| Le site archéologique de Milet en Anatolie | |
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| Le site archéologique de Milet est situé sur la côte sud-ouest de l’Anatolie, sur la rive gauche et près de l’embouchure du fleuve Büyük Menderes, le nom turc de l’antique Méandre. Les ruines de la cité antique se trouvent au bord d’une plaine alluviale marécageuse formée par les alluvions du Méandre, la plaine de Balat (Balat Ovası). Cette plaine était autrefois le golfe de Latmos dont il ne subsiste encore aujourd’hui que le lac de Bafa, lui aussi menacé de comblement. Administrativement, Milet fait partie du comté de Didim dans la province d’Aydın ; la localité la plus proche est le village de Balat, à 2 km au sud. Si l’on vient de Didim, et de son sanctuaire de Didymes, on peut emprunter la route côtière passant par Yaliköy et par Akköy ; à 500 mètres après le village de Balat, tourner à droite vers le site de Milet. Si l’on vient du site archéologique de Priène, à 22 km au nord, près du village de Güllübahçe, il faut prendre la route côtière vers le sud, traverser la belle région de la plaine alluviale du Méandre, et tourner à gauche vers les ruines de Milet. Le site archéologique de Milet est distant de 115 km de la station balnéaire de Bodrum, au sud, en passant par Milas, et en contournant le lac de Bafa. Le site est distant de 63 km de la station balnéaire de Kuşadası, au nord, en passant per Söke. Depuis İzmir, prendre l’autoroute E87 İzmir-Aydın en direction du sud, puis, un peu avant Aydın, à Germencik, prendre la route 525 à travers Söke vers Akköy, puis vers le nord par Balat jusqu’à Milet. Il est assez difficile de se rendre à Milet en transport en commun : depuis Söke des dolmuş – assez peu fréquents – desservent le village de Balat, à 2 km du site. Les coordonnées géographiques des ruines sont : 37°31,8’ N et 27°16,7’ E. |
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| La cité antique de Milet | Il semble que la première cité archaïque de Milet ait été fondée sur l’avancée de terre située entre le port du Théâtre et le port d’Athéna, là où se trouvait le temple d’Athéna (n° 31). Après la destruction de la ville par les Perses de Darius, en 494 avant JC, le centre de la ville reconstruite fut déplacé vers le nord-est, sur la presqu’île constituée par les promontoires nommés aujourd’hui Kaletepe et Humeitepe. La cité de Milet fut progressivement et méthodiquement reconstruite à partir de 479 avant JC selon un plan en damier. Hippodamos, né à Milet en 498 avant JC, popularisera ce type d’urbanisme et l’appliquera à d’autres cités grecques, au point que l’on parlera de plan hippodamien, même s’il n’en fut pas l’inventeur. De toutes les constructions de la cité, seuls les bains de Faustine (n° 35) et la palestre (n° 34), édifiés à l’époque romaine, n’étaient pas alignés sur cette « grille hippodamienne ». Le plan en damier déterminait à la fois les lots dévolus aux maisons des particuliers, aux sanctuaires et aux édifices publics, et les axes de circulation. À l’époque hellénistique, l’urbanisme milésien bénéficia des largesses des souverains protecteurs et de la prospérité retrouvée de sa bourgeoisie marchande sans déroger au plan initial à la fois simple et grandiose. Dans la partie nord de la presqu’île la cité s’étageait en terrasses sur les pentes des promontoires. Aux époques hellénistique et romaine Milet s’étendit aussi sur la partie, plus plate, du sud de la presqu’île, jusqu’à l’isthme séparant la presqu’île du continent, où fut élevé un mur de défense au IVe siècle avant JC. À son apogée Milet couvrait une surface de près de 250 hectares, avec environ trois kilomètres de longueur et un kilomètre de largeur. Au-delà du mur de défense la ville s’étendit jusqu’au pied de la colline de Kalabaktepe, où autrefois s’élevait l’acropole des fondateurs de la cité. Cité essentiellement maritime, Milet disposait de quatre ports aménagés sur les quatre baies de la presqu’île : le port d’Athéna à l’ouest, le port du Théâtre au nord-ouest, le port des Lions au nord, et le port de l’Est, très abrité des vents. Les plus grands ports étaient le port d’Athéna et le port du Théâtre, tous les deux à l’extérieur de l’enceinte défensive, qui ouvraient sur la haute mer. Cependant le port le plus important était le port des Lions, situé au fond d’une baie étroite et protégée par deux promontoires, la baie des Lions, ouvrant sur le golfe de Latmos. Le port des Lions était plus facilement défendable ; une porte, ouverte dans la muraille d’enceinte, la Porte du Port (n° 11), donnait accès au cœur de la cité. Le marchand ou le pèlerin de l’Antiquité, arrivant à Milet, découvrait d’abord les deux lions gardant l’entrée de la baie (n° 2) ; une fois débarqué il devait être impressionné par le Grand Monument du Port (n° 8) et par le Petit Monument du Port (n° 7). Entrant par la porte du Port, il trouvait, sur sa gauche, le principal temple de la cité, le temple d’Apollon Delphinios ou Delphinion (n° 12). Depuis le Delphinion partait une Avenue des Processions (n° 20) ; sur la droite de l’Avenue se trouvaient l’Agora du Nord (n° 15), bordée par une stoa ionique (n° 16), et le Bouleutérion (n° 19) ; sur la gauche de l’Avenue, les Thermes de Capito (n° 17), un Gymnase (n° 18), un Nymphée (n° 22) et un Temple de Dionysos (n° 23), plus tard remplacé par une basilique byzantine. À l’extrémité sud de l’avenue des Processions on pénétrait dans l’Agora du Sud (n° 25) par la Porte du Marché (n° 24). Après l’Agora du Sud les processions se dirigeaient en direction du sud vers Didymes par la Voie sacrée, au travers de quartiers d’habitations et en sortant de la cité par la Porte sacrée. En sortant de l’Agora du Sud par l’ouest on montait vers les Thermes de Faustine (n° 35), la Palestre (n° 34), le Stade (n° 33) et le Gymnase d’Eumène (n°32) ; plus loin vers l’ouest, l’Agora de l’Ouest (n° 29) et le Temple d’Athéna (n° 31). Au nord de cet ensemble se trouvait le Théâtre (n° 4), adossé à la colline de Kaletepe. Aujourd’hui il reste peu de choses de ce long et glorieux passé : en raison de l’ensablement continu du fleuve Méandre la puissante cité portuaire avec ses quatre ports se trouve maintenant à 10 kilomètres de la mer. Ses rues et ses monuments, très ruinés, sont souvent submergés par les marais saisonniers du Büyük Menderes, l’antique Méandre, ou couverts de boues et dissimulés par les mauvaises herbes ; même le célèbre plan en damier de ses rues est difficilement discernable. Seul le théâtre antique témoigne encore de l’ancienne gloire de Milet. | 1 : Temple de Déméter sur Humeitepe. 2 : Lions à l’entrée du port des Lions. 3 : Bains romains sur Humeitepe. 4 : Théâtre. 5 : Hérôon I d’époque hellénistique. 6 : Synagogue. 7 : Petit monument du port. 8 : Grand monument du port. 9 : Portique du port. 10 : Place du port. 11 : Porte du port. 12 : Delphinion. 13 : Temple de Dionysos puis église Saint-Michel. 14 : Maison romaine avec cour puis palais épiscopal. 15 : Agora du Nord. 16 : Stoa ionique. 17 : Bains de Capito. 18 : Gymnase hellénistique. 19 : Bouleutérion. 20 : Avenue des Processions. 21 : Autel. 22 : Nymphée. 23 : Quartier nord-est. 24 : Porte du marché. 25 : Agora du sud. 26 : Stoa d’Antiochos. 27 : Basilique. 28 : Hérôon II d’époque romaine. 29 : Agora de l’Ouest. 30 : Maison à péristyle près du temple d’Athéna. 31 : Temple d’Athéna. 32 : Gymnase d’Eumène. 33 : Stade. 34 : Palestre des bains de Faustine. 35 : Bains de Faustine. 36 : Muraille byzantine. 37 : Hérôon III d’époque romaine. 38 : Sérapéion. 39 : Halle aux grains. 40 : Église Sainte-Marie. 41 : Maison avec mosaïque à l’Orphée. 42 : Mur hellénistique. 43 : Porte Sacrée. 44 : Voie Sacrée. 45 : Porte des Lions. 46 : Aqueduc. 47 : Temple d’Aphrodite. 48 : Temple d’Artémis. 49 : Muraille archaïque de la ville. 50 : Église du cimetière à Kalabaktepe. |
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| Le port des Lions | Le port des Lions (Aslanlı liman) était le plus ancien des quatre ports de Milet, et aussi le mieux protégé. À l’entrée de la baie, longue et étroite, se trouvaient deux jetées sur lesquelles se dressaient les statues colossales de deux lions (n° 2), qui ont donné leur nom à la baie et au port. En cas de danger il était possible de tendre, entre les deux jetées, une chaîne qui interdisait l’entrée du port et protégeait la flotte. Le port des Lions était bordé sur les trois côtés par des quais de marbre, des entrepôts et des magasins. Derrière le quai de l’ouest se dressait un grand monument naval (n° 8), et, à l’arrière du quai du sud, un long portique (n° 9). On peut commencer la visite des ruines de Milet par le port des Lions. Depuis le parking il faut contourner le théâtre antique par la droite et suivre un chemin de terre au pied de la colline de Kaletepe ; en chemin on passe devant un hérôon hellénistique. Cependant la visite est très décevante : le port des Lions n’est plus qu’un terrain marécageux ; on peut deviner son emplacement en retrouvant la base du grand monument naval qui dominait le port. Si la plaine n’est pas trop inondée on peut aussi partir à la recherche de la seule statue de lion qui ait survécu, en se dirigeant vers la pointe de l’ancienne presqu’île, au nord. Cette statue de lion est enfoncée jusqu’aux hanches dans la vase du marécage ; l’autre statue de lion a disparu. |
| Le grand monument du port | Sans doute visible depuis l’entrée de la baie des Lions, un monument commémoratif naval (n° 8) dominait le fond de la rade. Ce Grand Monument du Port (Büyük Liman Anıtı) semble avoir été élevé en 63 avant JC et dédié à Pompée pour commémorer une victoire romaine sur des pirates dans la région de Milet. Le monument fut plus tard dédié à Octave, ou Octavien (Caius Octavius), futur empereur Auguste (Augustus), pour commémorer sa victoire sur Marc-Antoine (Marcus Antonius) et Cléopâtre (Cleopatra) à la bataille navale d’Actium, le 2 septembre 31 avant JC. Élevé à l’extrémité sud de la baie, à l’angle de la stoa du port (n° 9), ce trophée avait une base circulaire et mesurait près de 8 mètres de hauteur ; il était surmonté d’un tripode supportant une vasque où l’on pouvait allumer une flamme pour illuminer le port. Le fût du monument était décoré de bas-reliefs de dauphins et de tritons, divinités marines secondaires, mi-homme, mi-poisson, avec une longue queue de poisson. Du grand monument il ne subsiste que la base et deux morceaux de frise sur lesquels on reconnaît la queue d’un triton. |
| Les thermes romains | Des thermes romains (Roma Hamamı) (n° 3) furent construits, vers la fin du Ier siècle après JC, derrière le quai de l’est du port des Lions, au pied de la colline nommée aujourd’hui Humeitepe. Ce vaste complexe comprenait une palestre, espace ouvert pour les exercices sportifs et l’entraînement physique, entourée de cinq grandes salles. Le caldarium et l’apodyterium (du grec άποδυτήριον, vestiaire) sont encore reconnaissables. |
| La porte du port | À gauche du Portique du Port (n° 9) la Porte du Port (n° 11) permettait d’entrer dans le cœur de la cité ; la porte du port comportait une double rangée de colonnes, couvertes d’une toiture plate, laissant un passage de 4 mètres de largeur. Cette porte prestigieuse donnait directement sur l’avenue des processions. |
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| Le Delphinion | Le Delphinion (Δελφίνιον) (n° 12) était un sanctuaire dédié à l’Apollon Delphien, ou Apollon Delphinios. L’Apollon des Dauphins était le dieu protecteur des marins, des navires et des ports. Dans une cité aussi maritime que Milet le Delphinion était naturellement le sanctuaire le plus important. Le culte d’Apollon Delphinios était originaire de la Crète et on suppose que les premiers colons crétois apportèrent son culte à Milet. Diogène Laërce mentionne l’existence d’un Delphinion à Milet au VIe siècle avant JC, mais il n’y a pas de preuves archéologiques de ce sanctuaire : les vestiges les plus anciens sur le site du Delphinion actuel datent du Ve siècle avant JC ; on ignore l’emplacement et la forme de ce supposé sanctuaire archaïque. Au Ve siècle avant JC, lorsque Milet fut reconstruite, le Delphinion prit la forme d’un téménos rectangulaire d’environ 30 mètres par 45 mètres, qui était bordé par des stoas au nord et au sud. Des fragments de matériaux de construction archaïques ont été réutilisés. À la fin du IVe siècle avant JC, le sanctuaire a été rénové et agrandi, se développant vers l’est ; il mesurait alors environ 61 mètres par 51 mètres. De nouvelles stoas à deux nefs, larges d’une dizaine de mètres, avec des colonnades intérieures et extérieures d’ordre dorique ont été construites sur les côtés nord, est et sud, tandis que le côté ouest était fermé par un mur. Le Delphinion se présentait comme un téménos rectangulaire et à ciel ouvert, avec des stoas à deux nefs au nord, à l’est et au sud ; au nord et au sud les nefs étaient divisées par un mur. On pénétrait dans le téménos par trois portes situées sur le côté ouest, ouvrant sur le port des Lions. À l’époque romaine, au milieu du IIe siècle après JC, un petit temple circulaire, ou monoptère (μονόπτερος), fut édifié au centre du Delphinium. Dans le téménos se trouvaient aussi des exèdres semi-circulaires, ou bancs votifs, et un autel rectangulaire. Le Delphinion fut également utilisé pendant la période romaine comme archives d’état : une vingtaine de stèles qui constituaient les « archives lapidaires » de la ville (du IVe siècle au Ier siècle avant JC) se trouvent aujourd’hui au Pergamonmuseum de Berlin. Du Delphinion il ne reste aujourd’hui que les fondations, souvent inondées par les crues du fleuve, des colonnades périphériques, du temple circulaire, des exèdres et des autels. Des autels datant de la période archaïque, du VIe siècle avant JC, ont également été trouvés là ; on pense que ces autels, antérieurs à la destruction par les Perses, ont été recueillis en différents endroits de Milet et placés dans le Delphinion ; l’un de ces autels, circulaire et amovible, qui s’y trouve toujours était consacré à la déesse Hécate. Symboliquement, des lauriers que les Grecs considéraient comme l’arbre sacré d’Apollon jettent encore leur ombre près des ruines du temple de l’Apollon Delphinios. C’est du Delphinion que partaient chaque printemps les processions qui allaient de Milet jusqu’au temple d’Apollon à Didymes. La forme architecturale du sanctuaire, une cour ouverte, était appropriée comme lieu de rassemblement et pour la réalisation de sacrifices. Les processions sortaient du sanctuaire, passaient la porte du port et avançaient sur l’avenue des processions. |
| L’avenue des processions | L’avenue des processions (n° 20) était une large voie dallée, de 30 mètres de largeur avec sur chaque côté un trottoir de 6 mètres de largeur ; elle s’étendait, du nord au sud, sur une centaine de mètres entre le Delphinion et l’Agora du Sud, puis devenait la Voie sacrée qui conduisait au sanctuaire de Didymes. La voie processionnelle était bordée, à l’est, par la Stoa ionique, les Bains de Capito, le Gymnase hellénistique et le Nymphée, et, à droite, par l’Agora du Nord et le Bouleutérion. Après un hiver pluvieux, il est fréquent que l’Avenue des Processions reste submergée pendant quelques mois. |
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| L’agora du nord | L’Agora du Nord (n° 15) fut construite à l’époque hellénistique, au Ve siècle avant JC, et fut bordée à l’époque romaine par une stoa de style dorique, constituée de 64 colonnes et longue de 160 mètres. Cette stoa abritait une trentaine de boutiques. On peut voir les vestiges, très ruinés et souvent inondés, de l’Agora du Nord (Kuzey Agora) sur la droite de l’Avenue des Processions. |
| La stoa ionique | Une stoa d’ordre ionique (n° 16) bordait le côté gauche de l’Avenue des Processions, devant la palestre des bains de Capito et le gymnase hellénistique. Ce portique avait été édifié dans la seconde moitié du Ier siècle après JC, sous la dynastie flavienne et modifié au début du IIe siècle après JC sous le règne de l’empereur Trajan. La stoa ionique avait près de 100 mètres de longueur et 14 mètres de largeur, et comportait 35 colonnes dressées sur une crepís (κρηπίς) à 7 marches. La stoá soutenait un entablement orné d’une frise richement décorée. À l’extrémité sud le portique se terminait par une arche. Derrière le portique se trouvaient une rangée de 19 salles servant à diverses fonctions, notamment des échoppes et des magasins ; deux de ces salles assuraient un passage vers les bains de Capito. Aujourd’hui on peut voir quatre des colonnes ioniques du portique qui ont été redressées et qui se reflètent le plus souvent dans la grande mare d’eau stagnante qui recouvre l’Avenue des Processions. Elles peuvent cependant donner une idée de l’élégance de l’Avenue à l’époque romaine. |
| Le bouleutérion | Le bouleutérion (n° 19) se trouvait à l’extrémité de l’avenue des processions, sur le côté droit de l’Avenue, à l’ouest de la Porte du Marché de l’Agora du Sud. Dans la Grèce antique, un bouleutérion (βουλευτήριον) était le siège du conseil de la cité, une assemblée restreinte de citoyens, la Boulè (βουλή). La construction du bouleutérion de Milet date de la première partie du IIe siècle avant JC. Deux inscriptions retrouvées sur l’architrave du bouleutérion et sur l’architrave du propylon attestent que l’édifice fut construit grâce aux dons de Timarchos, satrape de Médie, et de son frère Hérakléidès, originaires de Milet, et dédié à leur ami Antiochos IV Épiphane (Άντίoχoς Έπιφανής), roi séleucide de la Syrie entre 175 et 164 avant JC, ainsi qu’à l’Apollon de Didymes, à la divinité Hestia (Έστία) de la Boulè (Bouleia) et au peuple de Milet (δήμος). Le bouleutérion était construit sur un plan en trois parties comprenant un propylon, une courbe rectangulaire en plein air et une salle rectangulaire contenant un hémicycle. L’ensemble du bâtiment mesurait 56 mètres de longueur par 35 mètres de largeur. On pénétrait dans le bouleutérion par le propylon, orienté à l’est face au Nymphée, en montant quelques marches et en franchissant une colonnade de quatre colonnes, d’ordre corinthien, surmontées d’un entablement avec une frise et un bas-relief représentant un motif de chasse ; les chapiteaux des colonnes présentaient un motif corinthien très élaboré. Ce propylon avait environ 11 mètres de largeur et 5,6 mètres de longueur ; les colonnes avaient une hauteur de 7 mètres. On passait dans la cour intérieure par trois portes. Du côté de la cour intérieure, les trois portes étaient séparées par deux colonnes corinthiennes semblables à celles de la façade du propylon. La cour intérieure rectangulaire, d’environ 32 mètres de longueur et 35 mètres de largeur, était entourée d’un péristyle d’ordre dorique sur les côtés nord, sud et est. À l’époque romaine, probablement sous le règne de l’empereur Auguste, un autel en marbre a été érigé au centre de la cour ; il comportait une décoration de bucranes et de guirlandes de feuillage, et servait sans doute à des sacrifices rituels. Les membres de la Boulè pénétraient dans la salle du conseil, le bouleutérion à proprement parler, par quatre portes dans le mur oriental ; deux autre portes, ouvertes dans le mur ouest, permettaient d’accéder, par des escaliers, à l’étage et aux sièges du niveau le plus élevé. La salle du bouleutérion était rectangulaire et mesurait environ 24 mètres de longueur par 35 mètres de largeur, et comportait deux niveaux ; elle était couverte d’un toit en bois à pignon soutenu par deux paires de robustes colonnes ioniques ; la salle recevait la lumière du jour par une série de fenêtres. Le bouleutérion présentait une belle décoration architecturale et sculpturale. L’hémicycle était un amphithéâtre semi-circulaire comportant 18 rangées de sièges en pierre, divisées en trois secteurs par deux escaliers, et espacées de 70 cm. Il pouvait accueillir près de 1 200 personnes. Le bouleutérion est très ruiné : on peut encore discerner quelques gradins de l’hémicycle, envahis par les herbes. |
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| Les bains de Capito | Les thermes de Capito (n° 17) se trouvaient au tout début de l’Avenue des Processions sur le côté gauche, derrière la stoa ionique. Ces bains, très vastes et très élaborés, avaient été construits vers le milieu du Ier siècle avant JC par Cneus Vergilius Capito, gouverneur d’Asie Mineure sous le règne de Claude, quatrième empereur romain, de 41 à 54 avant JC ; c’étaient les bains les plus anciens de Milet. L’ensemble thermal de Vergilius Capito comportait des bains et une palestre. L’ensemble mesurait environ 96 mètres par 40 mètres. La palestre (1a), qui consistait en une zone d’exercice, avait un plan carré et mesurait 39 m par 40 m ; l’espace en plein air de la palestre était entouré par un stoa ionique de deux étages, tandis que sur le côté est, il y avait un bassin semi-circulaire de 1,14 m de profondeur pour la natation (natatio). Il y avait deux passages permettant l’accès depuis la palestre vers les bains. Le bâtiment principal des thermes était disposé en trois ailes. L’aile centrale comprenait l’apodyterium (vestiaire), le tepidarium (bain tiède) (1b) et le caldarium (bain chaud) (1c). Dans les ailes nord et sud, ils étaient disposés de manière cohérente, un apodyterium, des zones chauffées (1d) par un système d’hypocauste situé dans le coin sud-est du bâtiment et un laconicum (sauna) (1e). L’extérieur des Thermes de Vergilius Capito était simple, mais l’intérieur était orné de marbre multicolore couvrant le sol et les murs. |
| Le gymnase hellénistique | Le gymnase hellénistique (n° 18), le gymnase central de la ville, se trouvait au sud des bains de Capito, mais leur était très antérieur ; le gymnase hellénistique date de la première moitié du IIe siècle avant JC. Le gymnase était accessible par un monumental propylon situé sur son côté sud ; érigé sur une crepis à cinq marches, avec quatre colonnes à l’avant et deux de chaque côté. Le gymnase comprenait une cour rectangulaire d’exercice en plein air mesurant 19 mètres par 35 mètres, entourée d’une stoa de colonnes doriques. Le bâtiment principal du gymnase se trouvait sur le côté nord et comprenait une rangée de pièces placées derrière une colonnade ionique. L’ephebeion, l’institution où les adolescents recevaient l’instruction, se trouvait dans la pièce centrale. Sur les deux côtés, il y avait l’apodyterion (άποδυτήριον) ou vestiaire, l’aleipterion (άλειπτήριον) ou salle d’onction, et le bain, les espaces auxiliaires essentiels de la gymnastique grecque ancienne. |
| Le nymphée | Au sud du gymnase hellénistique, sur le côté gauche de l’Avenue des Processions, se trouvait un nymphée (n° 22). Un nymphée (νυμφαιον, nymphaion, nymphaeum) était un sanctuaire dédié aux nymphes, des divinités secondaires associées aux sources. Le nymphée de Milet fut édifié au IIe siècle après JC pour dispenser de l’eau potable à la cité ; c’était une construction orgueilleuse de trois étages, d’environ 18 mètres de hauteur et 21,5 mètres de largeur. Des statues de dieux et de demi-dieux se tenaient dans les neuf niches voûtées des trois niveaux. Les statues du premier niveau versaient de l’eau des amphores qu’elles tenaient et des poissons placés à côté des statues crachaient de l’eau par leur bouche ; l’eau descendait les marches en cascade jusque dans un grand bassin, d’environ 16 mètres par 6 mètres, puis dans un bassin plus petit. Les ruines visibles aujourd’hui n’ont conservé qu’à peine la moitié de la hauteur originelle, montrant principalement deux des quatre niches du premier niveau. Certaines statues et pièces architecturales du nymphée se trouvent au Pergamonmuseum de Berlin ou au musée archéologique d’Istanbul. À l’origine, un temple en marbre d’Asclépios, le dieu de la guérison, se trouvait sur le côté sud du nymphée. |
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| L’agora du sud | L’Agora du Sud (n° 25) se trouvait à l’extrémité sud de l’avenue des processions ; située près du bouleutérion, cette agora était le centre civique de la cité. L’Agora du Sud a été construite à l’époque hellénistique entre 280 et 150 avant JC, postérieurement à l’Agora du Nord ; c’était une place de marché de forme rectangulaire, de 164 mètres d’est en ouest, et de 194 mètres du nord au sud, la plus vaste agora du monde grec. L’Agora du Sud était bordée à l’est par un long portique et trois rangées de magasins, la structure la plus ancienne de l’agora, au début du IIIe siècle avant JC, probablement financée par le souverain séleucide Antiochos Ier, qui régna de 281 à 261 avant JC. Au nord et au sud l’agora était bordée par deux stoas en forme de « L », datant du IIIe ou du IIe siècle avant JC. Sur le côté ouest se trouvait un immense entrepôt (n° 39). Depuis l’avenue des processions on accédait au marché du sud par une magnifique porte monumentale à trois arches, située dans l’angle nord-est de la place, nommée « porte du marché » par l’archéologue Theodor Wiegand. Cette porte a été emportée à Berlin en 1908 par les archéologues allemands et constitue l’une des plus belles pièces du Pergamonmuseum de Berlin. La Porte du Marché avait été édifiée à l’époque romaine, dans la dernière moitié du IIe siècle après JC, vers 165 après JC. L’Agora du Sud (Güney Agora) n’a pas fait l’objet de fouilles, à l’exception de la porte du marché dont il ne reste que le soubassement. L’Agora du Sud se présente aujourd’hui comme une esplanade marécageuse. |
| La halle aux grains | La halle aux grains (n° 39) était un vaste bâtiment de forme allongé, de 165 mètres de longueur par 13 mètres de largeur, construit sur côté ouest du marché du sud ; ce bâtiment, qui servait de grenier, avait été édifié pendant la période hellénistique, au IIe siècle avant JC. À l’époque romaine, des latrines furent construites entre cette halle aux grains et l’Agora du Sud. Il ne reste de cet entrepôt (Ambar Binası) que les bases des murs et des colonnes. |
| Le temple de Sérapis | Le Sérapéion, ou Temple de Sérapis, (n° 38) se trouvait entre la halle aux grains et les thermes de Faustine. Le culte de Sérapis, créé dans l’Égypte hellénisée au IVe siècle avant JC par Ptolémée Ier (règne de 304 à 285 avant JC), s’était répandu en Asie mineure. Son culte fut associé au culte du dieu Hélios à partir du règne de Septime Sévère (règne de 193 à 211 après JC) et de ses successeurs. Le Sérapéion de Milet remonte à l’antiquité tardive, au début du IIIe siècle après JC, sous le règne de l’empereur Aurélien (règne de 270 à 275 après JC), l’un des plus grands mécènes du culte du soleil. Le temple de Sérapis était orienté du nord au sud ; son entrée était au sud, près de la porte de l’ouest de l’Agora du Sud. Le temple comportait un naos et un propylon, qui semble avoir été ajouté plus tard, sans véritable pronaos. Le propylon présentait quatre colonnes monolithiques en marbre érigées sur une crepis à cinq marches ; ces colonnes, aux chapiteaux composites, supportaient un entablement richement décoré : un épistyle de feuilles de vigne, un denticule et une tête de Sérapis-Hélios, coiffée d’une couronne de rayons solaires, représentée sur le tympan du fronton. Les dix-huit niches du propylon étaient ornées par des bas-reliefs de bustes d’Apollon avec les Muses, d’Artémis, d’Hermès, de Poséidon et d’autres dieux. Au bas de l’entablement une dédicace indique que le propylon fut offert par le Milésien Julius Aurelius Menekles. Le naos avait un plan rectangulaire, de 22,5 mètres par 12,5 mètres, et était divisé en trois nefs par deux rangées de colonnes d’ordre ionique, mais non cannelées ; aucun des chapiteaux n’a été retrouvé. Au fond de la cella, au nord, un autel, érigé sur une crepis de trois marches, présentait sans doute la statue cultuelle de la divinité. Le Sérapéion est très ruiné : on distingue les fondations et quelques fragments de colonnes. Le fronton du propylon, tombé au sol, a été reconstitué mais le visage de Sérapis est martelé. |
| Le hérôon romain | Entre le Sérapéion et les Bains de Faustine se trouve un hérôon romain (n° 37) du IIIe siècle après JC, dédié à un héros inconnu. |
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| Les bains de Faustine | Les Bains de Faustine (n° 35) sont situés à l’ouest de l’Agora du Sud, près de la baie du Théâtre ; avec la Palestre (n° 34) les thermes constituaient un ensemble qui n’était pas aligné sur le plan « hippodamien », en damier, de la cité. Ce complexe de bien-être a été construit en tirant profit au mieux de la configuration du terrain ; il semble que ce soit la palestre qui ait été construite d’abord, les thermes s’étant ensuite alignés sur le côté est de la palestre. Les Thermes romains de Faustine ont été construits vers le milieu du IIe siècle après JC et nommés en l’honneur de Faustine la Jeune, épouse de l’empereur romain Marc-Aurèle (Marcus Aurelius, règne de 161 à 180 après JC). L’impératrice consort Faustina Minor, fille de l’empereur Antonin le Pieux et de Faustine l’Ancienne (Faustina Maior), avait visité Éphèse en 164, mais pas Milet. Le complexe a été restauré au IIIe siècle. À la différence des Bains de Capito, qui présentaient un plan très symétrique, le plan des Bains de Faustine était déterminé par la forme du terrain et la succession des bains. L’itinéraire du baigneur était le suivant : - il entrait dans les thermes par le nord, du côté du théâtre, où se trouvait une salle, de plus de 80 mètres de longueur et couverte d’une voûte, qui servait de promenade (ambulacrum) et de vestiaire (apodyterium) (salle c) ; sur les côtés longs de cette grande salle se trouvaient treize alcôves, de 2 à 3 de largeur et voûtées à une hauteur de 4 mètres, meublées de canapés, ou klinai (κλίνη), pour le repos des visiteurs.
- au nord de l’ambulacrum, se trouvait une salle carrée dotée d’une abside, la Salle des Muses, ou museum, (salle g) avec une décoration architecturale et sculpturale élaborée, qui servait le culte impérial. Les statues d’Apollon et des neuf Muses, d’Asclépios, de Télesphore et une tête d’Aphrodite, qui décoraient les niches creusées dans les murs de cette salle, sont maintenant exposées au Musée archéologique d’İstanbul.
- après s’être déshabillé dans le vestiaire, le baigneur pénétrait dans les bains froids, trois frigidaria disposés à la suite l’un de l’autre, (salles b) situés à l’est du vestiaire. Dans le frigidarium central, mesurant 12 mètres par 6,5 mètres, il y avait un bassin avec des statues qui servaient de fontaines alimentant les bains ; la plus remarquable de ces fontaines était la statue d’un dieu de la rivière, probablement la personnification du fleuve Méandre, dont des fragments ont été découverts pendant les fouilles. L’original de cette statue se trouve au Musée de Milet ; la statue que l’on voit sur place est un moulage. Une autre statue, encore intacte, représentait une tête de lion, emblème de Milet.
- après les bains froids, le baigneur se rendait à la salle de bain tiède (tepidarium) (salle f).
- il entrait ensuite dans les salles de bains chauds (caldaria) ; le grand caldarium central mesurait environ 27 mètres par 15 mètres et était couvert par une voûte qui atteignait une hauteur de 25 mètres ; le grand caldarium comprenait des bassins carrés et des bassins semi-circulaires pour nager (natatio).
- le baigneur terminait son parcours par un séjour dans les salles de sudation, ou sudatoria, (salles e), situées au coin sud-ouest du complexe, contigües à la grande salle du tepidarium.
Le système de chauffage par hypocauste des Thermes de Faustine était situé à l’est et au nord du complexe ; en venant depuis le Temple de Sérapis, on peut voir une série de fours en brique situés à droite du chemin. Depuis les fours, l’air chaud était canalisé, sous les sols et à travers les murs, par des tuyaux d’argile (tubuli) jusqu’à la salle centrale des bains chauds et les autres pièces du complexe. Toutes les salles, chaudes ou froides, étaient couvertes d’une voûte et avaient des sols et des revêtements muraux en marbre ; des sculptures complétaient la décoration des espaces intérieurs. Les bains de Faustine sont parmi les constructions les moins mal conservées du site de Milet ; ses murs de poros et ses sols, quoiqu’en partie enterrés par les alluvions, permettent de reconnaître la structure du bâtiment. Les bains de Faustine (Faustina Hamamı) auraient servi de modèle pour le développement du bain turc ou hammam. |
| La palestre | La palestre romaine (n° 34) est contemporaine des Thermes de Faustine : elle date du milieu du IIe siècle après JC. La palestre était le lieu principal des exercices physiques, notamment la lutte gréco-romaine. Le bâtiment de la palestre était une construction presque carrée, de 62 mètres par 64 mètres, entouré par un péristyle de colonnes monolithiques en marbre, non cannelées et avec des chapiteaux composites, qui portaient une architrave avec une décoration sculpturale élaborée. |
| Le stade | Le stade (n° 33) se trouvait au sud de la baie du Théâtre, à l’ouest de la péninsule de Milet. La construction du stade date de l’époque hellénistique, vers 166 avant JC ; elle fut financée par le roi de Pergame Eumène II (de 197 à 159 avant JC). Le stade de Milet avait une architecture inhabituelle : contrairement au stade romain typique, dans lequel chaque extrémité était en forme de fer à cheval, ce stade se terminait par des portes d’entrée monumentales. La porte occidentale, située tout près du gymnase d’Eumène, était typiquement hellénistique, avec des colonnes d’ordre ionique. La porte orientale était romaine, bien que les pierres utilisées dataient de la période hellénistique antérieure ; cette porte orientale monumentale est beaucoup plus tardive, en date du IIIe siècle après JC ; cette porte se présentait comme une stoa libre, constituée de deux colonnades parallèles de huit colonnes corinthiennes, monolithiques mais sans cannelures, érigée sur une crepis simple mesurant environ 23 mètres par 4 mètres. Le stade avait une forme rectangulaire, allongée dans la direction ouest-est selon le plan en damier de la cité, d’environ 230 mètres de longueur et 82 mètres de largeur. Sur les côtés longs, au nord et au sud, il y avait des gradins avec vingt rangées de sièges, divisées en douze secteurs avec une capacité totale de près de 15 000 spectateurs ; les gradins supérieurs étaient à environ 9 mètres de hauteur. L’arène avait une longueur d’un stade, soit 192,27 mètres, comme le stade d’Olympie, et une largeur de 29,56 mètres, soit 100 pieds ioniques ; les treize pistes (dromos) étaient équipées, aux deux extrémités ouest et est, de cales de départ en pierre, perforées au centre, qui soutenaient les poteaux en bois du point de départ. Les compétitions qui s’y déroulaient étaient : les dromos (δρόμος) (1 stade), les diaulos (δίαυλος) (2 stades) et les dolichos (δόλιχος) (24 stades). Le stade (Stadion) n’a été que partiellement fouillé ; il est en partie occupé par le parking des visiteurs du site. |
| Le gymnase d’Eumène | À l’ouest du stade se trouvait un gymnase (n° 32), désigné comme gymnase d’Eumène parce que sa construction fut financée par le roi Eumène II de Pergame, à la même époque que le stade, c’est-à-dire vers le milieu du IIe siècle avant JC ; une inscription indique que le gymnase fut construit juste après le stade. Le gymnase était flanqué de l’Agora de l’Ouest à l’ouest, et du stade à l’est. Les bâtiments du gymnase (Eumenes Gymnasionu) n’ont été que peu fouillés ; seul le propylon conduisant du gymnase au stade a été fouillé. |
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| L’agora de l’ouest | L’Agora de l’Ouest (n° 29) se trouvait sur une pointe de terre séparant la baie d’Athéna et la baie du Port. C’était la dernière des trois places de marché de la cité, construite au IIe siècle avant JC à l’époque hellénistique tardive, au nord d’un édifice bien plus ancien, le Temple d’Athéna. L’Agora de l’Ouest (Batı Agora) était une place rectangulaire, calée sur le plan en damier de la cité, d’environ 190 mètres de longueur dans la direction ouest-est et 80 mètres de largeur, entourée sur les côtés nord, ouest et sud par une stoa de colonnes ioniques. L’entrée du marché se faisait par un propylon situé à l’est, avec deux colonnes ioniques du côté extérieur et quatre colonnes du côté intérieur. |
| Le temple d’Athéna | Le temple d’Athéna (n° 31) était le plus ancien édifice religieux de Milet : un premier temple d’Athéna avait été édifié dès la période archaïque, au VIIe siècle avant JC, au sud du port du Théâtre. Après la destruction de Milet par les Perses de Darius en 494 avant JC, un nouveau temple – plus grand et aligné sur le plan en damier de la cité – fut édifié dans la première moitié du Ve siècle avant JC, entre 480 et 450 avant JC. Le temple d’Athéna était bâti sur une terrasse artificielle avec de solides fondations en dalles de gneiss assez grossières, provenant de la chaîne de montagnes du Latmos située à l’est de la presqu’île de Milet. Le temple se dressait sur un stylobate de 28 mètres de longueur et de 17 mètres de largeur ; on accédait au temple par un escalier situé au sud ou par un escalier situé au nord. Une reconstitution vraisemblable du temple d’Athéna a été proposée par l’architecte allemand Alfred Mallwitz. Le temple comprenait un pronaos de 6 mètres de profondeur et un naos d’environ 16 mètres de longueur et 9 mètres de largeur. Il était entouré d’un péristyle d’ordre ionique : les côtés longs, à l’ouest et à l’est, comprenaient 10 colonnes ; la façade arrière, au nord, avait 7 colonnes ; la façade avant, au sud, n’avait que 6 colonnes pour faciliter l’entrée dans le temple. Du temple d’Athéna (Atena Tapınağı) il ne reste que les fondations et quelques fragments de murs, qui dateraient du IIe siècle avant JC. |
| Le théâtre antique | Le théâtre antique de Milet (n° 4) est adossé au promontoire rocheux de Kaletepe, situé dans le nord de la presqu’île de Milet. Au sud-ouest le théâtre faisait face à la baie aujourd’hui nommée « baie du Théâtre », avec une vue magnifique sur le port du Théâtre (Tiyatro Limanı) et la partie sud de la cité. Un premier théâtre grec fut construit au début de la période hellénistique, à la fin du IVe siècle avant JC. Ce théâtre était plus petit que le théâtre que l’on peut voir aujourd’hui ; il comportait une scène (skene) rectangulaire de deux étages, et de 15 mètres de largeur ; son theatron (θέατρον), de plus de 180°, pouvait accueillir 5300 spectateurs. À l’époque romaine, au IIe siècle après JC, le théâtre de Milet fut transformé et agrandi : le diamètre de l’orchestre atteignait 140 mètres ; la cavea pouvait accueillit 15 000 personnes. C’était probablement le plus grand théâtre romain d’Asie Mineure. | La scène (scena) avait environ 40 mètres de largeur et comportait d’abord deux étages ; un troisième étage fut ajouté à l’époque impériale tardive. Le bâtiment de la scène formait une muraille de 140 mètres de longueur, qui se dressait sur 30 mètres de hauteur : un véritable rempart, percé aux extrémités des deux grandes bouches noires des párodos (entrées de la scène). La façade du bâtiment de scène (scaenae frons) comportait de belles frises figuratives en bas-relief, notamment une frise dépeignant des divinités et Éros chassant des bêtes sauvages. Certains de ces bas-reliefs sont encore visibles aujourd’hui sur les côtés. Le bâtiment de la scène, qui comportait un plancher en marbre rouge, est assez ruiné ; on distingue les trois rangées de piliers sur lesquels reposait la scène romaine. Le plancher de l’orchestre était recouvert de dalles de marbre rouge ; l’orchestre fut plus tard transformé en arène et utilisé pour les combats de gladiateurs : les premières rangées de sièges de la cavea furent enlevées et un parapet protecteur fut construit. On remarquera un bloc de pierre avec deux griffons sculptés en relief, l’un d’eux jouant de la lyre. | L’immense cavea se composait de trois niveaux de gradins (ima cavea, media cavea et cavea summa) de 20 gradins chacun, séparés par des couloirs de circulation, les praecinctiones ; le niveau inférieur, la cavea ima, était découpé en 5 secteurs, ou coins (les cunei des Romains) par 4 escaliers (scalae) ; la cavea media avait 10 coins ; la cavea summa avait 20 coins. La cavea que l’on voit aujourd’hui a plus de 30 mètres de hauteur, mais la cavea antique devait avoir 10 mètres de plus, car le troisième niveau, la cavea summa, a été détruit pour permettre la construction de la forteresse byzantine. Il est possible qu’avec ce troisième niveau le théâtre pouvait accueillit 25 000 spectateurs. | | Aux premiers rangs se trouvaient les places d’honneur ; de la troisième à la sixième rangée, certaines inscriptions réservant des sièges pour les notables sont encore visibles. Vers la fin du IIe siècle avant JC, une tribune impériale a été construite au milieu des premiers rangs de la cavea ima ; cette tribune était soutenue par quatre colonnes dont deux sont restées en place ; deux autres colonnes ont été ré-érigées. | Les praecinctiones, couloirs de circulation, qui séparaient les niveaux de la cavea étaient alimentés par des vomitoria qui permettaient aux spectateurs de rejoindre leurs sièges dans les gradins. Deux longs vomitoria circulaires, qui faisaient le tour de l’hémicycle, permettaient l’entrée des spectateurs par les côtés de la façade du théâtre ; des vomitoria radiaux permettaient l’entrée par l’arrière du théâtre jusqu’au praecinctio séparant la cavea ima de la cavea media. Ces vomitoria se présentaient comme des galeries voûtées monumentales éclairées par des fenêtres ouvertes à intervalles réguliers. Certaines parties du vomitorium inférieur sont en parfait état ; d’autres parties ont leur voûte effondrée. | | Le théâtre antique de Milet est l’un des théâtres les plus impressionnants du monde antique, et le monument le mieux conservé de la cité, probablement grâce à sa situation relativement élevée – quelques mètres au-dessus du niveau de la mer – qui l’a mis à l’abri des crues du fleuve Méandre. |
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| La forteresse byzantine | Une petite forteresse, nommée Palation, fut édifiée au VIIIe siècle par les Byzantins au-dessus du théâtre antique de Milet, au sommet de la colline de Kaletepe (« la colline du château »), entre la baie du Théâtre et la baie des Lions. La construction de la forteresse utilisa en grande partie des matériaux provenant des gradins du troisième niveau de la cavea du théâtre ; on peut reconnaître ces matériaux dans les murs ruinés de la forteresse. La situation de cette forteresse offre une vue panoramique sur les ruines de Milet et sur la plaine alluviale du Méandre ; avant de commencer la visite du site de Milet on peut, de ce point de vue, imaginer le littoral tel qu’il se présentait dans l’Antiquité, comprendre le plan de la cité antique et tenter localiser les principales ruines : le stade, les agoras du nord, de l’ouest et du sud, et entre elles, les ruines de bouleutérion. | |
| L’hérôon hellénistique | Dans l’Antiquité les heroa (ήρώα) étaient de petits mausolées dédiés à un héros ; à Milet on compte trois heroa : un heroon de l’époque hellénistique et deux heroa de l’époque romaine. Le heroon (ήρώον) de l’époque hellénistique (heroon I, n° 5) se trouve au pied de la colline de Kaletepe, sur le chemin reliant le théâtre au port des Lions. C’est un bel édifice avec une chambre funéraire circulaire et voûtée ; sur le mur du fond se trouvent cinq petites niches qui abritaient les sarcophages du héros – encore anonyme – et de sa famille. |
| La synagogue | Quelques vestiges mal conservés d’une synagogue de l’époque romaine (Sinagog) sont visibles dans l’angle nord-ouest de la cité (n° 6), derrière les anciennes murailles, près des monuments du port. |
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| Les fortifications | Les fortifications de Milet (n° 42) étaient constituées d’une muraille circulaire qui entourait la cité jusqu’à l’isthme de la presqu’île, au pied de la colline de Kalabaktepe ; au niveau de l’isthme, au sud, le seul endroit où les ennemis pouvaient arriver par la terre, les fortifications étaient plus marquées. La construction de cette muraille est datée de la fin du Ve siècle, vers 411 avant JC. La muraille était constituée de courtines et de tours ; les courtines avaient une épaisseur de 4 à 5 mètres, et atteignaient de 8 à 9 mètres de hauteur. Dans la partie sud, la muraille, qui s’étendait sur 500 mètres, comportait neuf tours espacées d’environ 60 mètres. Deux portes étaient ouvertes dans la muraille du sud : la plus ancienne était la Porte sacrée (n° 43), située au milieu de la muraille ; la Porte sacrée était une porte monumentale qui marquait l’entrée et la sortie de la Voie sacrée vers le sanctuaire d’Apollon de Didymes. Cette Porte sacrée se présentait comme un passage arqué, de 5 mètres de largeur, flanqué de tours carrées monumentales, larges de 7,5 mètres. Selon une inscription découverte sur place, la Porte sacrée aurait été restaurée sous le règne de l’empereur Trajan, vers 100 après JC. L’autre porte, située au sud-est, était la Porte du Lion (n° 45). La muraille de Milet fut partiellement démantelée lors du siège de la cité par Alexandre le Grand en 334 avant JC. Les fortifications furent relevées pendant la période hellénistique. Une gravure d’André Castaigne (1898-1899) illustre ce siège. |
| | L’acropole archaïque | L’acropole archaïque des fondateurs crétois de Milet se trouvait sur la colline de Kalabaktepe ; cette acropole était protégée par une muraille de l’époque archaïque (n° 49) mais fut laissée en dehors des fortifications des époques classique et hellénistique. Quelques vestiges du temple d’Artémis Khitone (« Artémis vêtue d’une tunique ») (n° 48) y ont été découverts. |
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| L’île de Ladé | À environ 2,5 kilomètres à l’ouest-nord-ouest de Milet se trouvait la petite île de Ladé, longue de 3 kilomètres et large de 900 mètres. En 494 avant JC les parages de l’île furent le théâtre de la bataille navale de Ladé où la flotte ionienne fut incendiée et détruite par la flotte persane de Darius Ier. La défaite de Ladé entraîna la destruction de la cité de Milet et de ses temples par les Perses, parce que Milet avait pris la tête de la rébellion ionienne. Par suite de l’ensablement du golfe de Latmos par les limons du fleuve Méandre, l’ancienne île de Ladé n’est plus qu’une colline broussailleuse perdue dans la plaine alluviale du Méandre ; elle se trouve aujourd’hui à plus d’un kilomètre de la mer. Un petit hameau, Batıköy, s’est construit sur cette colline. On aperçoit l’ancienne île de Ladé depuis le haut du théâtre de Milet. |
| Le musée de Milet | L’intéressant Musée de Milet (Milet Müzesi), créé en 1973, a rouvert ses portes en mai 2011 après plusieurs années de transformation. Le nouveau bâtiment dispose d’une vaste salle, de 600 m², équipée de vitrines très lumineuses, avec de nombreux panneaux d’information en turc et en anglais, notamment des cartes géographiques et des plans historiques ; à l’extérieur du bâtiment est exposée une collection lapidaire. Le Musée de Milet présente des objets mis au jour aux XIXe et XXe siècles, non seulement sur le site de Milet, mais aussi sur les sites de Priène, de Didymes et du sanctuaire de la déesse Aphrodite (VIIe et VIe siècles avant JC) de la colline voisine de Zeytintepe (n° 47) ; le musée explique aussi les relations entre ces sites. L’ancienneté des objets présentés s’étend depuis l’âge du bronze (3000 avant JC), l’époque minoenne des colons crétois (du XXe au XVe siècle avant JC), l’époque mycénienne, l’époque archaïque (VIe siècle avant JC) quand Milet était l’un des principaux centres de la culture grecque, les époques classique, hellénistique, romaine et byzantine, jusqu’à la fin de l’Empire byzantin (XVe siècle après JC). Il y a aussi quelques objets des époques seldjoukide et ottomane. Les objets sont regroupés selon leur époque et leur lieu de découverte ; la plupart des objets datent des époques classique, hellénistique et romaine, après la destruction de Milet par les Perses en 494 avant JC. | Le musée possède de belles collections de verres anciens (flacons de parfum), de céramiques (figurines), de bronzes, de pièces de monnaie et de bijoux (pendentifs, colliers et bagues en or) provenant en partie de tombes anciennes de la nécropole hellénistique et romaine de Kazartepe, située au sud de Milet. | | | La collection lapidaire et épigraphique montre des statues et des bas-reliefs de lions – le symbole de Milet – des stèles funéraires, des sarcophages, des éléments architecturaux et des chapiteaux de colonnes …
| | Une partie importante de l’espace du musée est occupée par les découvertes faites à Priène, y compris des statues, des céramiques, des lampes et des fragments du temple d’Athéna de Priène. Les objets provenant de Didymes sont principalement des statues de la Voie sacrée qui reliait Milet à ce sanctuaire. Le musée de Milet se trouve à 500 mètres au sud du parking du site et du théâtre antique, à droite de la route, peu après la mosquée İlyas Bey. |
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| Histoire | La colonisation ionienne | Aux Temps obscurs d’Athènes, vers le XIe siècle avant JC, Nélée (Νηλεύς), le fils du dernier roi athénien Codros (Κόδρος), aurait conduit des colons athéniens vers l’Asie Mineure et aurait fondé la colonie ionienne de Milet, tandis que son frère Androclos (Άνδροκλος) fondait Éphèse. Les colons athéniens massacrèrent les hommes des populations autochtones, Lélèges et Cariens, et prirent les femmes comme épouses. | À l’époque archaïque | En raison de sa situation maritime très favorable, la colonie ionienne de Milet prospéra comme centre de commerce entre l’Orient et la Méditerranée. Au début du VIIe siècle avant JC, quand fut fondée la Ligue ionienne, Milet était la cité la plus puissante des douze cités de la confédération. À la fin du VIIe siècle, vers 610 avant JC, le tyran Thrasybule (Θρασύβουλος) mène une guerre de douze ans, ruineuse et indécise, contre le royaume de Lydie. Milet possédait une flotte marchande innombrable qui lui permettait de commercer sur tous les marchés de la Méditerranée, de la mer de Marmara, de la mer Noire et même de la mer d’Azov. Cette activité commerciale s’appuyait sur une multitude de comptoirs créés par Milet, de l’Égypte au bassin du Don, entre le VIIIe siècle et le VIe siècle avant JC. Ces comptoirs commerciaux devinrent des colonies de Milet ; dans son « Histoire Naturelle », Pline l’Ancien cite plus de 90 colonies fondées par Milet, plus que toute autre cité grecque. Beaucoup de ces colonies se trouvaient sur le Pont-Euxin, où Milet avait un quasi-monopole du commerce. Pour faciliter ce commerce, Milet fut l’une des premières villes du monde antique à frapper des pièces de monnaie ; peut-être pour la même raison, Milet fixa également l’alphabet grec. Colonies fondées sur le Pont-Euxin (la mer Noire) : Amisos (Αμισός) entre 760 et 750 sur la côte nord de l’Anatolie, Apollonie du Pont (Άπολλωνία Ποντική) vers 610 en Bulgarie actuelle, Dioscurias (Διοσκουριάς) au VIe siècle, Histria (Ίστρίη) au VIIe siècle, Kerasos (Κερασούς) au VIe siècle, Kytoros (Κύτωρος) sur la côte nord de l’Anatolie, Kotyora (Κοτύωρα) au Ve siècle, Odessos (Οδησσός) vers 570, Olbia du Pont (Όλβια) au VIIe siècle, Panticapée (Παντικάπαιον) en 575 en Tauride, Phasis (Φάσις) au VIIe siècle ou au VIe siècle, Pityos (Πιτυούς) au Ve siècle en Géorgie actuelle, Sésamos (Σεσαμος) au IIIe siècle, Sinope (Σινώπη) vers 630, Théodosia (Θεοδοσία) au VIe siècle en Crimée, Trébizonde (Τραπεζούντα) au VIIe siècle sur la côte nord de l’Anatolie, Tomis (Τόμις) au Ve siècle, Tyras (Τύρας) vers 600 sur la côte nord. Colonie fondée sur la mer d’Azov : Tanaïs (Τάναϊς) au Ve siècle sur le delta du Don. Colonie fondée sur l’Hellespont (le détroit des Dardanelles) : Abydos (Άβυδος) au VIIe siècle. Colonies fondées sur la Propontide (la mer de Marmara) : Cius ou Kios (Kίος) vers 627, Cyzique (Κύζικος) en 756. Colonie fondée sur le Bosphore : Phanagoria (Φαναγόρεια) en 545. Colonie fondée en Égypte : Naucratis (Ναύκρατις) vers 650 sur le delta du Nil. La flotte de guerre de Milet était également puissante – forte de plus de cent navires – tout de suite après celle de Chios. Ces relations commerciales et culturelles stimulèrent la création intellectuelle et artistique à Milet. Au VIe siècle, Milet fut un centre majeur du développement de la science et de la philosophie grecques. L’École milésienne de philosophie, illustrée par Thalès (de 625 à 547 avant JC), Anaximandre (de 610 à 546 avant JC) et Anaximène (de 585 à 525 avant JC), est considérée comme la pionnière de la pensée philosophique européenne ; leurs observations de la nature ont mis l’accent sur des explications rationnelles aux phénomènes de la nature, plutôt que sur le recours à des explications surnaturelles ou mythiques. Hécatée de Milet (de 550 à 480 avant JC) est considéré comme un des pères de l’histoire et de la géographie grecques. Pendant cette époque archaïque, de nouveaux temples sont édifiés pour les déesses Athéna, Aphrodite et Artémis Khitone. L’historien grec Hérodote appela la cité archaïque de Milet « l’Ornement de l’Ionie ». Vers le milieu du VIe siècle avant JC, la menace perse pèse sur Milet et certains penseurs ioniens commencent à se réfugier vers Athènes où ils perpétueront la philosophie milésienne. Vers 560 avant JC Milet s’oppose au roi Crésus de Lydie, sans véritable vainqueur ; quand Crésus est battu par les Perses de Cyrus II en 547, Milet tombe l’année suivante sous la domination des Perses, de même que les autres cités ioniennes. | Sous le joug des Perses achéménides | À partir de 546 avant JC, la domination perse commence à nuire considérablement à la prospérité de la cité de Milet dont le commerce maritime avec ses comptoirs est entravé par les Perses, qui occupent aussi certains de ces comptoirs. Le roi perse Darius Ier a désigné le tyran Histiée (Ίστιαίος) pour régner sur Milet comme vassal de l’Empire perse ; en 514 Darius contraint Histiée à l’accompagner lors d’une expédition en Thrace contre les Scythes, puis à demeurer avec lui à Suse comme conseiller. Son neveu et beau-fils, Aristagoras (Αρισταγόρας), en profite pour s’emparer du pouvoir à Milet. En 499, incité à la révolte contre les Perses par Histiée et par les Athéniens, le tyran Aristagoras prend la tête d’un soulèvement des cités ioniennes contre Darius. En 497, Aristagoras fuit en Thrace et y meurt. Son oncle et beau-père Histiée reprend le contrôle de Milet, mais, en 494, la flotte de Milet est détruite par la flotte perse à la Bataille navale de Ladé, une île située près de Milet. Après la défaite de Ladé, en 494, la cité de Milet est prise d’assaut, pillée et rasée, les hommes sont massacrés, les jeunes gens émasculés, les femmes et les enfants sont déportés comme esclaves sur les bords du fleuve Tigre, en Mésopotamie, et le tyran Histiée est crucifié. Le sanctuaire d’Apollon à Didymes est également détruit. La chute de la prestigieuse cité de Milet causa une grande stupeur et une grande émotion dans le monde grec ; en 492 avant JC, quand Phrynichos (Φρύνιχος) fit jouer sa pièce « La Prise de Milet », les spectateurs fondirent en larmes et le dramaturge fut condamné à une amende de mille drachmes pour avoir rappelé cette perte cruelle, et la pièce fut interdite. | À l’époque classique | La destruction de leur colonie de Milet avait sans doute créé un choc salutaire chez les Athéniens, car dès l’été 479 les Grecs coalisés remportèrent des batailles décisives contre les Perses : ils défont les Perses à la bataille terrestre des Platées (Πλάταια) près de Thèbes puis à la bataille navale du cap Mykale (Μυκάλη) près de Samos. La reconstruction de Milet, libérée du joug perse, débuta à partir de 479 avant JC ; cette reconstruction est célèbre pour avoir mis en œuvre un plan d’urbanisme en damier dont l’invention est attribuée à Hippodamos de Milet, bien que celui-ci n’eût que 19 ans en 479, mais il semble avoir été un génie universel … D’autres cités antiques avaient déjà adopté ce plan en damier et le quartier du sud de Milet, construit pendant la fin de l’époque archaïque, utilisait ce principe qui n’a d’ailleurs rien de particulièrement original. Milet retrouva un peu de sa prospérité de l’époque archaïque bien que son commerce maritime fût entravé par la montée de la suprématie navale athénienne. Vers le milieu du Ve siècle avant JC, Milet entra dans la ligue de Délos maintenant dirigée par Athènes. En 412, Milet se révolta contre Athènes et s’allia à Sparte. | À nouveau sous la domination des Perses achéménides | En 412 avant JC, Milet retombe aux mains des Perses ; en 386 lors du traité de paix d’Antalcidas entre Sparte et l’Empire perse (« la Paix du Roi »), Sparte cède les cités ioniennes, dont Milet, au roi perse Artaxerxés II. Vers 380, le roi Mausole de Carie, vassal de l’Empire perse, s’empare de l’Ionie et de toute la côte du sud-ouest de l’Anatolie. | À l’époque hellénistique | En 334 avant JC, au début de sa campagne contre l’Empire perse, Alexandre le Grand assiège la cité de Millet, aux mains des Cariens, vassaux des Perses, où était ancrée une grande flotte perse. Alexandre libère la ville qui redevient autonome et prospère grâce, notamment, au renouveau du sanctuaire de Didymes, voulu par Alexandre. Dans une époque confuse, un nouvel âge d’or débute pour Milet qui s’allie successivement à un certain nombre de dynasties, en fonction de ses intérêts changeants : les Ptolémées, les Antigonides, les Séleucides et les Attalides. En 133 avant JC, le dernier roi attalide, Attale III, remet son royaume de Pergame – en même temps que Milet – à une puissance grandissante : Rome. | Sous la république romaine | Plutôt que de l’intégrer à la Province d’Asie, Rome préfère laisser son indépendance à la cité de Milet pour garder avec elle de bonnes relations. | Sous l’empire romain | Sous l’Empire romain, Milet avait le statut de cité libre et continua de prospérer jusqu’au IVe siècle après JC, notamment sous les règnes de l’empereur Trajan et des Antonins. Cependant l’envasement du delta du Méandre commença à obturer ses ports : Milet fut éclipsé par la cité voisine d’Éphèse qui devint la capitale de la province romaine d’Asie. | Sous l’empire byzantin | Sous l’Empire byzantin, Milet – la cité où l’apôtre Paul de Tarse (שָׁאוּל) s’était arrêté en 57 après JC lors de son retour à Jérusalem – devint un important archevêché. Au VIe siècle après JC, Isidore de Milet, l’architecte de la basilique Sainte-Sophie de Constantinople y naquit. Le petit château byzantin appelé Palation, situé sur la colline du théâtre, fut construit à cette époque. Une grande partie de la cité antique fut détruite par un séisme au début du Moyen âge. | Sous la domination seldjoukide | Au XIe siècle, vers 1071, les Turcs seldjoukides s’emparent de Milet et l’utilisent jusqu’au XIVe siècle pour le commerce maritime avec Venise. En 1404, après l’effondrement de l’Empire seldjoukide, l’émir de Menteşe, İlyas Bey, lui donne un nouveau souffle, : il restaure l’un des ports, construit des mosquées, dont la mosquée İlyas Bey, et des hammams et rebaptise la ville Balat. Balat devient la capitale de la Principauté de Menteşeoğullari. | Sous l’empire ottoman | En 1424, le sultan Murat II s’empare de l’antique cité de Milet, qui n’a plus aucune valeur : ses ports sont envasés de façon irréversible, la ville n’est plus reliée à la mer que par le fleuve Méandre. Au XVIe siècle le manque d’eau potable fera déserter sa population. | Sous la république turque | En 1955, à la suite d’un séisme, le petit village de Balat disparaît à son tour ; les habitants se réinstallent à un kilomètre au sud du site de Milet. |
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| Personnages | Thalès | Thalès (Θαλής) naquit à Milet vers 625 avant JC et mourut dans cette même ville en 546. Thalès développa les mathématiques dans le domaine de l’arithmétique et de la géométrie ; la paternité de plusieurs théorèmes de géométrie lui est attribuée ; il montra comment utiliser des angles pour trouver la distance de la rive à un navire dans le port de Milet. Il fut aussi astronome, et une légende veut qu’il ait prédit correctement une éclipse totale du soleil le 28 mai 585 avant JC. Thalès fonda aussi l’École milésienne de philosophie qui jeta la base des pensées développées par des philosophes tels que Socrate, Platon et Aristote. Platon nomme Thalès comme le premier des Sept sages de la Grèce antique dont la maxime était « Ne te porte jamais caution ». Il devint l’archétype du savant, au point que l’on disait « Cet homme est un Thalès ! » pour désigner un homme très savant. | Anaximandre | Anaximandre (Αναξίμανδρος) naquit à Milet vers 610 avant JC et mourut vers 546. Il fut un élève de Thalès et lui succéda comme chef de file de l’École milésienne de philosophie. Cependant il est surtout connu comme géographe et astronome ; il traça les premières cartes géographiques du monde grec et aurait construit le premier modèle du Cosmos et les premiers cadrans solaires. Il considérait que la Terre n’était qu’un astre en suspension dans l’Univers parmi un nombre infini d’autres mondes. | Hécatée | Hécatée de Milet, ou Hécatée le Milésien (Εκαταίος ο Μιλήσιος), naquit à Milet entre 560 et 550 avant JC et mourut vers 480. Historien, précurseur d’Hérodote, géographe et grand voyageur. | Anaximène | Anaximène (Αναξιμένης) naquit à Milet vers 585 avant JC et mourut entre 528 et 524. Il fut un élève d’Anaximandre et le dernier philosophe de l’École milésienne. Il considérait que l’air, soit dilaté, soit comprimé, était l’élément unique dont est fait tout ce qui existe dans la nature … | Hippodamos | Hippodamos de Milet, ou Hippodamos le Milésien (Ιππόδαμος ο Μιλήσιος), naquit à Milet vers 498 avant JC et mourut en 408 ; son patronyme signifierait « dresseur de chevaux ». Géomètre, architecte, ingénieur, mathématicien, météorologiste, philosophe, constitutionaliste, Hippodamos est surtout connu comme urbaniste : il aménagea le port du Pirée à la demande de Thémistocle. On lui attribue la paternité du plan urbanistique en damier, traditionnellement nommé « plan hippodaméen ». |
| Les fouilles archéologiques | Les premières fouilles archéologiques à Milet ont été menées en 1873 par l’archéologue français de l’École Française d’Athènes Olivier Rayet, rejoint plus tard par Albert Thomas. À partir de 1899 des archéologues allemands, sous la direction de Theodor Wiegand, mettent au jour une grande partie de la cité portuaire et de ses monuments hellénistiques. Un artefact remarquable mis au jour lors des premières fouilles du XIXe siècle, la Porte du Marché de Milet, a été transporté pièce par pièce en Allemagne et a été réassemblé. Il est actuellement exposé au Pergamonmuseum à Berlin. Les fouilles ont été interrompues plusieurs fois par des guerres et divers autres événements. Aujourd’hui, les fouilles sont poursuivies par une équipe allemande de l’Université de la Ruhr à Bochum. La collection principale des artefacts découverts sur le site est exposée dans le musée de Milet. |
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| Conditions de visite | Visite du Musée de Milet (Milet Müzesi) Adresse : Balat Köyü, Didim, Aydın Téléphone : 00 90 256 875 55 62 Horaires d’été (du 15 avril au 2 octobre) : de 8 heures à 17 heures. Horaires d’hiver (du 3 octobre au 14 avril) : de 8 heures à 17 heures. Prix d’entrée : 5 TRY (en plus du prix de visite du site). Site sur la Toile : http://muze.gov.tr Il y a un petit parking gratuit à côté du musée ; il est possible de garer sa voiture près du musée et d’aller à pied jusqu’aux ruines de Milet à 800 mètres au nord, en passant devant la mosquée historique İlyas Bey. On peut obtenir une carte du site indiquant un circuit de visite des ruines de Milet. Visite du site archéologique de Milet (Milet Örenyeri) Adresse : Balat Mahallesi, Didim, Aydın. Le parking se trouve juste devant le théâtre antique, à l’ombre d’une rangée de peupliers. Prix du parking : 3 TRY. Téléphone : 00 90 256 875 52 06 Horaires d’été (du 15 avril au 2 octobre) : tous les jours, de 8 heures 30 à 19 heures. Horaires d’hiver (du 3 octobre au 14 avril) : tous les jours, de 8 heures à 17 heures. Prix d’entrée : 10 TRY. Durée de la visite : 2 heures 30, mais la plupart des touristes limitent leur visite à celle du théâtre. Des sentiers balisés facilitent la visite du site. Il y a quelques cafés-restaurants – un peu chers – et des boutiques de souvenirs près du site, notamment un café situé à côté du caravansérail du XIVe siècle (Kervansaray Cafe). À Akköy, à 6 km au sud, on peut trouver des restaurants assez simples mais à des prix acceptables. |
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