L’hôtel est bâti au bord d’une petite crique sablonneuse nommée Bardakçı Bay, située entre Bodrum et Gümbet ; dans cette crique coule une source où les habitants d’Halicarnasse venaient chercher leur eau (le mot turc « bardack » signifie « coupe pour boire »). En 1995, on a découvert, gravée sur un mur antique près de la source au fond de la crique, une inscription partiellement endommagée datant de la période hellénistique. Cette inscription est un poème en vers élégiaques évoquant Aphrodite et l’histoire de son fils Hermaphrodite avec la naïade Salmacis. Dans les Métamorphoses d’Ovide, Salmacis (Salmakís, Σαλμακίς) est une nymphe aquatique, qui a rejeté les manières de la déesse grecque vierge Artémis pour la vanité et l’oisiveté, et qui vit près d’une source : « Une Nymphe l’habite ; inhabile aux exercices de Diane, elle ne sait ni tirer de l’arc, ni suivre un cerf à la course ; et c’est la seule des Naïades qui soit inconnue à la déesse des forêts. On raconte que souvent ses sœurs lui disaient : " Salmacis, prends un javelot, arme-toi d’un carquois, mêle à tes doux loisirs les travaux pénibles de la chasse ". Mais elle ne prit ni javelot, ni carquois ; elle méprisa la chasse, et n’aima que sa solitude et son oisiveté. Tantôt elle baigne dans des flots purs ses membres délicats ; tantôt avec art elle arrange ses cheveux, ou consulte pour se parer le miroir de son onde ». Un jour, Salmacis vit Hermaphrodite, le fils d’Aphrodite et d’Hermès, se baigner dans sa source, et s’éprit de lui, mais Hermaphrodite la repoussa. « Hermaphrodite frappe légèrement son corps de ses mains, et s’élance dans les flots. Il les divise en étendant les bras, et brille dans l’onde limpide comme une statue d’ivoire, comme de jeunes lis brilleraient sous un verre transparent. "Je triomphe, s’écrie la Nymphe, il est à moi" ! À l’instant même, dégagée de sa robe légère, elle est au milieu des flots. Elle saisit Hermaphrodite, qui résiste ; elle ravit des baisers, qu’il dispute ; écarte et retient ses mains ; malgré lui, presse son sein sur son sein; l’enlace dans ses bras, s’enlace elle-même dans les siens ; rend enfin inutiles tous les efforts qu’il fait pour s’échapper. Tel, emporté vers les cieux par le roi des airs, un serpent, la tête pendante, embarrasse de ses longs anneaux les serres et les ailes étendues de son ennemi ; tel au tronc d’un vieux chêne s’entrelace le lierre tortueux; tel déployant, resserrant ses réseaux, le polype au fond des mers enveloppe sa proie. Hermaphrodite se débat, et résiste, et refuse. La Nymphe s’attache à lui, redouble ses efforts, le presse, et s’écrie : " Tu te défends en vain, ingrat ! tu n’échapperas pas. Dieux, daignez l’ordonner ainsi ! que rien ne me sépare de lui, que rien ne le détache de moi ! " Les dieux ont exaucé sa prière. Au même instant, sous une seule tête, les deux corps se sont unis. Tels deux jeunes rameaux, liés l’un à l’autre, croissent sous la même écorce, et ne font qu’une tige. Hermaphrodite et la Nymphe ne sont plus ni l’un ni l’autre, et sont les deux ensemble. Ils paraissent avoir les deux sexes et ils n’en ont aucun ». Ovide, Métamorphoses. Livre IV. |