Ce n’est qu’au XVe siècle, en 1473, que la tour prit le nom de « Torre de Canyamel » après l’introduction de la culture de la canne à sucre dans la région. Au XVIe siècle, la tour porta le nom de « Torre Vigía » (tour de guet) ou « Atalaya », puis de « Torre d’en Massot », du nom des propriétaires d’alors. La tour fut aussi nommée « Tour des Gabellí » (le surnom des habitants de Capdepera).
Après la reconquête de Majorque, en 1229, le roi Jaume Ier le Conquérant, fondateur du royaume de Majorque, négocia avec les musulmans de Minorque le Traité de Capdepera, par lequel ces derniers se rendirent au monarque chrétien en 1231.
Cependant, le conflit se poursuivit dans la Méditerranée et les pirates maures (Sarrasins) menaçaient les populations de l’île de Majorque. Par ordre du roi, la vallée de Gabellí (aujourd’hui vallée de Canyamel) fut placée sous la protection de la famille Montsó qui bâtit, au milieu du XIIIe siècle, la tour aujourd’hui nommée « Torre de Canyamel », pour défendre la région contre les incursions des pirates sarrasins ; la tour servit de tour de garde et de refuge pour les populations. Elle était alors nommée « Torre d’en Montsó ».
La Tour de Canyamel est une tour robuste, avec des murs d’un mètre d’épaisseur à la base, et d’une hauteur de 23 m ; elle est de plan carré et comprend trois étages. Pour sa fonction de tour de défense, la tour comporte des meurtrières, des mâchicoulis et des créneaux.
Son architecture gothique du XIIIe siècle et ses caractéristiques font de cette tour médiévale l’une des rares constructions de ce genre en Europe et unique à Majorque.
Lorsque la menace barbaresque cessa, la tour de Canyamel fut transformée en ferme, et son bâtiment annexe en bergerie. En 2009, la tour fut restaurée et rouvrit ses portes, abritant un petit musée. La bergerie fut transformée en restaurant.
Le rez-de-chaussée est la grande salle, couverte d’une voûte d’arête de style gothique, où les habitants se refugiaient pendant les sièges ; les murs sont percés de meurtrières pour la défense contre les assiégeants. Au rez-de-chaussée, le musée retrace les 700 ans d’histoire de la tour – du XIIIe siècle au XXe siècle – à travers, entre autres, la projection d’un documentaire « Torre de Canyamel : Testimonio de la historia ». Un char à paire de mules (carro de parell) restauré y est exposé.
Pendant la période agricole de la tour, le premier étage était un vaste grenier avec de grandes portes par lesquelles le grain et d’autres denrées étaient livrés pour le stockage. Le musée y présente aujourd’hui une collection ethnographique : céramiques de tous les jours, ustensiles domestiques, articles tressés en feuilles de palme, métiers à tisser les tapis (du XIXe siècle), outils de tisserands, mais aussi des armes et du mobilier militaire.
L’étage supérieur de la tour se compose d’une terrasse et d’une petite tour d’ultime défense (torre del homenaje ou torreón) située au centre de cette terrasse. La terrasse est entourée d’un parapet à merlons et créneaux ; elle est également percée de meurtrières et de mâchicoulis.
Le restaurant Porxada de sa Torre se trouve à quelques mètres de la Tour de Canyamel ; il est installé, depuis 1966, dans l’ancienne bergerie de la ferme d’élevage qui occupait autrefois la tour. Cela lui confère un cadre rustique agréable avec des murs de pierre, un mobilier en bois et une décoration d’ustensiles agricoles, et même un moulin.
Le restaurant Sa Porxada s’est fait une réputation pour sa cuisine essentiellement de tradition majorquine, avec quelques touches de cuisine internationale. Sa spécialité est le cochon de lait ou « porcella », élevé dans la finca du propriétaire et cuit au feu de bois. Le lapin aux oignons, la morue au « tumbet », les entrecôtes à « la plancha » et la terrine de foie gras sont également très appréciés.
Le restaurant dispose d’un jardin et d’une jolie terrasse.
Parking gratuit.
Horaires : de 13 h à 15 h 30 et de 19 h à 23 h. Fermé le lundi.