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Le quartier résidentiel d’Éphèse en Anatolie

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PrésentationPrésentation

Présentation généralePrésentation générale
Le quartier résidentiel d’Éphèse s’étendait de part et d’autre de la Voie des Courètes qui reliait la ville basse – à vocation commerciale et culturelle – à la ville haute – à vocation civique et administrative. Les habitations s’étageaient sur les pentes des deux collines qui dominaient la cité, le mont Pion et le mont Préon. Le quartier comprenait également les établissements nécessaires à la vie quotidienne : des boutiques, des fontaines, des bains, des latrines, un lupanar …

VisitesVisites

Voie antiqueLa voie des Courètes
Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. La voie des Courètes à l'heure d'affluence. Cliquer pour agrandir l'image.La voie des Courètes (n° 27) est une avenue qui relie le quartier commercial au quartier civique, en suivant le fond de l’étroite vallée qui sépare le mont Pion du mont Préon ; pour cette raison la Voie des Courètes n’est pas alignée sur le quadrillage hippodamien de la cité, mais le traverse en diagonale en suivant la direction du nord-ouest au sud-est, depuis la bibliothèque de Celsus jusqu’à la place de Domitien. C’est l’une des trois plus importantes artères d’Éphèse, qui mesure près de 210 m de longueur.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Bas-relief d'Hermès sur la voie des Courètes. Cliquer pour agrandir l'image.Les Courètes (Κουρήτες), ou Curètes, étaient les prêtres chargés de l’administration du temple d’Artémis ; la confrérie des Courètes comptait six prêtres, ou, plus tard, neuf prêtres. La voie des Courètes faisait sans doute partie de l’itinéraire des processions qui se rendaient au temple d’Artémis, dès la période archaïque, au VIe siècle avant JC, avant même la refondation de la cité d’Éphèse par Lysimaque à cet emplacement. À l’époque byzantine, la voie des Courètes se trouvait à l’extérieur des fortifications byzantines (n° 6).

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. La voie des Courètes à l'heure d'affluence. Cliquer pour agrandir l'image.Le nom de « rue des Courètes » a été donné à cette voie par les archéologues parce que des colonnes portant les noms de Curètes et provenant du prytanée ont été réutilisées, dans la partie supérieure de la voie, pour reconstruire les portiques bordant la voie au début de l’époque chrétienne. Le nom de la voie pendant l’Antiquité était probablement « Embolos » (έμβολος) parce qu’elle constituait un engorgement entre la partie supérieure et la partie inférieure de la cité (comme une embolie qui bloque la circulation sanguine).

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Plan de la Voie des Courètes. Cliquer pour agrandir l'image.La voie des Courètes (οδό Κουρητών) était une voie pentue, avec une dénivelée de 20 m entre les deux extrémités, d’une largeur variant de 6,8 m à 10 m, bordée de stoas (portiques) de 3,5 à 4,5 m de largeur. La voie fut dallée de marbre au début de l’époque romaine impériale ; des rainures, creusées dans le marbre, évitaient de glisser par temps de pluie, en hiver ; sous les dalles de marbre circulaient des égouts. Le soir venu, l’avenue était éclairée au moyen de lampes à huile dont on peut voir les emplacements. L’avenue était bordée de stèles, de statues de notables civiques, de mausolées, de temples, de fontaines, de thermes, de latrines, de boutiques vendant des ex-votos, de vastes demeures luxueuses …

Mausolée antiqueLe hérôon d’Ándroclos
Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Reconstitution du hérôon d'Androclos. Cliquer pour agrandir l'image.Les premières ruines que l’on rencontre, sur la droite, en montant la voie des Courètes, sont celles du hérôon d’Ándroclos (n° 43), c’est-à-dire un sanctuaire dédié à un héros, Ándroclos (Άνδροκλος, Ándroklos), le fondateur mythique de la cité d’Éphèse.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Plan du hérôon d'Androclos. Cliquer pour agrandir l'image.Ce monument fut édifié au Ier siècle avant JC.

Le hérôon d’Ándroclos était un édifice à deux niveaux, en forme de U, avec une façade d’ordre dorique et un étage ouvert avec des colonnes ioniques. Dans la partie centrale, en retrait, se trouvait une fontaine. Le monument était décoré d’une frise illustrant l’histoire de la fondation d’Ephèse, et précisément la scène d’Ándroclos tuant un sanglier.

Au début de l’époque byzantine, la partie antérieure du hérôon fut converti en fontaine, et c’est pour cette raison qu’il fut longtemps connu sous le nom de « fontaine byzantine ».

Mausolée antiqueL’octogone
Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Reconstitution en 3D de l'Octogone. Cliquer pour agrandir l'image.Un peu plus haut que le hérôon d’Ándroclos dans le bas de l’avenue des Courètes, toujours sur la droite, en contrebas de la maison en terrasse n° 1 et presqu’en face du temple d’Hadrien, se trouvent les fondations d’un monument funéraire qui est désigné par sa forme, l’Octogone (Οκτάγωνο) (n° 44).

L’Octogone est un édifice datant de la seconde moitié du Ier siècle avant JC, vraisemblablement entre l’an 50 et l’an 20 avant JC, sans doute sous le règne de l’empereur Auguste (règne de 27 avant JC à 14 avant JC) ; c’est ce qu’indique le style des motifs décoratifs, par exemple ceux des chapiteaux d’ordre corinthien, de la frise et de la corniche. En revanche les inscriptions qui ornent le monument sont beaucoup plus tardives, du IVe siècle après JC, vers 370.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Reconstitution de l'Octogone. Cliquer pour agrandir l'image.Le monument funéraire se présente comme un podium carré de 9 m de côté et de 2 m de hauteur, surmonté d’une structure octogonale en gradins de 94 cm de hauteur, supportant une cella de forme octogonale entourée de huit colonnes corinthiennes. La cella est couverte par un toit en forme de pyramide octogonale en gradins ; une sphère couronnait le toit.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Plan de l'Octogone. Cliquer pour agrandir l'image.Le podium renfermait une chambre funéraire à laquelle on pouvait accéder par une entrée ouverte sur le côté sud de l’édifice. Lors des fouilles de 1929 un sarcophage en marbre contenant un squelette fut découvert dans cette chambre funéraire ; il s’agissait du squelette d’une jeune femme âgée de 15 à 17 ans.

Les analyses et les recoupements ont conduit à conclure que ce squelette était celui d’Arsinoé (Άρσινόη) IV, la fille cadette du souverain grec d’Égypte Ptolémée XII, et plus jeune sœur de la célèbre reine Cléopâtre VII. Arsinoé Ptolémée était née vers 68 avant JC et était devenue corégente d’Égypte en 48 avant JC, remplaçant sa sœur Cléopâtre, évincée par le corégent Ptolémée XIII, leur frère à toutes les deux et époux de Cléopâtre. Lorsque les Romains vainquirent l’armée égyptienne en 47 avant JC, ils capturèrent Arsinoé et remirent Cléopâtre sur le trône ; Jules César emmena Arsinoé à Rome comme captive pour figurer à son triomphe, mais, contrairement à l’usage, il ne la fit pas étrangler : César permit à Arsinoé de s’exiler à Éphèse en Asie mineure.

En 41 avant JC Arsinoé fut assassinée à Éphèse, probablement sur l’ordre de Marc Antoine agissant à la demande de Cléopâtre, pour se venger de sa p’tite sœur qui lui avait chipé son trône. Un argument contre la thèse qu’il s’agit du squelette d’Arsinoé est que, en 41 avant JC, Arsinoé aurait eu 27 ans et non 17, si l’on en croit sa date de naissance présumée. Cependant l’emplacement de premier plan de la sépulture, au début de la voie des Courètes, indique qu’il s’agissait d’une personnalité éminente ; par ailleurs l’architecture du monument, empilant formes carrée, octogonale et circulaire, est étrangère à la tradition architecturale grecque des monuments funéraires, mais rappelle l’architecture du phare d’Alexandrie, le Pharos, et peut confirmer qu’il s’agit d’un membre de la dynastie ptolémaïque.

MaisonLes îlots d’habitations en terrasses
Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Les maisons en terrasses vues depuis les thermes de Varius. Cliquer pour agrandir l'image.Le quartier des maisons en terrasse d’Éphèse s’étageait sur les pentes nord du mont Préon, sur la droite de la voie la plus prestigieuse de la cité, la voie des Courètes, à l’arrière d’une frange de boutiques. Le quartier s’étendait, sur trois terrasses, avec une dénivelée de 25 m, tout le long de l’avenue, depuis la porte d’Hadrien jusqu’à la place de Domitien. Les rues du quartier étaient alignées sur le plan en damier de la ville.

Les fouilles de ce quartier sont relativement récentes : elles ont débuté dans les années 1960 et se poursuivent. Deux îlots d’habitations (insulae), situés en bas de l’avenue, ont – jusqu’à présent – été dégagés : l’îlot occidental (insula n° 2) (n° 45), situé face aux thermes de Scholastikia, et l’îlot oriental (insula n° 1) (n° 46), situé face au temple d’Hadrien ; les deux îlots sont séparés par une petite rue en escalier qui débouche sur la voie des Courètes.

Les demeures de ce quartier en terrasse furent bâties par les Romains dès le Ier siècle avant JC, sur des terrains où se trouvaient auparavant d’anciennes sépultures et des constructions des époques classique et hellénistique ; les trois terrasses artificielles elles-mêmes sont antérieures et ont été construites au début du IIe siècle avant JC, en utilisant des murs de soutènement en pierre massifs. Le quartier a été habité aussi tard que le VIIe siècle après JC ; au cours de cette période d’occupation, de nombreuses rénovations et reconfigurations des habitations ont eu lieu, notamment à la suite de séismes.

Il s’agissait d’un quartier résidentiel luxueux, habité par la classe patricienne de l’Éphèse romaine, mais aussi par la classe moyenne. Les vastes demeures étaient judicieusement aérées, lumineuses et reliées à l’eau courante, même dans les étages, avec souvent des thermes privés ; leurs pièces, richement décorées de fresques et de plaques de marbre, étaient disposées autour de cours à péristyle aux mosaïques exquises qui peuvent rivaliser avec celles de Pompéi et d’Herculanum.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. L'insula n° 1 et une rue latérale en escalier (auteur Bernard Gagnon). Cliquer pour agrandir l'image.L’insula n° 1, l’îlot situé le plus à l’est, occupait une superficie de 2 500 m². L’îlot comprenait six demeures construites sur trois terrasses ; chacune de ces demeures avait une entrée séparée, soit sur l’avenue des Courètes, soit sur les rues latérales en escalier qui escaladaient la pente de la colline du Préon ; ces maisons avaient une cour à péristyle et disposaient de l’eau courante. Dans l’angle nord-ouest de l’îlot se trouvait une vaste villa romaine (domus), la demeure n° 6, qui occupait à elle seule 1 400 m² ; cette habitation a été construite à la fin du Ier siècle après JC, en partie sur les fondations de maisons de l’époque hellénistique. Les luxueuses demeures de l’îlot n° 1 furent détruites par le séisme dévastateur de 262 après JC ; l’îlot resta inhabité pendant plusieurs décennies, puis des constructions plus modestes remplacèrent ces demeures au IVe siècle. L’îlot a été complètement abandonné au VIIe siècle quand il fut rejeté à l’extérieur des murailles byzantines, de même que l’avenue des Courètes.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. L'îlot d'habitations n° 1. Cliquer pour agrandir l'image.Dans l’angle nord-ouest de l’îlot n° 1, on peut distinguer les vestiges d’une maison hellénistique à deux niveaux datant d’environ 100 avant JC. Cette maison avait une cour carrée entourée d’un péristyle à douze colonnes d’ordre dorique, autour duquel étaient disposées 8 pièces, de 4 m par 4 m. L’entrée de cette maison hellénistique se trouvait sur la rue latérale en escalier située à l’ouest de l’îlot ; sur les côté nord, la maison s’appuyait sur les boutiques bordant l’avenue des Courètes.

La demeure la plus spectaculaire de l’îlot n° 1 était la maison romaine (n° 6) située à l’angle nord-ouest de l’insula. Cette domus de 1 400 m² avait la particularité de ne pas respecter l’alignement sur le quadrillage urbanistique de la cité, mais d’être perpendiculaire à l’avenue des Courètes. Depuis l’avenue, on pénétrait dans cette demeure par un escalier qui donnait accès à une colonnade monumentale de 28 colonnes (6 colonnes sur le côté court et 10 colonnes sur les côtés longs). Il est possible que ce bâtiment fût – à une époque – un lieu destiné aux réunions et aux banquets ; les archéologues l’ont surnommée la « Maison des Banquets » (Οικία των Συμποσίων). Cette maison, bâtie à la fin du Ier siècle après JC, fut agrandie vers le milieu du IIe siècle, à la fin de la dynastie des Antonins ; au IIIe siècle, vers 260 après JC, sous le règne de l’empereur Gallien, elle fut gravement endommagée par un tremblement de terre dévastateur.

La maison n° 2 de l’îlot n° 1 est une demeure datant de la période byzantine, au Ve ou au VIe siècle, construite après le tremblement de terre du IVe siècle. Son accès se faisait par la rue latérale en escalier, située à l’est de l’insula. La maison comportait une petite chapelle et une décoration de croix caractéristique de la période chrétienne, montrant le changement progressif dans les croyances religieuses des habitants d’Ephèse.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Plan de l'îlot d'habitations n° 2. Cliquer pour agrandir l'image.L’insula n° 2, l’îlot situé le plus à l’ouest, était le plus grand des deux îlots et couvrait une superficie de 4 000 m², avec environ 85 m de longueur et 47 m de largeur. L’îlot n° 2 fut habité de la première moitié du Ier siècle après JC jusqu’au IIIe siècle ; après le séisme de 262, suivi par un incendie, l’îlot fut progressivement abandonné et c’est pourquoi ses vestiges sont beaucoup mieux conservés que ceux de l’îlot n° 1. Cet îlot occidental comprenait six demeures, puis sept, lorsque la maison n° 3 fut divisée en deux ; ces demeures étaient des villas luxueuses, avec de nombreuses pièces décorées de belles fresques murales et des cours à péristyle ; toutes ces habitations confortables avaient l’eau courante sur des fontaines intérieurs, des pièces chauffées par un système à hypocauste, et certaines avaient des salles de bain équipées de baignoires. L’îlot n° 2 d’Éphèse comprend la plus grande collection de sols en mosaïque antique de la période romaine dans l’ouest de l’Anatolie. La plupart des mosaïques, datant du début du Ier siècle après JC à la première moitié du IIIe siècle, présentent des motifs géométriques utilisant de petites pierres noires et blanches ; quelques mosaïques multicolores et figuratives dépeignent un Triton, les Néréides, Dionysos, Méduse et un lion.

La demeure n° 1 de l’îlot n° 2 est située à l’angle sud-est de l’insula ; elle était accessible par une ruelle en escalier, située à l’est de l’insula. On pénétrait dans la maison par un vestibule où se trouvait une fontaine, puis on accédait à la cour entourée d’un péristyle à quatre colonnes d’ordre dorique. La maison disposait du chauffage par le sol ; sa salle à manger (triclinium) (SR 6) était décorée de fresques sur le thème du théâtre, notamment des masques et des scènes de théâtre ; la salle de bains (SR 3) disposait d’une baignoire.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. La cour à péristyle de la demeure n° 2 de l'îlot n° 2 (auteur Carole Raddato). Cliquer pour agrandir l'image.La demeure n° 2 de l’îlot n° 2 occupe l’angle sud-ouest de l’insula, sur la terrasse supérieure, au bout de la ruelle en escalier qui longeait l’insula sur son côté ouest. Cette maison avait deux cours à péristyle ; la plus grande cour (SR 22 / 23) était fermée sur trois côtés par un parapet en marbre et son péristyle était constitué par des colonnes d’ordre corinthien.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Mosaïque d'une maison en terrasse (auteur Kenneth Fairfax). Cliquer pour agrandir l'image.Après le séisme de 262 après JC la colonnade sud du péristyle fut remplacée par une arcade ; au milieu de l’arcade fut bâtie une fontaine ; derrière cette arcade se trouve une magnifique mosaïque d’une Néréide chevauchant un hippocampe. La salle à manger se trouvait du côté opposé, au nord de la cour. Cette domus, construite au Ier siècle après JC, appartenait vraisemblablement à Caius Vibius Salutaris, un éphésien et chevalier romain (eques) immensément riche qui, en 104 après JC, a fait à Éphèse, et à sa déesse Artémis, un legs important sous la forme de nombreuses statuettes d’or ou d’argent, comme l’indique une inscription trouvée sur un mur du grand théâtre.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Fresque des Muses de la demeure n° 3 de l'îlot n° 2 (auteur Rita1234). Cliquer pour agrandir l'image.La demeure n° 3 et la demeure n° 5 ne formaient initialement qu’une seule habitation, située à l’ouest de l’insula, un peu plus bas que la demeure n° 2 ; le bâtiment d’origine a été séparé en deux en diagonale, au IIe siècle après JC. Ces deux demeures sont de petite taille – environ 350 m² – mais sont richement décorées.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Fresque de la salle des Muses de la maison n° 3 (auteur Carole Raddato). Cliquer pour agrandir l'image.Dans la petite cour à péristyle de la maison n° 3 se trouvait une impressionnante double fontaine ; autour de la cour on peut voir de très belles mosaïques figuratives représentant un lion terrassant un taureau, la Méduse et Dionysos ; sur les murs, des fresques représentent des oiseaux (perdrix rouge, pigeon …). Dans une des pièces disposées autour de la cour, les murs sont décorés de fresques représentant les Muses (Polymnie, Clio, Euterpe et cetera), accompagnées d’Apollon ; cette pièce a été surnommée « Salle des Muses » par les archéologues.

Dans la maison n° 5, sur le côté nord du péristyle, se trouvait une salle à manger (triclinium) d’hiver chauffée. Une petite salle décorée avec des scènes érotiques donnait accès au deuxième étage, par un escalier en bois. Au milieu du IIe siècle la demeure n° 6 a empiété sur la demeure n° 5 pour bâtir sa basilique privée.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Mosaïque au lion de la maison 3 de l'îlot 2 (auteur Carole Raddato). Cliquer pour agrandir l'image.Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Mosaïque au lion de la demeure n° 3 de l'îlot n° 2. Cliquer pour agrandir l'image.Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Mosaïque à la Méduse. Cliquer pour agrandir l'image.
La demeure n° 4 se trouvait à l’est de l’insula n° 2, sur la terrasse médiane. Cette maison était initialement plus vaste, mais son côté nord a été annexé par la maison n° 6, au IIe siècle. Dans une des pièces, surnommée « la salle de Socrate » ont été trouvées une statue d’Artémis et une fresque représentant Socrate assis ; cette fresque, en excellent état, est exposée au Musée d’Éphèse à Selçuk.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. La cour à péristyle de la demeure n° 6 de l'îlot n° 2 (auteur Rita1234). Cliquer pour agrandir l'image.La demeure n° 6 est certainement la plus remarquable d’Éphèse, non seulement par sa taille (950 m² pour le seul rez-de-chaussée qui comprenait douze pièces) mais aussi pour le luxe de ses aménagements. Cette domus de deux niveaux se trouve au nord-est de l’îlot, directement en bordure de l’avenue des Courètes ; depuis l’avenue on pénétrait dans la demeure par un escalier qui conduisait directement à une large cour à péristyle. Au sud de la cour se trouvait une vaste salle (n° 31), d’une superficie de 178 m²), construite, au début du IIe siècle, en empiétant en partie sur la demeure n° 4, qui appartenait probablement aux mêmes propriétaires ; cette salle, qui communiquait par trois portes avec la cour, était une somptueuse salle à manger d’été (triclinium), aux murs et au sol entièrement recouverts de plaques de marbre coloré ; les archéologues l’ont surnommée « la Salle de Marbre » ; les 120 000 fragments de ces plaques de marbre sont patiemment réassemblés en un gigantesque puzzle. La salle de marbre comportait un bassin central et une fontaine contre le mur arrière.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Cour et basilique de la demeure n° 6 de l'îlot n° 2 (auteur Sailko). Cliquer pour agrandir l'image.À côté de la salle de marbre se trouvait un atrium (36) qui servait d’antichambre à la basilique privée (n° 8), qui était la salle à manger d’hiver et qui avait un système de chauffage ; la basilique avait un fond en abside et une voûte en berceau décorées de fresques ; cette basilique a été construite au milieu du IIe siècle, sur le côté sud de la demeure, en empiétant sur les maisons n° 4 et n° 5. Sur la droite de l’atrium se trouvait une salle voûtée abritant un aquarium privée (n° 36a), signe supplémentaire de l’opulence des propriétaires. Ce véritable palais comprenait également des thermes privés, avec des bains chauds, des bains froids et un sudatorium, construits au IIIe siècle.

Les propriétaires de la demeure n° 6 étaient une famille de prêtres : T. Flavius Pythion, qui fut prêtre du culte impérial au début du IIe siècle, sous le règne de l’empereur Hadrien, puis son petit-fils, Gaius Flavius Furius Aptus, prêtre de Dionysos et magistrat municipal, après le milieu du IIe siècle.

La demeure n° 7 avait une grande superficie, d’environ 900 m², au moins sur deux niveaux, et s’étendait à l’angle nord-ouest de l’insula ; son accès se faisait par la ruelle située à l’ouest de l’îlot. Les salles du rez-de-chaussée étaient disposées autour d’une cour entourée de trois colonnades. La maison fut détruite par le séisme de 262 et par l’incendie qui s’ensuivit ; des marques de pièces de monnaie fondue par l’incendie ont été trouvées sur le marbre des sols. La maison fut abandonnée après le séisme. Au IIe siècle la maison n° 7 appartenait aux mêmes propriétaires que la maison n° 6 ; ils empiétèrent sur la maison n° 7 pour construire la basilique de la maison n° 6.

Les maisons en terrasse (Yamaç Evler) continuent de faire l’objet de fouilles archéologiques et de restauration ; cependant des aménagements ont été faits pour permettre de visiter les parties déjà dégagées : sous l’énorme hangar de protection des passerelles permettent de circuler, principalement dans l’îlot n° 2, et de voir d’assez loin les demeures très partiellement restaurées des riches Éphésiens dans la configuration où elles étaient vers le troisième quart du IIIe siècle après JC ; on peut aussi observer le travail des archéologues.

StoaLe portique de l’Alytarchès
Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Le portique de l'Alytarchès. Cliquer pour agrandir l'image.Le portique de l’alytarchès (n° 47) était un long portique qui se trouvait sur le côté droit en montant l’avenue des Courètes, ou embolos, devant l’îlot d’habitations n° 1. La stoá de l’Alytarchès (Στοά του Aλυτάρχη) doit son nom à celui qui en commandita la construction, un alytarchès (αλυτάρχης), c’est-à-dire un magistrat qui était chargé de faire respecter les règles des compétitions pendant les manifestations sportives, en particulier pendant les Jeux Olympiques, et d’infliger des amendes aux athlètes en infraction.

Ce portique fut construit au IVe siècle et fut restauré – après un tremblement de terre – au cours de la première moitié du Ve siècle, avant 440 après JC, car une inscription sur l’une des colonnes est une lettre ouverte, datée de 440, à Flavius Heliodorus, proconsul d’Asie de 439 à 441. La construction de la mosaïque de la stoá est plus tardive et a été datée de la fin du Ve siècle ou du début du VIe siècle après JC.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Plan du portique d'Alytarchus. Cliquer pour agrandir l'image.La stoá de l’Alytarchès est un long bâtiment de 53 m de longueur et de 4,7 à 5,5 m de largeur ; le portique, autrefois couvert, est divisé en deux sections en raison de la différence de hauteur du sol, qui est plus élevé de 2,5 m dans la partie sud du portique, ce qui a nécessité une série de marches pour accéder au portique.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Reconstitution du portique d'Alytarchus. Cliquer pour agrandir l'image.La stoá est constituée de colonnes non cannelées, en marbre coloré, qui soutenaient un entablement ; sur une architrave se trouve l’inscription qui mentionne que le commanditaire est un alytarchès, dont le nom n’est pas indiqué.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Mosaïque du portique d'Alytarches (auteur Radomil). Cliquer pour agrandir l'image.Le plancher de la stoá est couvert sur toute sa longueur de mosaïques polychromes aux motifs principalement géométriques (méandres, croix gammées, carrés, octogones, guillochis, rosaces), mais aussi de motifs figuratifs de fleurs, de plantes (vrilles de feuilles de lierre), d’oiseaux (colombes), d’objets (coupe à boire, κάνθαρος) et une seule figure humaine. Ces mosaïques, divisées en douze sections, occupent une superficie totale de 285 m².

Derrière le portique, au pied de l’insula n° 1, se trouvaient une douzaine de petites constructions rectangulaires de deux niveaux, qui étaient probablement des boutiques (tabernæ), avec un logement pour le boutiquier à l’étage. Situées le long de la voie des Courètes, où passaient les processions, ces boutiques vendaient probablement des objets de culte, mais l’une de ces constructions semble avoir été un restaurant.

Les colonnes de la stoá de l’alytarchès (Alytarchus Stoası) sont de nos jours, pour la plupart, à l’état de fragments ; la mosaïque est en meilleur état dans la partie sud du portique.

LupanarLe lupanar
Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Le lupanar. Cliquer pour agrandir l'image.Une maison située à l’arrière du premier îlot sur la gauche, à l’angle de l’avenue de Marbre et de l’avenue des Courètes (n° 42), a longtemps été considérée comme ce que les Romains nommaient un lupanar, c’est-à-dire, une maison de tolérance, un bordel. Ce bâtiment se trouve au fond, à gauche, de la ruelle qui sépare les deux premiers îlots, l’îlot des latrines publiques (n° 39) et l’îlot des bains de Varius (n° 40) et du temple d’Hadrien (n° 41) ; ce bâtiment était adjacent aux latrines publiques ; cette ruelle voûtée (via tecta), nommée par les archéologues « rue de l’Académie », permettait d’accéder à la maison close.

Cette maison close faisait partie d’un ensemble de trois maisons privées ; c’était une construction à deux étages avec une cour à péristyle autour de laquelle étaient disposées de petites chambres, avec des bassins et des mosaïques, représentant quatre femmes symbolisant les quatre saisons (l’hiver et l’automne sont encore visibles).

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Statuette de Priape découverte dans le prétendu lupanar (Musée d'Éphèse) (auteur Son of Groucho). Cliquer pour agrandir l'image.Les indices qui ont fait interpréter cette maison sans fenêtres comme un antique lupanar sont la découverte, dans un puits, d’une statue phallique du dieu Priape, le dieu grec de la fertilité et de la virilité, ainsi que de petites statues de Vénus. Cette statue de Priape – en réalité du dieu égyptien Bes assimilé à Priape – est exposée au Musée d’Ephèse à Selçuk. Par ailleurs une inscription gravée sur une architrave mentionnait le mot « paidiskeion » (παιδισκειον), un mot qui pourrait signifier « bordel », dérivé de παιδίσκη, jeune fille esclave.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Gabarit d'admission au bordel (auteur Marcus Cyron). Cliquer pour agrandir l'image.Une empreinte de pied d’adulte, gravée sur une dalle de marbre de la voie des Courètes, servait de gabarit comme contrôle de majorité : un garçon dont le pied rentrait dans l’empreinte était considéré comme trop jeune pour pénétrer dans les lieux. À côté de l’empreinte de pied se trouvent une pièce de monnaie, un buste de femme et une flèche, indiquant un lieu d’amours tarifées.

De nombreux archéologues considèrent que cette maison n’était pas une maison close, mais peut-être une maison d’hôte. Cependant l’endroit est très recherché par les groupes de touristes et, pour ne pas les décevoir, une pancarte aguicheuse indique toujours la direction de la « Love House ».

LatrinesLes latrines
Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Les latrines. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Des latrines publiques pour hommes (n° 39) se trouvaient dans la même insula que le lupanar.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Canalisation d'évacuation des latrines. Cliquer pour agrandir l'image.Ces latrines se présentaient comme une cour carrée comportant un bassin central, entouré d’un péristyle supportant un toit en bois qui protégeait les latrines ; sur trois des côtés de la cour étaient disposées des banquettes en marbre, percées d’orifices découpés de manière appropriée ; devant les sièges se trouvait une rigole où circulait en permanence de l’eau courante ; sous les sièges de l’eau circulait dans des caniveaux pour emporter les excréments ; des éponges attachées à des bâtons étaient utilisées pour s’essuyer, puis étaient rincées dans la rigole située devant les sièges.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Plan des latrines publiques. Cliquer pour agrandir l'image.Les sièges étaient assez rapprochés et sans séparation : aller aux toilettes n’était pas une affaire privée, mais une chance de socialiser avec son voisin ; cependant l’ample toge romaine assurait un minimum d’intimité. Certains notables disposaient de leur siège réservé, gravé à leurs initiales.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. File d'attente devant les latrines. Cliquer pour agrandir l'image.Les latrines devinrent payantes sous le règne de l’empereur Vespasien (règne de 69 à 79 après JC) – dont le nom est à l’origine du mot « vespasiennes » ; à ceux qui lui reprochèrent de faire payer le peuple pour ce besoin naturel, Vespasien aurait répondu que « l’argent n’a pas d’odeur » ! L’employé chargé de collecter l’argent se tenait à l’entrée, dans une petite ouverture.

Les latrines d’Éphèse (Umumi Tuvalet) sont une des attractions préférées des visiteurs modernes – comme elles l’étaient probablement pour les Éphésiens de l’Antiquité – et causent de longues files d’attente.

ThermesLes thermes de Varius
Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Les thermes de Scholastikia. Cliquer pour agrandir l'image.Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Entrée des thermes de Varius. Cliquer pour agrandir l'image.Les thermes de Varius (n° 40) se trouvaient dans la deuxième insula sur la gauche en montant l’avenue des Courètes, enserrant comme dans un « U » le temple d’Hadrien (n° 41) qui occupe le milieu de l’îlot sur la voie des Courètes. À l’ouest des thermes se trouvait la ruelle couverte, dite « de l’Académie », qui donnait accès aux latrines et au « lupanar » ; à l’est des thermes, la rue des Thermes s’étendait jusqu’au niveau supérieur du théâtre et au-delà ; la rue des Thermes était probablement bordée de quartier d’habitations qui n’ont pas encore été fouillés. Les bâtiments des bains de Varius étaient alignés sur le plan hippodamien de la cité.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. La statue de Scholastikia dans les thermes de Varius (auteur Sailko). Cliquer pour agrandir l'image.Les thermes de Varius porte le nom de Publius Quintilius Valens Varius qui les a fait construire à la fin du Ier siècle après JC ou au début du IIe siècle. Les thermes de l’agora civique sont parfois nommés – de façon erronée – thermes de Varius. Aux IIIe et IVe siècles les thermes de Varius furent sévèrement endommagés par des séismes ; à la fin du IVe siècle ou au début du Ve siècle une riche Éphésienne chrétienne, nommée Scholastikia, fit restaurer et agrandir à ses frais une partie des thermes de Varius ; c’est pour cette raison que ces bains sont souvent nommés thermes de Scholastikia (Λουτρά Σχολαστικίας). Une statue – sans tête et assise – de Scholastikia est visible à gauche de l’entrée des thermes sur la rue des Thermes, dans l’une des niches de la salle basilicale (n° 2 du plan des thermes) qui servait de vestiaire. La restauration des thermes par Scholastikia remploya beaucoup de matériaux en provenance d’autres édifices, en particulier du prytanée.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Plan des thermes de Varius. Cliquer pour agrandir l'image.Le bâtiment d’origine des thermes de Varius avait vraisemblablement trois niveaux, le premier niveau étant réservé aux bains, le premier étage servant aux massages. L’entrée principale se trouvait dans la rue des Thermes, mais on pouvait également y accéder depuis l’avenue des Courètes en prenant un escalier, situé à l’est du temple d’Hadrien, puis un corridor. Par les deux accès on arrivait dans une vaste salle absidiale, dite basilique (basilica), qui était le vestiaire des thermes (apodyterium) (n° 2), avec une dizaine de cabines de déshabillage ; les prises pour les tringles à rideaux sont toujours en place.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Les thermes de Varius (auteur Bernard Gagnon). Cliquer pour agrandir l'image.On entrait ensuite, par une grande arcade, aux bains proprement dits : d’abord le bain froid (frigidarium) (n° 3), une salle rectangulaire avec une piscine d’eau froide (natatio frigida) (n° 4) de forme elliptique, ensuite au bain tiède (tepidarium) (n° 5) avec des niches rectangulaires sur trois côtés, puis au bain chaud (caldarium) (n° 8), et enfin au sudatorium (n° 7 et n° 6).

Le plancher des bains chauds (n° 8) ayant disparu on peut voir le système de chauffage par hypocauste ; sur les murs sont encore fixés les tuyaux en terre cuite par lesquels circulait l’air chaud (tubuli) ; le système de chauffage fonctionnait à partir du praefurnium, d’où l’air chaud était canalisé vers les planchers des salles chauffées. Le caldarium avait trois piscines semi-circulaires sur son côté ouest (n° 9).

Légende du plan des thermes de Varius : 1 : Vestibulum. 2 : Basilica / Apodyterium. 3 : Frigidarium. 4 : Piscina. 5 : Tepidarium. 6 : Sudatorium. 7 : Tepidarium / Sudatorium. 8 : Caldarium. 9 : Alveus. 10 : Caldarium.

Temple antiqueLe temple d’Hadrien
Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Le temple d'Hadrien (auteur Sailko). Cliquer pour agrandir l'image.Le petit temple dit « temple d’Hadrien » (n° 41) est situé sur la voie des Courètes, à peu près au milieu du deuxième îlot sur la gauche en montant l’avenue ; le temple est entouré, à l’arrière et sur les côtés, par les bâtiment des thermes de Varius ; face au temple, de l’autre côté de la voie, se trouve le portique d’Alytarchès et, à l’arrière, l’îlot de maisons en terrasses n° 2. Après le temple d’Hadrien, et un peu avant le nymphée de Trajan, se trouve l’intersection avec la rue des Thermes, une petite rue qui monte vers le sommet du mont Pion ; on peut emprunter la rue des Thermes pour découvrir un beau point de vue sur la ville basse, notamment sur les thermes de Varius, situés en contrebas.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Plan du temple d'Hadrien. Cliquer pour agrandir l'image.Le « temple d’Hadrien » semble avoir été édifié vers 117 ou 118 après JC, soit au début du règne de l’empereur Hadrien (règne de 117 à 138 après JC) ; le temple semble avoir été dédié à Hadrien vers 132, après l’attribution d’une deuxième néocorie à la ville d’Éphèse, après celle du temple de Domitien, peu après une visite d’Hadrien à Éphèse, vers l’an 123 ; la neokoria était le droit d’élever un temple au culte impérial. Le temple fut dédié à l’empereur Hadrien, à la déesse Artémis et au demos d’Éphèse par l’asiarque Publius Vedius Antoninus Sabinus. Le monument fut gravement endommagé par le séisme de 262, et reconstruit à partir des fragments architecturaux survivants ; le temple fut restauré au IVe siècle, sous Théodose Ier, vers 391. Le Temple d’Hadrien semble avoir été encore utilisé dans l’Antiquité tardive.

Le temple d’Hadrien a un plan assez simple : il comprend un pronaos (porche) donnant accès à une petite salle cultuelle (naos), carrée et voûtée en berceau, où se trouvait autrefois une statue de l’empereur Hadrien, qui était vénéré comme une divinité.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Reconstitution du temple d'Hadrien. Cliquer pour agrandir l'image.Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Le temple d'Hadrien. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le pronaos est constitué de deux piliers et de deux colonnes in antis, tous avec des chapiteaux d’ordre corinthien, les deux colonnes centrales soutenant un arc ; ce type de façade est nommé « pignon syrien ».

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Clé de voûte du temple d'Hadrien (auteur Carole Raddato). Cliquer pour agrandir l'image.La clé de voûte de l’arc est décorée d’un bas-relief représentant une tête de Tyché (Τύχη), déesse de la fortune ; la tête ceinte d’une tour de défense, elle veille sur la prospérité de la cité.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Le temple d'Hadrien. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Fronton du temple d'Hadrien (auteur Carole Raddato). Cliquer pour agrandir l'image.L’entrée du naos – qui avait à l’origine des portes en bois – est surmontée d’un fronton semi-circulaire répliquant exactement l’arc du pronaos, mais avec un tympan orné d’un bas-relief de l’hydre Méduse, censée repousser hors du temple les esprits mauvais, et de feuilles d’acanthes.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Frise du temple d'Hadrien au Musée d'Éphèse (auteur Carole Raddato). Cliquer pour agrandir l'image.À l’intérieur du pronaos, quatre frises en bas-relief décorent l’architrave : une frise, sur le côté gauche, représente le fondateur mythique d’Éphèse, Ándroclos, à cheval, chassant un sanglier avec sa lance ; la deuxième frise, en face à gauche, représente la procession de Dionysos ; la troisième frise, en face à droite, est une amazonomachie, un combat des Amazones contre les Grecs ; la quatrième frise représente Ándroclos en compagnie d’Apollon et d’Athéna. Ces frises furent ajoutées au IVe siècle lors de la restauration qui suivit les tremblements de terre entre 383 et 387 ; elles étaient faites à l’origine pour un autre bâtiment non identifié et ont été découpées pour s’adapter au temple d’Hadrien. Les frises que l’on voit sur le site sont des moulages : les originaux sont exposés au Musée d’Éphèse à Selçuk.

Devant les piliers et les colonnes du pronaos se dressaient les statues des quatre tétrarques de la tétrarchie dioclétienne, les quatre empereurs qui régnèrent en même temps sur quatre parties de l’Empire : Dioclétien (règne de 284 à 305), Maximien Hercule (règne de 286 à 308), Constance Ier Chlore (règne de 305 à 306) et Maximien Galère (règne de 305 à 311). Ces statues furent ajoutées lors de la reconstruction qui suivit le séisme de 262. De nos jours seuls subsistent les socles des statues ; les statues elles-mêmes ont disparu.

Grâce à sa rare élégance, sa décoration très raffinée et sa restauration très réussie, et malgré ses petites dimensions, le temple d’Hadrien (Hadrian Tapınağı) est l’un des monuments les plus emblématiques d’Éphèse.

NymphéeLe nymphée de Trajan
Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Le nymphée de Trajan. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le nymphée de Trajan (Νυμφαίο του Τραϊανού, Nymphaeum Traiani) se trouve à mi-chemin de la Voie des Courètes, sur la gauche de l’avenue en montant vers l’agora civique, après l’intersection avec la rue des Thermes (n° 49) et avant la porte d’Hercule. Face au nymphée, de l’autre côté de l’avenue se trouvait le portique de l’Alytarchès et ses superbes mosaïques.

Cette magnifique fontaine monumentale fut édifiée au début du IIe siècle après JC, entre 102 et 114 après JC, en l’honneur  de l’Artémis d’Éphèse et de l’empereur Trajan (règne de 98 à 117 après JC) ; la fontaine fut entièrement financée par l’asiarque Tiberius Claudius Aristion et sa femme ; Aristion contribua également à la construction de la bibliothèque de Celsus.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Reconstitution du nymphée de Trajan. Cliquer pour agrandir l'image.L’édifice se présentait comme un grand bassin rectangulaire, de 20 mètres de longueur et 10 mètres de largeur, entourée sur trois côtés par des façades, de deux étages, décorées de nombreuses statues et colonnes à chapiteaux de style corinthien. Les statues représentaient Aphrodite, Dionysos, Ándroclos, le jeune chasseur fondateur légendaire de la cité, et la famille de l’empereur Trajan, notamment son père adoptif l’éphémère empereur Nerva, et également un Satyre.

Au milieu du niveau inférieur de la façade arrière se dressait une statue gigantesque du général-empereur Trajan – trois fois plus grande que nature ; Trajan était représenté brandissant un étendard et le pied droit posé sur un globe terrestre, symbolisant la politique de conquête de cet empereur qui avait mis la Terre à ses pieds. Pour que ce fut plus clair, une inscription indiquait : « Je l’ai entièrement conquise, et je la tiens désormais sous mon pied ».

Sous la statue de l’empereur Trajan un bec déversait l’eau dans la fontaine, où les habitants pouvaient puiser ; l’eau débordant du bassin s’écoulait dans la voie des Courètes et servait à nettoyer les dalles de marbre de l’avenue.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Le nymphée de Trajan. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La fontaine de Trajan (Traianus Çeşmesi) a fait l’objet d’un essai de reconstruction architecturale d’une hauteur de 9,5 m, bien moindre que la hauteur de l’édifice d’origine. Cette reconstruction – utilisant principalement du béton – a été très critiquée. De la statue de l’empereur Trajan, il ne reste qu’un pied endommagé, posé sur un globe terrestre, qui a été remis à sa position d’origine, au-dessus du bec de la fontaine. Des fragments de la plupart des douze statues, qui ornaient le nymphée, sont exposés au Musée archéologique d’Éphèse à Selçuk.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Le nymphée de Trajan. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Le nymphée de Trajan. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Le nymphée de Trajan. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).
Porte antiqueLa porte d’Héraclès
Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Pilier de la Porte d'Héraclès avec bas-relief d'Hercule tenant un lion par la crinière. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La porte d’Héraclès, ou porte d’Hercule, (n° 51) est située à l’extrémité supérieure de la Voie des Courètes, un peu avant le monument à Caius Memmius et la place de Domitien. Cette porte a été nommée porte d’Héraclès (Πύλη του Ηρακλή) par les archéologues en raison de la présence de bas-reliefs, ornant deux piliers de cette porte, qui représentent le héros grec. Le nom qu’avait la porte dans l’Antiquité n’est pas connu.

La largeur du passage de la porte d’Héraclès a été prévue pour interdire, sur la Voie des Courètes, la circulation de transit des chariots venant de l’intérieur de l’Anatolie par la porte de Magnésie vers l’agora commerciale et le port ; les dalles de marbre situées après la porte d’Hercule sont moins marquées par les traces de roues que sur le reste de l’avenue. À la fin de l’époque romaine l’avenue des Courètes n’était pas piétonnière, mais la circulation des véhicules devait y être limitée à la desserte locale des boutiques et des résidences.

La porte d’Hercule a été édifiée vers la fin du IVe siècle ou au début du Ve siècle après JC, sans doute après le fort séisme de 362 ; cependant la porte comprend des éléments datant de siècles antérieurs.

La porte d’Héraclès était un édifice de deux étages ; au niveau inférieur se trouvait une arche centrale dont les deux piliers étaient ornés de bas-reliefs d’Héraclès ; ces bas-reliefs remployés ont été datés du IIe siècle après JC, et ont sans doute été prélevés sur un bâtiment détruit par le séisme. Le passage étroit entre les piliers comporte deux marches d’escalier empêchant le passage de véhicules à roues, de même que les passages latéraux.

Le quartier résidentiel d'Éphèse en Anatolie. Bas-relief de Niké de la Porte d'Héraclès. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Les bas-reliefs des piliers représentent le héros Hercule drapé dans une peau de lion : dans la mythologie grecque, le premier des douze travaux d’Hercule fut en effet de vaincre le lion qui terrorisait la région de Némée, et dont la peau était si épaisse qu’il était réputé ne pas pouvoir être tué ; Hercule assomma le lion de sa massue et l’étouffa. Mi-homme, mi-dieu, Hercule est le symbole de la force.

De la porte d’Héraclès (Herakles Kapısı) il ne reste que ces deux élégants piliers et des chapiteaux de colonnes corinthiennes. Sur la place de Domitien on peut aussi voir un bas-relief de la déesse Niké (Νίκη) qui pourrait provenir de la porte d’Héraclès et qui aurait été située dans un coin au-dessus de l’arche de la porte. La déesse de la Victoire est représentée volant et tenant une couronne de laurier.

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