| La ville de Selçuk et le musée d’Éphèse en Anatolie | |
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| Présentation générale | Selçuk est une petite ville agricole de l’ouest de l’Anatolie située à moins de 10 km de la côte égéenne. L’économie de la ville est traditionnellement basée sur l’exploitation des riches terres de la plaine alluviale du fleuve Küçük Menderes (« petit Méandre »), connu dans l’Antiquité comme le Caystre ; ce sont les alluvions de ce fleuve qui causèrent la ruine de la célèbre cité gréco-romaine d’Éphèse en envasant ses différents ports successifs. De nos jours les champs de coton, les vignes et les vergers d’agrumes et d’oliviers couvrent la plaine bordée de belles collines. Les ruines d’Éphèse, situées à 3 km de Selçuk, sont, depuis les années 1960, une nouvelle source de richesse pour Selçuk par l’importance de la fréquentation touristique qu’elles suscitent. Cependant Selçuk possède, par elle-même, quelques attractions touristiques qui ne doivent pas être négligées : les ruines de la basilique Saint-Jean, construite sur la tombe de l’apôtre Jean le Théologien, les ruines d’une citadelle qui fut successivement byzantine, seldjoukide et ottomane, ainsi qu’une mosquée d’origine seldjoukide, la mosquée İsa Bey ; la ville abrite également le musée d’Éphèse où sont présentées quelques unes des plus belles découvertes archéologiques faites à Éphèse. À proximité de la ville se trouvent les rares vestiges de l’Artémision, l’une des « Sept Merveilles du Monde antique », ainsi que la Maison de Mère Marie (Meryem Ana Evi), la demeure où la Vierge Marie aurait fini ses jours. Selçuk compte environ 30 000 habitants et elle est le chef-lieu d’un comté de la Province d’İzmir, qui comprend notamment le pittoresque village – autrefois grec – de Şirince. |
| Étymologie et toponymie | Le toponyme Selçuk est une des graphies du nom de Seldjouk (prononcer « seltchouk ») le fondateur de la dynastie turkmène des Seldjoukides qui envahirent la région au XIe siècle après JC, en furent provisoirement chassés par les Byzantins, avant de la reprendre au début du XIVe siècle. Selçuk est un toponyme très fréquent en Anatolie et c’est aussi un prénom. À l’époque byzantine, la localité était nommée « Hagios Theologos » (Άγιος Θεολόγος), « Saint Théologien », par référence à la tombe supposée de saint Jean l’Évangéliste située sur la colline dominant la ville. Lorsque les Turcs seldjoukides envahirent la région ils déformèrent le nom en Ayathuluq, puis Ayosoluk, Ayasoluk ou Ayasuluk. La localité prit le nom de Selçuk en 1914. Pendant quelque temps, après la guerre de l’indépendance turque, la ville fut nommée Akıncılar. |
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| | Selçuk se trouve à 74 km au sud-sud-est d’İzmir, à proximité de l’autoroute (Otoyol) O-31 (route européenne E87) reliant İzmir à Aydın. Depuis İzmir il faut un peu plus d’une heure de route pour rejoindre Selçuk, en quittant l’autoroute O-31 près du village de Belevi pour emprunter, sur la droite, la route D-550 qui longe la rive gauche du fleuve Küçük Menderes. Selçuk est à 62 km d’Aydın (50 min) par l’autoroute O-31. Par la route D-515, la station balnéaire de Kuşadası, avec son port de croisière, n’est qu’à 20 km au sud-ouest de Selçuk. Le site archéologique d’Éphèse n’est qu’à 3 km au sud-ouest de la ville de Selçuk ; il est indiqué par des panneaux bruns des sites touristiques, marqués « Efes ». |
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| | La ville de Selçuk | La ville de Selçuk est dominée au nord-ouest par la citadelle byzantine d’Hagios Theologos (Ayasoluk), visible de loin lorsqu’on arrive d’İzmir, avec ses murailles renforcées de tours. Par la route D-550 – qui prend le nom de rue Atatürk (Atatürk Caddesi) – on parvient directement au cœur de Selçuk ; la rue Atatürk sépare la ville, du nord au sud, en deux parties : - à l’est de la rue Atatürk on peut visiter le vieux quartier, organisée autour de l’aqueduc byzantin et de la fontaine d’Artémis, vers laquelle convergent les rues Siegburg Caddesi, Cengiz Topel Caddesi et Namık Kemal Caddesi ; au sud du quartier se trouve la gare routière et la place du marché ; le marché s’y tient le samedi.
- à l’ouest de la rue Atatürk on peut emprunter la rue Saint-Jean (St Jean Caddesi) pour se diriger vers la Porte de la Persécution, porte d’entrée de la citadelle d’Ayasoluk où se trouvent également les ruines de la basilique Saint-Jean ; au bout de la rue Saint-Jean se trouve la mosquée İsa Bey, et, un peu plus au sud, le hammam İsa Bey.
En revenant vers le centre, puis en continuant la rue Atatürk en direction du sud, on parvient près du musée d’Éphèse ; le bureau de l’Office de tourisme se trouve tout à côté. En tournant ensuite sur la droite, par le boulevard Dr Sabri Yaila, on peut atteindre le chemin d’accès au temple d’Artémis, distant de quelques centaines de mètres. |
| | | La basilique Saint-Jean d’Éphèse | L’église basilique Saint-Jean est située à l’intérieur de l’enceinte fortifiée qui protégeait la colline d’Hagios Theologos (Ayasoluk) ; cette muraille de défense – de 1 800 m de longueur – avait été érigée au VIIe siècle et au VIIIe siècle pour protéger la ville et la basilique contre les raids arabes. L’entrée principale dans la citadelle byzantine se trouvait au sud ; elle conduisait directement à la basilique, située sur un promontoire au pied de la colline. Deux autres portes se trouvaient à l’est et à l’ouest. Cette porte du sud a été surnommée « Porte de la Persécution » parce qu’elle présentait, sur son linteau, une pierre sculptée d’un bas-relief montrant une scène qui a été mal interprétée comme étant le martyre d’un chrétien tué par un gladiateur, alors qu’il s’agirait en réalité d’un bas-relief représentant la rencontre d’Ulysse avec le héros Achille ; ce bas-relief est maintenant conservé au musée de Woburn, en Angleterre. Cette pierre et beaucoup d’autres, remployées dans la construction de la muraille, provenaient probablement des ruines de l’Artémision. La porte dite de la Persécution était protégée, de part et d’autre, par une tour de défense de plan carré. La tombe d’un des premiers chrétiens, prénommé Jean, avait été édifiée à la fin du Ier siècle sur les pentes de cette colline située au nord-est d’Éphèse, au-delà du mont Pion, et dominant le temple païen d’Artémis. La tradition chrétienne veut s’il s’agisse de la tombe de l’apôtre Jean, disciple de Jésus ; l’apôtre Jean aurait été chassé de Samarie par les Romains et se serait réfugié à Éphèse à la fin des années 30 et y aurait prêché ; il aurait été chassé d’Éphèse par les païens vers la fin des années 40 ; entre les années 50 et les années 90, il y aurait un trou béant dans la biographie de l’apôtre ; en l’an 94 on l’aurait retrouvé à Patmos où il aurait écrit l’« Apocalypse de Jean » ; vers 97, après la mort de l’empereur Domitien, Jean aurait été autorisé à revenir à Éphèse et y aurait écrit l’« Évangile de Jean ». Il serait mort à Éphèse vers l’an 100 et aurait été enterré à proximité. Cependant des historiens pensent que l’auteur de l’Apocalypse et de l’Évangile de Jean serait Jean le Presbytre, né vers l’an 50 et mort vers l’an 100. « L’histoire est une légende qui n’est plus contestée » a dit un certain Napoléon Bonaparte … La tombe de Jean était à l’origine une chambre funéraire surmontée d’un mausolée. La population d’Éphèse avait peu à peu abandonné la cité antique et s’était regroupée autour de la tombe de saint Jean l’Évangéliste et la localité avait pris le nom d’Hagios Theologos, en l’honneur de Jean le Théologien. Plus tard – probablement au IIIe siècle sous le règne de l’empereur Constantin Ier – une église assez simple aurait été construite au-dessus de la tombe mais aurait été détruite par un tremblement de terre au IVe siècle. Une église plus grande, avec une toiture en bois, fut construite au début du Ve siècle ; cette église est citée dans les actes du concile de l’an 431. Au VIe siècle, l’empereur Justinien Ier (règne de 527 à 565) et son épouse Théodora firent construire une prestigieuse basilique au-dessus de la prétendue tombe de l’évangéliste ; cette basilique devait rivaliser avec la basilique Sainte-Sophie que le couple impérial faisait édifier à Constantinople. La construction de la basilique fut achevée en 565. Le site devint un important lieu de pèlerinage pendant toute l’époque byzantine. La basilique Saint-Jean était un édifice de grandes dimensions, de 145 m de longueur par 40 m de largeur, bâti sur un plan en forme de croix latine, orienté dans la direction est-ouest, avec le narthex situé à l’ouest et l’abside à l’est ; son architecture était inspirée de celle de l’église des Saints-Apôtres à Constantinople. À l’extrémité ouest se trouvait un atrium, entouré sur trois côtés par un portique à double colonnade ; cet atrium conduisait à un exonarthex, puis à un narthex qui donnait accès, par trois portes, à la nef centrale et à ses bas-côtés. La nef centrale était coiffée de deux coupoles ; les bras du transept et l’abside étaient également couvert d’une coupole ; une sixième coupole couvrait la croisée du transept. À l’intérieur, les coupoles étaient soutenues par des piliers de marbre et de brique ; entre ces piliers se dressaient des colonnades de deux étages - faites de marbre veiné de bleu – qui séparaient la nef centrale des bas-côtés latéraux ; les chapiteaux des colonnes qui faisaient face à la nef centrale portaient les monogrammes de l’empereur Justinien et de Théodora. À l’extérieur, les coupoles étaient soutenues par de larges piliers carrés et des arcs-boutants. Le sol de l’église était dallé de marbre et décoré de mosaïques, dont on peut encore voir quelques fragments. À la croisée du transept et de la nef, sous la plus grande et plus haute coupole, se trouve la prétendue tombe de saint Jean l’Évangéliste, dans une crypte qui était accessible par une rampe, aujourd’hui comblée. La tombe est aujourd’hui marquée par une dalle de marbre et quatre colonnettes en marbre placés au centre du bema (autel d’une église orthodoxe), surélevé de deux marches. À l’arrière du bema se trouvait le synthronon, les gradins, en forme d’amphithéâtre, où s’asseyaient les prêtres. Cet hémicycle séparait le tombeau du chœur et de l’abside. Sur le côté nord de la basilique se trouvait le baptistère, de forme octogonale, au sol dallé de marbre ; au centre du baptistère se trouvait les fonds baptismaux, où l’on descendait et dont on remontait par deux escaliers de trois marches ; sur les côtés est et ouest se trouvaient deux petites pièces, sans doute utilisées pour le recueillement et la prière avant le baptême. Entre le baptistère et le bras nord du transept se trouvait une petite pièce, dite « Maison du Trésor », comprenant sept niches où étaient conservés les biens précieux de l’église et les objets de culte. Vers le Xe ou le XIe siècle, la maison du Trésor fut transformée en chapelle. Les Turcs seldjoukides reprirent la région au début du XIVe siècle et transformèrent la basilique Saint-Jean en mosquée en 1330 ; les pèlerins chrétiens devaient payer pour accéder à la tombe de saint Jean. Après la construction de la mosquée İsa Bey, en 1375, la basilique fut transformée en bazar. En 1402 l’armée mongole de Tamerlan s’empara d’Ayasoluk et détruisit la ville ; la basilique ne fut pas épargnée ; les tremblements de terre achevèrent la destruction de la basilique Saint-Jean et de ses imposantes coupoles. En 1425 les Turcs ottomans s’emparèrent de la région et laissèrent la basilique à l’abandon pendant près de 600 ans. Les ruines de la basilique servirent à leur tour de carrière de pierre. En 1922, pendant la brève reconquête de la partie occidentale de l’Anatolie par les armées grecques, des archéologues effectuèrent des fouilles et localisèrent le tombeau de saint Jean, mais n’eurent pas le temps d’excaver les ruines ; les Grecs furent forcer – par les accords internationaux – de restituer la région à la Turquie. Le tombeau de saint Jean fut redécouvert par les fouilles archéologiques de 1926 à 1928. À partir de la moitié du XXe siècle, les archéologues autrichiens entreprirent un long travail de reconstitution partielle, mais soigneuse, qui permet de nos jours au visiteur d’avoir une bonne représentation de ce que fut l’ancienne majesté de la basilique et de ses dimensions gigantesques. Visite de la basilique Saint-Jean (Saint Jean Bazilikası ou Aziz Yohannes Bazilikası) : Adresse : St Jean Caddesi / Ayasoluk Sokak. Coordonnées géographiques : 37°57’9” N ; 27°22’5” E. Horaires de visite en été, du 15 avril au 2 octobre : de 8 h à 19 h. Horaires de visite en hiver, du 3 octobre au 14 avril : de 8 h 30 à 17 h 30. Fermeture des caisses une heure plus tôt. Tarif d’entrée : 10 TRY. Visite de la forteresse incluse dans le prix. Tarif du parc de stationnement : 7,5 TRY. En montant sur la gauche vers les hauteurs par une allée dallée de marbre située sur le côté nord de la basilique, on peut trouver une maquette, abritée sous un plexiglas, qui permet de repérer les différentes parties de l’édifice en contrebas. On peut ensuite redescendre pour effectuer la visite en commençant par l’atrium d’où l’on a une belle vue sur la mosquée İsa Bey. |
| | La forteresse d’Ayasoluk (Ayasuluk Kalesi) | La colline d’Hagios Theologos (Ayasoluk) est le point culminant de la localité de Selçuk ; elle culmine à la modeste altitude de 66 m, mais semble quand même dominer le paysage de la plaine alluviale du Caystre ; sur ses pentes s’étendent des vergers d’oliviers et de figuiers. Au sommet de cette colline, au cœur de la citadelle, se dresse le château Saint-Jean (Yuhanna Kalesi), édifié à la même époque que les murailles de la citadelle pour défendre Hagios Theologos contre les attaques des Arabes, au VIIe et au VIIIe siècles. La construction de la forteresse remploya de nombreuses pierres de la cité antique d’Éphèse, en particulier les pierres des gradins du stade où des chrétiens avaient subi le martyre pendant les deux premiers siècles de l’Empire romain. Cette forteresse byzantine fut ensuite modifiée par les Seldjoukides et les Ottomans ; les murs visibles de nos jours datent principalement de cette époque. La forteresse a 160 m de longueur par 120 m de largeur ; ses remparts – encore bien conservés de nos jours – étaient défendus par une quinzaine de tours de défense ; on y accédait par deux portes, l’une située au sud-ouest, l’autre à l’est. À l’intérieur se trouvaient des citernes d’eau pour recueillir les eaux de pluie, mais pas de sources ; l’une des citernes, avec une voûte en berceau, était une ancienne église byzantine reconvertie. À l’époque seldjoukide une résidence fut construite au milieu de la forteresse par la famille régnant sur la région de 1308 à 1390, les émirs d’Aydın, les Oğullari ; une mosquée, la mosquée du Château (Kale Camii), fut également édifiée à l’intérieur de la forteresse. Les fouilles archéologiques et la restauration de la forteresse de Selçuk ont commencé dans les années 1990 et sont encore en cours. Le site n’a été ouvert au public qu’en l’an 2012. Une section des remparts – d’une centaine de mètres de longueur – et des tours du côté ouest ont été restaurées avec les matériaux d’origine : le chemin de ronde est ouvert à la visite, offrant une vue panoramique magnifique sur les paysages alentour. En soirée les murailles sont illuminées et sont visibles de très loin depuis la plaine. La visite de la forteresse d’Ayasoluk (Ayasuluk Kalesi) se fait avec le même billet que les ruines de la basilique Saint-Jean, acheté à la billetterie de la porte sud. La visite de la forteresse ferme une heure plus tôt que celle de la basilique. |
| La mosquée du bey Isa (İsa Bey Camii) | La mosquée du bey İsa se trouve à mi-chemin de la basilique Saint-Jean et du temple d’Artémis, au pied de la pente sud-ouest de la colline d’Ayasoluk, mais à l’extérieur de la muraille de défense byzantine ; depuis l’entrée de la citadelle il faut descendre la rue Saint-Jean jusqu’au bout vers le nord-ouest, sur environ 250 m (3 min de marche), pour atteindre la mosquée, qui est à l’intersection de St Jean Caddesi et de la route 2040 (2040 Sokak). On entre par le portail de l’ouest qui donne sur une petite place. La mosquée d’İsabey porte le nom d’un bey de la dynastie aydinide (Aydınoğulları), des beys qui gouvernèrent le sud-ouest de l’Anatolie, le beylicat des Aydinides, pendant le XIVe siècle ; c’est cette dynastie qui donna son nom à la ville d’Aydın. Aydınoğlu İsa Bey, qui régna de 1360 à 1390, fut le dernier bey de cette dynastie ; il transféra la ville capitale du beylicat de Birgi à Selçuk ; en l’an 1374 après JC, l’an 776 de l’Hégire, İsa Bey ordonna la construction de la mosquée qui fut achevée en janvier 1375. C’est l’une des plus anciennes mosquées de la Turquie occidentale. La construction fut confiée à un architecte damascène, Şamlı Dımışklıoğlu Ali, qui s’est inspiré du plan de la grande mosquée de Damas. La mosquée d’İsa Bey présente un plan presque carré, de 48 m de largeur par 56 m de longueur, avec une salle de prière située au sud et, au nord, une cour bordée d’un portique sur trois côtés, avec une fontaine de forme octogonale pour les ablutions rituelles, et un double minaret. La construction fit largement appel au remploi de matériaux (spolia) provenant du site d’Éphèse : blocs de marbre avec des inscriptions latines, colonnes de style corinthien de la cour, colonnes de granit noir des bains dans la salle de prière, et fragments de l’autel du temple d’Artémis. L’influence seldjoukide de l’édifice est visible dans le portail occidental à stalactites, de hauteur monumentale, les pierres colorées des fenêtres ouvragées, les stalactites des corniches, les arabesques ornementales, les mosaïques de faïence, et autres riches ornementations magnifiquement détaillées. La mosquée disposait de trois portes donnant sur la cour, l’une à l’ouest, l’autre à l’est, la troisième au milieu du mur nord. L’entrée se fait actuellement par la porte occidentale, un magnifique portail monumental surmonté d’une voûte à muqarnas (stalactites) ; ce portail de l’ouest comporte un perron sous lequel se trouve une fontaine. La porte orientale s’ouvrait du côté de la muraille byzantine ; elle est en assez mauvais état. La cour est de forme rectangulaire, d’environ 48 m par 38 m ; elle est entourée, sur les côtés ouest, nord et est, de hauts murs sur lesquels s’appuyait la toiture d’un portique à colonnade ; des colonnades il ne reste que douze colonnes d’aspect dorique, affublées de chapiteaux de style corinthien, qui sont vraisemblablement des remplois de colonnes gréco-romaines de la cité antique d’Éphèse. Au milieu de la cour, une pelouse arborée de quelques arbustes ou palmiers, avec quelques belles stèles funéraires ottomanes et une fontaine octogonale au centre. Depuis la cour on accède à la salle de prière par une triple arcade ouverte dans le mur nord de l’édifice ; au-dessus de l’arcade se trouvent deux fenêtres à arc brisé encadrant un oculus. La salle de prière de la mosquée d’İsa Bey est de forme rectangulaire, de 48 m par 18 m, séparée en deux, dans le sens de la plus grande longueur, par quatre colonnes. Ces colonnes de granite rose et noir proviennent de thermes de la cité antique ; trois de ces colonnes présentent un chapiteau orné de muqarnas, tandis que la quatrième est surmontée d’un chapiteau composite romain en remploi. Ces colonnes supportent les deux coupoles du toit. La mosquée d’İsa Bey est la plus ancienne mosquée à colonnade d’Anatolie. La salle de prière est éclairée par une série de fenêtres disposées à intervalles irréguliers aux deux tiers de la hauteur des murs. La salle de prière ne dispose pas de balcon réservé aux femmes, comme ce sera le cas dans les mosquées ottomanes ; les deux sexes sont séparés par un drap de coton tendu entre les colonnes. Le sol est recouvert d’une multitude de tapis en laine brute ou en soie offerts par la population. La niche de prière (mihrab), située dans le mur sud, est faite de marbre ; elle est décorée de motifs végétaux. La chaire (minbar) est en bois d’olivier. La salle de prière est couverte par deux coupoles supportées par des arcs de brique appuyés sur des corbeaux encastrés dans les murs et sur les colonnes de granite ; la coupole placée au-dessus du mihrab a un diamètre de 8,1 m ; à l’intérieur, son support en brique est décoré de carreaux de faïence d’İznik (l’antique Nicée), avec un motif d’hexagones et d’étoiles bleu marine et turquoise. L’autre coupole a un diamètre légèrement supérieur, de 9,4 m. À l’origine, la mosquée d’İsa Bey était surmontée de deux minarets, dressés au-dessus des entrées occidentale et orientale ; le muezzin y accédait par des escaliers en colimaçon placés contre les portails. Ces minarets en brique rouge, à base octogonale et à corps cylindrique, présentaient d’élégants motifs en chevrons. Le minaret de la porte orientale n’a pas été reconstruit après des tremblements de terre au XVIIe siècle (en 1653 et en 1668) qui ont endommagé les deux minarets. Le minaret de la porte occidentale est préservé jusqu’au niveau du balcon d’appel à la prière. Les tremblements de terre ont également détruit les portiques à colonnade de la cour. La mosquée d’İsa Bey fut complètement dévastée par un tremblement de terre au XIXe siècle et fut désaffectée. Le bâtiment fut alors utilisé comme caravansérail. La mosquée a été réparée en 1934, puis restaurée et rendue au culte en 1975. Une nouvelle rénovation a eu lieu en 2005. Visite de la mosquée du bey Isa (İsa Bey Camii) : Coordonnées géographiques : 37°57’8” N ; 27°21’57” E. La visite est ouverte aux touristes, sauf aux heures de prière, de 8 h à 19 h. Lorsque la mosquée n’est pas ouverte aux touristes, on peut quand même admirer la calligraphie et les carreaux de faïence extérieurs. Tarif d’entrée : gratuit. À côté de la mosquée se trouve un buste du bey İsa ; en contrebas de la mosquée, rue Antony Kallinger Caddesi, on peut observer de l’extérieur, sans le visiter, le hammam d’İsa Bey, construit en 1365 et bien conservé ; ce hammam présente des coupoles percées d’oculi. |
| | Le musée archéologique d’Éphèse | Les fouilles archéologiques anglaises du site d’Éphèse débutèrent en 1864 et les fouilles de l’Institut archéologique autrichien en 1896 ; beaucoup des découvertes des archéologues furent emportées au British Museum de Londres et à l’Ephesos-Museum de Vienne. Cependant, en 1906, l’Empire ottoman édicta une loi sur les antiquités turques (Asar-ı Atika Nizamnamesi) qui interdisait l’exportation d’objets archéologiques ; toutes les nouvelles découvertes furent conservées in situ. Après la guerre de 1912 à 1922, les fouilles autrichiennes reprirent ; le musée archéologique d’Éphèse à Selçuk fut fondé en 1929 pour abriter les découvertes. En 1964 un nouveau bâtiment dut être construit en raison de l’abondance des objets archéologiques ; ce bâtiment a été restauré et agrandi en 1992 et, à nouveau en 2014. Un certain nombre de pièces remarquables sont exposées dans les musées de Smyrne (İzmir) et d’Istamboul (İstanbul). Le musée d’Éphèse est l’un des plus beaux musées régionaux de Turquie, avec de très riches collections et une muséographie très moderne, après les rénovations de 2014. La plus grande partie des objets proviennent des fouilles de la cité antique d’Éphèse, mais quelques autres proviennent de sites moins importants de la région, tels que Claros. Les objets présentés appartiennent à des époques très différentes : mycénienne, archaïque, hellénistique et romaine, mais aussi byzantine et ottomane ; cependant les collections sont regroupées non par époques mais par thèmes : objets découverts dans des fontaines, dans des maisons, dans des tombes, objets liés au culte impérial, objets liés au culte d’Artémis … Il y a également un département d’ethnographie. Chacune des différentes salles du musée présente l’un de ces thèmes : Salle n° 1 : salle des découvertes faites dans les Maisons en Terrasse. Cette salle présente les découvertes faites principalement dans les maisons en terrasse situées sur les pentes du mont Prion, mais aussi dans quelques autres maisons de la cité antique. On peut voir des fresques, notamment la fresque des Muses avec Polymnie de la maison n° 2 et la fresque de Socrate, des fragments de mosaïques et des statues, notamment une belle tête en marbre de Socrate, du Ier siècle après JC, des statuettes comme celle d’Éros chevauchant un dauphin, du IIe siècle après JC, ou une statuette en bronze d’un prêtre égyptien du VIIe siècle avant JC. Sont aussi présentés des objets du quotidien : notamment des balances, des bijoux en verre, en ivoire ou en métal, des flacons de parfum et des boîtes de cosmétiques, des pièces de monnaie et cetera. Cette exposition permet assez bien d’imaginer le décor raffiné des maisons patriciennes du quartier résidentiel d’Éphèse. Mais force est de reconnaître que la vedette de cette exposition est la fameuse statue du dieu Priape, au phallus démesuré (pas tellement finalement …), du IIe siècle après JC, découverte dans le supposé lupanar d’Éphèse. Salle n° 2 : salle des découvertes faites dans les fontaines. Dans cette salle on peut voir notamment les fragments du groupe de statues du nymphée de Pollio représentant Ulysse, entouré de ses compagnons, aveuglant le cyclope Polyphème ; groupe de statues du Ier siècle après JC. Une reconstitution de ce groupe statuaire peut être vue dans la cour du musée. Une statue d’un guerrier se reposant, du Ier siècle après JC, provient aussi de cette fontaine. Des statues du fondateur mythique d’Éphèse, Ándroclos, de Dionysos et d’Aphrodite, provenant du nymphée de Trajan sont également présentées ; ces statues datent du IIe siècle après JC. De la fontaine de Bassus, près du temple de Domitien, on peut voir des statues de nymphes. Salle n° 3 : salle des nouvelles ou petites découvertes. La plus belle pièce de cette salle est sans doute une frise en ivoire qui faisait partie d’un décor de linteau de la Maison en Terrasse n° 2. La salle présente aussi un haut-relief représentant la bataille de l’empereur Trajan contre les Parthes. Parmi les petits objets il y a quelques pièces de monnaie avec le motif de l’abeille, l’emblème d’Éphèse, ainsi que des lampes à huile. La grande cour à ciel ouvert (n° 4) présente une collection lapidaire comprenant des stèles gravées de différentes époques, notamment une stèle du IIe siècle avant JC avec un bas-relief de Dionysos, des sarcophages, entre autres un sarcophage aux Muses, des chapiteaux, notamment à tête de taureau, un cadran solaire du IIIe siècle après JC découvert à Claros, des fragments architecturaux provenant notamment du mausolée de Belevi près de Selçuk. La cour comprend aussi une reconstitution du combat d’Ulysse contre les Cyclopes, qui ornait le fronton du temple d’Isis, du Ier siècle après JC. Salle n° 5 : salles des découvertes faites dans des tombes. Cette salle contient principalement des objets funéraires trouvés dans des tombes d’Éphèse et des environs : objets en verre coloré, coupes à vin, flacons de remède ou de parfum, vases funéraires mycéniens des XIVe et XIIIe siècles avant JC trouvés devant la basilique Saint-Jean sur la colline d’Ayasoluk. On voit aussi des objets provenant du cimetière des gladiateurs situé à côté du stade d’Éphèse où avaient lieu les combats : stèles gravées, bas-reliefs montrant un combat de gladiateurs, avec des explications sur les armes utilisées par les gladiateurs, glaive, trident et cetera. Salle n° 6 : salle de l’Artémis d’Éphèse La salle n° 6 contient les plus célèbres statues d’Éphèse, les statues de la déesse Artémis à la poitrine aux seins multiples, à moins qu’il ne s’agisse d’œufs ou de testicules de taureaux, tous symboles de fertilité : des taureaux étaient souvent sacrifiés à Artémis. La salle présente trois de ces statues dont deux ont été découvertes dans le sanctuaire de la flamme éternelle du prytanée d’Éphèse, copies romaines en marbre blanc de la statue cultuelle en bois qui se trouvait dans l’Artémision. L’une de ces statues, dénommée « Artémis la Grande », date du Ier siècle après JC et mesure 2,92 m de hauteur ; elle porte encore sa coiffe à trois niveaux (polos), dont le niveau supérieur est une représentation du temple d’Artémis. Le corps de la statue est décoré de diverses figures animales, parmi lesquelles des lions, des taureaux et des griffons et aussi des abeilles, symboles d’Éphèse ; les avant-bras de la statue sont manquants. De l’autre côté de la salle se trouve l’autre statue provenant du prytanée ; cette statue est dénommée « Artémis la Belle » ; c’est une statue moins haute que la Grande Artémis, d’1,74 m de hauteur et dont il manque la coiffe ; la déesse est entourée par deux statues de cerfs, l’animal sacré d’Artémis, la déesse de la chasse (la Diane des Romains), et par des ruches. Cette statue date du IIe siècle après JC, entre 125 et 175 après JC. La salle présente une troisième statue d’Artémis, sans tête. La salle comprend d’autres objets liés à Artémis : des fragments architecturaux de l’Artémision, une petite statuette en or d’Artémis, datant du VIIe siècle avant JC, quelques fresques et mosaïques. Salle n° 7 : salle du culte impérial. Cette salle présente des statues d’empereurs romains et d’autres objets trouvés dans les temples du culte impérial. La pièce la plus impressionnante est la tête de la statue monumentale de l’empereur Domitien, découverte sous le temple de Domitien près le l’agora civique d’Éphèse ; l’avant-bras gauche de la statue est également présenté ; d’autres fragments ont été retrouvés mais ne sont pas présentés ; l’ensemble de ces éléments permet d’estimer la hauteur de la statue de Domitien à 7 ou 8 m ; la statue date de la fin du Ier siècle après JC. L’autel du temple de Domitien est également exposé. La salle contient aussi des bustes ou des portraits de l’empereur Auguste et de son épouse Livia. Certaines de ces statues furent brisées et marquées d’une croix chrétienne sur le front lorsque le christianisme s’imposa dans l’Empire romain ; ces statues ont été reconstituées. Une autre pièce maîtresse est la frise du temple d’Hadrien, racontant la fondation d’Ephèse par les Amazones, ces guerrières aux seins coupés pour pouvoir manier l’arc. Cette frise est l’originale ; une copie de cette frise est présentée sur le site d’Éphèse. Visite du Musée d’archéologie d’Éphèse (Efes Arkeoloji Müzesi) : Adresse : Atatürk Mahallesi, Uğur Mumcu Sevgi Yolu Caddesi. Selçuk. Le musée se trouve de l’autre côté de l’avenue Atatürk, par rapport à la gare routière. Il y a un bureau de l’Office de tourisme de l’autre côté de la rue. Téléphone : 00 90 232 892 60 10 / 11 Horaires d’été, du 15 avril au 2 octobre : tous les jours, de 8 h à 19 h. Horaires d’hiver, du 3 octobre au 14 avril : tous les jours, de 8 h à 17 h. La visite du Musée archéologique d’Éphèse est un complément indispensable à la visite du site archéologique ; il est préférable de visiter le musée après avoir visité le site archéologique, pour mieux se représenter l’origine des objets archéologiques. Hélas ! c’est précisément ce que font les autocars de touristes et le musée est très fréquenté l’après-midi. Tarif d’entrée : 10 TRY. |
| | La maison de la Vierge Marie ou maison de Mère Marie (Meryem Ana Evi) | Selon certaines traditions chrétiennes orientales, l’apôtre Jean – qui avait promis à Jésus mourant sur la croix de s’occuper de sa mère – aurait emmené Marie avec lui lorsqu’il dut s’exiler à Éphèse pour fuir les persécutions romaines et juives en Samarie, quelques années après la crucifixion de Yeshua ben Youssef, vers l’an 39. L’apôtre aurait construit pour la mère du Christ une petite maison dans un lieu isolé, sur les hauteurs du mont Koressós (de nos jours le Bülbül Dağı, « le mont du Rossignol »), une colline située à 3 km au sud d’Éphèse. La mère Marie y aurait vécu jusqu’à sa mort, que l’Église catholique nomme l’Assomption de la Vierge Marie, vers l’an 47. La plupart des autres traditions chrétiennes considèrent que la mère du Christ est morte à Jérusalem. Cependant il existe bien une relation spéciale entre Marie et la cité d’Éphèse : la première église consacrée à la Vierge Marie est l’église Sainte-Marie d’Éphèse, datée du Ve siècle. Par ailleurs c’est à Éphèse que se tint le troisième concile œcuménique, en 431, qui reconnut la double nature du Christ, humaine et divine, et proclama la Vierge Marie mère de Dieu (Theotókos) ; les textes du concile d’Éphèse ne font pourtant pas référence à la venue de Marie à Éphèse. La légende de l’existence de la Maison de la mère de Jésus à Éphèse trouve son origine dans les visions d’une moniale allemande, Anna Katharina Emmerick (née en 1774, morte en 1824). La sœur, malade de la tuberculose et souvent alitée, et qui n’avait jamais quitté son couvent de Dülmen en Westphalie, aurait eu la vision précise de la Vierge Marie vivant dans sa maison d’Éphèse. Les visions d’Anna Katharina Emmerick furent recueillies par la poète romantique Clemens Brentano qui les publia en 1852 sous le titre « Vie de la sainte Vierge, d’après les méditations de la pieuse Anne Catherine Emmerich, augustine du couvent d’Agnetenberg de Dülmen ». En 1881, un prêtre français du diocèse de Paris, Julien Gouyet, prit connaissance de l’ouvrage de Brentano et décida de se rendre à Éphèse pour vérifier les descriptions de la moniale : « Marie vécut environ trois ans à Sion, trois ans à Béthanie et neuf ans à Éphèse, où Jean l’avait conduite peu après que les juifs avaient exposé sur la mer Lazare et ses sœurs. […] Cependant Marie ne demeurait pas à Éphèse même, mais dans les environs ; sa maison était située à trois lieues et demie d’Éphèse, sur une montagne qu’on voyait à gauche, en venant de Jérusalem, et qui descendait rapidement vers Éphèse. […] La maison de Marie était la seule qui fût en pierre. À quelque distance, derrière cette maison, le terrain s’élevait et aboutissait, à travers des rochers, au point culminant de la montagne, du haut de laquelle, par-delà les collines et les arbres, on voyait la ville d’Éphèse et la mer avec ses nombreuses îles ». Le Père Gouyet identifia une chapelle en ruines que la tradition locale considérait comme la maison de la Vierge Marie, et qui correspondait à la description et à l’emplacement indiqués par la religieuse. Le rapport qu’il fit à ses supérieurs n’eut pas de suites immédiates. Cependant, en 1891, des prêtres lazaristes du collège français de Smyrne (İzmir), Henri Jung et Eugène Poulin, ont eux aussi identifié le lieu découvert par Julien Gouyet comme étant la maison de Marie. L’édifice est une chapelle byzantine cruciforme couverte d’une coupole, dont l’origine est datée du Ve ou du VIe siècle, mais dont les fondations sont plus anciennes et pourraient remonter au Ier siècle et être les fondations de la maison de la Vierge Marie. Cette chapelle aurait été bâtie sur l’emplacement de la maison de Marie et serait devenue un lieu de pèlerinage, notamment pour les chrétiens du village voisin de Şirince. Cette chapelle aurait été restaurée au XIIIe siècle. Selon les visions d’Anna Katharina Emmerick, la tombe de la Vierge Marie se trouverait à un kilomètre de la maison, mais n’a jamais été découverte. La chapelle en ruines fut restaurée et, à partir de 1896, devint un lieu de pèlerinage. Le pape Léon XIII bénit la Maison de la Vierge Marie lors de son pèlerinage en 1896. En 1951, le pape Pie XII donna à la Maison de la Vierge Marie le statut de lieu saint ; ce statut fut confirmé par le pape Jean XXIII. En 1967 le pape Paul VI la visita et accorda une indulgence plénière à tous les fidèles qui visiteraient la maison de Marie. En 1979, au début de son pontificat, ce fut le pape Jean-Paul II qui visita la maison et qui béatifia Anna Katharina Emmerick en 2004. En 2006, le pape Benoît XVI visita le site à son tour. Les autorités turques comprirent l’intérêt touristique qu’elles pouvaient tirer de ce lieu saint : en 1951 elles rénovèrent la chapelle ; le bâtiment actuel est le résultat de cette dernière rénovation effectuée en 1951. Le bâtiment, en forme de croix, présente une nef couverte d’une coupole en mortier, avec des pavés de verre qui laissent entrer la lumière ; au fond se trouve l’autel avec une statue de la Vierge ; dans le bras gauche de la croix, une pièce qui pouvait être un cellier et qui était très endommagée lorsque la chapelle fut redécouverte ; dans le bras droit, la chambre à coucher de Marie avec une simple couchette ; une ligne rouge peinte sur le mur indique les fondations d’origine de l’édifice. La maison de la Mère Marie est devenue un important lieu de pèlerinage, particulièrement le 15 août, jour de l’Assomption de la Vierge ou, pour les orthodoxes, jour de sa Dormition. C’est aussi un lieu de pèlerinage pour les musulmans qui honorent Marie comme la mère de l’un des grands prophètes de l’Islam, le Prophète Jésus (İsa Peygamber). La messe y est célébrée tous les dimanches à 10 h 30. L’endroit est sous la garde de capucins franciscains conjointement avec des religieux musulmans. En contrebas de la chapelle se trouve une source considérée comme sacrée par les pèlerins qui viennent y remplir des récipients à trois robinets ; un de ces robinets accorderait la richesse, le second, la santé, le troisième, la fécondité … Plus bas une grille de métal permet aux pèlerins de laisser des ex-voto : des morceaux de papier ou de tissu, noués à la grille, où le pèlerin a inscrit ses vœux ; il s’agit d’une coutume turque qui est maintenant imitée par les touristes. Entre le parc de stationnement et la Maison de Marie on rencontre de très grands fonds baptismaux. La Maison de Mère Marie est au centre d’un parc culturel (Meryem Ana Kultur Parki) qui comprend un vaste parc de stationnement, un restaurant, un café, des boutiques de souvenirs, un bureau de poste, des toilettes et même une gendarmerie. Visite de la Maison de Mère Marie (Meryem Ana Evi) : La maison de la Vierge Marie est située sur les pentes boisées de l’antique mont Koressós (de nos jours le Bülbül Daği, le mont du Rossignol). Elle se trouve à 9 km au sud-ouest de Selçuk, à droite de la route de Selçuk à Aydın ; depuis le site archéologique d’Éphèse la maison est à 7 km au sud de la porte supérieure (porte sud) et à 8,5 km de la porte inférieure (porte nord). Il n’y a pas de minibus (dolmuş) depuis Selçuk et les taxis sont assez chers (en moyenne 60 TRY aller-retour depuis la gare routière). Coordonnées géographiques : 37°54’50” N, 27°19’57” E. Téléphone : 00 90 232 894 10 12 Horaires de visite en été : tous les jours, de 8 h à 18 h. Horaires de visite en hiver : tous les jours, de 8 h à 17 h. Tarif d’entrée : 25 TRY pour les étrangers ; 10 TRY pour les citoyens turcs. Compter une dizaine de TRY en plus pour le parking. Le site voit défiler près de 300 000 visiteurs par an, car la visite de la Maison de Mère Marie fait partie de nombreux forfaits touristiques comprenant le site d’Éphèse. Les incrédules pourront remplacer la visite de la chapelle par une montée au sommet de la colline, par un chemin d’environ 600 m de longueur avec une centaine de mètres de dénivelée ; depuis le sommet de l’Aladaği, un sommet secondaire du Bülbül Daği, où se trouve un relais de télécommunications, il y a une belle vue sur le site d’Éphèse et sur la mer. | |
| | Le village de Şirince | Şirince est un pittoresque village agricole et viticole niché au creux de collines verdoyantes à une dizaine de kilomètres à l’est de Selçuk et à environ 80 km d’İzmir ; le village compte environ un millier d’habitants. Le village s’est développé avec l’arrivée de chrétiens orthodoxes grecs après la prise d’Hagios Theologos par les Turcs seldjoukides, au début du XIVe siècle, puis la destruction de la basilique Saint-Jean d’Éphèse par les hordes mongoles de Tamerlan, au début du XVe siècle, parachevée par des tremblements de terres. Les Grecs ont vécu de la culture de la vigne et des arbres fruitiers (olivier, pêcher, figuier, pommier, noyer et cetera) jusqu’en 1923, date à laquelle le traité de Lausanne décida des échanges de populations entre la Grèce et la Turquie. Les Grecs durent s’exiler et le pouvoir turc repeupla – tant bien que mal – le village avec des Turcs provenant du nord de la Grèce, notamment de Thessalie. Le village est constitué de petites maisons grecques traditionnelles, étagées sur les pentes des collines, parcourues par un réseau de ruelles escarpées pavées de vieilles pierres. Ces petites maisons aux façades blanches, avec de larges fenêtres, présentent souvent des avant-toits décorés de motifs végétaux et un étage en surplomb sur le rez-de-chaussée. Le village grec possédait deux églises : l’église Saint-Jean Baptiste et l’église Saint-Dimitri. L’église Saint-Dimitri (Hagios Dimitrios) date du XVIIIe siècle et fut convertie en mosquée après la déportation de 1924 ; elle a été rénovée en 2015 et on peut y voir quelques fresques ; elle se trouve dans le jardin d’un restaurant de viticulteur qui était l’ancienne école grecque du village. L’église Saint-Jean Baptiste (Hagios Ioannis Prodromos) se trouve en haut du village ; elle a été reconstruite au début du XIXe siècle et se trouve en assez mauvais état ; elle abrite quelques fragments de fresques byzantines montrant les douze apôtres. Au-dessus du portail se trouve une inscription en grec gravée dans le marbre. Depuis le parvis de l’église on a une belle vue sur le village. Les musulmans turcs de Şirince ont conservé le privilège de produire des boissons alcoolisées, en particulier ce qu’ils nomment des vins de fruits, à base de pêche, de framboise, de mûre … et même de raisin. Les villageois ont aussi une production artisanale d’un cidre très âcre vendu à la sauvette. Les restaurants touristiques sont autorisés à servir ces boissons. Cette production de boissons alcoolisées, ainsi que la proximité du site archéologique d’Éphèse, ont rendu le village de Şirince très populaire auprès des touristes et des organisateurs de circuits touristiques ; de ce fait les abords du village – près du parking payant – sont envahis de boutiques de souvenirs et il faut escalader les ruelles pentues pour pouvoir découvrir le village authentique. Şirince retrouve son calme en fin de journée après le départ des autocars ; on peut aussi séjourner dans le village dans quelques petits hôtels de charme assez chers. |
| Le village de Belevi | Le village de Belevi est situé à 12 km au nord-est de Selçuk, à l’intersection de l’autoroute O-31 (route européenne E87) et de la route nationale D-550 reliant İzmir (à 71 km) à Aydın (à 55 km) ; il y a une sortie de l’autoroute au niveau de Belevi, qui permet d’arriver directement dans le village. Le village dispose aussi d’une gare ferroviaire. Au nord-est du village, de l’autre côté de l’autoroute, se trouve le lac de Belevi. Belevi est un village agricole qui vit du maraîchage, de l’élevage et de certaines industries légères telles que la fabrication de presses à olives. Les principales cultures sont les agrumes, les figues et les pêches. Belevi compte environ 2 000 habitants et fait partie du comté de Selçuk dans la Province d’İzmir. La principale attraction touristique de Belevi est le mausolée du roi séleucide Antiochos II Theos. Ce mausolée avait été construit par Lysimaque, un des diadoques d’Alexandre le Grand ; Lysimaque fut tué, en 281 avant JC, à la bataille de Couroupédion, près de Sardes en Lydie, où il affrontait son ancien allié, Séleucos Ier Nicator, le fondateur de la dynastie des Séleucides. Le fils de Lysimaque, Alexandre, préféra faire enterrer son père à Lysimacheia (Λυσιμάχεια), en Thrace, ville que Lysimaque avait fondée en 309 avant JC. C’est Antiochos II Theos, le petit-fils et deuxième successeur de Séleucos Ier qui fut inhumé dans le mausolée de Belevi en 246 avant JC, après son empoisonnement, semble-t-il, par son épouse, Laodicé Ière. Le mausolée repose sur une base carrée, de 29 m de côté, taillée dans un rocher ; sur cette base s’élevait une chambre funéraire en marbre, entourée de colonnes et de dalles sculptées de bas-reliefs : du côté nord le bas-relief représentait les funérailles d’Antiochos et, sur les autres côtés, la bataille du peuple légendaire connu sous le nom de Lapithes avec les Centaures, lors de la fête de mariage de Pirithoos. La construction du mausolée n’a jamais été achevée. Le sarcophage d’Antiochos ne se trouvait pas dans la chambre funéraire, mais dans la base afin, sans doute, de leurrer les pilleurs de tombeaux. Ce sarcophage, lui aussi inachevé, est exposé au Musée d’Éphèse ; des fragments des bas-reliefs de la centauromachie sont visibles au Musée archéologique d’İzmir. Les ruines du mausolée d’Antiochos se trouvent sur le côté sud de l’autoroute O-31, à un kilomètre à l’est du village de Belevi ; il faut prendre la sortie vers Belevi, aller jusqu’au centre du village, puis se diriger vers l’est en suivant une route qui longe l’autoroute puis passe dessous ; des panneaux routiers, de la couleur marron des sites touristiques, indiquent le chemin à suivre. Coordonnées géographiques : 38°00’56” N 27°27’41” E. Accès gratuit. |
| La plage de Pamucak | La plage la plus proche de Selçuk est la plage de Pamucak, qui se trouve à près de 5 km à l’ouest du village et à 10 km au nord de Kuşadası. Des minibus partagés (dolmuş) font la navette entre la ville et la plage (15 min de trajet). C’est une plage de sable d’environ 8 km de longueur, formée par les alluvions du Küçük Menderes. La plage n’est pas toujours très propre et n’est pas surveillée, mais au moins peut-on se dire qu’on s’est baigné dans les eaux de l’antique Caystre qui ensabla la glorieuse cité d’Éphèse. |
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| | Traditions | Chaque hiver se déroulent en Turquie des festivals de combats de chameaux (deve güreşleri) qui ont lieu dans toutes les parties du pays (région de la mer de Marmara, de la côte méditerranéenne, de la côte égéenne …) ; une centaine de chameaux et leurs propriétaires participent à ce circuit d’une trentaine de localités ; le festival de Selçuk a lieu le 3e dimanche du mois de janvier. Dans la région égéenne d’autres villes ont leur tournoi : İzmir, Germencik, Aydın, Muğla, Denizli et Kuşadasi. Les chameaux mâles combattent spontanément pendant la période du rut, de novembre à mars, pour conquérir les femelles. Les propriétaires de chameaux ont utilisé cette propension pour organiser des festivités ; cette tradition est très ancienne chez les peuples nomades turcs d’Asie centrale et remonte à près de 2 500 ans. Les chameaux utilisés dans ces combats sont des chameaux de race tülü, une race hybride de chameaux de Bactriane (Camelus bactrianus) et de dromadaire d’Afrique du Nord (Camelus dromedarius) ; les hybrides sont des chameaux à une bosse, plus grands et plus forts que les chameaux de chacune des espèces d’origine ; ils sont traditionnellement employés comme animaux de trait. Les tournois se déroulent dans un cirque naturel ; les chameaux sont parés de leurs plus beaux atours et leurs gueules sont attachées pendant la confrontation, de sorte qu’ils ne peuvent pas vraiment se faire du mal. Une femelle en chaleur est promenée devant les deux mâles pour provoquer le combat ; les mâles se servent de leur cou pour renverser leur adversaire ou lui faire abandonner le combat ; pour ne pas épuiser les animaux, les combats ne durent jamais plus de 10 minutes et les chameaux ne combattent qu’une fois par jour. Des juges modèrent la compétition et attribuent des points. Le vainqueur du tournoi est le chameau qui a accumulé le plus de points ; son propriétaire peut gagner jusqu’à 50 000 lires turques. Les festivités débutent en général la veille du tournoi, avec de la musique traditionnelle, des barbecues ; les propriétaires de chameaux portent généralement le costume traditionnel. Entrée payante. |
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| | | Office de tourisme | Adresse : 37 Uğur Mumcu Sevgi Yolu ; dans le parc public situé en face du Musée archéologique d’Éphèse, à 150 m de la gare routière (otogar), de l’autre côté d’Atatürk Caddesi. Téléphone : 00 90 232 892 63 28 Horaires : de mai à octobre, du lundi au vendredi, de 8 h à 12 h et de 13 h à 17 h 30 ; samedi et dimanche, de 9 h à 12 h et de 13 h à 17 h. Fermé en fin de semaine de novembre à avril. |
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