Définition La borréliose de Lyme est une maladie infectieuse transmise à l’homme par un vecteur : une tique dure du genre Ixodes. Historique La maladie de Lyme a été « redécouverte » (Erythema migrans pour la vieille Europe) en 1975 lors d’une épidémie d’arthrites inflammatoires infantiles à Old Lyme, au Connecticut (USA). Ce n’est qu’en 1982 aux États-Unis qu’une étiologie infectieuse a été attribuée aux nombreux cas d’arthrite observés quelques années plus tôt dans la région de Lyme, dans le Connecticut. Au début des années 80, un entomologiste, Willy Burgdorfer, cherchant sur la côte nord-est des États-Unis la présence de rickettsies dans des tiques, découvrit, en fait, des spirochètes (le spirochète Borrelia burgdorferi) dans leur tube digestif. Enfin, il établit en 1982 que ces spirochètes étaient à l’origine de la maladie observée à Old Lyme.
Le vecteur
Il existe plusieurs espèces d’Ixodes vecteurs. En France, Ixodes ricinus est la tique qui infeste le plus fréquemment les humains. Selon la latitude les biotopes dans lesquels on trouve Ixodus ricinus varie : prairies en Irlande, forêt en Europe continentale, montagnes en Afrique du Nord. En Europe continentale on peut accidentellement rencontrer des Ixodes Ricinus en milieu ouvert. Agent infectieux Le genre Borrelia est une bactérie de forme hélicoïdale qui comporte une vingtaine d’espèces, toutes transmises par des arthropodes vecteurs (poux, tiques, etc.).
Trois espèces de bactéries responsables de la maladie de Lyme, co-existant en Europe, ont été décrites à l’Institut Pasteur, dans l’Unité de Bactériologie Moléculaire et Médicale. Elles semblent provoquer des manifestations cliniques différentes chez l’homme : Borrelia burgdorferi sensu stricto (seule espèce présente aux États-Unis) entraîne préférentiellement des arthrites, Borrelia garinii est plutôt associée à des symptômes neurologiques et Borrelia afzelii à des manifestations cutanées. Seules trois espèces sont reconnues pathogènes, mais beaucoup de génoespèces de borrélies ont été décrites à l’Institut Pasteur dont peu ont été reconnues comme espèce. Le réservoir de Borrelia burgdorferi est très vaste : il est constitué de mammifères sauvages (rongeurs, cervidés), d’oiseaux, d’animaux domestiques (chiens, chevaux, bétail) et de tique (transmission transovarienne possible). L’Homme est un hôte accidentel, contaminé par la morsure de tiques infectées. Épidémiologie La borréliose de Lyme apparaît aujourd’hui comme la maladie à vecteur la plus fréquente dans l’hémisphère Nord (de la partie la plus occidentale de l’Europe au Japon, et de la Scandinavie à l’Afrique du Nord). D’après certaines études, 60 % à 9 % des tiques seraient porteuses de la bactérie en certains endroits, mais la plupart des études montrent des prévalences plus faible. Aux États-Unis, où 90 % des cas sont recensés dans les états de la côte Est, près de 10 000 cas sont signalés chaque année. En France l’incidence moyenne serait, selon une étude faite à partir d’un réseau de médecins sentinelles, de 16,5 pour 100.000 (Dournon et coll.1989). En Belgique, on décrit plus de 500 nouveaux cas de borréliose caractérisée chaque année (Godfroid et al., 1995).
Les taux d’incidence en Europe semblent présenter un gradient croissant d’ouest en est, bien que des poches de forte endémie puissent s’observer dans des régions de faible ou moyenne endémie, ainsi en France 40 cas pour 100.000 habitants ont été observés dans le Berry-Sud (Christian et coll.1996). Cette borréliose montre une répartition limitée à l’hémisphère nord et à une altitude inférieure à 1 000 m. Des foyers endémiques existent dans plusieurs régions françaises dont l’Alsace (où l’incidence annuelle, 30-60/100 000 habitants, est de 2 à 4 fois supérieure à la moyenne française), la Sarthe, ou encore la Bretagne. Populations à risque Les individus les plus exposés sont ceux travaillant à l’extérieur tels jardiniers, campeurs, marcheurs, chasseurs. On notera le rôle de la forêt broussailleuse ou la présence d’herbes hautes. Les tiques se positionnent à l’extrémité des herbes dans l’attente d’une proie: mammifères dont les cervidés, les canidés, voire l’homme, les rongeurs. Elles peuvent redescendre au sol pour se réhydrater. Symptômes Les manifestations cliniques : 1 - Manifestation primaire
Au stade primaire survient une lésion cutanée, 3 à 30 jours après la morsure, l’érythème migrant chronique de Lipschutz (EMC). C’est une lésion annulaire, non inflammatoire, peu ou pas prurigineuse, centrée par le point de piqûre, plus claire dans la partie interne qu’en bordure et qui évolue de façon centrifuge, pouvant atteindre jusqu’à 10 cm de diamètre. Cet EMC se voit dans 50 % des cas. Il disparaît spontanément, sans traitement, après 3 à 4 semaines. Asthénie, fébricule (petite fièvre), céphalées ou myalgies (douleurs musculaires) peuvent survenir lors de cette phase. 2 - Manifestations secondaires
Troubles neurologiques : Méningite lymphocytaire, parfois isolée ou associée à : - Douleurs radiculaires
- Troubles de la sensibilité
- Atteinte des nerfs périphériques et crâniens (syndrome de Garin-Bujadoux-Bannwarth)
Troubles Cardiaques : - Troubles de la conduction
- Péricardite
Troubles articulaires : 3 - Manifestations tertiaires
Le stade tertiaire qui peut survenir 10 ans après la morsure, regroupe des lésions rhumatologiques, dermatologiques et neurologiques : - Encéphalomyélite progressive
- Dermatite chronique atrophiante
- Arthrite chronique destructive
Traitement
Le traitement consiste à absorber des antibiotiques : Il est parfois nécessaire d’intervenir chirurgicalement sur les articulations atteintes. Une fois identifiée, et en dehors des cas d’atteinte neurologique ou cardiaque justifiant une hospitalisation, sous traitement adapté, la maladie de Lyme reste bénigne. Vaccin Le vaccin, commercialisé en 1999 aux États-Unis par développé par la firme SmithKline Beecham, ne protège que contre la seule espèce pathogène présente aux États-Unis, B.burgdorferi, et pas contre les deux autres qui circulent en Europe, Ixodes garinii et Ixodes afzelii. Son administration ne concerne que les personnes entre 15 et 70 ans et son efficacité (85 %) n’est acquise qu’après la troisième injection (les deux premières se font à un mois d’intervalle, la troisième 12 mois après la première). Un vaccin susceptible de protéger les européens, qui devra être efficace contre les trois espèces qui les menacent, est en cours d’investigation. Prévention - conseils aux patients
Les tiques se trouvent sur les herbes ou dans les arbres et s’accrochent sur un hôte potentiel quand elles sentent sa présence. Dès qu’elles se trouvent sur la peau, elles fixent leurs mâchoires et commencent un repas de sang. La période de contamination est de mai à octobre. La larve, la nymphe et l’adulte peuvent contaminer l’homme.
- précautions à prendre pour éviter d’être contaminé.
Il est conseillé au cours de promenades en forêts ou dans les champs : - de porter des vêtements longs, des chaussures fermées pour éviter que les tiques se fixent sur la peau.
- de porter des vêtements clairs pour localiser les tiques plus facilement
- D’utiliser des répulsifs
- au retour de se débarrasser rapidement des tiques fixées à la peau et se trouvant sur les vêtements.
Retirer la tique avec précaution, au moyen d’une pince à épiler, en la tirant le plus près possible de son rostre (appareil buccal) par une traction lente et un léger mouvement de torsion. On peut aussi utiliser un tire-tique, extracteur en plastique en vente en pharmacie. Désinfecter le point de morsure après extraction, avec de l’alcool à 70° par exemple. - comment extraire les tiques si vous en trouvez Le risque de contamination est plus grand à partir de 12 heures de contact avec le tique, il est donc essentiel de le retirer le plus tôt possible. La tique doit être extraite à l’aide d’une pince à épiler en évitant de l’écraser, ce qui augmenterait les risques de contamination. Il a été déconseillé d’appliquer tout produit (éther, pétrole,…) qui risquait de faire régurgiter la tique et d’accroître ainsi le risque d’infection, bien qu’une étude récente en Allemagne ait montré que l’application de produit n’aurait aucune influence sur le risque d’infection par Borrelia burgdorferi (O. Kahl). - aller consulter si vous avez une auréole rouge (ou érythème migrant) qui évolue, même si vous n’avez pas vu de tique à cet endroit. |