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Les ruines romaines de Pollentia à Alcúdia à Majorque

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PrésentationPrésentation

Présentation généralePrésentation générale
Les ruines romaines de Pollentia sont le plus important site archéologique de l’époque romaine de l’île de Majorque, et le seul qui peut être visité. La ville romaine avait été fondée au Ier siècle avant JC et fut la capitale de Majorque et de l’ensemble des Îles Baléares pendant toute la domination romaine.

Le site archéologique se trouve à la périphérie de la ville d’Alcúdia, dans le comté du Raiguer, au nord de Majorque.

ÉtymologieÉtymologie et toponymie
Le toponyme de Pollentia a la signification latine de « la puissante » ; de l’adjectif « pollens », fort, puissant ; du verbe « pollere », être fort. Le nom de Pollentia fut donné à la ville par son fondateur, le consul romain Quintus Caecilius Metellus.

Après un incendie au IIIe siècle après JC, et après l’invasion des Vandales au Ve siècle, une partie de la population quitta la ville et alla fonder une nouvelle colonie qui reprit de nom de Pollentia et se nomme aujourd’hui Pollença. Cela causa une confusion pendant quelques siècles quant à la localisation de Pollentia.

Pendant l’occupation musulmane, la ville romaine – qui n’était guère plus qu’un souvenir – était nommée Bullansa.

En espagnol catalan, Pollentia s’écrit Pol·lèntia.

SituationSituation

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Situation des ruines romaines près de l'église Saint-Jacques (auteur Olaf Tausch). Cliquer pour agrandir l'image.La colonie romaine de Pollentia avait été fondée à un emplacement stratégique, sur l’isthme de la presqu’île séparant les deux grandes baies d’Alcúdia et de Pollença, à proximité du détroit séparant l’île de Majorque de l’île de Minorque. Les deux baies sont protégées des vents dominants du nord-ouest par les montagnes de la presqu’île du Cap de Formentor et offrent un excellent abri. Cette position permettait à Pollentia de contrôler les routes maritimes de la méditerranée occidentale reliant Rome et l’Italie aux provinces romaines de l’Hispanie.

La cité romaine de Pollentia avait deux ports, l’un situé au nord, sur la baie de Pollença et l’autre, le plus grand port des deux ports, situé au sud de la ville, le long du port actuel d’Alcúdia, Port d’Alcúdia. Ces deux ports connaissaient une activité commerciale importante.

Les quelques ruines de Pollentia se trouve à l’extérieur des remparts médiévaux de l’Alcúdia moderne, face à l’église Saint-Jacques (Església de Sant Jaume).

VisitesVisites

Site antiqueLa cité romaine de Pollentia
Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Plan général des ruines. Cliquer pour agrandir l'image.La cité romaine de Pollentia fut fondée dans le deuxième quart du Ier siècle avant JC. À son apogée Pollentia avait, au minimum, 300 m d’est en ouest, et 600 m du nord au sud, pour une superficie de 18 hectares. C’était donc une colonie d’importance moyenne sur le plan de la taille, par comparaison avec d’autres colonies de l’Espagne romaine (Hispania) qui avaient les superficies suivantes : Barcinum (Barcelone), 13 ha ; Dertosa (Tortosa), 12 ha ; Ilici (Elche), 12 ha ; Lucentum (Alicante), 10-14 ha ; Emporion (Ampurias), 21 ha ; Tarraco (Tarragone), 70 ha ; Emerita (Mérida), 100 ha ; Corduba (Cordoue), 70 ha ; Caesar Augusta (Saragosse), 50 ha.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Fermette sur le site de Pollentia. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Presque toutes les pierres du site ont été pillées par les habitants au cours des siècles, et il n’est malheureusement plus possible de discerner la disposition de l’ancienne capitale. En 1963, le gouvernement espagnol déclara site archéologique protégé les terrains couvrant la ville romaine : aucune construction ne peut maintenant y être faite. En 1973, l’État commença le processus d’expropriation et acheta des champs individuels ; jusqu’à présent dix-huit propriétés ont été achetées par l’État ; seules six sont encore des propriétés privées.

La visite débute au nord par les ruines du quartier d’habitation de « Sa Portella », en particulier par les maisons dites de la « Tête de bronze » et des « Deux Trésors », mises au jour de 1957 à 1962 ; 200 m au sud se trouve les ruines du forum, qui fut l’objet d’une campagne de fouilles au début des années 1980 ; on y découvrit les fondations de bâtiments civils et religieux dont le plus important est le temple dédié à la triade divine Jupiter, Junon et Minerve. À la périphérie sud de la cité on visite le petit amphithéâtre romain du début du Ier siècle avant JC.

Au terme de la visite du site archéologique, on peut visiter le Musée monographique de Pollentia, situé à proximité, qui présente la plupart des objets découverts à Pollentia.

QuartierLe quartier d’habitation de Sa Portella (Barri Residencial de Sa Portella / Barrio Residencial de Sa Portella)
Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Plan du quartier de Sa Portella. Cliquer pour agrandir l'image.Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Plan du quartier de Sa Portella. Cliquer pour agrandir l'image.Le quartier d’habitation de Sa Portella se trouve à l’extrême nord de la cité romaine de Pollentia. Il suit le plan typique d’une cité romaine, avec deux rues perpendiculaires principales qui se croisent à angle droit, formant des îlots de maisons (insulae) : le cardo, orienté nord-sud, nommé Carrer Nord-Sud, et le decumanus, orienté est-ouest, nommé Carrer Porticat (la rue au portique), une rue à colonnade.

Les fouilles – entre 1957 et 1961 – mirent au jour les ruines de trois maisons situées de part et d’autre de ces voies : au nord-est, la maison la mieux conservée, la Maison des Deux Trésors ; au sud-est, la Maison de la Tête de Bronze, largement amputée ; au nord-ouest, la Maison du Nord-ouest, amputée par la construction d’un mur de défense ; au sud-ouest devait se trouver une quatrième maison qui a totalement disparu.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Plan de Sa Portella. Cliquer pour agrandir l'image.Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. La Carrer Porticat (decumanus) et la Maison nord-ouest (auteur Olaf Tausch). Cliquer pour agrandir l'image.Le quartier de Sa Portella fut construit pendant la période républicaine de Rome, mais fut rénové pendant la période impériale (fin du Ier siècle avant JC - Ier siècle après JC), à l’apogée de la cité de Pollentia. Au IIIe siècle une enceinte fortifiée fut construite autour du noyau de Sa Portella ; une partie de cette muraille est encore visible.

Sa Portella était un quartier résidentiel patricien ; d’autres habitations, plus humbles, se trouvaient près du forum ou dans d’autres parties de la cité de Pollentia. Au sud de Sa Portella se trouvait une quatrième maison, désignée sous le nom de Maison de Polymnie.

La cité de Pollentia n’avait pas d’enceinte fortifiée ; pour sa protection elle s’appuyait sur sa situation insulaire et sur son éloignement de la mer, à 1,5 km de la Baie d’Alcúdia et à 2,5 km de la Baie de Pollença. Ce n’est qu’à la fin du IIIe siècle après JC qu’une muraille défensive fut construite autour du quartier de Sa Portella à l’angle nord-ouest de la ville.

Cette muraille se composait de deux murs de grosses pierres, dont l’intervalle était rempli de petites pierres et de terre. Le mur extérieur était composé de neuf couches de pierres, disposées irrégulièrement. Une section de cette muraille est conservée ; elle a une longueur de cent mètres et ne comprend pas de porte ni de tour ; le mur coupe en deux la Maison du Nord-Ouest, ce qui indique que l’enceinte fut construite pour ne protéger qu’une petite enclave de la ville ; à l’extérieur de la muraille se trouvaient de nombreuses maisons vides. Les tentatives pour découvrir des restes de la muraille dans les champs situés au sud de Sa Portella ont été infructueuses.

Lors de la crise du IIIe siècle la population de la ville se retira dans cette enclave de petite taille, ce qui suggère un déclin de la population de Pollentia. La muraille n’empêcha pas la ville d’être prise et détruite par les Vandales.

MaisonLa maison des Deux Trésors (Casa dels Dos Tresors / Casa de los Dos Tesoros)
Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Sesterce romain de l'époque de Trajan Dèce. Cliquer pour agrandir l'image.Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Plan de la Maison des Deux Trésors. Cliquer pour agrandir l'image.La première maison que l’on rencontre lors de la visite est la Maison des Deux Trésors, située au nord du quartier de Sa Portella. Elle se trouve au nord de la Maison de la Tête de Bronze dont elle est séparée par la Rue à Portique, le decumanus romain, large de 3,75 m.

La Maison des Deux Trésors doit son nom à la découverte de deux trésors en pièces de monnaie découverts, dans deux pièces différentes de la maison, lors des fouilles entre 1958 et 1960. Le premier trésor comprend des monnaies du IIIe siècle après JC : dix-huit pièces de monnaie comprenant des deniers à l’effigie de l’empereur Caracalla (188 après JC - 217 après JC) jusqu’à des sesterces (249-251) à l’effigie de l’empereur Trajan Dèce (Traianus Decius) (201 après JC - 251 après JC). Le second trésor date de la fin du IVe siècle après JC. Ces trésors furent sans doute cachés dans des moments de grand danger.

La Maison des Deux Trésors est la mieux conservée des trois maisons (domus) mises au jour à Sa Portella. En plus des deux ensembles de monnaies, sa fouille produisit beaucoup de matériels archéologiques, et son état permit de distinguer les différentes parties de sa structure.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. La façade de la Maison des Deux Trésors sur le decumanus (auteur Olaf Tausch). Cliquer pour agrandir l'image.C’est un bâtiment rectangulaire, de 20 m de longueur dans l’axe nord-sud, et de 22,50 m de largeur dans l’axe est-ouest, couvrant une superficie de 450 m². La maison avait des fondations en pierres de grès (marès) jointées avec du mortier, et des murs de briques d’argile ; elle devait avoir des sols en mosaïque et des stuc de couleurs sur les murs.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. La Maison des Deux Trésors dans le quartier de Sa Portella. Cliquer pour agrandir l'image.Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. L'atrium de la Maison des Deux Trésors (auteur Frank Vincentz). Cliquer pour agrandir l'image.La maison présentait le plan typique de la domus romaine : elle était organisée autour d’une cour, l’atrium central. Sa façade principale, au sud, ouvrait sur la rue au Portique (Carrer Porticat / Calle Porticada) par un porche (nommé ostium) ; les colonnes qui soutenaient le porche de la façade ont été conservées. Un portique courait le long de la façade de la maison.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. L'impluvium de la Maison des Deux Trésors dans le quartier de sa Portella (auteur Olaf Tausch). Cliquer pour agrandir l'image.Depuis le porche, un vestibule (vestibulum) conduisait à l’atrium ; dans cet espace d’accès à la maison il y avait habituellement de petits autels et des représentations des divinités protectrices de la maison. L’atrium – de 7 m sur 4 m – était recouvert d’un compluvium qui recueillait l’eau de pluie dans l’impluvium entouré de quatre colonnes (redressées par une restauration récente) ; il y avait une ouverture au centre pour laisser entrer la lumière.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. L'arrière de la Maison des Deux Trésors dans le quartier de Sa Portella. Cliquer pour agrandir l'image.Dix pièces étaient disposées autour de l’atrium ; chaque pièce avait une fonction spécifique :

  • au centre, face au vestibule, se trouvait le tablinum, où le maître de maison (dominus) travaillait et recevait les visiteurs ;
  • sur la gauche, au nord-ouest, un vaste triclinum, ou salle à manger, (le triclinum fut divisé en quatre pièces au cours d’une période ultérieure) ; la vaisselle du triclinum portait des noms différents selon son utilisation : vasa escaria pour les aliments, vasa potoria pour la boisson, et vasa ministeria pour le service ; mais souvent les Romains mangeaient à l’extérieur, dans l’atrium ;
  • Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Les cubicula de l'aile gauche de la Maison des Deux Trésors, vues depuis le cardo (auteur Olaf Tausch). Cliquer pour agrandir l'image.Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Atrium et cubicula de l'aile droite de la Maison des Deux Trésors dans le quartier de Sa Portella. Cliquer pour agrandir l'image.sur les côtés de l’atrium se trouvait des pièces plus intimes, les cubicula (un cubiculum était une chambre à coucher) et les lavatoria, ou salles de bains ;
  • D’autres pièces ont été identifiées : la cuisine (culina) et un cellier (despensa) où les provisions étaient conservées dans des amphores. La vaisselle utilisée dans la culina, composée d’ustensiles utilisés pour la cuisson, la préparation des aliments et le nettoyage, se nommait vasa coquinaria.

Des pièces – assez vastes – se trouvaient sur l’aile droite de la maison (ala), sans communication avec le reste de la maison ; on y accédait depuis la rue qui longeait l’îlot à l’est ; d’après les matériaux qui y ont été découverts, l’une devait être une échoppe (taberna), sans doute louée par le propriétaire de la demeure.

La Casa dels Dos Tresors a été bâtie au Ier siècle après JC, à l’époque de l’empereur Auguste ; au cours des siècles suivants, elle subit plusieurs rénovations. La demeure subit des dommages au cours du troisième quart du IIIe siècle, puis connut une occupation erratique jusqu’à la fin du IVe siècle ou le début du Ve siècle après JC.

MaisonLa maison de la Tête de Bronze (Casa del Cap de Bronze / Casa de la Cabeza de Bronce)
Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Tête de jeune fille en bronze. Cliquer pour agrandir l'image.La deuxième maison que l’on rencontre est la Maison de la Tête de Bronze ; elle est située au sud de la Maison des Deux Trésors, dans le même îlot (insula), mais de l’autre côté de la Rue au Portique (Carrer Porticat / Calle Porticada), le decumanus de la ville romaine.

La maison doit son nom à la découverte d’une tête de bronze représentant une jeune fille (Cap de Nina / Cabeza de Niña) ; cette tête de bronze fut découverte dans un tas d’ordures dans une des pièces situées au nord de la maison. Cette petite tête – de 14,4 cm de hauteur – est datée du IIe siècle après JC ; elle est exposée au Musée monographique de Pollentia.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. La Maison de la Tête de Bronze (auteur Olaf Tausch). Cliquer pour agrandir l'image.La Maison de la Tête de Bronze fut en partie amputée par un projet inachevé de construction, à Alcúdia, d’une station terminale du chemin de fer de Palma à Inca, en 1936. La partie sud de cette somptueuse maison a disparu : seules huit des pièces, disposées autour d’une cour à péristyle de dix colonnes, étaient suffisamment en bon état pour être fouillées. La maison comprenait aussi deux échoppes (tabernae) ; l’une face à la rue Nord-Sud (Carrer Nord-Sud / Calle Norte-Sur) et l’autre sur la rue longeant le côté est de l’insula.

Les archéologues datent la construction de la Maison de la Tête de Bronze du milieu du Ier siècle avant JC, durant l’ère républicaine ; elle fut rénovée à l’apogée urbanistique de la ville, à l’époque impériale (fin du Ier siècle avant JC - Ier siècle après JC) ; elle continua d’être occupée jusqu’au IVe siècle après JC quand elle fut abandonnée à la suite d’un incendie.

MaisonLa maison nord-ouest (Casa Nord-oest / Casa Noroeste)
Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. La Maison du Nord-ouest dans le quartier de Sa Portella. Cliquer pour agrandir l'image.À l’ouest du cardo, de l’autre côté de la rue Nord-Sud, face à la Maison des Deux Trésors, se trouvait une troisième habitation, dite Maison Nord-ouest. C’était une maison de style atrium, avec six pièces situées au nord de l’atrium ; au centre de l’atrium se trouvait un impluvium à colonnades ; au nord de la maison se trouvaient deux petites échoppes (tabernae) donnant sur la rue Nord-Sud.

Des trois maisons de Sa Portella, la Maison nord-ouest est celle dont les restes sont les moins bien conservés ; en effet, la maison fut amputée par la construction d’une muraille défensive au cours du dernier quart du IIIe siècle après JC ; une partie de la muraille, de 5 m de largeur, fut construite sur les fondations de la maison, la coupant en deux par une ligne passant par l’ouest de l’impluvium et derrière le mur arrière des deux échoppes. Il ne reste qu’un fragment de la muraille à cet endroit.

MaisonLa maison de Polymnie
La Maison de Polymnie se trouve au sud de Sa Portella. Elle tire son nom d’une fresque murale où aurait été reconnue une représentation de la muse Polymnie, l’une des muses de la poésie. Cette demeure est en attente de restauration et ne peut pas être visitée.
PlaceLe forum (Fòrum / Foro)
Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Plan du forum. Cliquer pour agrandir l'image.Le forum était le centre de la vie publique de toute ville romaine, où s’exerçaient les activités politiques, administratives et religieuses. Le forum de Pollentia se trouve à environ 200 mètres au sud-est du quartier résidentiel de Sa Portella, et à 400 m au nord du théâtre romain. Des fouilles antérieures avaient mis au jour un certain nombre d’objets permettant de penser que le forum de la ville se trouvait à cet endroit, connu comme la propriété Ca’n Reynés au lieu-dit le Camp d’en França.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Piédestal de la statue de Lucius Vibius (auteur J. A. Baeyens). Cliquer pour agrandir l'image dans Panoramio (nouvel onglet).Ainsi, une épigraphe, inscrite sur la stèle honorifique d’un piédestal – de 94 cm hauteur, 59 cm de largeur et 54 cm d’épaisseur – de marbre blanc, avait été découverte le 19 novembre 1862 sur le terrain du Camp d’en França :

L[UCIO] VIBIO L[UCII] FIL[IO] VEL[INA TRIBU] NIGELLIONI AEDIL[I] IIVIRO BIS MARITO OPTIMO SUO MANLIA FABIANA UXOR ET VIBI MANLIANI FIL[II] NOMINE SUA PECUNIA POSUIT L[OCUS] D[ATUS] D[ECRETO] D[ECURIONUM]

« À Lucius Vibius Lucius de la tribu Velina des Nigellius, édile et duumvir, pour son excellent mari, par son épouse Manlia Fabiana et au nom de son fils Vibius Manlianus, avec son argent l’a érigé, le lieu est donné par décret des décurions ».

CIBal n° 27 (Corpus de las inscripciones baleáricas hasta la dominación árabe).

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Le forum. Cliquer pour agrandir l'image.La propriété de Ca’n Reynés fut achetée par le gouvernement, et, en 1980, les fouilles du forum de Pollentia commencèrent. La découverte de fondations de bâtiments publics et de fragments d’inscriptions confirmèrent qu’il s’agissait du forum, le cœur de la vie de la cité romaine. Les ruines de plusieurs constructions furent identifiées : un temple principal construit sur le modèle du Capitole de Rome, deux sanctuaires mineurs dédiés à des dieux inconnus, un portique derrière lequel se trouvaient des échoppes (tabernae), un bâtiment qui peut correspondre à la curie et cetera. On trouva également de nombreuses inscriptions honorifiques, dont quelques unes sont aujourd’hui exposées au Musée monographique de Pollentia.

La construction du forum commença vers le début du Ier siècle avant JC ; le capitole et les échoppes de l’ouest furent les premiers bâtiments construits. Quatre siècle plus tard, la zone du forum fut détruite par un grand incendie à la fin du IIIe siècle après JC, vers l’an 270-280, mais continua, semble-t-il, d’être utilisée au IVe siècle. Au milieu du Ve siècle une enceinte fortifiée fut construite, qui utilisa les pierres des anciens édifices. Au cours du Haut Moyen Âge, la zone du forum avait été abandonnée et servait de vaste nécropole.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Essai de reconstitution du forum. Cliquer pour agrandir l'image.ç Essai de reconstitution du forum au Ve siècle après JC avec l’enceinte fortifiée au fond.

Le site du forum fut ouvert au public en 2002, mais les fouilles archéologiques continuent pendant les mois d’été, et l’on peut voir actuellement des zones protégées des intempéries par des bâches ; certains des vestiges des bâtiments découverts ont été consolidés par du béton pour prévenir une érosion plus importante.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Puits sur le forum. Cliquer pour agrandir l'image.Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Puits sur le forum. Cliquer pour agrandir l'image.
Temple antiqueLe capitole (Capitolí / Capitolino)
Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Le capitole (auteur Frank Vincentz). Cliquer pour agrandir l'image.La principale construction sur le forum de Pollentia était le Capitole, qui se trouvait au milieu du côté nord de la place.

La plupart des blocs de pierre de construction du Capitole ont été volés pour un réemploi : les ruines du temple mises au jour ne conservent que le podium, les fondations du mur nord, et de parties des murs est et ouest, des cellae et les bases de trois colonnes du pronaos. Les murs étaient faits de briques d’argile, montés au-dessus de fondations en pierre de grès. L’architrave et le toit étaient en bois. Le podium du temple mesurait environ 23 m par 17 m.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Essai de reconstitution du Capitole. Cliquer pour agrandir l'image.Ces restes sont suffisants pour reconstituer le plan général de l’édifice. Le Capitole de Pollentia était un temple à trois cellules (cellae), peut-être dédiées à Jupiter (cella du milieu, plus grande) et à Junon et Minerve (cellae latérales), la triade capitoline classique. Les cellae étaient précédées d’un vestibule (pronaos) à double colonnade, une colonnade de quatre colonnes à l’avant, et une colonnade de deux colonnes derrière. Sur le côté sud (à l’avant), les murs latéraux sont plus larges, laissant un espace où il aurait pu y avoir un escalier.

ç Essai de reconstitution du capitole, du petit temple I et de l’îlot d’échoppes à l’ouest, au Ier siècle après JC.

Le Capitole de Pollentia date du Ier siècle après JC, bien que sa disposition soit un peu archaïque pour cette époque. Il commença à tomber en ruine au IIIe siècle, mais les cellae restèrent peut-être en usage au IVe siècle.

Il faut noter qu’aucune tombe paléochrétienne ne fut creusée dans la zone du Capitole, alors qu’il y avait des alignements de tombes au sud, à l’est et au nord du temple.

Temple antiqueLe petit temple I, le petit temple II et l’édicule
Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Plan du petit temple 1. Cliquer pour agrandir l'image.Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Plan du petit temple 2. Cliquer pour agrandir l'image.À 4 m à l’est du Capitole se trouvait une construction rectangulaire – de 10 m dans le sens nord-sud et de 6,5 m dans le sens est-ouest. Cette construction est considérée comme un petit temple dédié à une divinité inconnue, désigné comme le petit temple I, mais pourrait aussi avoir été la base d’une statue équestre car une une tête de cheval en bronze et une main en bronze y ont été découvertes en 1927. Il ne reste que la partie inférieure des fondations ; dans son mur ouest on peut observer la technique de remplissage.

À proximité a été trouvé un cimier de grès à décoration végétale.

Près de cette construction des fragments d’une inscription dédicatoire ont été découverts :

« AVG[VSTI] LEG[ATUS] PRO PR[AETORE] F[ACIENDUM] C[VRAVIT] […]RO LEG[…] DEDICAVIT »

(Le légat d’Auguste comme préteur a fait ériger …)

La construction dénommée Petit Temple II se trouve à 8,70 m au sud du Petit Temple I. C’est une construction rectangulaire, orienté est-ouest ; elle comporte une moulure de base d’environ 40 cm de hauteur sur les côtés sud et est de l’édifice.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. L'édicule du forum (auteur J. A. Baeyens). Cliquer pour agrandir l'image dans Panoramio (nouvel onglet).Au sud-ouest du Capitole se trouvent deux bases de statues et la base d’une construction rectangulaire – de 5,40 m par 3,50 m.

Cette construction est intéressante en ce qu’elle est la seule structure du site dont les côtés sont orientés vers les points cardinaux, alors que le plan de la ville est orienté sud-sud-est à nord-nord-est.

Les archéologues suggèrent que cette construction était l’ancien autel de la ville mis en place lors de sa création. Si c’est le cas, cet autel serait la plus ancienne construction sur le forum.

Une autre hypothèse est que ce serait un auguraculum, un temple où les augures rendaient leurs prédictions par l’observation du ciel et des oiseaux ; les auguracula étaient en effet orientés suivant les points cardinaux.

BoutiqueLes échoppes du forum
Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. L'ouest du forum, la rue à Portique (Carrer Porticat) du forum et les boutiques de l'ouest du forum. Cliquer pour agrandir l'image.Sur le côté ouest du forum, il y avait un quartier commerçant et artisanal, séparé de la place publique par une rue à Portique (Carrer Porticat), dont il reste quelques bases de colonnes. Quatre échoppes (tabernae) – deux au nord-ouest et deux au sud-ouest – se trouvaient en face du Capitole, de l’autre côté de la rue. On connaît l’utilisation de ces constructions comme échoppes à partir des objets qui y ont été découverts : par exemple, dans la troisième échoppe, les archéologues ont trouvé un ensemble complet de poids de balance en pierre.

Un escalier découvert entre les deux magasins du nord et les deux magasins du sud indique qu’il s’agissait de constructions à un étage. Chaque magasin disposait d’une large entrée donnant sur le portique du forum ; sauf pour la deuxième échoppe du nord, les seuils des magasins étaient creusés pour recevoir une porte en bois.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Îlot de boutiques au nord du forum (auteur Frank Vincentz). Cliquer pour agrandir l'image.Le début de la construction de ces échoppes date de l’époque républicaine, à la fin du IIe siècle avant JC, et leur utilisation dura jusqu’au IIIe siècle après JC, date à laquelle il y eut un terrible incendie qui pourrait être la cause de l’abandon du forum.

D’autres magasins et ateliers se trouvaient dans les petites rues (Carrer Oest) situées à l’arrière des quatre échoppes. Au sud des échoppes de l’ouest se trouvait un grande pavage, dit en « opus sectile » (marqueterie de pierres), mesurant environ 8 m par 7,50 m. Les pierres des murs qui entouraient ce pavage ont toutes été volées, et il est difficile de savoir de quelle construction il s’agissait ; peut-être la curie.

Au nord du Capitole se trouvait une grande rue, et, sur le côté nord de cette rue, il y avait un autre groupe d’échoppes. Seule l’une de ces échoppes et une partie d’une autre ont été fouillées. Entre ces commerces et le temple, il y avait une tour massive rectangulaire construite avec des blocs réutilisés, dont beaucoup pouvaient provenir du Capitole. La tour faisait partie d’un système de fortification qui fut commencé, mais peut-être jamais achevé, et que les archéologues ont provisoirement daté de la fin du Ve siècle.

MurailleL’enceinte fortifiée (Recinte Fortificat / Recinto Fortificado)
Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Plan de l'enceinte fortifiée tardive. Cliquer pour agrandir l'image.À partir du Ve siècle après JC, fut construite, au nord de l’îlot des échoppes de l’ouest et du Capitole, une enceinte défensive. La section identifiée à ce jour couvre une surface d’environ 50 m de longueur, dans la direction est-ouest, et de 45 m de largeur.

La muraille est faite de deux murs de blocs de pierre bien équarris, certains réutilisés de bâtiments antérieurs. Dans certaines sections le mur empiète sur des constructions préexistantes, telles que les murs de la façade nord de l’îlot d’échoppes à l’ouest du forum, ou sur le mur nord du Capitole.

Sur le côté nord de la muraille se dresse une tour massive rectangulaire, avec trois côtés nettement définis (est, nord et ouest). Le côté nord de la tour a environ 4,80 m de longueur, tandis que les côtés est et ouest mesurent environ 3,20 m.

Théâtre antiqueLe théâtre romain (Teatre Romà / Teatro Romano)
Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Le théâtre romain. Cliquer pour agrandir l'image.Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Le théâtre romain. Cliquer pour agrandir l'image.Le théâtre romain de Pollentia se trouve à 400 m au sud-est du forum, à environ 600 m de l’entrée du site de Pollentia (10 min de marche). Le théâtre était probablement à la périphérie de Pollentia – en dehors de la zone de peuplement de la ville romaine – mais il était situé à un emplacement remarquable entre la baie d’Alcúdia, à l’est, et la baie de Pollença, à l’ouest, sur le col de l’isthme de la presqu’île appelée Cap de la Pinède (Cap des Pinar) ; depuis les gradins on devait avoir une vue sur la mer, et le théâtre était sans doute visible depuis la mer.

Le théâtre fut creusé sur la pente d’une colline, en profitant de la topographie naturelle pour limiter les travaux de creusement de la roche. Sa construction est datée de la fin du Ier siècle avant JC ou du début du Ier siècle après JC, probablement sous le règne de l’empereur Auguste. C’est le plus petit des vingt théâtres romains à avoir survécu en Espagne.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Stèle commémorative des fouilles (auteur Olaf Tausch). Cliquer pour agrandir l'image.Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Plan du théâtre romain. Cliquer pour agrandir l'image.Jusqu’aux fouilles réalisées, à partir de 1953, par la fondation Bryant, les érudits pensaient qu’il s’agissait d’un amphithéâtre, c’est-à-dire d’un théâtre grec.

Les fouilles permirent de révéler sa structure, qui comporte les trois éléments de base d’un théâtre romain, légèrement différent d’un théâtre grec : les gradins (cavea et proedria) de plan semi-circulaire, pour le grand public ; l’orchestre (orchestra), lui-aussi semi-circulaire, pour les hauts magistrats ; la scène (scaena) rectangulaire, occupée par les acteurs. Des objets mis au jour par les fouilles font référence à ce monde ludique : des masques de théâtre ou un jeton permettant d’accéder aux représentations.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Le théâtre romain. Cliquer pour agrandir l'image.Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. L'emplacement de la scène du théâtre romain (auteur Olaf Tausch). Cliquer pour agrandir l'image.De la scène (scaena) et de l’avant-scène (proscenium), rectangulaires, il ne reste que cinq trous rectangulaires où étaient insérés des poteaux de bois qui les soutenaient. La scène était légèrement surélevée par rapport à l’orchestre ; une marche permettait de monter de l’orchestre sur l’avant-scène et la scène.

L’orchestre (orchestra) était situé entre les gradins et la scène ; il était destiné à de hauts magistrats. L’orchestre était de forme semi-circulaire – avec un diamètre de 9,50 m (28 pieds romains de 30 cm).

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Théâtre de Pollentia (auteur Olaf Tausch). Cliquer pour agrandir l'image.La cavea comprenait onze gradins, répartis entre :
  • la cavea prima, la plus proche de la scène, destinée aux notables ;
  • la cavea media au milieu, généralement destinée aux hommes ;
  • la cavea summa, située dans la partie supérieure, destinée aux femmes et aux enfants.

La cavea prima était constituée de trois rangées de sièges à dossier ; la première rangée était faite de blocs de grés, les deux autres creusées dans la roche ; la cavea prima était séparée des autres gradins par un ambulatoire (praecinctio) large d’1,20 m. La cavea était divisée en quatre secteurs, ou coins (cunei), par trois escaliers radiaux qui donnaient accès aux gradins. Il est possible qu’un velum protégeait le public du soleil ou de la pluie.

Le théâtre romain de Pollentia était une structure de taille modeste, adaptée à la population de la ville : les gradins avaient 16 m (54 pieds romains) de rayon. En supposant qu’un siège occupait de 40 à 50 cm de largeur, on estime que le théâtre pouvait accueillir de 600 à 800 spectateurs assis.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Théâtre de Pollentia (auteur Olaf Tausch). Cliquer pour agrandir l'image.Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Tombes au théâtre romain. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le théâtre fut abandonné au IVe siècle après JC quand la ville fut envahie par les Vandales. Il fut ensuite utilisé, jusqu’à la fin de l’empire romain, comme nécropole : des tombes de forme trapézoïdale furent creusées dans la roche à l’emplacement de la scène et dans la partie supérieure des gradins.
Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Caverne creusée sous le théâtre romain. Cliquer pour agrandir l'image.Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Caverne creusée sous le théâtre romain. Cliquer pour agrandir l'image.Derrière les gradins on remarque une caverne : cette caverne date de l’époque pré-talayotique et servait de lieu de sépulture.

Après la fin de l’empire romain, elle servit d’étable ; sur les côtés on peut voir des abreuvoirs creusés dans la roche ; les trous dans le plafond – pour laisser entrer la lumière – datent aussi de cette époque.

Musée archéologiqueLe musée monographique de Pollentia (Museu monogràfic de Poŀlèntia / Museo Monogràfico de Pollentia)
Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Le musée monographique de Pollentia (auteur J. A. Baeyens). Cliquer pour agrandir l'image dans Panoramio (nouvel onglet).Le Musée monographique de Pollentia est installé depuis 1987 dans un ancien hospice militaire médiéval (S’Hospitalet) construit par Jaume II au début du XIVe siècle (1301), situé dans le quartier de l’église Saint-Jacques dans le centre historique d’Alcúdia. C’est une division du Musée de Majorque, mais il est géré par le Consortium de la Cité Romaine de Pollentia (Consorci de la Ciutat Romana de Poŀlèntia). « Monographique » signifie qu’il est consacré exclusivement à la ville romaine de Pollentia. Il fut créé pour rassembler les découvertes archéologiques faites à Pollentia, principalement depuis 1926 ; la plupart des pièces exposées datent du Ier siècle au IIe siècle après JC, période de l’apogée de la ville romaine.

En 2006, le musée fut réorganisé selon deux thèmes : la vie publique à Pollentia et la vie privée.

Le domaine public est divisé en trois espaces : la vie citoyenne sur le forum, les spectacles et le monde funéraire.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Torse de général romain au musée de Pollentia. Cliquer pour agrandir l'image.La vie citoyenne est illustrée par de grandes sculptures en marbre blanc provenant du forum, des inscriptions ou des éléments d’architecture. Parmi les sculptures on remarque le Torse (Thoracato), sculpture d’un général ou d’un empereur portant une armure militaire, décorée d’un motif mythologique, et un paludamentum (manteau militaire) ; un buste de l’empereur Auguste, la tête voilée, mise au jour au XVIIe siècle ; une copie, du Ier siècle après JC, de l’Éros de Lysippe de Sicyone (Lisippo), ou une matrone romaine. Une fine tête de jeune fille en bronze (du IIe siècle après JC) provient de la Maison de la Tête de Bronze à Sa Portella.

Des inscriptions sur bronze présentent un intérêt particulier : une tabula patronatus, datant de 10 avant JC, découverte en 1951 à Pollença, qui est un document juridique par lequel la ville de Bocchoris (ou Bocchorum), une ville – voisine de l’actuel port de Pollença – préexistante à l’occupation romaine et fédérée avec Rome, reconnaît son assujettissement au consul romain Marcus Crassus ; une autre tabula patronatus, datant de l’an 6 après JC, découverte en 1765, où Bocchoris reconnaît Marcus Atilius comme son patron ; une troisième inscription est un éloge funèbre d’un lutteur de pancrace de Pollentia, Cornelius Atticus.

Les spectacles sont illustrés par plusieurs masques de théâtre ; le monde funéraire par de précieux objets funéraires.

La vie privée des habitants de Pollentia est illustrée par des collections d’objets du quotidien : des ustensiles de cuisines, des lampes à huile, des jarres, des amphores, de la vaisselle de cuisine et de table, des vases en bronze ; des pièces de monnaie de différentes époques, des bijoux, de la verrerie, des objets servant au tissage, des articles de pêche, des jeux, et même des instruments chirurgicaux. Il y a aussi des objets religieux servant au culte domestique.

CultureHistoire, géographie, arts, traditions, flore …

HistoireHistoire
Élu consul en 123 avant JC, Quintus Caecilius Metellus entreprit cette même année la conquête des Îles Baléares pour mettre fin à la piraterie qui opérait depuis les îles de Majorque et de Minorque. Les Baléares résistaient à la conquête romaine depuis près de 75 ans, quand l’Espagne continentale (Hispania) avait été conquise, en 206 avant JC.

D’après Tite-Live, le consul aurait fait recouvrir ses navires de peaux de bêtes pour résister aux lancers de pierres des célèbres frondeurs baléares. Au terme de cette conquête, en 121 avant JC, il eut un triomphe à Rome et ajouta à son nom le surnom (agnomen) de Baliaricus, ou Balearicus. Les Baléares furent annexées à l’Empire romain et incorporées à la province de l’Hispanie Citérieure (Hispania Citerior).

Quintus Caecilius Metellus Balearicus fit venir 3000 colons romains et ibères de l’Espagne continentale et, peut-être, de l’Italie, et les installa dans deux colonies : Pollentia (« la Puissante »), au nord, et Palmaria (en référence aux palmes de son triomphe), au sud, l’actuelle Palma de Majorque ; chacune des colonies reçut 1500 colons. D’après l’historien du Ier siècle après JC, Pomponius Mela, Pollentia devint la capitale de Majorque et des Baléares, en raison de sa position stratégique sur les routes maritimes.

Cependant, la colonie de Pollentia ne fut, au début, qu’un camp romain chargé de maintenir la paix sur l’île. Les découvertes archéologiques font penser qu’il n’y eut pas de communauté structurée avant le deuxième quart du Ier siècle avant JC. La colonie était située à 10 km au sud-est de la ville autochtone de Bocchorum (près de l’actuel Port de Pollença).

Pollentia ne devint une véritable ville romaine qu’entre 80 et 60 avant JC, probablement vers 70 avant JC, c’est-à-dire 50 ans après la conquête romaine. Le petit-neveu du fondateur Quintus Caecilius Metellus Balearicus, Quintus Caecilius Metellus Pius, contribua sans doute à la transformation de Pollentia en cité en installant à Majorque de nouveaux colons, des vétérans romains de son armée, après sa victoire dans la guerre contre Sertorius (80-71 avant JC). La cité de Pollentia fut conçue comme beaucoup d’autres colonies romaines : une place publique au centre, le forum, avec des temples et des rues commerçantes avec des échoppes (tabernae), et un théâtre. Les maisons rectangulaires des quartiers d’habitation comprenaient une cour intérieure (atrium), étaient décorées de marbre, de stucs et de mosaïques et avaient l’eau courante et des égouts. Pollentia avait un port qui se trouvait au sud du théâtre sur la baie d’Alcúdia. Comme dans toute cité romaine, les cimetières étaient interdits dans le périmètre de la ville et se trouvaient à la périphérie.

Pollentia connut un nouveau développement urbain sous le règne de l’empereur Auguste (63 avant JC - 14 après JC) – à la charnière du Ier siècle avant JC et du Ier siècle après JC – et atteignit sans doute une superficie de plus de 16 hectares. Elle fut élevée au statut de colonie de droit romain, « colonia civium romanorum » et devint la capitale de la province romaine de Balearica.

La cité atteignit son apogée pendant le Haut-Empire romain, aux Ier et IIe siècles après JC ; mais, au cours du troisième quart du IIIe siècle, un incendie ravagea la ville ; une enceinte fortifiée fut construite autour du quartier résidentiel de Sa Portella. Le déclin de Pollentia se poursuivit pendant le Bas-Empire romain, au IVe siècle et surtout au Ve siècle après l’invasion des Vandales, en 426 après JC, qui pillèrent et détruisirent la ville ; Pollentia et Majorque firent partie du Royaume vandale d’Afrique du Nord jusqu’en 534 après JC ; pendant cette période la population catholique de Majorque subit des persécutions de la part des Vandales adeptes de l’hérésie arienne.

À partir de 534, les Byzantins conquirent les îles Baléares ; Majorque fut annexée à l’Empire byzantin ; Pollentia n’était plus, au VIe siècle, qu’une nécropole.

Au Xe siècle, les Maures occupèrent les Baléares, en 902 après JC, et créèrent une colonie nommée Al-Qudya (« la colline ») près de l’ancienne ville romaine de Pollentia, qu’ils nommaient Bullansa, tombée dans l’oubli.

Fouille archéologiqueLes fouilles
Dès la fin du XVIe siècle, un historien et mathématicien majorquin, le Père Joan Binimelis, proposa – dans son Histoire de Majorque (Història de Mallorca, 1593) – que l’ancienne ville de Pollentia gisait sous les champs qui entourent la chapelle de Santa Ana au sud d’Alcúdia. Au cours des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles des campagnes de fouilles furent menées, quoiqu’avec une certaine irrégularité. Au XVIIe siècle, un beau buste de l’empereur Auguste, à la tête voilée, fut découvert fortuitement ; de nombreuses inscriptions latines, et de nombreuses pièces de monnaie romaines furent également découvertes dans ces domaines. En dépit de ces découvertes, les érudits de Majorque débattirent, surtout au XIXe siècle, pour savoir si Pollentia était située à Alcúdia ou à Port de Pollença – à douze kilomètres à l’ouest d’Alcúdia – où des objets romains avaient également été trouvés et qui conservait le nom de Pollentia. Un fragment d’une inscription trouvée sur le site d’Alcúdia en 1887 sembla y localiser Pollentia.

Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. La Can Domènech, siège de la Fondation Bryant (auteur Homyr). Cliquer pour agrandir l'image dans Panoramio (nouvel onglet).Ce n’est qu’en 1923 que commencèrent des travaux rigoureux et systématiques de fouille sous la direction du professeur Gabriel Llabrés Quintana, de 1923 à 1927, puis de son fils, de 1930 à 1936. Parmi les objets en bronze qui furent découverts, figuraient un étendard romain d’un collège de jeunes (Collegium iuvenum), du IIe ou du IIIe siècle après JC, un Esculape (Asklépios) et une tête de cheval ; ces objets sont aujourd’hui exposés au Musée archéologique national (Museo Nacional Arqueológico) à Madrid. Les fouilles se concentrèrent sur le Camp d’en França, parmi les vergers d’amandiers, où devait se trouver le forum de la ville et la zone des échoppes (tabernae).

En 1952, une fondation étatsunienne, la Fundación Hispanoamericana Bryant, acquit le terrain situé autour du Théâtre romain ; à partir de 1953, la fouille de la zone du théâtre fut menée systématiquement. De 1957 à 1962 les fouilles se déplacèrent vers le nord sur le domaine de Sa Portella, où fut mis au jour un quartier résidentiel de la ville romaine. La Fondation Bryant finança les recherches archéologiques de Pollentia jusqu’en 1997. En 1956, la Fondation Bryant acquit une maison de maître à Alcúdia, la Can Domènech, pour en faire un centre archéologique (Centro Arqueológico Hispano-Americano de las Islas Baleares) ; la Can Domènech est aujourd’hui le siège du Consortium de la ville romaine de Pollentia (Consorci de la Ciutat Romana de Pol·lèntia), Carrer Major, 9 ; elle ne se visite pas.

Les fouilles de Pollentia se poursuivent chaque année pendant les mois d’été, surtout sur le forum ; elles sont, depuis l’an 2000, financées par le Consortium.

Informations pratiquesInformations pratiques

Conditions de visiteConditions de visite
Les ruines de la cité romaine de Pollentia à Majorque. Plan de la visite. Cliquer pour agrandir l'image.L’entrée du site archéologique de Pollentia se trouve face à l’église Saint-Jacques, Avinguda dels Prínceps d’Espanya, s/n.

Une chemin en béton relie les trois sites de fouilles de Sa Portella, du Forum et du théâtre.

Horaires d’été (de mai à septembre) : du mardi au dimanche, de 9 h 30 à 20 h ; fermé le lundi et les jours fériés.

Horaires d’hiver (d’octobre à avril) : du mardi au vendredi, de 10 h à 16 h ; le samedi et le dimanche, de 10 h à 14 h ; fermé le lundi et les jours fermés.

Tarif d’entrée : 3 €. Le prix du billet comprend la visite du Musée monographique de Pollentia.

Téléphone : 00 34 971 184 211

Le Musée monographique de Pollentia est situé Carrer Sant Jaume, 30, près de l’église Saint-Jacques.

Il devrait être transféré dans la Can Domènech où se trouvait le musée de la Fondation Bryant dans les années 1980.

Téléphone : 00 34 971 547 002

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