| Le château de Santueri à Felanitx à Majorque | |
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| Présentation générale | La château de Santueri (Castell de Santueri / Castillo de Santueri) est un château fort médiéval situé sur le Puig de Santueri, près de la côte sud-est de Majorque. C’est l’un des trois châteaux forts de montagne de l’île, avec le château d’Alaró et le Castell del Rei près de Pollença ; c’est le plus complet et le mieux conservé des trois. |
| Étymologie et toponymie | Le toponyme de « santueri » se réfère clairement à la présence d’un sanctuaire au sommet de cette montagne ; du mot latin « sanctuarium », sanctuaire. Il y eut probablement, pendant l’occupation romaine ou plus tôt, à l’époque préhistorique, un lieu de culte à cet endroit. Selon le géographe de Grenade Al-Zuhri, le château se nommait, sous l’occupation maure, Hisn Falanis, un mot à rapprocher de Felanitx. Dans le recueil des terres en possession du comte Nunyo Sanç, le château apparaît sous le nom de « Santoris ». Au fil des siècles il est mentionné avec différentes orthographes : San Tueri, Santueri, Sentueri, Santuiri, et cetera. |
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| Le château de Santueri est bâti contre la paroi sud-ouest du Puig de Santueri. Le Puig de Santueri est un plateau bordé, sauf au sud-ouest, d’une falaise d’effondrement presque verticale, ce qui en fait une forteresse naturelle imprenable. Le château a été construit au seul point où le sommet du puy était accessible, de façon à fermer totalement l’accès au plateau. Le Puig de Santueri est l’un des plus hauts sommets de la partie sud de la Serra de Llevant ; il culmine à 423 m d’altitude. L’entrée du château se situe à une altitude d’environ 380 m. Le château se trouve à 7 km au sud-est de Felanitx ; il est accessible depuis la route qui relie Felanitx à Cas Concos des Cavaller, puis Santanyí ; 2 km après Felanitx, une petite route prend sur la gauche, et monte au château en 5 km. Cette petite route est aussi signalée par un panneau indiquant « Camí de Binifarda », une finca qui pratique l’agro-tourisme. Coordonnées géographiques du parking : 39°25’53” N ; 3°11’14,68” E Depuis le château une vue magnifique s’offre aux visiteurs : une large frange de la côte est du comté du Migjorn, depuis Portocolom jusqu’à Cala d’Or et Portopetro. Aux pieds du château se trouve les villages de S’Horta et de Calonge. Depuis le plateau – quand l’accès y est possible – on peut voir, au nord, le sanctuaire de Sant Salvador de Felanitx ; à l’ouest, la plaine de Majorque (Es Pla de Mallorca) ; au sud, lorsque le temps est clair, jusqu’à l’île de Cabrera. |
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| La forteresse de Santueri | On pense qu’il y eut une forteresse sur le Puig de Santueri dès l’époque de l’occupation romaine, à partir de 123 avant JC ; cette forteresse aurait été chargée de surveiller les ports romains de la côte sud-est. On sait par un texte du géographe de Grenade du XIIe siècle, Al-Zuhri, sur la conquête musulmane de l’île en 903, que, parmi les trois forteresses conquises par les armées de Hicham El Khaoulani, il y avait une forteresse nommée Hisn Falanis, coïncidant avec la localité voisine de Felanitx ; les deux autres forteresses étaient celle d’Alaró (hisn Alârûn), au nord-ouest, et le Castell del Rei (hisn Bullânsa), au nord, près de Pollença. Entre les Xe et XIIIe siècles, les Maures renforcèrent la forteresse de Santueri, et celle-ci joua un rôle lors de la reconquête de l’île par les catalans. Santueri fut l’un des derniers lieux de résistance des Maures, et ne fut prise par Jaume Ier qu’en 1231. La place étant quasiment imprenable, les Catalans eurent recours à un stratagème : les habitants de la contrée organisèrent une fête, avec de la musique et des danses, en contrebas du château, pour détourner l’attention de la garnison ; pendant ce temps une attaque fut menée de l’autre côté du château. Les Maures furent vaincus et tués, et jetés du haut des murs du château. Quelques uns trouvèrent refuge dans une baume au pied de la falaise (la cova des Confessionari dels Moros) ; les Catalans les assiégèrent à nouveau, pensant que les Maures mourraient de faim. Mais une légende raconte que les Maures recevaient chaque jour du poisson frais par un tunnel, situé au fond de la grotte, qui menait jusqu’à la mer. Après la reconquête, le roi Jaume Ier distribua les terres de Majorque parmi ses vassaux et ceux qui l’avaient aidé dans la campagne. Le roi garda pour lui la part du lion – à peu près la moitié de l’île, y compris les forteresses d’Alaró et du Castell del Rei. La plus grande partie du sud-est de l’île – dont le château de Santueri – fut donnée à son oncle, Nunyo Sanç, comte de Roussillon (comte de Rosselló). Comme les archives de la famille Sanç, conservées à Perpignan et à Montpellier, ont été en grande partie perdues, on dispose de peu de sources historiques sur le château de Santueri pendant le XIIIe siècle. Le château ne revint au domaine royal que vers 1300. Au XIVe siècle, à partir de 1316, de grands travaux de reconstruction de la forteresse furent entrepris, dans le but de protéger la côte contre les attaques des pirates barbaresques. Les murailles et des tours furent rebâties et, à l’intérieur, la chapelle fut restaurée et un moulin construit. C’est de cette époque que date l’aspect actuel du château. La forteresse était dirigée par un gouverneur, assisté d’un lieutenant et d’une garnison de soldats dont le nombre variait selon la situation de paix ou de guerre. Cependant, le château de Santueri ne fut le théâtre d’aucun fait d’armes important. Au XVe siècle, en 1459, le prince Charles de Viane (Carlos de Viana) fut emprisonné dans le château sur ordre de son père, Jean d’Aragon, avec lequel il était en guerre. En 1489, la tour de l’Hommage (Torre de l’Homenatge / Torre del Homenaje) fut restaurée. Au XVIe siècle, entre 1521 et 1523, lors de la révolte des « germanies » (confréries), le château servit de refuge à un grand nombre de « mascarats », le parti des nobles nantis, adversaires des « germanies », le parti des paysans et des artisans en révolte. À partir du XVIIe siècle, le château perdit de son importance stratégique en raison du développement de l’artillerie qui faisait des forteresses, perchées sur les montagnes, des cibles faciles ; à l’inverse, les tirs d’artillerie vers le bas, depuis les forteresses, étaient difficiles. Le délabrement rapide du château de Santueri commença au XVIIIe siècle ; en 1811, il fut vendu à un particulier. Ce château en ruine est entouré d’une aura de mystère : l’archiduc Luis Salvador d’Autriche lui-même rapporte que le château a la réputation d’être hanté par les fantômes. La légende veut aussi qu’aucun voyageur ne boive de l’eau de ses citernes. | Le château de Santueri est adossé à la falaise et constitué par une muraille, percée de meurtrières, et flanquée de tours carrées probablement d’origine maure. Seule la tour de l’Hommage, qui date du XVIe siècle, est circulaire ; elle protège le portail d’entrée. Certains murs et sols ont été construits en utilisant la technique de l’opus spicatum, très caractéristique du Moyen Âge, qui consiste à disposer les pierres en forme d’épi de blé (du latin spica, épi). On pénètre dans la forteresse par un portail en arche, situé sur la façade principale. À l’intérieur se trouvent les ruines de quelques bâtiments, tels que la salle de garde et le logement du gouverneur, des citernes et des entrepôts souterrains pour emmagasiner l’eau et la nourriture pour la garnison ; il y a une petite source, qui alimentait probablement la citerne. Il y a aussi, à l’intérieur de l’enceinte, une chapelle, la chapelle Saint-Bernard (capella de Sant Bernat), un moulin et quelques terres cultivées. |
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| | Hôtel | La Finca Binifarda | Sur les pentes du Puig de Santueri se trouve un charmant hôtel rural, la finca Binifarda, qui ne dispose que de quelques chambres. |
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