De grande taille et solidement bâtie, avec des ailes antérieures sombres relativement larges. Ailes postérieures jaunes avec des lignes sub-marginales noires. Surface dorsale du thorax portant un dessin ressemblant à un crâne. Proboscise plus court que le thorax, trapu et poilu, avec une ouverture dorsale avant l’extrémité. Palpes labiaux bien développés. Antenne forte, d’épaisseur constante, avec un fin crochet terminal. Abdomen avec des marques jaunes en forme de côtes.
Couleur quelque peu variable, spécialement en intensité, clarté des marques et la présence de bandes noires sur les ailes postérieures. Des individus sans dessin de tête de mort sont rencontrés occasionnellement (forma obsoleta Tutt). Peut difficilement être confondu avec d’autres espèces, exceptée l’Acherontia styx.
Morphologie
Longueur
Envergure
De 90 à 130 mm.
Coloris
Chenille
Les chenilles du sphinx têt-de-mort, de forme cylindrique, sont glabres et portent une corne sur le dernier segment abdominal. Lorsqu’ elles sont inquiétées, elles redressent l’avant de leur corps dans une attitude qui les fait ressembler au s Shinx de la légende.
Complètement développée, la chenille mesure de 120 à 130 mm. Trimorphique : verte, brune ou jaune, avec une épine caudale distinctement granuleuse, jaune ou brun clair, en forme de S orienté vers le sol ; cette épine caudale est inoffensive. Elle porte des bandes latérales obliques bicolores prononcées et des taches dorsales dans le stade ultime.
Claque des mandibules quand elle est maltraitée.
Remarques
Lorsqu’elles sont dérangées, les chenilles du sphinx se dressent et prennent une attitude ressemblant au sphinx d’Égypte, d’où leur nom.
Ovales, 1,5 par 1,2 mm, vert mat ou bleu verdâtre avec un léger maillage polygonal à leur surface (visible seulement sous grossissement). Vire au doré juste avant l’éclosion. Généralement pondu en unique exemplaire très profondément sous de vieilles feuilles de la plante hôte.
Éclosion
Larve
La chenille se nourrit en été du feuillage de diverses solanacées, notamment de celui de la pomme de terre, des jusquiames et des lyciets.
Chenille de troisième stade du Sphinx à tête de mort au repos sur une branche de troène, dans sa position caractéristique de sphinx égyptien.
Chrysalide
La nymphose a lieu au début de l’automne dans une volumineuse loge souterraine ovoïde.
La chrysalide est de grande taille, luisante, brun-noir ou d’un brun-rouge rappelant la couleur de la résine. Parfois, lorsque l’automne est particulièrement chaud, certains adultes émergent prématurément de leur chrysalide, volant par intermittence jusqu’au début de décembre. Toutefois, ces individus sont condamnés à mourir sans pouvoir donner de descendance. Quant aux chrysalides qui ne libèrent pas l’adulte avant l’hiver, elles meurent généralement durant celui-ci, car elles ne supportent pas les basses températures, et encore moins le gel.
Dans le sud de l’Europe, les conditions climatiques plus clémentes permettent en général à la chrysalide d’hiverner sans dommage.
Cycle annuel
Migrateur et multivoltin ; dans son aire de résidence, vole normalement de mars/avril à août/septembre, bien que des spécimens occasionnels sont en vol en février et octobre. Répandu de façon continue d’Afrique du Nord vers le sud, quand l’hiver est passé comme chenille ou comme chrysalide. Plus au nord, principalement durant août, septembre et octobre, tandis que le pic de migration est en juin et juillet.
Arbres, arbustes ou plantes herbacées, principalement dans les Solanacées, Bignoniacées, Verbénacées et Oléacées.
Ce sphinx est fortement attiré par le parfum du miel ; parfois, il s’introduit dans les ruches par le trou de vol pour perforer les cellules avec sa courte trompe et se nourrir de miel. Le plus souvent, les abeilles réussissent à tuer l’intrus.
Espèce afro-tropicale qui s’étend au nord vers la Méditerranée (y compris la totalité de l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient) et à travers la Turquie jusqu’au nord-est iranien, l’Ukraïne, le Turkménistan, la Mésopotamie, le Koweït et l’ouest de l’Arabie Saoudite. On le rencontre aussi aux Iles Canaries, à Madère et aux Açores, et dans toute l’Europe comme migrateur, y compris en Islande.
Bien que résident dans certaines parties de l’Europe méridionale, quelques individus se rencontrent en Europe Centrale et du Nord et, à certaines saisons, il se produit des invasions marquées, avec des chenilles rencontrées en abondance en septembre et octobre. Très peu survivent occasionnellement à l’hiver comme chrysalide, produisant des adultes au printemps.
Le sphinx tête-de-mort est surtout remarquable par le fait qu’il offre un des très rares exemples, chez l’insecte, d’émission sonore par mise en vibration d’ une colonne d’air. Les cris plaintifs qu’ il produit ainsi, sa grande taille et l’emblème funèbre qu’il porte n’ont pas manqué dans le passé de provoquer la crainte. « c’est le peuple de quelques cantons de Bretagne qui a été effrayé par ces papillons dans les années où il en a paru assez pour qu’il les ait remarqués ; il les a regardés comme les avant-coureurs, comme les causes même des maladies épidémiques et des mortalités », écrivait en 1734 Réaumur, en la personne de qui l’Académie fut consultée par les autorités de la ville de Brest pour savoir si ces alarmes étaient fondées.