| Les odonates (Odonata) | |
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| Généralités | Les odonates sont des insectes mais leurs yeux de grande taille à facettes multiples, leurs couleurs vives et variées, leur extraordinaire aptitude au vol et leur système de reproduction spectaculaire et complexe, les singularisent cependant. L’ordre des odonates compte environ 6 000 espèces et sous espèces décrites. Cet ordre vivait déjà au carbonifère dans des lieux chauds et humides. Les odonates sont des insectes hémimétaboles, c’est à dire qu’ils ne passent pas par un état immobile appelé la nymphe ou chrysalide. Environ 90 espèces peuplent la France et ses zones limitrophes. Elles comprennent les zygoptères ou « Demoiselles » au corps grêle et aux ailes relevées au-dessus de l’abdomen au repos et les anisoptères ou « Grandes Libellules » au corps plus robuste et aux ailes dans un plan horizontal au repos. |
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| Règne : animaux (Animalia) | Sous-règne : métazoaires (Metazoa) | Division : triploblastiques (Bilateralia) | Sous-division : deutérostomes (Deuterostomia) | Super-embranchement : arthropodes (Arthropoda) | Embranchement : | Super-classe : hexapodes (Hexapoda) | Classe : insectes (Insecta) | Sous-classe : insectes ailés (Pterygota) | Infra-classe : | Super-ordre : odonatoïdes (Odonatoidea) | Ordre : odonates (Odonata [Fabricius, 1793]), odonatoptères |
| | | | Libellen | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | vretenca | | | | | | | | kiililised | | | | | | odonates | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | kačji pastirji | | trollsländor | | vážky | | бабки | | Odonata |
| Étymologie française | Odonates : appelées ainsi en raison de leurs puissantes mandibules dentées. |
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| Généralités |
| Morphologie | Les libellules sont remarquables par leurs couleurs, leur élégance et leur vivacité. Les libellules ont le corps divisé en trois parties : la tête, le thorax, l’abdomen. - La tête est extrêmement mobile, tournant dans toutes les directions, ce qui leur assure un champ visuel très étendu. Elle s’articule sur la partie antérieure du prothorax et porte deux gros yeux composés. L’aspect de la tête présente une différence notoire d’un sous ordre à l’autre. Une paire d’antennes très courtes.
Deux grands yeux très développés composés d’environ 30 000 yeux simples qui leur donnent une vue très perçante et très sensible au moindre mouvement. Leur appareil bucal est de type broyeur : elles peuvent mordre quand on les capture, mais il n’y a strictement aucun danger pour l’homme. Leurs mandibules puissantes armées de dents pointues inégales. - Chez les Zygoptères, la capsule céphalique est élargie perpendiculairement au corps et les yeux composés sont très nettement séparés.
- Chez les Anisoptères, la tête est globuleuse, les yeux composés, très développés se rejoignent la plupart du temps sur le dessus, sauf exception, chez les Gomphidae où ils restent nettement séparés.
- Le thorax est formé de deux parties distinctes : le prothorax et le synthorax, ce dernier étant composé du mésothorax et du métathorax fusionné. Le synthorax porte les deux paires d’ailes et les deux paires de pattes, médianes et postérieures. Quant au prothorax il porte la tête, et la paire de pattes antérieures.
- Les pattes : chez les odonates, et d’autres insectes aquatiques, la particularité c’est que celles-ci sont toutes dirigées vers l’avant, et ne servent pas au déplacement, mais permettent à l’insecte de s’accrocher sur des supports.
- Pattes armées de longues épines : organes de capture.
- Les ailes sont au nombre de quatre. Le vol des odonates est extraordinaire de rapidité et de virtuosité, elles sont capables de planer, d’effectuer : un virage sur l’aile, un vol stationnaire, une marche arrière, ou une montée verticale pour capturer une mouche.
- Chez les Zygoptères, elles sont de de forme égale par contre chez les Anisoptères les ailes postérieures sont plus larges. La membrane souvent transparente s’appelle « hyaline ».
- L’abdomen est toujours allongé, cylindrique est formé de dix segments bien visibles Les formes et couleurs des dessins situés sur cette partie du corps sont importants pour la détermination de certaines espèces.
| Longueur | | Envergure | | Hauteur | | Poids | |
| Coloris | Les couleurs des Libellules sont remarquables : rouge éclatant, vert bronze ou vert métallique, jaune, brun ou bleu. Ces colorations ont de multiples fonctions dans la vie des odonates (découverte et identification des partenaires pour la formation du couple, camouflage ou maintien de la température interne). |
| Larves | Les larves sont aquatiques avec un organe de préhension, le masque. |
| Capacités physiologiques |
| Remarques |
| Clés de détermination | Anisoptères ou « Libellules » | Zygoptères ou « Demoiselles » | Ailes étendue à plat | Ailes repliées au repos | Ailes non pétiolées et inégales | Ailes pétiolées à peu près égales | Yeux souvent contigus | Yeux non contigus | Vol rapide | Vol plus lent | Larves sans branchies (chambre respiratoire rectale) | Larves à branchies terminales lamelleuses | Larves trapues surtout fouisseuses | Larves élancées, grêles surtout nageuses |
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| Description | Le vol est très élaboré. Ainsi, les libellules peuvent alterner des vols rapides et des vols planés et nombre d’espèces sont même capables de voler en arrière. |
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| Description | | Enfin, les Libellules puisent une partie de leur énergie dans les rayons du soleil en exposant leurs corps sur des feuilles ou des pierres pendant quelques instants. |
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| Système reproductif | Leur système de reproduction toujours lié à la présence d’eau, est assez complexe avec quelques variantes au niveau comportemental selon les espèces. |
| | | Accouplement | L’accouplement se produit en règle générale de mai à septembre selon les espèces, il se présente sous la forme d’un cœur, et peut parfois durer une heure. Le mâle saisit la femelle avec ses crochets abdominaux (cercoïdes) et l’entraîne en vol puis la femelle replie ventralement son abdomen vers l’avant pour amener son extrémité au niveau de l’orifice mâle placé sur le 2e segment abdominal ; cela constitue un « tandem en forme de cœur » caractéristique de cette gymnastique sexuelle aérienne ! L’accouplement a lieu durant cette période et, du fait de la position des organes copulateurs mâles et femelles, les partenaires forment un « cœur copulatoire » (appelé aussi tandem). L’accouplement dure d’une demi-minute à plusieurs heures. Ce comportement est unique dans le monde des insectes. |
| | Nid |
| Ponte | Lors de la ponte, la femelle pond souvent dans une tige de plante aquatique qu’elle perce à l’aide de son oviscapte, mais elle peut aussi utiliser la partie de la tige qui est sous l’eau en s’enfonçant complètement dans l’eau. Elle peut pondre un œuf toutes les 5 secondes, jusqu’à 600 œufs en tout. La ponte a lieu lors de la formation du tandem ou bien quand les femelles sont seules. Chez certaines espèces, les œufs sont tout simplement abandonnés sur l’eau. |
| | Éclosion | Environ 4 semaines après la ponte, une prolarve sort de l’œuf et de la tige. Elle effectue plusieurs mues, qui se déroulent sous l’eau sur une durée de 3 ans avant la spectaculaire émergence. |
| Larve | La larve possède déjà 6 pattes, des antennes, des yeux, des pièces buccales broyeuses et des branchies situées à l’extrémité de l’abdomen, pour respirer dans l’eau comme les poissons. Elle se nourrit de larves de moustiques, têtards, d’alevins (jeunes poissons) qu’elle capture à l’aide de sa lèvre inférieure qui est une sorte de bras armé de deux crochets que l’on appelle le masque. Les têtards de grenouilles et les larves de tritons sont des proies appréciées des larves d’odonates ayant atteint leurs derniers stades de développement. Les larves vivent dans les eaux calmes (Libellula-Gomphus-Anax …) ou sont fouisseuses (Cordulogaster…) ou vivant dans les courants rapides (Calopteryx …). L’émergence a lieu hors de l’eau : la larve monte sur un roseau ou une branche puis la libellule se libère de la dépouille de la larve et est fin prête à voler. |
| Nymphe | La sortie de la larve de l’eau se fait en s’agrippant aux végétaux, l’émergence de l’insecte parfait par la partie dorsale, tête la première, le jeune imago déploie alors des ailes et il reste ainsi suspendu afin de parfaire le déploiement de ses ailes, et leur sclérification (durcissement). L’insecte est ensuite apte à prendre son envol. |
| Période de vol | La période de vol s’échelonne en général d’avril pour les plus précoces à octobre. | |
| | Prédateurs | | Les prédateurs naturels des libellules sont certains oiseaux insectivores comme le gobe-mouche gris, le guêpier d’Europe ou le faucon hobereau. Les araignées tisseuses de toiles comme les épeires, les capturent bien souvent. Mais un autre danger, bien moins naturel les guette, du fait que les odonates pour se reproduire ont le besoin impératif de la présence d’eau, qui doit de plus être de qualité. |
| Longévité | Le stade adulte est bien plus éphémère : de dix jours à plus de deux mois selon les familles. L’espérance de vie varie de quelques jours pour certains Agrions à 4 mois pour l’anax empereur (Anax imperator). |
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| Description | | Les odonates sont des chasseurs et des prédateurs et s’alimentent d’autres insectes (papillons, syrphes, mouches, moustiques …) mais aussi entre espèces, les plus grandes capturant les plus petites. Ils se trouvent de ce fait en bout de chaîne alimentaire et sont donc menacés par les pesticides qui s’accumulent et que l’on repère à plus forte dose à leur niveau. Toutes sont carnivores au stade adulte et capturent et dévorent leurs proies souvent en vol. La chasse a lieu le plus souvent sur les eaux et plus rarement dans les prairies, les clairières et à l’orée des bois. |
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| Milieux | | Mares, étangs, lacs, fleuves, rivières, ruisseaux, fossés … tous les milieux humides accueillent les libellules. Les plus communes n’hésitent pas à fréquenter les bassins d’ornement et les mares artificielles pour y chasser dans un premier temps et peut-être même s’y reproduire pour peu que l’environnement s’y prête. L’agrion jouvencelle, la libellule déprimée, l’anax empereur, le sympétrum à côtés striés, sont parmi les premières libellules à coloniser ces nouveaux habitats, et on peut les voir apparaître aux beaux jours. Par les chaudes journées ensoleillées on a plus de chance de les voir. Les Libellules habitant les eaux vives : Ces espèces sont peu nombreuses et fréquentent essentiellement les bords de rivières, de torrents et les petits ruisseaux ou suintements. Les caloptéryx (Calopteryx splendens et Caloptéryx virgo) sont les plus typiques. Ils sont petits, les ailes partiellement ou totalement colorées, le corps bleu-vert métallique. On trouve également les gomphes (Gomphus sp.), anisoptères de taille moyenne, dont le corps vert-jaune est bariolé de noir. Les petits ruisseaux et les suintements de source sont colonisés par le cordulegastre annelé (Cordulegaster boltonii), gros anisoptère noir et jaune. Enfin, l’agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale) fréquente les rives et les fossés. Les libellules habitant les eaux calmes ou stagnantes : Les eaux stagnantes hébergent de nombreuses espèces d’odonates. Une part de ces espèces ne sont pas spécialisées et peuplent la majorité des milieux humides, mais d’autres recherchent des milieux caractéristiques comme les tourbières dans les Vosges. Mares, étangs, lacs et marais sont les principaux abris des libellules. Avec son allure de gros hélicoptère bleu et vert, l’anax empereur (Anax imperator), le plus gros des anisoptères, fréquente les plans d’eaux de toutes tailles dès le mois de mai. Il est fréquemment accompagné de l’aeschne mixte (Aeshna mixta) et de l’aeschne printanière (Brachytron pratense) ainsi que de l’orthétrum réticulé (Orthétrum cancellatum). Plus tard, en juin, apparaissent le sympétrum sanguin (Sympétrum sanguineum), le sympétrum striolé (Sympétrum striolatum) et la libellule déprimée (Libellula depressa) et son abdomen aplati ainsi que le crocothemis écarlate (Crocothemis erythraea) et sa robe rouge flamboyante. Le long des berges, l’agrion jouvencelle (Coenagrion puella), l’agrion élégant (Ishnura elegans), le leste fiancé (Lestes sponsa) et plus rarement la naïade verdâtre (Erythromma najas) vont, dans leur tenue bleue et noire, de roseaux en nénuphars. |
| Gîte |
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| Rareté | La suppression par l’homme des mares de ferme et l’assèchement des zones humides, qui ont eu lieu au cours de ces dernières décennies, contribuent à leur raréfaction. |
| Menaces | Les libellules ont de nombreux ennemis. Beaucoup d’oiseaux en font leur proies favorites : guêpier, huppé, pie-grièche écorcheur pour les adultes, héron, cigogne et beaucoup d’oiseaux aquatiques pour les larves. Les grenouilles, les poissons (brochet, truite, brème,…) et les araignées sont également des prédateurs réguliers. Les parasites et les mauvaises conditions climatiques sont les autres facteurs de mortalité. Mais, l’homme demeure le principal responsable de leur disparition. Les modifications et destructions de biotope (recalibrage et canalisation des ruisseaux, des rivières, des étangs, marais asséchés, cours d’eau pollués, disparition et remblaiement de zones humides,…) ainsi que les pollutions agricoles (engrais) et industrielles ont provoqué une importante régression des populations de libellules. |
| Protection | Certains sont rares ou menacés et bénéficient d’une protection totale, leur capture est de ce fait interdite. |
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