le rond-point de l’Avinguda de Costa i Llobera (nom de la route principale Ma-15 dans Artà), près de la voie ferrée, on accède au village par une route étroite bien signalée, le Camino de Sa Corballa. Près du site il y a une petite aire de stationnement. Le village talayotique se trouve sur une colline peu élevée, de 120 à 125 mètres de hauteur, au milieu d’un bois de chêne vert, ou yeuse, (Quercus ilex) ; depuis cette position, le village de Ses Païsses était facilement visible depuis d’autres villages, comme le village de Sos Sastres, à 4 km à vol d’oiseau. Comme d’autres villages talayotiques, Ses Païsses était situé à proximité d’un cours d’eau, afin de pourvoir aux besoins en eau des habitants. Le Torrent de Ses Terretes, une confluence du Torrent des Revolts et du Torrent de Molinet, se trouve à environ 50 mètres au sud du mur d’enceinte du village. À 250 mètres au sud-ouest du village se trouve une source. |
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| Le village de Ses Païsses | Le village talayotique de Ses Païsses avait une superficie de 10 800 m², de forme ovale (133 m d’est en ouest et 103 m du nord au sud), entourée par un mur d’enceinte de 374 m de périmètre. Le village est en grande partie recouvert par un bois de chênes verts, d’oliviers et de caroubiers, ce qui rend difficile une vue d’ensemble du site. Cependant, on peut distinguer deux groupes de bâtiments différents : le premier groupe, dominé par le talayot central , consiste en une série d’habitations et une salle avec les restes de trois colonnes, la salle hypostyle. Le second groupe, à l’ouest, comprend deux habitations dans une disposition absidale. À l’entrée du village se trouve un monolithe dédié au poète régional Miquel Costa i Llobera qui s’inspira de Ses Païsses pour situer le lieu de son poème « La deixa del geni grec » (1900). Un sentier bien balisé permet d’explorer tous les recoins du site. 1 : Stèle à Miquel Costa i Llobera. 2 : Porte du sud-est - Entrée principale. 3 : Salle hypostyle et salle en fer à cheval. 4 : Talayot central. 5 : Porte du nord-ouest. 6 : Habitations en abside de l’ouest du village. 7 : Habitations quadrangulaires du sud du talayot. |
| Le mur d’enceinte | Le mur d’enceinte du village de Ses Païsses est de construction moins ancienne que la plupart des bâtiments intérieurs du village ; sa date de construction est estimée dans une plage de 650 à 540 avant JC. Le mur aurait été bâti lorsque des conflits éclatèrent entre différents clans. Il s’agit d’une construction cyclopéenne de 374 m de longueur, d’une épaisseur moyenne de 3,60 m, et d’une hauteur maximale de 3,50 m (à l’entrée sud-est du village). La base du mur est constituée d’énormes blocs de rocher – certains pesant environ 8 tonnes – avec de plus petites pierres – pour la plupart maintenant dispersées – empilées par-dessus ; à l’intérieur, le mur était garni de rangées de petites pierres. Il semble qu’il y avait trois portes d’entrée dans ce mur d’enceinte. La porte d’entrée principale se trouvait au sud-est (point 2 du plan), et se composait de deux blocs de pierre verticaux avec un troisième bloc posé sur les deux premiers, comme un linteau. La porte s’ouvre sur un couloir long de 4,3 m avec un escalier de chaque côté. Il y avait une deuxième entrée, de taille comparable, au nord-ouest (point 5 du plan), mais son linteau a disparu. La troisième porte, plus discrète, se trouvait au sud-ouest et donnait accès à une source voisine ; son linteau a également disparu. |
| Le talayot central | Le talayot central du village de Ses Païsses (point 4 du plan) est considéré comme le bâtiment le plus ancien du village : il aurait été construit vers le début du premier millénaire avant JC (vers 900 ou 800 avant JC). À l’origine, le talayot aurait était la seule construction, servant sans doute de tour de guet, au sommet de la colline, avec une vue dégagée sur la campagne environnante. Le talayot est une tour, en forme de cône tronqué, ayant 12 m de diamètre à la base ; son mur massif avait 4,5 m de hauteur. À l’intérieur du talayot il y avait un escalier qui permettait d’accéder à un étage. Au centre du talayot se dressait un pilier qui supportait un plafond de dalles de pierre qui formaient aussi le plancher de l’étage supérieur ; ce pilier a aujourd’hui disparu. Au cours des siècles suivants d’autres constructions furent adossées au talayot ; ces nouvelles constructions servaient d’habitations, et le talayot a pu être utilisé comme lieu de cérémonies religieuses, ou comme entrepôt et lieu de distribution de nourriture, mais pas comme habitation. Un passage bas, d’à peu près 0,75 m de hauteur, reliait la salle du talayot à une salle, nommée aujourd’hui « salle hypostyle », située au nord-est du talayot. Pour des raisons de conservation et de sécurité, les visiteurs du site ne sont pas autorisés à accéder au talayot. |
| La salle hypostyle | La salle hypostyle jouxte le talayot central du côté est ; elle est reliée au talayot par un passage. La salle hypostyle était probablement utilisée à des fins communautaires. C’est une salle d’environ 12 m sur 8 m, avec deux murs parallèles, un mur à angle droit et une extrémité en forme d’abside arrondie. Cette salle est nommée « hypostyle » en raison des trois colonnes libres, situées au milieu de la salle, et des sept autres colonnes encastrées dans les murs, qui devaient supporter la toiture (du grec ancien hypostylos (ύπόστυλος) qui signifie « supporté par des colonnes »). |
| La salle en forme de fer à cheval | A côté de la salle hypostyle, et également attaché au talayot sur le côté sud-est, se trouve une autre salle avec une abside en forme de fer à cheval. La salle en fer à cheval (point 3 du plan) a été datée de la période tardive du village (période post-talayotique, de 500 à 123 avant JC) par les archéologues Lilliu et Aramburu. La salle en fer à cheval a une superficie de 132 m². Ses murs sont faits de pierres relativement petites empilées en couches horizontales. Les fouilles effectuées en 1959 et en 1960 y on découvert plusieurs foyers avec des fragments d’os, de la céramique et du charbon de bois. Une tombe et un outil de fer y ont également été trouvés, ce qui indique une utilisation ultérieure du site. |
| Les habitations en abside à l’ouest | À l’ouest du village se trouvent deux habitations ayant une extrémité en forme d’abside (point 6 du plan). L’une de ces habitations possède un mur épais, construit avec de grosses pierres, qui empiète sur le mur d’enceinte au-delà du village. Les autres murs de l’habitation sont construits avec de petites pierres. Les bâtiments sont divisés en trois salles par des murs d’argile. L’un des bâtiments ne fut plus habité après un incendie, mais servit de sépulture du Ve au IIe siècle avant JC. Entre ces deux bâtiments se trouve la seule rue du village de Ses Païsses découverte à ce jour. |
| | Les fouilles archéologiques | Les premières fouilles archéologiques furent menées, de 1959 à 1963, lors de quatre campagnes, sous la supervision de l’archéologue italien Giovanni Lilliu (1914-2012), visant à mettre en relation les constructions majorquines avec celles de la Sardaigne (les nuraghi sardes). Ses travaux portèrent sur l’excavation de la partie centrale du village, le talayot et toutes les salles qui s’y rattachent, dont ressortent la salle hypostyle et la salle en forme de fer à cheval. Pour ses travaux, Giovanni Lilliu se vit remettre, en novembre 2008, la Médaille d’Or d’Artà. Trente ans plus tard, dans les années 1990, les travaux furent repris par l’archéologue majorquin Javier Aramburu qui découvrit un autre bâtiment en fouillant d’autres parties du village. Chaque année depuis 2004, des fouilles sont effectuées. La zone de fouille actuelle, au sud-est du village, a mis au jour un bâtiment en forme de fer à cheval, et un bâtiment de plan rectangulaire situé près de l’entrée du sud-est. Certains vestiges trouvés à Ses Païsses, tels que des céramiques et des objets en fer provenant d’autres civilisations méditerranéennes, ont très certainement été apportés par les frondeurs des Baléares (foners), qui, en raison de leurs prouesses avec la fronde, furent recrutés comme soldats par les Carthaginois pendant les guerres puniques (264 à 146 avant JC) ; plusieurs centaines d’entre eux accompagnèrent Hannibal et ses éléphants à travers les Alpes en 218 avant JC. |
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| Conditions de visite | Poblat Talaiòtic de Ses Païsses Horaires d’été (d’avril à octobre) : du lundi au samedi, de 10 h à 13 h et de 14 h 30 à 18 h 30. Horaires d’hiver (de novembre à mars) : du lundi au vendredi, de 9 h à 13 h et de 14 h à 17 h. Téléphone : 00 34 619 070 010 Tarif d’entrée : 2 €. |
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